Le tourisme est une arme.
Ceux qui en doutaient encore doivent rapidement se plonger dans la lecture des mémoires de Maurice Freund : "Est-ce ainsi que volent les hommes".
Cet aventurier, baroudeur des airs, a voué toute son existence à une seule cause : désenclaver les régions déshéritées d'Afrique grâce au tourisme.
L'ouvrage se lit comme un roman d'aventure.
On y côtoie des agents secrets, des Touaregs futurs djihadistes, des dictateurs africains, des boat-people vietnamiens, pléthore d'hommes politiques corrompus mais aussi des humanitaires et bien sûr des voyageurs engagés.
Ceux qui en doutaient encore doivent rapidement se plonger dans la lecture des mémoires de Maurice Freund : "Est-ce ainsi que volent les hommes".
Cet aventurier, baroudeur des airs, a voué toute son existence à une seule cause : désenclaver les régions déshéritées d'Afrique grâce au tourisme.
L'ouvrage se lit comme un roman d'aventure.
On y côtoie des agents secrets, des Touaregs futurs djihadistes, des dictateurs africains, des boat-people vietnamiens, pléthore d'hommes politiques corrompus mais aussi des humanitaires et bien sûr des voyageurs engagés.
Un homme qui bouscule le monopole d'Air France
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Maurice Freund a débuté sa carrière en 1964 en fondant Point Mulhouse, une association alsacienne qui faisait voyager à bas coût ses copains étudiants.
Surnommés les "Pointistes", ils n'ont pas grand chose en commun avec nos touristes actuels.
Engagés et militants, ils ont soutenu Maurice Freund tout au long de sa carrière, même sur les destinations les plus périlleuses, comme ce circuit à Gao en 1996, juste après la fin de la rébellion touareg.
Il "invente" pour eux le vol charter avec des billets d'avions à prix cassés qui bousculent le monopole d'Air Afrique, d'UTA mais surtout de la puissante Air France.
"Ce monopole aérien ne constitue pas seulement une manne financière considérable dont les populations locales sont exclues, mais fait perdurer les déséquilibres régionaux en refusant les liaisons aériennes avec les zones enclavées".
Une tâche harassante ponctuée de réussites aussi éclatantes qu'éphémères.
On refuse de lui donner l'autorisation d'atterrir à Agadez au nord du Niger ? Qu'importe, il s'y rend quand même. Quitte à devoir faire demi-tour en catastrophe devant une piste barricadée par des barils d'essence.
A chaque coup d'Etat, il faut inlassablement recommencer à zéro et renégocier avec les nouveaux maîtres du pays.
Son entêtement dérange. N'a-t-on pas essayé de l'empoisonner dans les années 90, alors qu'il était à la tête de la compagnie nationale du Mali ?
Il perdra son combat face à Air France en 1988. La compagnie nationale, lasse de ses provocations, entraîne la faillite du transporteur qu'il avait créé : Point Air.
Surnommés les "Pointistes", ils n'ont pas grand chose en commun avec nos touristes actuels.
Engagés et militants, ils ont soutenu Maurice Freund tout au long de sa carrière, même sur les destinations les plus périlleuses, comme ce circuit à Gao en 1996, juste après la fin de la rébellion touareg.
Il "invente" pour eux le vol charter avec des billets d'avions à prix cassés qui bousculent le monopole d'Air Afrique, d'UTA mais surtout de la puissante Air France.
"Ce monopole aérien ne constitue pas seulement une manne financière considérable dont les populations locales sont exclues, mais fait perdurer les déséquilibres régionaux en refusant les liaisons aériennes avec les zones enclavées".
Une tâche harassante ponctuée de réussites aussi éclatantes qu'éphémères.
On refuse de lui donner l'autorisation d'atterrir à Agadez au nord du Niger ? Qu'importe, il s'y rend quand même. Quitte à devoir faire demi-tour en catastrophe devant une piste barricadée par des barils d'essence.
A chaque coup d'Etat, il faut inlassablement recommencer à zéro et renégocier avec les nouveaux maîtres du pays.
Son entêtement dérange. N'a-t-on pas essayé de l'empoisonner dans les années 90, alors qu'il était à la tête de la compagnie nationale du Mali ?
Il perdra son combat face à Air France en 1988. La compagnie nationale, lasse de ses provocations, entraîne la faillite du transporteur qu'il avait créé : Point Air.
Une plongée dans les coulisses de la Francafrique
Ce livre nous plonge également dans les coulisses de la Francafrique, car Maurice Freund a côtoyé tous les hommes politiques de l'époque.
Il était particulièrement proche de Thomas Sankara, président du Burkina-Faso et chantre de l'anti-colonialisme. Pour lui faire plaisir, il acheta même un avion cargo afin d'acheminer vers la France les haricots verts burkinabés.
Mais bien qu'ayant fait un passage au petit séminaire, Maurice Freund n'a rien d'un enfant de chœur.
Il n'éprouve aucun scrupule à livrer des armes au colonel Kadhafi, avouant même sa sympathie pour le dictateur à une époque où les critiques à son égard étaient rares.
"Je crois qu'à sa manière et en accord avec les chefs tribaux, il défend les peuples opprimés face aux intérêts occidentaux".
Il joue également les intermédiaires pour l'armée française en lui livrant du carburant pendant l'opération Manta en 1985, empochant au passage une belle plus-value.
Au cours de sa carrière, il a brassé beaucoup d'argent et n'en fait pas mystère. Mais assure avoir reversé l'intégralité des bénéfices à ses activités humanitaires. "L'argent du Point servait à faire voler les avions et à aider les populations pauvres".
Il a notamment co-fondé le centre d'agroécologie au Burkina Faso, avec le paysan philosophe Pierre Rabhi.
Au passage, l'ouvrage lui permet de régler ses comptes avec tous ceux qui l'ont accusé de détournement de fonds. Une justification présente jusque dans son sous-titre : "mémoires d'un Robin des airs".
Il était particulièrement proche de Thomas Sankara, président du Burkina-Faso et chantre de l'anti-colonialisme. Pour lui faire plaisir, il acheta même un avion cargo afin d'acheminer vers la France les haricots verts burkinabés.
Mais bien qu'ayant fait un passage au petit séminaire, Maurice Freund n'a rien d'un enfant de chœur.
Il n'éprouve aucun scrupule à livrer des armes au colonel Kadhafi, avouant même sa sympathie pour le dictateur à une époque où les critiques à son égard étaient rares.
"Je crois qu'à sa manière et en accord avec les chefs tribaux, il défend les peuples opprimés face aux intérêts occidentaux".
Il joue également les intermédiaires pour l'armée française en lui livrant du carburant pendant l'opération Manta en 1985, empochant au passage une belle plus-value.
Au cours de sa carrière, il a brassé beaucoup d'argent et n'en fait pas mystère. Mais assure avoir reversé l'intégralité des bénéfices à ses activités humanitaires. "L'argent du Point servait à faire voler les avions et à aider les populations pauvres".
Il a notamment co-fondé le centre d'agroécologie au Burkina Faso, avec le paysan philosophe Pierre Rabhi.
Au passage, l'ouvrage lui permet de régler ses comptes avec tous ceux qui l'ont accusé de détournement de fonds. Une justification présente jusque dans son sous-titre : "mémoires d'un Robin des airs".
La montée du djihadisme au Sahel
Freund est également aux premières loges pour observer la radicalisation des Touaregs du Sahel. A la tête de la compagnie "Malitas" au Mali, il s'inquiète, dès les années 90, de la venue de prêcheurs wahhabites subventionnés par l'Arabie Saoudite.
"Sous couvert d'action sociale, j'assiste à l'implantation en règle de l'islamisme radical, et de la haine de l'Occident".
Il ne reste pas les bras croisés et veut développer le tourisme pour contrecarrer l'exode rural, vivier des violences islamistes.
C'est alors qu'il lance Point Afrique, premier tour-opérateur spécialisé dans les voyages au Sahel et digne héritier de Point Mulhouse, qui avait déjà ouvert des circuits en Algérie.
De nombreux Français découvrent alors les beautés du Niger, de la Mauritanie ou encore du Mali. Une expérience durant laquelle les équipes du TO tissent un vaste réseau d'informateurs locaux : "les meilleurs protecteurs du tourisme sont ceux qui en vivent".
Mais l'assassinat de quatre Français en Mauritanie en 2007 aura raison de sa persévérance.
Devenu une zone de non droit, le Sahel est aujourd'hui interdit aux voyageurs. C'est non sans amertume que Maurice Freund a passé le flambeau, laissant les rênes de Point Afrique, ou de ce qu'il en reste, aux mains de son successeur, Kévin Girard.
Et pourtant, malgré la fatigue, malgré la vieillesse et la maladie, il espère encore. Il sait que le vent finira par tourner et qu'un jour, les voyageurs pourront à nouveau explorer les dunes merveilleuses du Sahara. "J'attends la brèche pour repartir".
"Sous couvert d'action sociale, j'assiste à l'implantation en règle de l'islamisme radical, et de la haine de l'Occident".
Il ne reste pas les bras croisés et veut développer le tourisme pour contrecarrer l'exode rural, vivier des violences islamistes.
C'est alors qu'il lance Point Afrique, premier tour-opérateur spécialisé dans les voyages au Sahel et digne héritier de Point Mulhouse, qui avait déjà ouvert des circuits en Algérie.
De nombreux Français découvrent alors les beautés du Niger, de la Mauritanie ou encore du Mali. Une expérience durant laquelle les équipes du TO tissent un vaste réseau d'informateurs locaux : "les meilleurs protecteurs du tourisme sont ceux qui en vivent".
Mais l'assassinat de quatre Français en Mauritanie en 2007 aura raison de sa persévérance.
Devenu une zone de non droit, le Sahel est aujourd'hui interdit aux voyageurs. C'est non sans amertume que Maurice Freund a passé le flambeau, laissant les rênes de Point Afrique, ou de ce qu'il en reste, aux mains de son successeur, Kévin Girard.
Et pourtant, malgré la fatigue, malgré la vieillesse et la maladie, il espère encore. Il sait que le vent finira par tourner et qu'un jour, les voyageurs pourront à nouveau explorer les dunes merveilleuses du Sahara. "J'attends la brèche pour repartir".