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Serengeti : la Tanzanie veut se mettre des « bâtons dans les gnous »...

Un projet de route inquiète les opérateurs de tourisme


Un projet de route traversant le parc du Serengeti a mis en alerte les spécialistes de la faune sauvage. Il devrait dans la foulée concerner les opérateurs de tourisme dans ce parc exceptionnel dont l’intérêt principal serait alors voué à une disparition programmée. Pour certains, il est encore temps de faire pression.


Rédigé par Aline Pontailler le Mercredi 6 Octobre 2010

Tous sont appelés mais certains servent de déjeuner
Tous sont appelés mais certains servent de déjeuner
Une saignée de bitume telle une barrière anti quadrupèdes : 50 km seulement, un simple couloir de circulation à deux voies, mais au cœur du parc du Serengeti, pourrait faire basculer l’industrie touristique de la Tanzanie et, par ricochet, de son proche voisin kenyan.

Qui dit route dit clôtures pour éviter les accidents, et entrave pour les animaux.

Des projets similaires au Canada (parc de Banff) ou en Namibie (Etosha) ont d’ailleurs déjà fait la preuve de leur nocivité pour les populations migratoires.

Car plus d’un million trois cent mille gnous traversent chaque année l’axe qu’emprunterait la route, dans cet élan naturel spectaculaire qu’on nomme la Grande Migration, et qui fait le régal des amateurs de safaris.

Des herbivores indispensables

Or les gnous, avec les zèbres et les gazelles, assurent la vitalité des prairies et sont la nourriture des grands fauves menacés.

Si une route venait à leur bloquer l’accès à la rivière Mara, lors de leur remontée vers la partie kenyane du parc, le Masaï-Mara, seul point d’eau à la saison sèche, leur population descendrait à 300 000 têtes selon les experts, et serait tout à fait insuffisante à maintenir l’équilibre de cet écosystème fragile.

« Cela pourrait provoquer davantage de feux de brousse, entraînant de plus une diminution de la qualité des pâturages avec la disparition des minéraux, et l'écosystème pourrait s'inverser et devenir une source de CO2 atmosphérique », redoutent ces mêmes experts.
Des animaux sans entraves
Des animaux sans entraves

Il existe une solution alternative

Le projet date de cinq ans mais vient d’être confirmé par le Président Jakaya Kikwete. Il coûterait moins cher à réaliser qu’une solution alternative qui passerait à 250km plus au sud, évitant le parc, site inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1981.

Dans la revue Nature, vingt-sept biologistes experts en biodiversité ont appelé le gouvernement tanzanien à revoir sa copie.

Ce dernier a bien nommé un groupe de travail pour réévaluer la situation, mais le Président a réaffirmé qu’il était favorable au projet initial, estimant que « tous les pays ont droit au développement ».

L’objectif est de relier la côte à l’ouest enclavé du pays pour assurer une circulation des marchandises plus aisée vers les pays voisins.

Reste à savoir si cet accroissement du commerce compenserait la perte inéluctable des devises touristiques, si les voyageurs en mal de grands espaces et de faune sauvage se tournaient vers d’autres pays d’Afrique.

Les professionnels doivent faire pression

« Les professionnels du tourisme en Tanzanie sont mobilisés, mais il me paraît urgent que les professionnels des pays émetteurs se manifestent également pour appuyer leur action et montrer au gouvernement tanzanien qu’il risque vraiment de mettre en danger l’industrie du tourisme ».

En contactant le Tanzanian Tourist Board, Sabine Grataloup, GM d’Absolu Voyages, espère lui faire entendre la voie de la raison économique plutôt qu’écologique, et appelle les professionnels européens à faire de même.

Une pétition est en ligne : www.savetheserengeti.org

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Commentaires

1.Posté par Sabine Grataloup le 06/10/2010 09:34 | Alerter
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Merci à Tourmag d'avoir répondu à mon appel ! Vous avez parfaitement résumé la situation. A signaler que récemment une pétition de 290 scientifiques a vu le jour, et que la célèbre Jane Goodal s'est également engagée contre ce projet et pour rassembler des fonds pour financer la route Sud.
La route plus au Sud, pas forcément plus longue et plus couteuse, permettrait de préserver à la fois le développement économique des populations de l'Ouest de la Tanzanie et la vie sauvage du Serengeti.

2.Posté par Alain Angers le 06/10/2010 11:26 | Alerter
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Merci à Tourmag, cet article a le mérite d'attirer notre attention nous "agents de voyage de base" sur une situation dans cette région du monde que je ne connaissais pas. Mais que font nos grands moyens d'information ? Rien à la radio de service public ni à la télé pas beaucoup plus je suppose dans les grands journaux quotidiens. Ah dans quel monde vivons-nous où nous pouvons en temps qu'être humain nous arroger le droit de vie ou de mort tels des césars sur des espèces entières uniquement préoccupés que nous sommes par de petites vues économiques à court terme quand il s'agit de respecter la simple loi de la nature dont nous sommes nous memes issus : cette migration inscrite dans le code génétique de ces espèces depuis la nuit des temps...

3.Posté par denis Lebouteux le 06/10/2010 14:23 | Alerter
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Bonjour,

Je pense, modestement, compter parmi les spécialistes de cette destination et du Serengeti (en particulier). J'y suis allé plus d'une centaine de fois ...
Appelez moi (01 42 37 52 48) je vous donnerai quelques éléments supplémentaires qui auraient sans doute changé le sens de votre article !
Les tanzaniens ne sont pas aussi idiots qu'on peut le croire ...
Cordialement,

4.Posté par Pierre schropff le 25/10/2010 17:49 | Alerter
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La fonction du "bien pensant qui sait" de l'hémisphère nord est décidément bien ancrée.
Le politiquement correct, notre bonne conscience sans mémoire (c'est plus facile) continuent et continuerons toujours, hélas, à être ainsi exposée, au mépris de tout respect envers l'autre :
Comment un TO, à priori exploitant à son profit le degré de développement (théoriquement) bas des infrastructures Tanzaniennes (location de 4X4 avec chauffeurs, flying safaris et j'en passe...) et exploitant, également à son profit, les unités hôtelières somptueuses sises dans le Sérengetti, le N'Gorongoro, et au sein même de tout les autres parcs Tanzaniens, peut-il se prévaloir de connaître ce qui est "bon" et ne l'est pas pour l'économie, le bien être, le développement social, voire simplement le droit à disposer de soi-même des pays dans lesquels il exerce.
Faîtes tout pour cacher la réalité (Tanzanienne ou d'autre Pays...) à vos clients.
Guidez les vers les images d'épinales que tout le monde veux s'approprier, à l'image de certains immenses imposteurs des réseaux cathodiques.
Refusez, au nom de la morale 'de celui qui sait', de montrer la réalité économique et sociale de ces pays.
Nourrissez les pour qu'il ne perçoivent pas la faim de l'autre.
Montrez leur que VOUS, vous avez une morale, une conscience écologique, contairement (en l'occurence) au gouvernement Tanzanien...
Vos clients vous en seront probablement longtemps reconnaissant, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, paraît-il, surtout commercialement.
La Tanzanie est un pays somptueux ou vivent des gens magnifiques, et ces gens là n'ont probablement pas besoin de notre morale à 2 sous, nous qui de fait sommes complètement passé à coté de notre développement "équitable", nous, les donneurs de leçons de l'hémisphère nord, médocres acteurs et excellent moralisateurs : "Y faut qu'on, Y a qu'à...
J'aime beaucoup la reflexion de Alain "il s'agit de respecter la simple loi de la nature dont nous sommes nous mêmes issus..."
Au nom du respect de cette "simple loi" nous refuserions aux autres le droit de vivre, de se developper, de CONSOMMER comme NOUS...
Assez d'hypocrisies
Un peu de bon sens (pas unique !)
Le vrai voyageur regarde ce qu'on ne lui montre pas.
Bien amicalement

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