Et ce n’est pas fini, puisque selon certains observateurs, dans les mois qui suivent ce sera au tour du deuxième groupe européen, Thomas Cook, de connaître une restructuration de son actionnariat.
A l’origine du premier groupe touristique européen, certains disent même mondial, un holding hanovrien industriel, logistique et sidérurgique : Preussag. A la fin des années nonante, celui-ci décide d’opérer une refonte totale de ses participations et d’entrer en force dans le tourisme.
Logique car, d’une part, tous les chiffres montrent que l’industrie du loisir va connaître un futur radieux et, d’autre part, il n’existait pas à l’époque de véritable groupe paneuropéen opérant aussi bien en loisir qu’en business travel.
Dès le départ, les stratèges allemands ont mené une politique volontariste de rachats de groupes ou sociétés leaders dans leurs marchés nationaux comme Jertair en Belgique, Thomson Holidays en Grande-Bretagne, Nouvelles Frontières en France…
Intégration transversale des métiers du tourisme
Dans le même temps, le groupe a effectué des prises de participations dans des chaînes hôtelières comme les groupes espagnols RIU (50 %) et Iberotel (100 %) et la chaîne grecque Grecotel (50 %) ou de clubs de vacances (Magic Life, Robinson, Paladien, …)
Actuellement, en plus de ces entreprises, TUI contrôle également une demi-douzaine compagnies aériennes (Britania, TUI Airlines Belgium, Corsair, Hapag Lloyd, …) avec une flotte globale de près de 100 appareils, dispose de deux compagnies de croisières (Hapag Lloyd et Thomson Cruises) et possède également des réseaux d’agences de voyages aussi bien loisirs (TUI Travel Center) que business (TQ3) ainsi que d’agences réceptrices dans la plupart des pays de destination.
Mais comme l’explique clairement Michel de Blust, secrétaire général de l’ECTAA (l’association européenne des agences de voyages et des TO): «La logique de la WestLB a été d’opérer une intégration totale aussi bien verticale que transversale des métiers du tourisme.
L’expérience montre qu’en cas d’inversion due cycle économique ce modèle connaît certaines faiblesses liées aux difficultés d’adapter les capacités de transport et d’hébergement à la demande. »
Les motivations des acheteurs
Ce qui est certain, vu la rentabilité moyenne du secteur, c’est que les objectifs d’un repreneur ne peuvent en aucun cas être un placement de père de famille. Si pour un groupe hôtelier comme l’espagnol Barcelo la prise de contrôle de TUI est tout à fait logique et entre parfaitement dans le core business de son activité, il en va tout autrement des autres candidats.
Dès le départ l’objectif de TUI a été de concentrer toutes les branches de l’activité de l’industrie du tourisme de l’agence de voyages à l’hôtellerie en passant par le transport. Or, toutes ces entreprises sont parfaitement capables de vivre de leurs propres ailes. Rien ne dit donc que l’objectif poursuivi par l’un ou l’autre candidat repreneurs est de revendre la totalité du groupe par appartement.
Si cela se vérifie, on verrait apparaître alors des groupes hôteliers comme Accor intéressé aux rachats des chaînes hôtelières, les agences CWT tentant de s’approprier des réseaux de TUI, l’une ou l’autre compagnie de croisières rachetant les deux flottes…
Mais Luc De Muynck, président du VVR, l’association flamande des agences de voyages, nuance : « Une décomposition du groupe serait dommageable pour les consommateurs. Il ne faut pas oublier que la puissance d’achats de TUI permet des tarifs attractifs. Ce serait un retour de 25 ans en arrière. »
Le capital du groupe
L’un des atouts de TUI était de disposer d’actionnaires que l’on considérait généralement comme très stable: 15 % dans le public et 85 % aux mains d’investisseurs institutionnels. Parmi ceux-ci, la banque publique WestLB qui a elle seule détenant 31,4 % des parts et donc était l’actionnaire de référence.
Or cette institution financière, depuis plusieurs mois et pour différentes raisons, son désir de revendre ses parts dans TUI à un prix correct, la participation étant valorisée à 16,5 euros par action.
Fin du mois de mai, les grandes manœuvres ont commencé avec l’annonce de rachats sur les marchés effectués par la Morgan Stanley. Opérateur qui détiendrait actuellement 10 % du capital.
Pour Baudouin Gillis, de Carlson Wagonlit : « Il ne fait pas de doute que la Morgan agit en portage pour d’autres investisseurs ».
Les candidats repreneurs
Parmi les candidats repreneurs, on cite régulièrement, malgré ses démentis, le groupe hôtelier espagnol Barcelo associé aux groupes Sol Melia et NH Hoteles soutenus dans cette opération par les banques Santander Central Hispano et Banco Bilbao Vizcaya Argentaria les fonds américains Fortress, Cerberus, et Lone Star.
Egalement évoqué, le holding croisiériste américain Carnival. Enfin, certaines rumeurs dans le milieu du tourisme organisé font état d’un intérêt marqué par certains groupes américains comme Carlson ou American Express ou encore le groupe hôtelier US Cendant.
En tout état de cause, il ne faut pas oublier que la loi boursière allemande oblige l'acquéreur de 30 % du capital d'une société à lancer une OPA sur le solde. Ce qui fait dire à d’aucun que WestLB pourrait vendre une participation juste en dessous de ce seuil pour éviter de devoir obliger un repreneur de passer par cette opération.
Le mécanisme financier qui serait mis en place
Il va de soi que qu’aussi bien le groupe Barcelo (Cf. glossaire) les deux autres groupes hôteliers espagnols n’ont pas les moyens financiers d’agir seuls. D’ailleurs, un porte-parole de Barcelo a indiqué, tout en démentant sa candidature à cette reprise, avoir « procédé à des investissements importants ces derniers mois ».
Barcelo, société non cotée, a investi 300 millions d'euros ces dernières années pour racheter sa filiale Viajes Barcelo et prendre une participation de 22% dans le britannique First Choice Holiday, cinquième voyagiste européen. » Démenti qui pourrait être en partie exact pour une opération en solo.
Or d’après nos informations, Barcelo n’agirait pas seul mais en alliance, comme nous l’avons vu, avec deux autres groupes hôteliers et l’appui de deux banques ibériques: les banques Santander Central Hispano et la deuxième banque espagnole Banco Bilbao Vizcaya Argentaria.
Selon notre confrère allemand Manager Magazin, ces banques financeraient l’opération par la revente de la branche container du groupe allemand (Containerschiff-Tochter Hapag-Lloyd).
L’industrie du tourisme pas si prospère qu’on le dit…
Ces deux cas ont en fait les mêmes causes. Aussi bien chez TUI qu’à la CIT, l’une des premières raisons des bouleversements que connaissent ces deux groupes ne provient pas de leurs propres activités mais d’éléments purement financiers et à un renversement des tendances économiques.
Dans les deux groupes, il est frappant de constater que l’endettement de ceux-ci atteint des sommets pharaoniques par rapports aux fonds propres. Pour TUI par exemple, l’un des objectifs du groupe est de réduire son endettement pour la fin de l’année à 3 milliards d’euros.
Ce qui fait dire aux très mauvaises langues que les vrais bénéficiaires des investissements financiers dans les groupes touristiques ne sont pas les actionnaires mais les banques grâce aux crédits accordés.
Et comme celles-ci sont présentent dans l’actionnariat des deux groupes (WestLB chez TUI et Intesa à la CIT), elles ont toutes les possibilités de freiner autant que ce soi possible toutes velléités d’augmentations de capital auxquelles elles devraient souscrire « Un dividende n’est jamais garanti, des agios oui » comme nous l’a expliqué un consultant.
Deuxième constat qu’oublient trop souvent les investisseurs : l’industrie du tourisme est soumise à la foi aux cycles économiques et aux crises sécuritaires… et les trois dernières années n’ont pas été de tout repos dans ce domaines.
En tout état de cause, comme le souligne Baudouin Gillis, « On assiste actuellement à la fin de l’intégration verticale du tourisme pour passer à l’intégration horizontale par spécialité : hôtellerie, transport, tour-opérateur, distribution… »
A l’origine du premier groupe touristique européen, certains disent même mondial, un holding hanovrien industriel, logistique et sidérurgique : Preussag. A la fin des années nonante, celui-ci décide d’opérer une refonte totale de ses participations et d’entrer en force dans le tourisme.
Logique car, d’une part, tous les chiffres montrent que l’industrie du loisir va connaître un futur radieux et, d’autre part, il n’existait pas à l’époque de véritable groupe paneuropéen opérant aussi bien en loisir qu’en business travel.
Dès le départ, les stratèges allemands ont mené une politique volontariste de rachats de groupes ou sociétés leaders dans leurs marchés nationaux comme Jertair en Belgique, Thomson Holidays en Grande-Bretagne, Nouvelles Frontières en France…
Intégration transversale des métiers du tourisme
Dans le même temps, le groupe a effectué des prises de participations dans des chaînes hôtelières comme les groupes espagnols RIU (50 %) et Iberotel (100 %) et la chaîne grecque Grecotel (50 %) ou de clubs de vacances (Magic Life, Robinson, Paladien, …)
Actuellement, en plus de ces entreprises, TUI contrôle également une demi-douzaine compagnies aériennes (Britania, TUI Airlines Belgium, Corsair, Hapag Lloyd, …) avec une flotte globale de près de 100 appareils, dispose de deux compagnies de croisières (Hapag Lloyd et Thomson Cruises) et possède également des réseaux d’agences de voyages aussi bien loisirs (TUI Travel Center) que business (TQ3) ainsi que d’agences réceptrices dans la plupart des pays de destination.
Mais comme l’explique clairement Michel de Blust, secrétaire général de l’ECTAA (l’association européenne des agences de voyages et des TO): «La logique de la WestLB a été d’opérer une intégration totale aussi bien verticale que transversale des métiers du tourisme.
L’expérience montre qu’en cas d’inversion due cycle économique ce modèle connaît certaines faiblesses liées aux difficultés d’adapter les capacités de transport et d’hébergement à la demande. »
Les motivations des acheteurs
Ce qui est certain, vu la rentabilité moyenne du secteur, c’est que les objectifs d’un repreneur ne peuvent en aucun cas être un placement de père de famille. Si pour un groupe hôtelier comme l’espagnol Barcelo la prise de contrôle de TUI est tout à fait logique et entre parfaitement dans le core business de son activité, il en va tout autrement des autres candidats.
Dès le départ l’objectif de TUI a été de concentrer toutes les branches de l’activité de l’industrie du tourisme de l’agence de voyages à l’hôtellerie en passant par le transport. Or, toutes ces entreprises sont parfaitement capables de vivre de leurs propres ailes. Rien ne dit donc que l’objectif poursuivi par l’un ou l’autre candidat repreneurs est de revendre la totalité du groupe par appartement.
Si cela se vérifie, on verrait apparaître alors des groupes hôteliers comme Accor intéressé aux rachats des chaînes hôtelières, les agences CWT tentant de s’approprier des réseaux de TUI, l’une ou l’autre compagnie de croisières rachetant les deux flottes…
Mais Luc De Muynck, président du VVR, l’association flamande des agences de voyages, nuance : « Une décomposition du groupe serait dommageable pour les consommateurs. Il ne faut pas oublier que la puissance d’achats de TUI permet des tarifs attractifs. Ce serait un retour de 25 ans en arrière. »
Le capital du groupe
L’un des atouts de TUI était de disposer d’actionnaires que l’on considérait généralement comme très stable: 15 % dans le public et 85 % aux mains d’investisseurs institutionnels. Parmi ceux-ci, la banque publique WestLB qui a elle seule détenant 31,4 % des parts et donc était l’actionnaire de référence.
Or cette institution financière, depuis plusieurs mois et pour différentes raisons, son désir de revendre ses parts dans TUI à un prix correct, la participation étant valorisée à 16,5 euros par action.
Fin du mois de mai, les grandes manœuvres ont commencé avec l’annonce de rachats sur les marchés effectués par la Morgan Stanley. Opérateur qui détiendrait actuellement 10 % du capital.
Pour Baudouin Gillis, de Carlson Wagonlit : « Il ne fait pas de doute que la Morgan agit en portage pour d’autres investisseurs ».
Les candidats repreneurs
Parmi les candidats repreneurs, on cite régulièrement, malgré ses démentis, le groupe hôtelier espagnol Barcelo associé aux groupes Sol Melia et NH Hoteles soutenus dans cette opération par les banques Santander Central Hispano et Banco Bilbao Vizcaya Argentaria les fonds américains Fortress, Cerberus, et Lone Star.
Egalement évoqué, le holding croisiériste américain Carnival. Enfin, certaines rumeurs dans le milieu du tourisme organisé font état d’un intérêt marqué par certains groupes américains comme Carlson ou American Express ou encore le groupe hôtelier US Cendant.
En tout état de cause, il ne faut pas oublier que la loi boursière allemande oblige l'acquéreur de 30 % du capital d'une société à lancer une OPA sur le solde. Ce qui fait dire à d’aucun que WestLB pourrait vendre une participation juste en dessous de ce seuil pour éviter de devoir obliger un repreneur de passer par cette opération.
Le mécanisme financier qui serait mis en place
Il va de soi que qu’aussi bien le groupe Barcelo (Cf. glossaire) les deux autres groupes hôteliers espagnols n’ont pas les moyens financiers d’agir seuls. D’ailleurs, un porte-parole de Barcelo a indiqué, tout en démentant sa candidature à cette reprise, avoir « procédé à des investissements importants ces derniers mois ».
Barcelo, société non cotée, a investi 300 millions d'euros ces dernières années pour racheter sa filiale Viajes Barcelo et prendre une participation de 22% dans le britannique First Choice Holiday, cinquième voyagiste européen. » Démenti qui pourrait être en partie exact pour une opération en solo.
Or d’après nos informations, Barcelo n’agirait pas seul mais en alliance, comme nous l’avons vu, avec deux autres groupes hôteliers et l’appui de deux banques ibériques: les banques Santander Central Hispano et la deuxième banque espagnole Banco Bilbao Vizcaya Argentaria.
Selon notre confrère allemand Manager Magazin, ces banques financeraient l’opération par la revente de la branche container du groupe allemand (Containerschiff-Tochter Hapag-Lloyd).
L’industrie du tourisme pas si prospère qu’on le dit…
Ces deux cas ont en fait les mêmes causes. Aussi bien chez TUI qu’à la CIT, l’une des premières raisons des bouleversements que connaissent ces deux groupes ne provient pas de leurs propres activités mais d’éléments purement financiers et à un renversement des tendances économiques.
Dans les deux groupes, il est frappant de constater que l’endettement de ceux-ci atteint des sommets pharaoniques par rapports aux fonds propres. Pour TUI par exemple, l’un des objectifs du groupe est de réduire son endettement pour la fin de l’année à 3 milliards d’euros.
Ce qui fait dire aux très mauvaises langues que les vrais bénéficiaires des investissements financiers dans les groupes touristiques ne sont pas les actionnaires mais les banques grâce aux crédits accordés.
Et comme celles-ci sont présentent dans l’actionnariat des deux groupes (WestLB chez TUI et Intesa à la CIT), elles ont toutes les possibilités de freiner autant que ce soi possible toutes velléités d’augmentations de capital auxquelles elles devraient souscrire « Un dividende n’est jamais garanti, des agios oui » comme nous l’a expliqué un consultant.
Deuxième constat qu’oublient trop souvent les investisseurs : l’industrie du tourisme est soumise à la foi aux cycles économiques et aux crises sécuritaires… et les trois dernières années n’ont pas été de tout repos dans ce domaines.
En tout état de cause, comme le souligne Baudouin Gillis, « On assiste actuellement à la fin de l’intégration verticale du tourisme pour passer à l’intégration horizontale par spécialité : hôtellerie, transport, tour-opérateur, distribution… »