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Voyages : Bruxelles, une longueur d’avance

Que visiter à Bruxelles ?


Capitale de la Belgique, de l’Europe et seul dénominateur commun d’un pays coupé entre Flamands et Wallons, Bruxelles est atypique. Au-delà du patrimoine historique, cette originalité rejaillit dans les quartiers centraux, qui vibrent d’un multiculturalisme et d’un avant-gardisme boutiquier réjouissants.


Rédigé par Jean-François Rust le Mercredi 26 Juin 2024

Voyage Bruxelles : il y a de fortes chances que l’on soit happé dans ce « Bruxelles 1000 » par le flux des visiteurs convergeant vers Grand-Place - Photo JFR
Voyage Bruxelles : il y a de fortes chances que l’on soit happé dans ce « Bruxelles 1000 » par le flux des visiteurs convergeant vers Grand-Place - Photo JFR
Le mot Pentagone a longtemps été utilisé pour qualifier le centre de Bruxelles, avant que la population n’adopte le nom de « Bruxelles 1000 », référence au code postal du cœur historique de la ville.

On parle là des quartiers situés à l’intérieur du périphérique, tracé à l’emplacement d’anciens remparts aujourd’hui, à de rares exceptions, disparus. Un « Bruxelles 1000 » à ne pas confondre avec les 18 autres communes périphériques qui forment la région Bruxelles-Capitale, l’une des trois du pays avec la Wallonie et la Flandre. Voilà pour le cadrage géographique.

Voyages Bruxelles : Grand-Place, témoin des aléas historiques du pays

Tel un touriste à l’instinct grégaire, il y a de fortes chances que l’on soit happé dans ce « Bruxelles 1000 » par le flux des visiteurs convergeant vers Grand-Place. Rien de plus normal, c’est l’une des plus belles d’Europe.

Dans un raccourci saisissant, elle illustre une part des aléas historiques subis par la Belgique. Place de marché dès le 12ème s., entourée de maisons en bois au 13ème s., elle s’affuble au 15ème s., en pleine domination bourguignonne, d’un Hôtel de Ville gothique flamboyant, véritable chef d’œuvre. Les périodes de prospérité et de tensions s’enchainent et rejaillissent sur son activité.

Lire aussi : Voyages Vert Vous – Bruxelles culturelle et gourmande

Le rayonnement de l’orfèvrerie, du travail du cuir, de la tapisserie, plus tard de la dentelle, n’a d’égal que les querelles qui opposent catholiques et protestants. Elles culminent en 1568 avec la mort de deux comtes, opposés aux persécutions contre les protestants. Ils seront exécutés à la hache sur la place (plaque sur la Maison du Roi).

En 1695, Louis XIV, en lutte contre la Ligue d’Augsbourg et ses princes protestants, ordonne de bombarder Bruxelles, passée sous la coupe des Habsbourg.

Sauf l’Hôtel de Ville, toute la place est détruite. Elle sera reconstruite en quatre ans, dans un mélange absolument détonnant de gothique, flamand, baroque, classique… Bluffé, le public découvre ce décor d’une richesse inouïe. A voir surtout le soir, lorsque l’architecture flamboie sous les éclairages.

Manekken-Pis, Galeries Royales… et food-court

Par la rue de l’Etuve, bordée de boutiques pour touristes, l’itinéraire conduit naturellement jusqu’au Manekken-Pis. Un petit symbole – riquiqui, même – trop photographié, qu’on aime bien toutefois car il illustre une forme d’irrévérence des Bruxellois à l’égard du pouvoir en place. D’autres grands monuments sont à découvrir dans le centre bruxellois, au milieu d’un urbanisme disparate.

La Bourse et son emphase classique soulignent la puissance de la finance. La façade de la cathédrale Saint-Michel-et-Sainte-Gudule, aux deux grandes tours symétriques gothiques, évoquent un peu Notre-Dame-de-Paris. Mais le coup de cœur va aux splendides Galeries Royales Saint-Hubert.

Ce corridor néoclassique du 19ème s., d’un chic absolu, aligne ses boutiques à l’air mondain, chocolateries, vieilles librairies, magasins de « déco », salons de thé… et la cultissime Maison Dandoy, pâtisserie qui a inventé les spéculoos il y a plus de 180 ans.

En sortant des galeries, changement de style : le récent food court Wolf, rue du Fossé aux Loups, présente ses comptoirs culinaires à spécialités et son marché bio, un concept très en vogue dans la capitale belge.

Quatuor muséal de choc

Retour au classicisme vers la colline du quartier Royal. Par beau temps, empruntez depuis la place de l’Albertine l’esplanade-jardin et les escaliers du Mont des Arts, un espace de balade agréable.

S’il pleut ou s’il fait froid, visez l’autre itinéraire par la gare Centrale puis la galerie couverte Ravenstein, toutes deux joliment Art Déco. Vous déboucherez rue Coudenberg près de laquelle se trouve Bozar, autre édifice Art Déco et salle de concert réputée. Après l’arrêt à la chocolaterie Laurent Gerbaud, la meilleure, dit-on, de Bruxelles, l’hyper classicisme du quartier monarchique tend les bras.

Place Royale, palais Royal, église Saint-Jacques-sur-Coudenberg, parc de Bruxelles, Parlement, Sénat et musées : l’académisme, monumental et austère, est de rigueur. Il n’empêche, c’est là que se trouvent les musées royaux des Beaux-Arts, plus grande collection de peinture du pays, le Musée Magritte Museum (MMM), consacré au peintre belge, et celui des Instruments de musique. Avec l’incontournable Centre belge de la bande dessinée, voilà le quatuor muséal à ne pas manquer.

Agora cosmopolite du marché aux Puces

Chercher la place de la Vieille Halle aux Blés où trônent la statue de Jacques Brel et la Fondation éponyme est l’alibi tout trouvé pour plonger dans le Bruxelles des « petits quartiers ». La place, charmante, est à deux pas de Sablon. Un village dans la ville.

Le changement de style parait dès que l’on emprunte la petite rue montante et piétonne Rollebeek. Bordée de boutiques « provinciales », elle s’ouvre sur la vaste place en triangle du Grand Sablon, plutôt silencieuse, fermée par l’église Notre-Dame-du-Sablon et entourée de magasins apprêtés.

On est loin du technocratisme froid du quartier européen, situé pourtant à moins de 3 km ! Contigu à Sablon, le quartier des Marolles ressemble fort, lui, à ces habituelles extensions faubouriennes issues de l’agrandissement des villes. Et comme tout faubourg, même un peu boboïsé, il respire un air populaire.

On s’en rend compte rue Haute, où s’alignent cafés branchés et boutique de jadis. Et surtout au marché aux Puces, place du Jeu de Balle. Dans cette agora cosmopolite s’exprime la gouaille et l’autodérision typiques du caractère bruxellois.

Cafés branchés de Sainte-Catherine

Vous avez vu le Manneken-Pis ? Nous, on lui préfère le Zinneke-Pis, petit totem irrévérencieux du quartier de Dansaert. Ce chien lève la patte à l’angle des rues des Chartreux et du Vieux Marché aux Grains. Et il annonce la fronde joyeuse propre à tout quartier jeune et étudiant. L’épicentre de cette animation sont les halles Saint-Géry.

A l’endroit même où aurait été fondée Bruxelles au 10ème s., près du lit de la Senne recouverte et détournée, se trouve cet ancien marché couvert bâti à la fin du 19ème s. La halle en fer et verre abrite désormais un vaste café avec chaises longues et petites salles d’expositions. A l’extérieur, le carrefour de rues est envahi de cafés-terrasses.

Ce secteur de la soif – ah ! les excellentes bières artisanales belges, parmi lesquelles les iconiques Cantillon et Brussels Beer Project – s’étend au quartier voisin Sainte-Catherine. S’y accrochent à nouveau quantité de restaurants et de cafés branchés où vous n’aurez aucun mal à éprouver la convivialité sincère et l’humour moqueur des bruxellois.

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