TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo TourMaG  




Zaventem : Thomas Cook Belgium évoque un risque de faillite

la Cie envisage une action judiciaire


Comme nous l’avions écrit la semaine passée, le(s) gouvernement(s) belge envisage(nt), de délocaliser une partie des vols charters nocturnes pour laisser la place libre aux vols de la compagnie cargo DHL (LIRE). Thomas Cook Belgium vient de nous faire parvenir un long communiqué dans lequel il explique de manière sensée et réaliste tous les risques de cette idée farfelue etde ses conséquences en terme d’emplois.


Rédigé par le Dimanche 26 Septembre 2004

Le groupe explique qu’après les faillites des plusieurs compagnies aériennes belges (Sabena, City Bird,...), il a créé sa propre compagnie aérienne en mars 2002. Thomas Cook Airlines Belgium (6 avions pendant l’été 2004). Cette dernière a été stationnée à Bruxelles-Zaventem et a généré 220 emplois.

Thomas Cook Airlines Belgium est une compagnie rentable et transporte chaque année environ 500.000 vacanciers belges vers quelque 40 destinations. Tous les vols sont effectués avec des avions modernes qui produisent peu de bruit et tous les passagers proviennent des tour opérateurs du groupe Thomas Cook Belgium (Thomas Cook, Pegase et Neckermann).

Le groupe rappelle que 60% du marché des voyages organisés dans le royaume se situe dans le triangle Bruxelles – Anvers – Gand. Il est tout à fait logique que ces vacanciers veulent partir de Zaventem, l’aéroport étant quasiment situé au centre de ce triangle.

Le marché des vacances en Belgique

En ce qui concerne les aéroports régionaux, Thomas Cook Belgium programme depuis des années des vols au départ des aéroports régionaux de Liège-Bierset et d’Ostende pour les clients qui désirent partir de ces aéroports.

Malgré les efforts commerciaux considérables qui ont été fournis (réduction jusque 40 Euros/personne, parking gratuit, etc...) ces opérations restent marginales comparées à Zaventem qui accueille 90% de la clientèle. La piste suivie dans les négociations politiques concerne la délocalisation des opérations nocturnes vers un aéroport régional pour laisser de la place à la compagnie cargo DHL.

Pour rappel, celle-ci réclame un quota de près de 30.000 mouvements nocturnes annuel alors qu’une loi fixe le maximum total pour toutes les compagnies confondues à 25.000 mouvements.

Si la compagnie cargo n’obtient pas ce qu’elle désire, elle menace de ne plus utiliser l’aéroport de Bruxelles comme hub central pour ses opérations et d’aller s’implanter en Allemagne, à Leipzig. Avec comme conséquence des milliers d’emplois perdus en Belgique.

Problèmes opérationnels pour les clients et la compagnie

L’idée des hommes politiques belges serait la suivante : les opérations de jour des compagnies charter resteraient à Zaventem, tandis que les vols nocturnes seraient délocalisés.

Pour Thomas Cook, cette option est tout à fait irréaliste, très étrange et ressemble à un tour de magie. Si les vols partent le jour de Zaventem, beaucoup de clients atterriront après 23h dans un aéroport régional et y seront bloqués (par exemple leur voiture se trouve à Zaventem et les clients ont atterri à Liège).

D’un point de vue opérationnel, cette option est tout autant irréalisable. Les avions se trouveront aussi bien à Zaventem que dans un aéroport régional. Ceci impliquera des frais énormes: dédoublement de la plate-forme technique, transport d’équipages et de repas,... Un éventuel déménagement total des opérations charters vers un aéroport régional est également impossible.

Suite à la perte de la clientèle (voir plus haut) la flotte de Thomas Cook Airlines Belgium n’aura plus suffisamment de production afin d’être économiquement justifiée, et elle ne sera plus concurrentielle comparée aux compagnies étrangères. Ceci signifierait une nouvelle fermeture d’une compagnie aérienne dans une secteur aérien belge qui a déjà fortement été affecté.

Les vols charters à Zaventem : 25 % des passagers

L’ensemble des vols charters à Zaventem représente 25% du nombre total de passagers de l’aéroport. La délocalisation des vols charters signifierait une perte importante de revenus tant pour BIAC, la société de gestion de l’aéroport belge (taxes de passagers et taxes d’atterrissage) que pour l’ensemble de la communauté commerçante de Zaventem.

En taxes de passagers, les charters génèrent plus 60 millions d’Euros/an pour la BIAC. Il est également incompréhensible qu’après les énormes investissements faits dans les infrastructures passagers de Zaventem ces 10 dernières années, on enlève encore des passagers de cet aéroport qui en a déjà perdu beaucoup après la disparition de la Sabena.

A se demander ce que deviendra l’aéroport national belge si on continue à diminuer son trafic passagers. A moins que l’objectif des autorités est que Zaventem devienne un aéroport "régional“ avec comme activité principale le cargo.

Sur les quelque 6000 mouvements (décollages et atterrissages confondus) que Thomas Cook Airlines effectue chaque année à Zaventem il y en a environ 800 qui se déroulent la nuit (entre 23h et 5h59). Parmi ces 800 mouvements, il y une soixantaine de décollages et environ 740 atterrissages.

Thomas Cook Airlines Belgium rappelle également qu’elle est économiquement obligée de pouvoir atterrir après 23h afin de rentabiliser sa flotte. En effet, la compagnie a besoin d’un troisième vol quotidien pour chaque appareil en période de vacances scolaires pour pouvoir répondre à la demande des clients et pour compenser la perte de production en basse saison.

Les TO de Thomas Cook Belgium perdrait 30 % de ses clients

Si Thomas Cook Airlines Belgium ne peut plus continuer à opérer à Zaventem comme maintenant, la compagnie ne sera plus en mesure d’opérer d’une manière économiquement saine. Thomas Cook Belgium sera alors obligée de fermer sa compagnie aérienne avec une perte de quelque 220 emplois.

A ce nombre il convient d’ajouter la perte d’emplois chez les différents fournisseurs. Une telle politique aura également pour conséquence une perte de clientèle pour les touropérateurs du groupe Thomas Cook Belgium.

Cette perte est estimée à 30% (ces clients trouveront une alternative en partant de Lille, Maastricht, Amsterdam et Paris qui se trouvent assez près de la Belgique). Avec comme conséquence indirecte, la perte de 300 emplois supplémentaires au sein des tour opérateurs du groupe en Belgique (siège central, agences de voyages et personnel dans les destinations).

Au total une telle mesure représenterait une perte totale de plus de 500 emplois de haut niveau rien que chez Thomas Cook Belgium. Et le porte parole de TC de rajouter : « Une telle mesure pourrait signifier le coup de grâce pour un secteur qui a déjà été fortement touché par des facteurs externes ces dernières années (11 septembre, guerre en Iraq, ...) »

Action en Justice envisagée

Thomas Cook Belgium étudie la possibilité de faire annuler une éventuelle décision du gouvernement devant les Tribunaux et Cours de Justice. Si une décision devait uniquement affecter les vols charters pour faire de la place pour DHL, ceci signifierait une mesure non équitable par rapport aux différents utilisateurs de l’aéroport de Zaventem. Une telle mesure serait discriminatoire.

Étant donné que la position commerciale de Thomas Cook Airlines en serait fort diminuée, Thomas Cook Belgium utilisera tous les moyens existants pour se défendre devant les instances juridiques belges et européennes.


Michel GHESQUIERE à Bruxelles - michel.ghesquiere@tourmag.com

Lu 1526 fois
Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >

Mardi 19 Novembre 2024 - 11:30 Grève SNCF, à quoi s'attendre ?





































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias