La case de l'Oncle Dom : Brésil, "du pain et des jeux" !

"Panem et Circenses", ce qui en latin courant, que cause avec brio notre bon Pape François, signifie "du pain et des jeux".

Cette remarque est attribuée (c'est du moins ce que j'ai retenu de mes années scolaires brillantes) au poète latin Juvenal, lequel n'avait pas sa langue dans sa poche afin de critiquer la propension du pouvoir à s'attirer les bonnes grâces du peuple afin de masquer ses propres turpitudes.

C'était déjà vrai au temps de la décadence de l'Empire Romain, c'est hélas encore vrai une vingtaine de siècles plus tard.

15 milliards de dollars, soit environ 11 milliards d'euros, c'est à peu près ce que va coûter au Brésil l'organisation de la prochaine Coupe du Monde de football.

Bon, d'accord, je vais pas non plus me faire des copains parmi les footballeux, mais vraiment, est-ce bien raisonnable ?

C'est d'ailleurs même pas moi qui le dis, mais la grande majorité des Brésiliens, qui, depuis quelques jours maintenant, commencent à manifester de Sao Paulo à Recife, en passant par Rio et Brasilia (j'ai essayé de faire ça du Nord au Sud!).

Parce que, des jeux, c'est bien, c'est super pour la vitrine du pays, mais faut aussi du pain.

Et, pour le peuple brésilien, malgré cette passion immodérée pour le foot, quand y'a pas de pain, c'est plus difficile de jouer.

Et puis, faut aussi les moyens pour assister aux jeux du cirque… les places sont pas données et, comme d'habitude, les habitants de ce merveilleux pays ne sont pas parmi les plus aisés.

Si je ne m'abuse, les favelas, ces banlieues pourries auprès desquelles les cités de Marseille ou de Saint Denis sont des "resorts" de grand luxe, sont quand même pléthore dans le pays.

Pourtant, le Señor Lula, homme de gauche, n'a pas fait grand-chose pour éradiquer la pauvreté d'un pays de plus en plus riche ?

Sa "successeuse", Señora Dilma Roussev, ne fait pas mieux, elle qui vient de taxer les transports en commun…

Provoquant la colère d'une population qui aimerait avoir sa part des richesses d'un pays en pleine expansion et qui, malgré son amour du foot, voudrait bien disposer de la manne pétrolière du pays afin de se doter d'un système éducatif, d'un système de santé digne de ce nom… et pas de stades ou de cirques pharaoniques !

Bien sûr, pour le tourisme, cette coupe du monde est une véritable aubaine, source de profits considérables.

Faut-il pour autant sacrifier, sur l'autel des jeux, l'avenir d'un peuple, sa santé, son éducation et son droit légitime à une prospérité bien méritée ?

C'étaient mes réflexions du week-end, en relisant le dernier bulletin du candidat de Boüard aux élections Selectour Afat, lequel se propose de baisser le salaire du futur président de moitié… par rapport à ce qu'il était, bien sûr !

Comme quoi, quand on veut… on peut !