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Tunisie : "Pourquoi les Français ne nous aiment-ils plus ?"

A Tozeur, les hôtels-clubs des TO français sont fermés


Les responsables du tourisme tunisien veulent faire de Tozeur et de sa région, une destination à part entière, qui ne soit plus à la marge du tourisme balnéaire. La Russie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et quelques autres répondent à cet appel, alors que les opérateurs français se désengagent les uns après les autres. Mais pourquoi la France, partenaire historique et premier marché de la Tunisie, fait-elle autant défaut ? Voici quelques éléments de réponse sur place, avec TourMaG.com.


Rédigé par le Jeudi 3 Octobre 2013

L’idée forte est de faire de Tozeur, qui dispose d’un aéroport international, et de sa région, une destination à part entière, qui ne soit plus à la marge du tourisme balnéaire. Un budget spécifique va être dédié à cet effet - DR : JdL
L’idée forte est de faire de Tozeur, qui dispose d’un aéroport international, et de sa région, une destination à part entière, qui ne soit plus à la marge du tourisme balnéaire. Un budget spécifique va être dédié à cet effet - DR : JdL
« Pourquoi les français ne nous aiment plus ? » Aziz est caléchier à Tozeur. Il a toujours travaillé avec les Français.

Aujourd’hui, ces Français qui le faisaient vivre, lui, sa famille, son cheval, brillent par leur absence. Il ne comprend pas Aziz et quand on lui dit que c’est un problème de sécurité, il reste incrédule. « Ici c’est tranquille, pas de problème, vous le voyez bien ! ».

Aziz s’inquiète. Ses amis guides et chauffeurs de 4x4 lui ont dit que la saison se présentait mal.

Aux derniers jours de septembre, quand en Europe l’automne annonce les frimas hivernaux, dans le sud tunisien c’est le début de la haute saison.

Mais les carnets de commandes des agences réceptives sont en chute libre par rapport à « avant » la révolution de janvier 2011.

Quant aux hôtels restés ouverts dans la région (21 sur 40), ils tournent au grand ralenti.

L’instabilité politique n’a jamais empêché de passer de bonnes vacances

Aziz sait que les Allemands, les Italiens, les Anglais, les Russes viennent en vacances en Tunisie. Ils sont même venus en plus grand nombre en 2013 qu’en 2012.

Mais c’est une clientèle qui se cantonne le long des plages, pour se baigner et se dorer au soleil durant les mois d’été.

Les Français eux, ils aiment découvrir et faire des excursions.

Ils savent apprécier, à 3 heures au maximum de chez eux, le dépaysement du chott el Djerid, la beauté des premières dunes sahariennes de Douz, les ruelles plusieurs fois centenaires de la vieille ville de Tozeur, le canyon de Mides, la fraîcheur des oasis de montagne de Tamerza et Chebika…

Alors pourquoi ? Comment lui dire à Aziz que les Français boudent la Tunisie pour raison politique ? Que la stabilité politique et la sécurité sont des socles incontournables au développement du tourisme ?

Il a du mal à suivre. Dans son pays, l’instabilité politique qui dure depuis bientôt trois ans n’a jamais empêché les touristes étrangers de passer de bonnes vacances. Il a raison Aziz.

L’Ambassadeur de France, le grand absent

Tozeur, 28 septembre 2013. Jamel Gamra, ministre de transition du tourisme de Tunisie, marque la Journée Mondiale du Tourisme en organisant dans le sud tunisien, un colloque sur le thème « tourisme et eau ».

Il a invité les ambassadeurs en poste à Tunis. L’Allemagne, le Brésil, la Turquie, le Canada, la Hongrie, le Japon, la Pologne, l’Afrique du Sud, Malte, l’Inde, la Belgique, la Grèce, le Japon, la Finlande sont quelques-uns des 28 pays représentés, marchés potentiellement émetteurs.

25 ambassadeurs participent en personne à cette escapade saharienne, en signe de solidarité et de volonté de promouvoir la Tunisie dans leur pays. Trois se font représenter.

Un grand absent remarqué par tous et pas le moindre : S.E. François Gouyette, ambassadeur de France en Tunisie. Il ne s’est même pas fait représenter.

« Je l’ai invité, mais il s’est excusé pour un engagement préalable» dit avec diplomatie le ministre du tourisme de Tunisie.

Oui vraiment pourquoi la France, partenaire historique et premier marché de la Tunisie, fait-elle autant défaut ?

Le sud tunisien, une destination à part entière

Les responsables du tourisme tunisien veulent faire du Djerd, au sud-ouest du pays - région la plus affectée et sinistrée depuis la révolution, un symbole d’un tourisme saharien réussi.

Jamel Gamra évoque l’idée d’un laboratoire servant d’exemple et de modèle à la politique de diversification du produit touristique tunisien.

L’idée forte est de faire de Tozeur, qui dispose d’un aéroport international, et de sa région, une destination à part entière, qui ne soit plus à la marge du tourisme balnéaire.

Un budget spécifique va être dédié à cet effet. Un partenariat est engagé entre les institutions, l’administration, les ministères de la Culture, de l’Artisanat et la société civile.

La région englobe, dans un rayon de 20 à 150 kilomètres à partir de Tozeur, les oasis de Nefta, Tamerza, Chebika, Kébililu, Douz, Zaafrane.

Elle dispose d’atouts opérationnels : un réseau routier en bon état, une infrastructure hôtelière adaptée à tous les budgets, avec quelques pépites comme le magnifique Tamerza Palace, qui accueillait deux clients en tout lors de notre passage, et le bien connu PalmBeach.

Le sud tunisien c’est aussi une rencontre avec une population ouverte au monde, chaleureuse, disponible, souriante, en dépit des énormes difficultés du moment.

Le grand sud, ce sont des pros expérimentés et rodés au tourisme saharien et expéditionnaire.

Alors, devant la frilosité du marché français, la Tunisie se tourne vers d’autres pays.

La Russie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et quelques autres répondent à cet appel, alors que les opérateurs français se désengagent les uns après les autres.

A Tozeur, les hôtels-clubs des tour-opérateurs français sont fermés.

Tozeur reliée au monde via le hub de Tunis

Il reste le volet de la desserte aérienne et des prix (élevés) pratiqués sur Tozeur, deux sujets qui alimentent bien des débats sur place.

« Notre objectif est de désenclaver la région de Tozeur sans perdre d’argent.

Nous reconnaissons que les tarifs sont élevés, mais nous ne pouvons pas assurer les tarifs touristiques avec des remplissages inférieurs à 80 %, »
explique Habib Ben Slama, directeur-conseiller auprès de la direction générale de Tunisair. ( Il a représenté la compagnie durant 13 ans en France, basé à Lyon puis à Paris).

Paris, Lyon, Nice, Marseille ainsi que Milan et Madrid ont assuré des liaisons directes avec Tozeur. Ces vols ont connu un excellent taux de remplissage. Mais c’était « avant ».

En dépit des difficultés de remplissage, il est acté que la compagnie nationale Tunisair gardera cet automne les vols existants entre Tozeur et Paris.

Ces vols seront renforcés par des vols intérieurs reliant Tozeur à partir du hub de Tunis.

« Nous allons utiliser le principe du hub et créer à Tunis des plages de rendez-vous ». L’objectif est de rassembler les demandes éparpillées issues des pays émetteurs.

Dès le début de novembre 2013, cette logique de rendez-vous devrait être mise en place sur la base d’un vol quotidien.

L’aller le matin et le retour le soir, en correspondance avec les arrivées ou départ des villes européennes susceptibles de développer un trafic vers le sud tunisien.

«Le hub est une solution pratique, rentable, fluide et pérenne, la modulation se faisant en fonction de la demande, des saisons.

Sans subventions, nous créons ainsi une dynamique tarifaire qui nous permettra de capter un plus grand nombre de clients »
.

Encore faudra-t-il maîtriser la logique de ponctualité des vols au départ et à l’arrivée de Tunis. Et cela n’est pas encore tout à fait acté !

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Commentaires

1.Posté par JB le 08/10/2013 09:23 | Alerter
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Je fais partie des gens qui vendaient beaucoup Tozeur à des groupes et qui a les moyens de le vendre.
C'est bien un problème de désserte aérienne qui est le frein principal et qui m'emmène très souvent à vendre la région de Tozeur avec des entrées aériennes sur Djerba (faute de mieux).
Quand on me demande du 4 jours /3 nuits (ce qui est très fréquents sur les challenges) je ne peux plus vendre Tozeur avec une entrée et une sortie Djerba.
Metterz des avions plus petits s'il faut, mais mettez des avions...
Ce sera plus facile

2.Posté par Michaël le 09/10/2013 14:02 | Alerter
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Avis partagé avec celui de JP. Je séjourne dans le sud tunisien au mois une fois par an depuis 14 ans. Tozeur est l'aéroport qui desserte le mieux le sud Tunisen. Je passe principalement mes séjours à Douz. Le manque de vol et sa fermeture estival nous oblige à passer par Djerba. C'est une énorme perte de temps, d'autant qu'il n'est pas rare que le Bac Ajim soit encombré et que l'attente à celui-ci soit supérieur au temps de trajet entre Tozeur et le Bac.
Lorsque l'on veut organisé un court séjour dans le sud tunisien (3-4 jours) l'aéroport de Tozeur est idéal. Par Djerba, c'est impensable. Cela implique au moins un nuit sur Djerba. Gros perte de temps sur 4 jours.
Auparavant, les lignes régulières de Tunisair étaient bon marché. Aujourd'hui, les billets sont plus cher, et sur l'aéroport de Djerba nous subissons les aléas au niveau des confirmations sur les compagnies Low cost.
Un Paris-Tozeur était un délice. Aujourd'hui c'est devenu plus compliqué.

3.Posté par Jack le 10/10/2013 17:55 | Alerter
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Faudrait savoir ce qu'on veut : d'un côté l'ambassadeur de France qui boycotte le tourisme tunisien, de l'autre François Hollande en personne qui va en Tunisie et qui déclare que les régions touristiques sont parmi les plus sûres au monde. Les Français en veulent aux Tunisiens parce qu'ils ont élu des islamistes, les Tunisiens en veulent à François Hollande parce que sa visite a été interprétée comme un soutien aux islamistes dont ils ne veulent plus. Tournez manège....

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