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Test Achats dénonce la position dominante de TUI & Thomas Cook

la résistance contre le duopole de fait s’organise


Dans la derrière mouture de sa newsletter mensuelle, Test Achats, la plus importante association de consommateurs en Belgique s’attaque à nouveau à la position dominante sur le marché de Thomas Cook et TUI (Jetair).


Rédigé par Michel Ghesquière - michel.ghesquiere@skynet.be le Dimanche 18 Février 2007

Il ne faut jamais prendre à la légère les prises de position de Test Achats. Tout d’abord parce que ce groupement consumériste est l’un des plus puissante d’Europe. Présent via des associations sœurs en Belgique, Luxembourg, Espagne, Italie, Portugal, Test Achats revendique plusieurs centaines de milliers d’adhérents.

Le groupe pratique également un lobbysme des plus actifs aussi bien au niveau des autorités des pays où il est présent qu’au niveau européen. Enfin, contrairement aux associations professionnelles qui ne peuvent pas agir si les intérêts à court terme de leurs membres sont en jeu, Test Achats travaille aussi bien à court, que moyen et long terme.

Plus de 90 % contrôlé par les deux TO en Belgique

Ce sont les deux groupes qui déclarent eux-mêmes faire voyager plus de 3,1 millions Belges. Thomas Cook avec 1,6 millions pax disposerait de 46 % de parts de marché et TUI de 43 à 45 % avec 1,5 millions pax il détiendrait

Quant aux autres TO membres de l’ABTO (l’association belge des tour-opérateurs), ils se contentent donc de 400 à 500.000 pax. Même en rajoutant les voyagistes non membres de l’association et les autocaristes éditant des brochures, la position des deux grands groupes est sans conteste dominante.

Or, cette position va en se renforçant car les deux groupes ont mis en place une politique de présence dans la distribution. Jetair (TUI) dispose avec les JetairCenter de plus de 120 points de vente dits ouvertes et Sunjets pratique la vente directe via le WEB. Thomas Cook, outre ses quatre-vingt et quelques agences Neckermann possède une soixantaine d’AGV Thomas Cook Travel Shop, réseau en développement constant…

Ces 2 réseaux de vente ouverte qui se situent parmi les plus importants distributeurs de voyages en Belgique commercialisent, outre les TO maisons, les autres voyagistes. Partant, ils en contrôlent indirectement les flux.

Il faut également noter la puissance de ces deux opérateurs dans l’eTourisme et dans l’« eAérien » avec leurs différents sites de présentation produits TO et de ventes directes pour Neckerman, Sunjets et les sites des deux compagnies aériennes JetairFly et Thomas Cook Airlines Belgium.

Un contrôle même au niveau des hôtels

Autre sphère où, selon plusieurs TO concurrents, la concurrence est mise en danger : les destinations. A plusieurs reprises, des voyagistes concurrents nous ont expliqué que les hôteliers avec lesquels ils travaillaient pouvaient subir des pressions de l’un ou l’autre de ces deux groupes. L’objectif étant soit de limiter leurs opérations, soit même de cesser tout contact avec les challengers.

LibertyTV.com en avait été victime. Il y a quelques années, le groupe de Lotfi Belhassine avait décidé de lancer une production propre sur la destination Chypres. La réaction de TUI a été très rapide : le TO a écrit aux hôteliers pour leur signaler que s’ils signaient des accords avec LibertyTV, Jetair ne les commercialiserait plus.

Il serait cependant complètement erroné de croire que cette main mise sur le marché belge a été mise en place et construite par les deux groupes de manière calculée ou planifiée.

En réalité, c’est avec le temps et avec la puissance financière de leurs maisons-mère respectives que ces deux sociétés ont pu construire leur emprise pour ne pas dire leur empire sur le marché belge.

De facto, aujourd’hui, force est de constater que directement ou indirectement TUI et Thomas Cook font la pluie et le beau temps dans le voyage organisé dans le Plat Pays. Leur importance est devenue telle que même les AGV n’osent plus les affronter de peur de se voir écartée ou de voir leurs commissionnements réduits (comme cela existe déjà pour les petites AGV) ou que les objectifs de vente deviennent intenables pour bénéficier des surcoms.

Le réveil des consuméristes

Il y a deux ans Test Achats, avait lancé une alerte. Constatant que les autorités ne réagissaient pas, les consuméristes ont décidé de porter le dossier devant le Conseil de la Concurrence.

Pour ceux-ci, « des pratiques restrictives de concurrence, des ententes et des abus de position dominante (NDLR seraient) commis par les tour-opérateurs TUI et Thomas Cook ». Aujourd’hui, dans sa newsletter mensuelle, l’association tape le poing sur la table et met en quelque sorte en demeure le Conseil de la Concurrence d’étudier le dossier et de rendre un jugement. (voir la copie de la lettre ouverte de Test Achats).

Par ailleurs, nous avons appris qu’un groupe voyagiste concurrent envisage très sérieusement : « D’entamer une procédure contre le duopole Jetair/Thomas Cook. Cette procédure nous la mènerons dans un premier temps en Belgique et si nous n’obtenons pas raison nous allons porter l’affaire auprès des autorités et tribunaux européens. Il en va de notre survie à nous opérateurs Belges mais également de celle des professionnels des autres pays de l’UE. »

Nous avons essayé d’atteindre plusieurs responsables des deux TO et également des associations professionnelles. Notre objectif étant de connaître leurs réactions face à cette offensive des consuméristes. Malheureusement en vain.

Michel Ghesquière

La lettre ouverte de Test Achats

Conseil de la concurrence : trop discret

"Ce Conseil est le gendarme de la concurrence en Belgique et, à ce titre, il doit veiller à l'application correcte de la réglementation en matière de concurrence, laquelle constitue l'indispensable contrepoids aux mécanismes du marché.

La politique de la concurrence, qui constitue un maillon essentiel de la protection du consommateur, a pour objet de combattre les pratiques restrictives de concurrence, les pratiques abusives en matière de concurrence, les ententes illicites, comme les cartels. Bref tout ce qui peut nuire à une vraie concurrence transparente et équilibrée entre les fournisseurs de biens ou de services.

Or, il s'avère que notre gendarme de la concurrence est beaucoup trop discret. Concrètement, le rapport publié en juin 2006 par la Cour des comptes révélait que le Conseil de la concurrence avait traité un nombre insuffisant de dossiers et que les délais de traitement étaient trop longs.

A titre d'exemple, sur 187 dossiers ouverts depuis 1993, seulement 58 (31%) ont fait l'objet d'une décision et une seule a entraîné une sanction. En outre, la moitié des dossiers ayant fait l'objet d'une décision ont nécessité un délai de traitement total de plus de 7 ans ; et la majorité des dossiers en cours dépassent les 5 ans.

Actuellement, trois dossiers ont été introduits par Test-Achats. Il s'agit de plaintes que nous avons déposées concernant des pratiques restrictives de concurrence, des ententes et des abus de position dominante commis par les tour-opérateurs TUI et Thomas Cook, la fédération des auto-écoles et Coca-Cola.

A chaque fois, les intérêts des consommateurs au quotidien sont directement concernés. Il est à espérer qu'il ne faille pas attendre encore des années pour qu'une décision tombe dans chacun de ces dossiers.
Nous avons rappelé au gouvernement fédéral l'obligation que fait peser l'Union européenne sur les Etats membres de tout mettre en œuvre pour faire appliquer les règles de la concurrence dans leur sphère de compétences."

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Tags : amadeus
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