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Surtourisme : La France a (pourtant) trouvé la parade ! 🔑

Le train 2,6 fois plus cher que l'avion en France


Alors qu'une partie de la France a traversé l'Hexagone pour affronter la chaleur du sud du pays et que l'autre rêve secrètement au mois d'août, l'ensemble des médias tire à boulets rouges sur... le tourisme. Il est devenu un nuisible, tel un rat, il doit être exterminé. Dans un pays où le secteur représente près de 11% du PIB, les professionnels sont estomaqués et choqués. Et pourtant la France a bien trouvé la parade pour éviter les embouteillages sur les routes et dans ses attractions phares...


Rédigé par le Dimanche 23 Juillet 2023

La France a mis en place une stratégie à deux lames pour se débarrasser du surtourisme - Crédit photo : Depositphotos @UlyssePixel
La France a mis en place une stratégie à deux lames pour se débarrasser du surtourisme - Crédit photo : Depositphotos @UlyssePixel
Pour avoir un journal réussi, il est devenu indispensable de titrer sur le surtourisme.

Inlassablement, l'ensemble des médias traite ce phénomène, devenu une sorte bête du Gévaudan des temps modernes.

Après avoir contaminé Annecy, Biarritz, Marseille, le virus a touché Bréhat, la Meurthe-et-Moselle et le lac de Pierre-Percée, l'Alsace, Concarneau ou même les Alpes en été.

Il faut en finir, exterminer un nuisible quitte à friser le ridicule (qui ne tue plus), allant jusqu'à disposer un mug ou une boule à neige dans une tapette, pour lui briser la nuque comme à Nice.

La France est abandonnée à elle-même, trop remplie qu'elle est de Français et de voyageurs étrangers en vacances.

Loin de moi l'idée de nier l'enfer vécu par les habitants d'Etretat, ou encore les visites décevantes de Saint-Malo, alors que des hordes de barbares en provenance de contrées lointaines se ruent pour dévaliser les boutiques de souvenirs et saccager les terrasses des restaurants à coup de carte bleue... mais il faut savoir raison garder.

Fort heureusement, notre beau pays a trouvé la parade, une stratégie bien huilée pour régler le problème et rendre au Mont-Saint-Michel sa tranquillité monacale.


La France ce pays plein de voyageurs... Français !

Tout d'abord, j'ai la furieuse impression que nous sommes devenus schizophrènes.

A longueur d'année, nous travaillons plus ou moins pour pouvoir nous offrir un moment de déconnexion durant l'été, pour oublier notre quotidien, nos problèmes et les inlassables week-ends gâchés par les défaites de notre club de foot préféré.

Sauf qu'à l'approche des vacances, alors que le monoï commence à embaumer les rues et les places, nous ressortons les reportages et les "enquêtes" sur le surtourisme.

Qui sont ces "horsains" qui veulent nous empêcher de profiter de notre sas de décompression annuel ?

Rappelons que la dépense touristique dépend majoritairement de "la clientèle résidente (française, ndlr)" puisque seulement un tiers des nuitées sont réalisées par des personnes venues de l'extérieur de nos frontières (Tableaux de l'économie française de l'Insee de 2019).

Qu'en conclure ? Que les Français ne veulent plus des Français. Nous sommes nos propres nuisibles.

Imaginez que tous les Français partent en vacances ? Que diraient alors ces mêmes médias ?

Il est là tout le problème. Dans notre pays où le mot "égalité" figure sur toutes les façades des mairies, nous ne sommes pas égaux face au départ en vacances et, visiblement, tant mieux (?).

D'après une étude réalisée par Younited,b[ 47,2% des Français interrogés ne partiront pas en vacances cet été, principalement par manque de moyens.


Un taux qui se dégrade ou au mieux stagne depuis le début des années 2000, selon le Crédoc.

L'Inflation pour réduire drastiquement les flux touristiques...

Didier Arino me disait, il y a quelques jours, que les réservations sont en repli par rapport à 2022.

"Une partie de la clientèle, environ 7 millions de Français, a renoncé pour l'instant, à réserver, car les prix sont trop élevés au regard de leur budget," expliquait le directeur général de Protourisme.

Une nouvelle qui devrait donc ravir les suiveurs du surtourisme et les habitants de certains lieux. Le départ en vacances devient de plus en plus une activité réservée à une élite, comme à ses débuts.

D'autant que nos confrères ont tendance à mélanger "le moche" tourisme de masse, avec ces bâtiments en béton et ses beignets sur la plage, avec la foule du surtourisme.

"Ce qui me dérange dans l'idée du bashing que connait notre industrie c'est que nous confondons le surtourisme et le tourisme de masse. Dans le tourisme de masse, il y a le tourisme populaire. Voulons-nous que ces classes défavorisées ne partent pas en vacances ?

Et laisser cette activité aux seules catégories aisées de la population française ?
" questionnait la semaine dernière Vincent Garel, le président du CRTL Occitanie.

La question elle est "vite répondue", comme dirait l'autre. Ainsi, pour réduire les externalités négatives du tourisme, les prix sont augmentés jusqu'à l'indécence et privent de départ une part significative de la population.

Toujours dans cette même logique, Greenpeace a soulevé un lièvre ou plutôt un rail.

...La SNCF pour obliger les Français à partir à l'étranger !

Dans notre pays qui s'ultralibéralise, nous avons trouvé la potion magique pour faire baisser le prix des billets de train : la concurrence.

Je suis mauvaise langue car l'objectif était surtout de réduire le poids de la dette de la SNCF qui pèse toujours plus lourd sur les épaules des Français.

La libéralisation du rail et la transformation de l'entreprise en société anonyme pousse de fait l'Etat major du fleuron ferroviaire hexagonal à tendre vers la rentabilité.

"Le Groupe devient une entreprise à part entière, pour reprendre l’expression de son ancien patron Guillaume Pepy. Il devra notamment gérer ses investissements, éviter les pertes, maîtriser sa dette, et est -en théorie du moins- susceptible de faire faillite," expliquait le Dauphiné Libéré.

Outre la réforme du régime spécial des cheminots, l'Etat a exigé des coupes dans les dépenses et exigé la rentabilité, afin de la rendre plus compétitive face à une "concurrence féroce" qui n'attend que l'ouverture pour se précipiter sur les lignes sillonnant notre pays.

Une bonne chose donc en apparence pour les contribuables mais aux effets pervers pour les... usagers et voyageurs.

Dans une analyse comparative du prix des billets d’avion et de train en Europe, Greenpeace révèle le double tranchant de notre stratégie nationale pour éliminer ce nuisible.

"Au lieu d'adopter une approche responsable, les institutions européennes et les gouvernements continuent de subventionner le changement climatique en faisant des cadeaux aux compagnies aériennes et aux aéroports, tout en fermant des gares et des lignes ferroviaires.

Pourquoi payer 322 € pour relier Paris à Valence (Espagne) en train quand le même trajet en avion coûte 25,99 € ?
" relève l'organisation non gouvernementale.

C'est bien tout le problème : En France, le train est 2,6 fois plus cher que l'avion (sur les routes analysées), notre pays arrivant même sur le podium des plus mauvais élèves européens. Rien que ça.

Une médaille de bronze dont nous pouvons être fiers.

Le deuxième revers de la médaille c'est qu'en rendant le train inaccessible, on pousse les Français à partir en vacances à l'étranger ou à prendre leur voiture (pour ceux qui le peuvent) en France. Cqfd !

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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