L'Albanie veut devenir une championne du tourisme à l’horizon 2030 (vidéo)

Hasard du calendrier, les participants de la convention des Entreprises du Voyage Centre-Est ont été reçus par le Maire de Tirana, Erion Veliaj et la Ministre du Tourisme et de l'environnement, Mirela Kumbaro, le jour où cette dernière présentait devant la presse et les acteurs du tourisme albanais le plan de développement touristique Albanie 2030.

Les ambitions sont fortes. Le pays qui a commencé à véritablement développer le tourisme en 2014 à travers un grand programme appelé la renaissance urbaine a accueilli en 2023, 10,1 millions de visiteurs étrangers.

La montée en puissance s'est faite à vitesse grand V. Isolée pendant 40, l'Albanie a été dirigée d'une main de fer par Enver Hoxha, dictateur communiste, de 1945 à 1985.

"L'Albanie a connu un enfermement incroyable pendant la dictature. L'image la plus proche que l'on peut donner pour faire écho à ce que les Albanais ont pu vivre, c'est la Corée du Nord." explique Catherine Suard, Ambassadrice de France en Albanie. "Avec cet enfermement, l'Albanie, quand elle s'est ouverte, est partie de plus loin, contrairement à d'autres pays de la région. Il y a donc un important phénomène de rattrapage. Et ce qui se passe ici est vraiment incroyable."

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Preuve de ce fort développement, le pays s'est placé au quatrième rang mondial des plus forts taux d’augmentation des arrivées de touristes internationaux en 2023 par rapport à 2019, précise ONU Tourisme avec un taux de croissance impressionnant dépassant les 53 %.

En 2024, la hausse se poursuit. Les statistiques de fréquentation sur la période janvier - septembre font état de 9,7 millions de visiteurs étrangers, atteignant presque le niveau annuel de 2023.

Les revenus issus du tourisme suivent la même courbe à 4,2 milliards d'euros en 2023, contre 2,8 milliards d’euros en 2022. Et pour 2030, l'objectif est de multiplier par 4 ces revenus.

"Le tourisme est la branche de l’économie la plus importante que nous souhaitons tirer vers le haut. Nous voulons faire de l’Albanie une championne du tourisme à l’horizon 2030" affirme Mirela Kumbaro.

Toutefois, la Ministre du tourisme qui a aussi "le portefeuille" de l'environnement dans son périmètre, ne se fixe pas d'objectifs chiffrés : "Le but, explique t-elle, ce n’est pas de faire du tourisme de masse. Nous en sommes à 10 millions de visiteurs étrangers pour 2,5 millions d'habitants. Nous ne sommes pas à la recherche de 20 ou 30 millions visiteurs...

Ce que nous souhaitons pour 2030, c'est proposer une offre haut de gamme qui nous permette de faire progresser nos revenus issus du tourisme, tout en développant un modèle qui respecte l’environnement, avec une attention particulière à la protection des richesses naturelles du pays".

Preuve de cette montée en gamme, le parc hôtelier compte 17 hôtels 5 étoiles, alors qu'il y encore 5 ans, il n'y en avait aucun

"22% du territoire sont des aires protégées. Nous avons la dernière rivière sauvage en Albanie et nous souhaitons la préserver". ajoute la Ministre. Le fleuve Vjosa, parc national depuis 2023, est en effet considérée ainsi, car il ne compte ni barrage, ni écluse, ni usine hydroélectrique ou digue artificielle.

Après une période de retrait économique et politique de la France en partie due à la crise grecque qui a affecté des entreprises françaises implantées dans la région, le pays cherche à réinvestir dans cette zone. Depuis 2017, la France a initié un changement de stratégie, avec une volonté affirmée de soutenir l'intégration de l'Albanie dans l'Union européenne et de redynamiser les relations bilatérales. Candidate à l'entrée à l'UE, les premières négociations ont débuté cette semaine.

"Le Président de la République Emmanuel Macron est venu pour la première fois le 16 octobre 2023. C'était en fait la première fois qu'un président de la République français venait en Albanie depuis l'existence même du pays, en 1912" rappelle l'Ambassadrice de France.

L'ouverture de l'Agence française de développement en Albanie en 2019 marque aussi cette volonté de la France de jouer un rôle plus actif dans les réformes économiques du pays, afin d'accompagner son développement.

Le tourisme s'affiche d'ailleurs en tête de l'accord de coopération entre la France et les autorités albanaises. "Nous avons un projet sur un programme de développement touristique durable dans la région de Korça avec qui la France a un lien particulier"

En effet, l'influence française à Korça date de plus d'un siècle, la ville étant surnommée « le Petit Paris ». En 1917, Korça accueille l’un des premiers lycées français du pays. La cité abrite également le cimetière militaire français, construit en souvenir des disparus de la première guerre mondiale.

La France y développe également une formation d'hôtellerie dans une école professionnelle : "C'est un petit pas qui va accompagner le développement des opérateurs. Il y a notamment des projets du groupe Accor."

Le premier hôtel Mercure du pays à ouvert ses portes en mars dernier (64 chambres) à Tirana. Il rejoint le Mövenpick Hotel Lalez Durrës ouvert en 2021 (80 chambres). En 2025, le porfeuille d’Accor sera complété par l’implantation d’un hôtel Handwritten Collection à Tirana.

La formation du personnel est une des problématiques accentuées par l'émigration des Albanais à l'étranger comme le souligne Berenger Thibaut, fondateur de Vacances Albanie : "Nous sommes face à une difficulté démographique. Il y a davantage d'Albanais à l'étranger que dans le pays".

Les voyagistes français ont bien compris tout l'intérêt de développer une offre en Albanie. A l'image de Visit Europe qui a ouvert un bureau sur place dès 2019.

Le voyagiste propose deux circuits dont un combiné avec la Macédoine et la Grèce, un autotour, un circuit dédié aux voyageurs solo et un séjour balnéaire. Les participants de la convention EDV Centre-Est ont d'ailleurs pu découvrir l'hôtel Grand Blue Fafa Resort proposé en séjour.

"Nous réalisons sur l'Albanie 2400 pax grâce à nos vols affrétés d'avril à juin et de fin août à mi-octobre au départ de Paris et Province. A cela s'ajoute 200 pax sur les autres périodes sur nos allotements aériens" explique Chrystelle Hamel, directrice commerciale du tour-opérateur qui regrette l'absence d'un office de tourisme en France. "Le soutien d'un tel organisme nous aiderait à promouvoir encore davantage la destination".

Le pays n’a pas encore investi de manière massive dans des campagnes de publicité à grande échelle, mais il cible ses actions de communication. Il sera d'ailleurs la destination à l'honneur de l'ITB Berlin 2025.

FRAM, Club Coralia ou Héliades entre autres y proposent aussi une offre Club. Preuve que la destination attire, Terres Oubliées dirigée par Matthieu Flye Sainte Marie va lancer une offre trek. Car l'Albanie réputée pour ses plages, est recouverte à 70% par les reliefs montagneux.

Klara Ravier, adhérente aux EDV vient également d'ouvrir un tout nouveau réceptif Terre d'Albanie. Immatriculée en France, elle souhaite développer une offre "authentique et expérientielle".

La très prochaine entrée de l’Albanie en zone SEPA, l'espace unique de paiement en euros (ou Sepa, Single Euro Payments Area), devrait encore davantage faciliter les liens avec la France.

Sans compter comme le rappelle l'Ambassadrice, Catherine Suard que le pays à la fois balkanique et méditerranéen, offre des liens étroits, notamment avec l'Italie : "Si vous avez déjà des contacts, ou des partenariats, qui vous lient à l'Italie, cela peut faire une triangulation très intéressante."

Pour faire face à la hausse des visiteurs internationaux, un autre aéroport international va ouvrir ses portes l'an prochain à Vjosa au Sud de la capitale et qui permettra en premier lieu de désengorger celui de Tirana.

Ce futur aéroport sera à 1h de la Riviera albanaise grâce à l'ouverture le 5 juillet dernier du tunnel routier de Llogara qui passe sous le col éponyme.

En attendant cette ouverture, plusieurs compagnies relient la France à Tirana dont Transavia qui a transporté les participants de la convention. La filiale du groupe Air France - KLM propose depuis Orly d'avril à juin, 4 vols par semaine et de juillet à septembre un vol quotidien. Elle relie également Lyon à Tirana en juillet et août à raison de 2 vols par semaine (ouverture des ventes de LYS début novembre).

Les autorités albanaises ont aussi ouvert le chantier du ferroviaire. Autrefois dotée d'une infrastructure solide, celle-ci a été largement démantelée durant la période de transition politique.

Le pays s'efforce de relancer ce mode de transport, avec l'ouverture prochaine de la première ligne ferroviaire passager reliant Durrës à l’aéroport de Tirana. D'autres projets sont en cours, financés en partie par l'Union européenne, pour développer des connexions régionales, notamment vers le Monténégro. Ces initiatives s'inscrivent dans le cadre du développement du corridor 8, qui vise à relier l’Adriatique à la mer Noire.

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- Le pays est francophile : de nombreux Albanais parlent français à l'image de la Ministre du Tourisme Mirela Kumbaro qui s'exprime dans un français parfait.

- L'Albanie est un pays sûr : durant la convention la Ministre du Tourisme et l'Ambassadrice de France n'ont eu de cesse de rappeler que le pays est extrêmement sûr. "La petite délinquance demeure moins élevée que dans la plupart des grandes villes occidentales. Le nombre d’agressions dans la capitale est relativement faible. Les touristes ne sont pas concernés par la grande criminalité" indique le Quai d'Orsay dans ses conseils aux Voyageurs.

- 70% du territoire albanais est montagneux

- Le Sud de l'Albanie est baptisée la Riviera albanaise.

- Les sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO sont : le site archéologique de Butrint ; les centres historiques de Berat et de Gjirokastra; la réserve naturelle de Gashiles : forêts primaires et anciennes de hêtres des Carpates et le patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid.

Les équilibres entre business et protection de l'environnement restent fragiles.

Forts d'incitations fiscales et d'un changement de loi relative à la construction d’infrastructures dans les zones naturelles catégorisées comme protégées, Jared Kushner qui n'est autre que le gendre de Donald Trump a présenté un projet de complexe hôtelier de luxe, de la marque suisse Aman Resorts, pour un investissement d'un milliard de dollars près du delta du fleuve Vjosa.

Cette annonce qui ne concerne pas directement la zone protégée, a fait couler beaucoup d'encre et vivement réagir les ONG environnementales.