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Mumtaz Teker : « Ne pas anticiper est une ignorance économique »

Pd du Groupe Teker et du Conseil Professionnel des TO producteurs


Mumtaz Teker est un voyagiste « à part », animé par la passion de son métier de voyagiste et le goût des affaires. Mumtaz Teker c’est l’envie de gagner, d’avoir des responsabilités et de la notoriété, de saisir la chance quand elle passe, de prendre des risques. Il a lancé Pacha Tours en 1983. Ils étaient deux, chez un ami, avec pour toute fortune 10 000 francs en poche.


Rédigé par Michèle Sani - redaction@tourmag.com le Dimanche 8 Octobre 2006

Mumtaz Teker : « Ne pas anticiper est une ignorance économique »
TourMaG.com – Le nouveau modèle économique développé par les compagnies aériennes et la SNCF pourrait-il s’adapter aux tour-opérateurs ?

Mumtaz Teker -
« En France, la plupart des producteurs distribuent et des distributeurs produisent. De nombreux distributeurs prenaient déjà des frais sur des produits commissionnables. Une « loi » du commerce dit qu’entre produits et consommateurs il ne peut y avoir trop d’intermédiaires. Ils risquent de s’étouffer les uns les autres… Il y a matière à réflexion.

A l’heure de la mondialisation les professionnels français du tourisme sont à la recherche d’un modèle. Ils font un peu de prospective. Ils observent l’évolution de marchés « porteurs » comme les Etats-Unis, l’Allemagne ou le Royaume-Uni et tentent de les suivre. Tous les modèles ne sont pas bons à suivre. Beaucoup de groupes perdent de l’argent. »


TourMaG.com – Il y a, comme le déclarait Jean-Pierre Mas à Tourmag.com la semaine dernière, des règles de base dont un TO ne peut dévier : « les agences de voyages doivent avoir accès à l’intégralité de leur offre, aux mêmes prix pour les mêmes produits et aux mêmes dates »...

M.T.
« Nos métiers évoluent mais en effet, il ne faut pas transgresser leurs règles. La transgression devrait être l’un des thèmes du congrès AFAT. Il est intéressant. Vous remarquerez que la question se pose dans les mauvais jours, jamais quand la vague est porteuse. »

TourMaG.com – Vous qui observez en « commerçant » le marché comment le voyez-vous évoluer ?

M.T. –
« Nous sommes en effet, TO et agents de voyages des commerçants. A ce titre nous devons observer l’évolution du secteur qui a connu une période d’industrialisation marquée par le développent des commerces en ligne qui ont pris des parts de marché. Certains commencent à s’essouffler.

On voit en revanche le retour de l’artisanat, du service et du commerce de proximité. L’artisan a toujours sa place et le métier de producteur et d’inventeur de voyages aura toujours sa place, celui de distributeur avec de la valeur ajoutée aussi. Je n’en dirai pas autant de ceux qui font de l’assemblage et qui se lancent dans un tourisme de masse sans apporter de valeur ajoutée. »


TourMaG.com – Vous vous êtes fait connaître sur le marché comme producteur de la Turquie. Que se passe-t-il avec cette grande destination touristique ? Plusieurs producteurs de la Turquie connaissent de graves difficultés. Certains mettent la clef sous la porte ?

M .T.
« La Turquie fait partie des cinq premières destinations vendues sur brochures par les agences de voyages. La part du marché est importante. Beaucoup de voyagistes, des petites structures, se sont lancés sur cette destination sans avoir d’expérience en matière d’achat et sans avoir la maîtrise de vente des réseaux, de la grande distribution et des agences en ligne qui cherchent des produits « à bas prix ».

Certains en arrivent à travailler à perte. A un moment ils jettent l’éponge. Dans ces affaires ceux qui achètent sont aussi responsables que ceux qui vendent. »

TourMaG.com – Quel bilan faites vous de l’année 2006 pour vos deux marques Pacha Tours et Rev’Vacances ?

M.T.
« Je réalise 75 % de mon volume d’affaires avec la Turquie de Pacha Tours et l’Egypte de Rev’Vacances. Ce sont deux très grandes destinations touristiques qui en dépit des problèmes de géopolitique ou de sécurité rebondissent et retrouvent toujours les faveurs du public.

Mais pour un spécialiste de ces destinations 2006 est une très mauvaise année. Notre activité a subi une baisse de 40 %. Je n’entrerai pas pour autant dans la compétition des prix bas. En ce qui concerne Pacha Tours j’ai par exemple enlevé de la production tous les charters sur Istanbul. Quand la conjoncture est mauvaise il faut savoir faire profil bas et même retirer une production du marché. »


TourMaG.com – C’est pourquoi vous avez revendu Exotisme et licencié des collaborateurs ?

M.T.
« Dès février j’ai senti que nous allions passer une très mauvaise année 2006. Ne pas anticiper est une ignorance économique. Dans l’urgence on ne peut pas faire de bonnes affaires. Je refuse d’hypothéquer mon avenir avec de mauvais calculs. Il y a des affaires qui ne se refusent pas. Vendre Exotisme a été une bonne affaire. Ce n’était pas le premier TO que je revendais.

Dans le passé j’ai cédé Odalys et Jet Tours. Je suis un entrepreneur qui investit et se diversifie. Le tourisme ne représente qu’une partie des mes activités. J’ai des intérêts dans l’immobilier, l’ameublement, l’énergie, l’aérien. J’ai investi dans l’hôtellerie au Sénégal… Il faut savoir acheter et vendre. Avec moi l’argent ne dort pas. J’investirai toujours. »


TourMaG.com – Que représente Pacha Tours aujourd’hui ?

M.T.
« Une équipe d’une quarantaine de personnes à Paris, des bureaux à Istanbul, Kusadashi et Antalya, une flotte d’une trentaine de cars et de mini-bus, cinq hôtels en pleine propriété, trois en bordure de mer, un en Cappadoce très bien placé pour les circuits et le dernier à Istanbul. Ils représentent environ 2 000 lits auxquels dans la commercialisation il faut ajouter les hôtels en location.

Le marché français représente 60 % de notre activité d’agence réceptive en Turquie. J’ai ouvert mes propres bureaux au Portugal, au Brésil et aux Etats-Unis qui génèrent 15 % du trafic. Enfin 25 % de notre activité sont réalisés avec des partenaires implantés sur d’autres marchés dont le Canada et l’Australie. Je suis aussi distributeur avec trois points de vente Melia. »


TourMaG.com – Vous présidez le Conseil professionnels de TO producteurs du SNAV. Devant vous il y a le CETO qui représente aussi les TO producteurs. Comment vous organisez-vous ?

M.T.
« Je m’intéresse au SNAV car nos métiers ont besoin d’être représentés auprès des pouvoirs publics et des institutionnels par une organisation syndicale. Un syndicat patronal est un porte-parole incontournable.
J’ai la conviction que toutes les familles professionnelles doivent cohabiter et rester unies pour avoir du poids. Les tour-opérateurs sont ma famille. J’ai un rôle de charnière entre le CETO et le SNAV. »


TourMaG.com – Pourquoi le SNAV rencontre-t-il autant de difficultés à réformer ses statuts ?

M.T.
« Notre syndicat a en effet besoin d’être modernisé. Certaines lourdeurs de gestion pourraient être allégées. Pour évoluer il faudrait arriver à un consensus entre les conseils professionnels, les régions, les responsables de commissions techniques… Cela demande du temps. »

MINI BIO

Fils de diplomate, très jeune, au gré des écoles rencontrées à l’étranger, il a eu le choix d’apprendre le français ou l’anglais. Ce fut le français. La France était déjà une évidence.
Mumtaz Teker a terminé ses études secondaires comme interne dans le fameux lycée Galatasaray d’Istanbul.

De ses neuf années d’internat il garde le sens de l’amitié, de la solidarité et de la parole donnée et aussi (déjà) le sens des affaires. Au lycée, il achetait, il vendait.
Pendant les vacances, il faisait le guide pour une agence d’Istanbul. Il poursuivra ses études de droit à Paris avec l’idée de devenir diplomate. Il n’a plus quitté Paris. Aujourd’hui, à 51 ans, c’est dans les affaires en général, le tourisme en particulier qu’il met à profit son sens de la diplomatie.

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Tags : amadeus, teker
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