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Ouragans dans les Caraïbes : quatre ans pour retrouver la croissance ?

Après le passage des ouragans Irma et Maria


Le World Travel and Tourisme Council a publié une étude sur les conséquences des ouragans Irma et Maria, passés sur les Caraïbes en septembre dernier. Il estime que la région devrait mettre quatre ans à se rétablir et mise sur l'emploi et le marketing pour retrouver le chemin de la croissance.


Rédigé par le Mardi 22 Mai 2018

Les alentours de Roseau, île de la Dominique, après le passage de l'ouragan Maria - Photo libre de droit, Roosevelt Skerrit
Les alentours de Roseau, île de la Dominique, après le passage de l'ouragan Maria - Photo libre de droit, Roosevelt Skerrit
Passés au-dessus des Caraïbes en septembre 2017, les ouragans Irma et Maria n'ont pas eu qu'un impact immédiat dans les Caraïbes.

D'après une étude du World Travel and Tourisme Council (WTTC), les dégâts générés par ces ouragans ont eu des conséquences majeures sur le tourisme.

Et ça n'a rien d’anecdotique : le tourisme représente 15,2% du PIB des Caraïbes et génère 13,8% des emplois de la région.

En 2016, 46,7 millions de visiteurs se sont rendus dans la région, dépensant 26,6 milliards d'euros et générant 48 milliards d'euros de PIB. Environ 2,4 millions d'emplois ont été créés par le secteur du tourisme. C'est donc un domaine vital pour la région.

L'étude menée par le WTTC et publiée en avril 2018 met en exergue les difficultés subies par l'intégralité des Caraïbes.

Car si certains pays ont été directement touchés et ont subi de réels dommages, les autres destinations ont elles aussi perdu de nombreux visiteurs, inquiets de la situation de la région et croyant qu'elle avait été intégralement affectée.

826 100 visiteurs en moins

Ainsi, les ouragans auraient causé une chute du nombre de visiteurs de l'ordre de 826 100 visiteurs par rapport aux prévisions qui avaient été faites.

Ce manque de touristes pourrait signifier concrètement 11 000 emplois non créés, et environ 629 millions d'euros de pertes.

Pour retrouver le niveau de croissance pré-Irma et Maria, les Caraïbes pourraient mettre environ 4 ans et d'ici là, les conséquences des ouragans lui auront fait perdre environ 2,5 milliards d'euros, selon les chiffres avancés par le WTTC pour la globalité de la région.

Un retour à la normale et à la croissance immédiat est peu probable, souligne le rapport. Les touristes mettent en place leur voyage longtemps à l'avance et une crise peut affecter la région jusqu'à la saison suivante.

Par ailleurs, la vision qu'on garde d'une destination, qu'elle soit justifiée ou non, peut avoir un impact sur le long terme.

Le rapport souligne aussi le nombre d'hébergements qui a largement baissé, et le temps qu'il faudra pour que la région récupère toute sa capacité hôtelière et enfin, la gravité des dommages sur le patrimoine naturel attractif pour les touristes (forêts, plages, coraux...).
Le passage des ouragans Irma et Maria sur les Caraïbes en septembre 2018 - Source : Caribbean Disaster Emergency Management Agency
Le passage des ouragans Irma et Maria sur les Caraïbes en septembre 2018 - Source : Caribbean Disaster Emergency Management Agency

Miser sur l'emploi...

Pour retrouver la croissance rapidement, le rapport du WTTC appuie sur la nécessité de solidarité entre les différents acteurs des Caraïbes : public / privé et d'un État à l'autre.

Il recommande d'améliorer le lien entre les îles pour être plus compétitif en tant que destination globale.

Ainsi, le rapport préconise que les gouvernements travaillent à des réglementations communes afin de faciliter la circulation des produits de consommation courante en élargissant l'exemption de droit de douane.

Une ouverture de circulation des marchandises, mais aussi une ouverture de circulation pour les travailleurs étrangers, car la reconstruction nécessite l'arrivée d'une main-d’œuvre ponctuelle en support des locaux.

Le WTTC propose de faciliter leur accès aux territoires en baissant les restrictions de permis de travail, notamment pour des secteurs spécifiques ou pour une durée définie, et de faciliter la circulation d'une île vers l'autre.

L'emploi étant un levier important, l'étude propose aux entreprises et aux États d'investir dans la formation. L'idée est d'améliorer les compétences des personnes venus temporairement ou des saisonniers et d'acquérir une main-d’œuvre qualifiée pour que la région se rétablisse rapidement et durablement.

Le rapport souligne que pour soutenir le secteur, les gouvernements, les banques et les assurances devraient aider les PME avec des politiques incitatives (réduction de certaines taxes professionnelles, aides à l'accès aux prêts pour la reconstruction, renforcement des aides pour les dégâts liés aux ouragans...).

... et le marketing

Autre priorité relevée : le marketing.

Pour les entreprises du tourisme et offices de tourisme des Caraïbes, la communication est primordiale, notamment en cas de catastrophe naturelle. Le manque d'information peut faire peur et à l'inverse, l'altruisme et l'empathie peuvent stimuler un retour.

L'étude recommande une grande transparence sur les avancées de la reconstruction, une large proposition d'événementiel mais aussi et surtout un recours au marketing digital et l'expérience utilisateur sur les applis et sites pour faciliter l'accès à la destination.

Pour soutenir l'investissement dans le domaine, le rapport propose de créer un fonds de soutien dédié au marketing dans le secteur du tourisme en cas d'événement climatique similaire, et accessible à toutes les destinations.

Autre moyen d'apaiser les craintes des voyageurs : les distributeurs et TO pourraient communiquer sur l'accès à des assurances voyageurs renforcées, notamment avec des directives concernant les situations climatiques instables dans la région.

Pour stimuler le retour rapide des touristes, les destinations, les services publics et les professionnels du secteur pourraient aussi réduire les taxes de départs et les frais de villégiatures.

Grand absent du rapport, les politiques environnementales ne semblent pas être une priorité pour le WTTC. Il estime cependant "impérative" la prise de conscience écologique et la mise en place de politiques globales.

Il faudra environ quatre ans à la région pour se rétablir. Or d'autres événements météorologiques extrêmes se reproduiront dans la région, souligne l'étude, qui pointe du doigt les changements climatiques.

Les professionnels du tourisme doivent prendre en compte ces données et mettre en place des stratégies et des plans de développement pour minimiser l'impact à moyen et long terme ; et encourager les visiteurs à revenir.

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