R.Benslimane : "Il faudra s'habituer encore quelques temps à ce climat d’effervescence et de construction caractérisé aussi par la volonté de tout un pays de préserver en parallèle un tourisme source de développement et de prospérité" - DR : JDL
TourMaG.com - Quelle est votre analyse au sujet de la situation actuelle en Tunisie ?
Raouf Benslimane : "En tant que Français, dirigeant un Tour opérateur français, mais aussi en tant que Tunisien d’origine, j'ai le privilège de bien connaître ce qui se passe réellement en Tunisie. Donc de pouvoir analyser la façon dont cela est exploité par la presse en France.
Les évènements récents pouvaient évidemment susciter de l’inquiétude, d'autant que l'information entendue et vécue de l’extérieur est certainement amplifiée et appréciée de façon très négative par les clients.
Car les médias ne font aucun cadeau à un pays dont ils se sentent proches et dont l'analyse comporte une part d’affectivité exacerbée.
Ceci quand il ne s’agit pas de donner dans le sensationnel comme cela s’est souvent produit à la moindre étincelle qui a provoqué l’embrasement des banlieues en France.
Évidemment, la réalité n a pas été déformée dans le cas des banlieues, mais le caractère répétitif et la concentration des images violentes qui repassaient en boucle ont donné l'impression aux Américains que nous avions replongé en pleine Révolution française…
Raouf Benslimane : "En tant que Français, dirigeant un Tour opérateur français, mais aussi en tant que Tunisien d’origine, j'ai le privilège de bien connaître ce qui se passe réellement en Tunisie. Donc de pouvoir analyser la façon dont cela est exploité par la presse en France.
Les évènements récents pouvaient évidemment susciter de l’inquiétude, d'autant que l'information entendue et vécue de l’extérieur est certainement amplifiée et appréciée de façon très négative par les clients.
Car les médias ne font aucun cadeau à un pays dont ils se sentent proches et dont l'analyse comporte une part d’affectivité exacerbée.
Ceci quand il ne s’agit pas de donner dans le sensationnel comme cela s’est souvent produit à la moindre étincelle qui a provoqué l’embrasement des banlieues en France.
Évidemment, la réalité n a pas été déformée dans le cas des banlieues, mais le caractère répétitif et la concentration des images violentes qui repassaient en boucle ont donné l'impression aux Américains que nous avions replongé en pleine Révolution française…
Préserver le tourisme, source de développement
Raouf Benslimane est le DG de Thalasso n°1 - DR
Et c'est exactement ce qui s'est passé en Tunisie.
Les images de violences, quand bien même limitées à certains endroits et visant exclusivement les symboles de l’Etat (bureau de police et administration), ont donné à penser que la Tunisie était retombée en révolution...
Ceci alors qu’à aucun moment l'intégrité du citoyen tunisien, du citoyen étranger, des sites touristiques, etc. n'ont été menacés.
Et il est scandaleux que la presse en France, toujours à l’affût du sensationnel, donne ainsi à assimiler la situation de la Tunisie à celle des pays voisins.
Pour sa défense, il est vrai que le couvre-feu mis en place et vite levé est lié à des situations de guerre et fait appel à des notions très négatives et conforte ainsi toute analyse exagérée…
J’en appelle donc les dirigeants du pays et toutes les personnes de bonne volonté à méditer la portée de leurs décisions dans le cadre de la stratégie sécuritaire du pays.
Car la Tunisie n'est pas seulement un État, c'est aussi une « Destination », un « Produit », un idéal peut-être aussi qui se construit dans ce monde arabo-musulman dans lequel la Tunisie s'est toujours inscrite comme avant-gardiste et pionnière.
C'est pourquoi je ne crains pas une détérioration de la situation, au contraire, on a aujourd’hui l'image de plaques idéologiques antagonistes qui se rencontrent et provoquent quelques secousses sismiques car les extrêmes s affrontent...
Il faudra s'habituer encore quelques temps à ce climat d’effervescence et de construction caractérisé aussi par la volonté de tout un pays de préserver en parallèle un tourisme source de développement et de prospérité."
Les images de violences, quand bien même limitées à certains endroits et visant exclusivement les symboles de l’Etat (bureau de police et administration), ont donné à penser que la Tunisie était retombée en révolution...
Ceci alors qu’à aucun moment l'intégrité du citoyen tunisien, du citoyen étranger, des sites touristiques, etc. n'ont été menacés.
Et il est scandaleux que la presse en France, toujours à l’affût du sensationnel, donne ainsi à assimiler la situation de la Tunisie à celle des pays voisins.
Pour sa défense, il est vrai que le couvre-feu mis en place et vite levé est lié à des situations de guerre et fait appel à des notions très négatives et conforte ainsi toute analyse exagérée…
J’en appelle donc les dirigeants du pays et toutes les personnes de bonne volonté à méditer la portée de leurs décisions dans le cadre de la stratégie sécuritaire du pays.
Car la Tunisie n'est pas seulement un État, c'est aussi une « Destination », un « Produit », un idéal peut-être aussi qui se construit dans ce monde arabo-musulman dans lequel la Tunisie s'est toujours inscrite comme avant-gardiste et pionnière.
C'est pourquoi je ne crains pas une détérioration de la situation, au contraire, on a aujourd’hui l'image de plaques idéologiques antagonistes qui se rencontrent et provoquent quelques secousses sismiques car les extrêmes s affrontent...
Il faudra s'habituer encore quelques temps à ce climat d’effervescence et de construction caractérisé aussi par la volonté de tout un pays de préserver en parallèle un tourisme source de développement et de prospérité."
La situation est tout à fait sécurisée
TourMaG.com - Comment un fournisseur tel que vous gère-t-il l'incertitude actuelle en terme de production ?
R.B. : "Plusieurs paramètres nous permettent d'adopter une posture offensive sur la destination et de maintenir nos engagements.
Ces paramètres découlent d'une analyse à priori subjective mais qui, pour nous, reposent sur une connaissance parfaite du produit Tunisie dans son ensemble, ce qui amène à dire qu'il faut être bien plus qu'un stratège de la production pour réussir à vendre la Tunisie.
Il faut y séjourner de temps en temps, être au cœur de la relation humaine et professionnelle et dans différents secteurs de l’économie, pour finalement emmagasiner un vécu et un feeling incomparable, pour fiabiliser son analyse dans la durée.
D'autre part, l’incertitude que vous évoquez est certes réelle au regard de la stabilité encore fragile du pays pour la simple raison que la démocratie nouvelle n’a pas achevé, loin de là, sa construction.
MAIS l’incertitude tenant au marché français et aux tendances de consommations du produit « séjour » est encore plus grande, donc finalement ce sont 2 incertitudes que nous devons gérer.
Concrètement, nous avons décidé de maintenir nos objectifs de réalisation sur l'été 2012 … Soit plus de 20 000 passagers, car nous avons un objectif annuel que nous voulons atteindre et qui a été fixé à près de 65 000 pax :
1/ parce que nous pensons que la situation est tout à fait sécurisée et les stations touristiques calmes et agréables
2/ la Tunisie continue d’offrir le meilleur rapport qualité/prix à seulement 2h de paris avec le soleil
3/ une bonne partie des Français connaît la situation réelle et souhaite y revenir
R.B. : "Plusieurs paramètres nous permettent d'adopter une posture offensive sur la destination et de maintenir nos engagements.
Ces paramètres découlent d'une analyse à priori subjective mais qui, pour nous, reposent sur une connaissance parfaite du produit Tunisie dans son ensemble, ce qui amène à dire qu'il faut être bien plus qu'un stratège de la production pour réussir à vendre la Tunisie.
Il faut y séjourner de temps en temps, être au cœur de la relation humaine et professionnelle et dans différents secteurs de l’économie, pour finalement emmagasiner un vécu et un feeling incomparable, pour fiabiliser son analyse dans la durée.
D'autre part, l’incertitude que vous évoquez est certes réelle au regard de la stabilité encore fragile du pays pour la simple raison que la démocratie nouvelle n’a pas achevé, loin de là, sa construction.
MAIS l’incertitude tenant au marché français et aux tendances de consommations du produit « séjour » est encore plus grande, donc finalement ce sont 2 incertitudes que nous devons gérer.
Concrètement, nous avons décidé de maintenir nos objectifs de réalisation sur l'été 2012 … Soit plus de 20 000 passagers, car nous avons un objectif annuel que nous voulons atteindre et qui a été fixé à près de 65 000 pax :
1/ parce que nous pensons que la situation est tout à fait sécurisée et les stations touristiques calmes et agréables
2/ la Tunisie continue d’offrir le meilleur rapport qualité/prix à seulement 2h de paris avec le soleil
3/ une bonne partie des Français connaît la situation réelle et souhaite y revenir
Une analyse quotidienne de l’état des ventes
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Nous travaillons en forte collaboration avec des partenaires privilégiés hôteliers et aériens qui suivent avec nous les fluctuations du marché au jour le jour.
Le deal est simple : nous continuons de maintenir nos engagements dans la mesure où nos partenaires nous donnent de la souplesse et de la flexibilité.
Nous devons être capables de réguler aussi bien à la hausse qu’à la baisse à n’importe quel moment. Nous analysons chaque jour avec nos fournisseurs l’état des ventes, nous savons à l’avance sur quelle semaine nous aurons besoin d'ajuster les prix et les volumes.
Cette pratique découle d’un vrai savoir-faire développé lors de situations normales et que nous mettons en œuvre depuis l’évolution du marché vers la VDM.
C’est comme si nous avions en même temps plusieurs robinets ouverts, en fonction de la situation, nous augmentons ou réduisons l’intensité du flux d'eau pour arroser en fonction des besoin du marché.
Cela nécessite une très bonne communication et une parfaite confiance avec nos partenaires aériens et hôteliers et pour cela nous sommes forcément obligés de sélectionner nos partenaires.
Sur l’axe aérien, nous avons mis tout notre plan de vol au départ de Paris avec Tunisair, notre partenaire privilégié sur la destination, sur la partie hôtelière, nous travaillons en priorité avec nos partenaires avec lesquels nous avons des exclusivités.
Ainsi, en quelque sorte, tout le monde est dans le même bateau, cela facilite énormément la communication et la prise de d’action, c’est vital pour une production en flux tendus et en juste à temps, pour pouvoir agir en temps réel.
Nous jouons en quelque sorte le rôle de coordinateur, puisque nous sommes en contact direct avec le marché, nous pouvons établir des tendances de ventes par tranche horaires et agir sur les prix et les volumes à n’importe quel moment.
Nous produisons en quelque sorte de manière « chirurgicale » pour le compte de nos distributeurs, nous créons de la demande grâce aux nombreuses animations et opérations que nous faisons avec l'ensemble de nos distributeurs.
Je rappelle que la semaine précédente, nous étions en éductour à Djerba et à Monastir pendant le couvre feu… et que tout le monde en a profité."
Le deal est simple : nous continuons de maintenir nos engagements dans la mesure où nos partenaires nous donnent de la souplesse et de la flexibilité.
Nous devons être capables de réguler aussi bien à la hausse qu’à la baisse à n’importe quel moment. Nous analysons chaque jour avec nos fournisseurs l’état des ventes, nous savons à l’avance sur quelle semaine nous aurons besoin d'ajuster les prix et les volumes.
Cette pratique découle d’un vrai savoir-faire développé lors de situations normales et que nous mettons en œuvre depuis l’évolution du marché vers la VDM.
C’est comme si nous avions en même temps plusieurs robinets ouverts, en fonction de la situation, nous augmentons ou réduisons l’intensité du flux d'eau pour arroser en fonction des besoin du marché.
Cela nécessite une très bonne communication et une parfaite confiance avec nos partenaires aériens et hôteliers et pour cela nous sommes forcément obligés de sélectionner nos partenaires.
Sur l’axe aérien, nous avons mis tout notre plan de vol au départ de Paris avec Tunisair, notre partenaire privilégié sur la destination, sur la partie hôtelière, nous travaillons en priorité avec nos partenaires avec lesquels nous avons des exclusivités.
Ainsi, en quelque sorte, tout le monde est dans le même bateau, cela facilite énormément la communication et la prise de d’action, c’est vital pour une production en flux tendus et en juste à temps, pour pouvoir agir en temps réel.
Nous jouons en quelque sorte le rôle de coordinateur, puisque nous sommes en contact direct avec le marché, nous pouvons établir des tendances de ventes par tranche horaires et agir sur les prix et les volumes à n’importe quel moment.
Nous produisons en quelque sorte de manière « chirurgicale » pour le compte de nos distributeurs, nous créons de la demande grâce aux nombreuses animations et opérations que nous faisons avec l'ensemble de nos distributeurs.
Je rappelle que la semaine précédente, nous étions en éductour à Djerba et à Monastir pendant le couvre feu… et que tout le monde en a profité."
La communication est impérative pour la relance
TourMaG.com - Que faut-il faire pour rassurer le marché, les consommateurs et les agences ?
R.B. : "Les agences doivent commencer par faire confiance à un vrai spécialiste et véritable expert de la destination et de sa population pour garantir aux clients la fiabilité des informations et la qualité d’assistance nécessaire pour éviter toute déconvenue.
Pour rassurer le marché et faire revenir les clients, la Tunisie doit envoyer un ou des messages aussi rapides que positifs pour effacer les conséquences d'un couvre-feu aussi surprenant par sa soudaineté que négatif par le message qu il contient.
Pour cela, il est impératif que les dirigeants du tourisme communiquent vite et en permanence avec d'autres ministères concernés (transport, intérieur, culture, etc ) pour établir à la fois une stratégie globale de relance mais aussi d'anticipation de tout évènement négatif.
Cette démarche est urgente pour qui veut privilégier l'intérêt supérieur d'un pays dépendant économiquement en grande partie du tourisme.
Les médias notamment radio et surtout TV, doivent faire l'objet d'un lobbying permanent, mais sans concessions. Montrer la réalité tunisienne c'est montrer un pays qui vit malgré tout et des attraits qui n ont pas changé !
R.B. : "Les agences doivent commencer par faire confiance à un vrai spécialiste et véritable expert de la destination et de sa population pour garantir aux clients la fiabilité des informations et la qualité d’assistance nécessaire pour éviter toute déconvenue.
Pour rassurer le marché et faire revenir les clients, la Tunisie doit envoyer un ou des messages aussi rapides que positifs pour effacer les conséquences d'un couvre-feu aussi surprenant par sa soudaineté que négatif par le message qu il contient.
Pour cela, il est impératif que les dirigeants du tourisme communiquent vite et en permanence avec d'autres ministères concernés (transport, intérieur, culture, etc ) pour établir à la fois une stratégie globale de relance mais aussi d'anticipation de tout évènement négatif.
Cette démarche est urgente pour qui veut privilégier l'intérêt supérieur d'un pays dépendant économiquement en grande partie du tourisme.
Les médias notamment radio et surtout TV, doivent faire l'objet d'un lobbying permanent, mais sans concessions. Montrer la réalité tunisienne c'est montrer un pays qui vit malgré tout et des attraits qui n ont pas changé !