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AF 747 : l’émouvant dernier vol du Boeing 747 d’Air France

Le tour de France révérence


La tournée d’adieu du Boeing 747 d'Air France passe par plusieurs grandes villes. Paris bien sûr, mais aussi Brest, Lille, Lyon, Nice, Bordeaux, etc. Plus d’une vingtaine, mais ne cherchez pas plusieurs dates, il n’y’en avait qu’une, et c’était hier, mercredi 14 janvier 2016.


Rédigé par Christophe HARDIN le Vendredi 15 Janvier 2016

La France avait accueilli le Boeing 747 pour la première fois sous les couleurs d’Air France, le 3 juin 1970, pour un premier vol vers New York - DR : C. Hardin
La France avait accueilli le Boeing 747 pour la première fois sous les couleurs d’Air France, le 3 juin 1970, pour un premier vol vers New York - DR : C. Hardin
Et oui, c’est aussi ça la magie du Jumbo.

Il n’aura eu besoin que de quelques heures pour saluer de sa majestueuse présence les quatre coins de notre beau pays, qui l’avait accueilli pour la première fois sous les couleurs d’Air France, le 3 juin 1970, pour un premier vol vers New York.

Apres 45 ans de sillons dans le ciel, c’était hier le dernier vol sous numéro de vol Air France - Vol AF 747 bien sûr.

Un vol spécial proposé à tous ceux qui souhaitaient être là, être à bord pour la der des der, l’ultime fois où les 18 roues du jumbo embrasseraient doucement la 27 droite de l’aéroport de Roissy CDG.

Et des candidats à ce dernier vol, on se doutait qu’il y’en aurait plus que de places proposées, mais le jour de l’ouverture des réservations, c’est un véritable raz-de-marée téléphonique auquel ont eu a faire face les services de la compagnie.

437 places disponibles pour le dernier vol

437 places disponibles pour saluer et profiter une dernière fois de cette super star ?

Mais c’était comme organiser le dernier concert des Stones dans un théâtre de poche !

Submergé par près de 30 000 appels en 24 heures, Air France a très vite organisé, un deuxième vol, complet en quelques heures et parti plus tôt dans la matinée.

Pour les chanceux de l’AF 747 de ce 14 janvier, la "cérémonie" commence à l’aéroport avec une ambiance particulière dans la salle d’embarquement et bien différente de celles que nous fréquentons habituellement.

L’homme d’affaires blasé, le nez dans son journal ? Absent.
Le phobique de l’avion qui fait les 100 pas ? Absent.
Le râleur qui a dû s’acquitter d’un supplément bagage ? Absent.

Il n'y a dans cette salle que des voyageurs sans bagages… avec simplement un appareil photos. Ils ne se connaissent pas, mais appartiennent à cette communauté des passionnés, le jumbo fanclub. Ceux qui pourront dire : "j’y étais".

Un avion mythique né dans les années 60

Départ : Paris CDG, Arrivée : Paris CDG.

Ils sont là pour lui : le Jumbo, cet avion mythique, né il y a presque 50 ans.

Dans les années 60, le transport aérien est en pleine expansion. Juan Trippe, le patron de la Pan American souhaite démocratiser le transport aérien long courrier.

Il sait que Boeing travaille sur un projet d’avion militaire à grande capacité.

La méga commande qu’il fait miroiter au constructeur américain décide Boeing à adapter son projet pour construire un avion civil qui pourra embarquer des centaines de passagers.

Le résultat qui sort de l’immense hangar construit sur-mesure des usines d’Everett, le 9 février 1969, est grandiose et impressionne le monde entier simplement en roulant.

The Queen of the Sky

C’est l’avion de tous les records et de toutes les prouesses techniques en termes de gigantisme.

2 allées au lieu d’une, deux ponts, des soutes immenses et une capacité d’emport passagers presque triplée par rapport aux vedettes d’alors, le Boeing 707 ou le Douglas DC 8.

Pour "The Queen of the Sky", il faudra adapter les infrastructures aéroportuaires, les passerelles, les taxiways…

Ce 9 février 1969, quand il arrache ses 162 tonnes de la piste de décollage grâce à des moteurs d’une puissance encore jamais vue, le monde entier est admiratif. Bluffé.

Quarante-six ans plus tard et 6 milliards de passagers au compteur, sa majesté le 747 avec sa silhouette si particulière quel que soit l’angle d’où on le regarde, cette élégance et cette finesse malgré sa taille de géant, fascine toujours autant.

Nous sommes donc les derniers 430 passagers à embarquer ce jeudi dans une ambiance festive où appareils photos, caméras et portables se déchaînent.

Frédéric Gagey, le président d'Air France est là et nous accompagnera sur le vol.

Une équipe de PNC spécialisée dans les vols événementiels

Le  tour de France se déroule dans le sens des aiguilles d’une montre - DR : C. Hardin
Le tour de France se déroule dans le sens des aiguilles d’une montre - DR : C. Hardin
A midi, le commandant Thierry Blanchard fait rouler l’avion sur les taxiways de CDG.

Le ciel de Roissy, jusqu’à maintenant plombé, semble s’ouvrir pour nous permettre un décollage baigné de lumière avec une vue magnifique sur Paris que nous laissons sur la gauche.

Le vol durera un peu plus de deux heures avec un service champagne et un déjeuner type business pour plus de 400 passagers.

Une gageure formidablement réussie par Stéphanie Thorel, notre chef de cabine principale est ses 22 collègues.

Spécialisés dans les vols événementiels, ils ont tout au long du vol réalisé une prestation exceptionnelle en nous offrant le meilleur d’Air France : élégance, convivialité, complicité.

Notre tour de France se déroule dans le sens des aiguilles d’une montre. Nous voici déjà au-dessus des Alpes.

Il est temps d’aller à la rencontre des passagers du vol AF 747.

A chaque passager, une belle anecdote

Corinne, assise en classe économique, est salariée d’Air France.

Elle m’explique avoir travaillé depuis 6 mois sur la commercialisation de ce vol sans penser un seul instant se retrouver à bord.

Et puis, il y a quelques jours, une enveloppe sur son clavier d’ordinateur, avec à l’intérieur la carte d’embarquement du AF 747 de ce jour. Un cadeau de ses collègues.

Ravie, Corinne me fait une confidence touchante : "je suis émue d’être environnée par tous ces gens venus célébrer Air France. Ça fait du bien !"

A ses côtés : Louis, à peine sorti de l’enfance, sac à dos et appareil photos, fasciné par cet avion, né quarante ans avant lui et qui lui a fait casser la tirelire.

Maurice, lui, est avec son épouse : attention drogués au 747 !

Avec ses miles, Maurice a effectué le dernier vol régulier vers Mexico. Aller-retour dans la foulée s’il vous plait !

De Mexico, il n’aura vu que la salle de douche du salon de l’aéroport !

Pratiquement 20 heures dans le jumbo et revoilà Maurice et Madame sur ce vol aujourd’hui. Des drogués on vous dit !

Jacqueline Pajot, l'hôtesse qui avait baptisé l'avion

Jacqueline Pajot entourée de l'équipage du AF 747 - DR : C. Hardin
Jacqueline Pajot entourée de l'équipage du AF 747 - DR : C. Hardin
Nice est sous la couche.

A l’avant de la cabine, beaucoup de mouvement. Europe 1 et Franck Ferrand réalise son émission Au Cœur de l'histoire,* dédiée à la saga du 747.

Un espace de la cabine s’est transformé en studio radio et quelques invités se succèdent au micro.

L’une d’entre eux s’appelle Jacqueline Pajot, et j’ai eu le plaisir d’échanger avec elle.

Lorsque le premier 747 sort des usines d’Everett (USA) il y a 45 ans, chaque compagnie cliente, dont Air France, délègue une de ses hôtesses pour baptiser l’avion comme dans la grande tradition maritime.

Les images ont fait le tour du monde qui montrent ces jeunes femmes fracasser des dizaines de bouteilles de champagne sur la carlingue de l’avion.

Nous voilà au-dessus des côtes bretonnes et Jacqueline Pajot, toujours aussi élégante après une carrière bien remplie, me raconte avec émotion sa fierté et le regard incrédule des passagers entrant dans "l’avion cathédrale" pour la première fois.

Parmi d’autres invités faisant salon dans le nez du Jumbo, qui survole maintenant le Mont St Michel, notre ami Laurent Magnin.

Le PDG d’XL Airways n’est pas toujours tendre avec la compagnie Air France.

On sent cependant qu’il est le bienvenu sur ce vol, lui qui régulièrement donne de la voix pour alerter sur les problèmes du pavillon français.

Amusant à ce propos de penser que son dernier coup de gueule magistral à ce sujet fut lancé au micro de France Info... dans la bosse du vénérable 747 d’Air France du Musée de l’Air.

Une grande et magnifique histoire s’achève

DR : C. Hardin
DR : C. Hardin
Notre boucle est bouclée et notre vol est en finale sur CDG.

Il est 15h00 quand, pour la toute dernière fois, Air France pose un Boeing 747 sur le tarmac de Roissy…

Applaudissements, frissons, et roulage vers la maintenance Air France où s’achèvera le vol.

L’équipage PNC, professionnel et rigoureux jusqu’au bout, s’autorisera cependant à adapter sa phraséologie pour nous faire entendre un "PNC, tout dernier virage" dans lequel on a cru percevoir un peu d’émotion.

Passagers, équipage, membres du personnel Air France, nous voici tous à présent au pied de la légende, dans l’immense hangar de la maintenance.

La cérémonie touche à sa fin mais nous réserve encore un moment d’émotion qui n’était pas prévu au protocole.

Entourée, comme une garde d’honneur, de l’équipage PNC, Jacqueline Pajot émue aux larmes, versera comme il y a 45 ans à Everett, une bouteille de champagne sur le train avant de cet avion qu’elle a tant aimé.

Ainsi se termine la cérémonie d’adieu au Boeing 747.

Que les amoureux du Jumbo se consolent, avec un prix du pétrole encore orienté à la baisse, nos amis de Corsairfly ont décidé de conserver encore quelques temps leurs Boeing 747.

Ce n’est donc pas encore tout à fait la fin de ce bel oiseau en France, même si hier, jeudi 14 janvier, une grande et magnifique histoire s’est achevée.


* Au Coeur de l'histoire, ce vendredi 15 janvier à 14h00 sur Europe1.

AF 747 : l’émouvant dernier vol du Boeing 747 d’Air France
Christophe Hardin a à son actif plus de vingt années au service de plusieurs compagnies aériennes.

Il est le créateur du site www.terciqual.fr partenaire des transporteurs pour l'évaluation de la qualité, le respect des standards de service et le professionnalisme des équipes au contact du passager.

Il dispense également des conseils aux postulants à la fonction de PNC pour optimiser leur candidature et une préparation adaptée et efficace.

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Commentaires

1.Posté par christophe le 15/01/2016 10:05 | Alerter
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merci pour ce beau reportage
tant de personne aurait voulu partager ce moment, hélas, unique.
Cet avion si emblématique des voyages au long court, disparait de la flotte d'AirFrance, cet avion était aussi l'identité de notre compagnie nationale, comme le vénéré Concorde. Oui l'identité d'une compagnie passe surtout par sa flotte d'avions. J'espère qu'AirFrance conservera en 'état de vol' son dernier exemplaire en propriété avec le soutient d'association et le musée de l'air pour continuer à voler de temps en temps en France pendant les nombreux meeting aérien. Après tout cet avion est aussi un peu à tous, lorsque AF était une compagnie nationale d'Etat ! En tout cas, l'hommage rendu par AF à son avion est vraiment à la hauteur, bravo.

2.Posté par Sajan Gardeux le 15/01/2016 15:09 | Alerter
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Merci Mr Hardin pour ce magnifique reportage, ainsi que les photos que vous avez partagées avec nous. J'avoue avoir la larme à l'oeil devant ce "départ", le 747 étant, pour moi aussi, l'avion dans lequel ont commencé mes rêves aéronautiques...
Un grand merci pour ce texte touchant !

Sajan Gardeux

3.Posté par Pascal le 15/01/2016 16:48 | Alerter
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Très chouette reportage, bravo!

4.Posté par Régis Corbel le 15/01/2016 17:08 | Alerter
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J'y étais ! Vos mots traduisent exactement le ressenti de tous. Assis deux rangs devant elle, j'ai échangé quelques mots avec Corinne dont la passion pour le Jumbo est palpable. Dans la cabine, j'imagine que le frisson a été général quand le commandant Blanchard a annoncé au micro : "Ultime virage", juste avant d'arrêter son appareil à la porte du hangar. Air France a fait de cette journée historique un événement majeur. Pas un seul accroc, pas une seule faute : la grande classe.

5.Posté par serge13 le 15/01/2016 21:07 | Alerter
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J'étais sur le 1er vol AF 744. J'ai laissé sur www.whattheflight.com pages serge13 mon avis sur ce dernier vol. Je me suis régalé.

6.Posté par bacchiocchi le 15/01/2016 23:33 | Alerter
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J'ai eu la chance de pouvoir me procurer un billet pour le dernier vol du 747...depuis 1992 , un vol ou deux par an , vers l'océan indien (Réunion , Maurice..) les Antilles aussi , baptème de l'air sur un 747 , et ce jusqu'a ce qu'il soit remplacé sur la Réunion par le triple 7... Voyage d'affaire et d'agrément , pour moi cet avion représentait les ailes du bonheur...Je ne veux pas etre triste , meme apres autant de bons moments , il faut évoluer , comme le fait Air France , mais ces si nombreux moments de joie , de plaisir , ceux là je ne les oublierai pas......Juste un mot : merci AIR FRANCE...

7.Posté par Seb87 le 16/01/2016 10:14 | Alerter
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Votre nostalgie est touchante mais se trouve bien eloignée de la realité vécue par les clients d'AF volant dans cette "poubelle volante" qu'avaient fini par devenir les 747 d'Air France : baignant dans une une forte et persistante odeur de pisse qui émanaient de toilettes infectes, pas d’écran individuels, un état de délabrementt avancé à l’intérieur, plastiques fissurés, sales, sièges en mauvais état, beaucoup non inclinables, tablettes déglinguées, glace interne des hublots fendillées, impression générale de vieux zinc fatigué, à bout de souffle.
Allez, à la casse le vieux zinc ! Et sans regrets.

8.Posté par bacchiocchi le 18/01/2016 10:11 | Alerter
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Seb87 J'ai volé pendant 17 ans sur ces avions , j'ai bien sur remarqué certains défauts sur la fin , liés au vieillissement de cet avion , mais tout de meme pas tous sur un meme avion....!!! Je vous trouve un peu sévère..On doit évoluer et Air France l'a fait , mais on ne remarque des autres (compagnies) que ce qui brille..(J'ai des collègues qui volents au 4 coins du monde , on a une agence a Dubai , ils volent donc Emirates , Lufthansa , etc..) Il n'y a de miracles chez personne , Mais je suis d'accord avec vous , le monde évolue et on est passés a autre chose , entre autre au triple 7...ainsi va la vie...Je vais ranger le 747 et ses moments de plaisir dans la boite a souvenir...

9.Posté par habib lechhab le 20/01/2016 23:53 | Alerter
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et si air france commandait tout de suite le nouveau boeing 747-8 pour remplacer le 747-400 qui vient de partir ça consolerait tout le monde les autres compagnies le commande elles pourquoi air france ne le ferait pas ? ce nouveau 747-8 est un joyau puisqu'il est 30% moins bruyant que le 747-400 qu'il consomme 16% de kérosène en moins que le 747-400 et 8% de kérosène moins que l'airbus A380, donc qu'attend air france pour le commander ce nouveau 747-8 il coûte cher à entretenir que le boeing 747-400 et que l'airbus A380, le boeing 747-8 est moderne spacieux et luxueux et sa cabine est innovante c'est l'avion parfait air france ne peut pas s'en dispenser.

10.Posté par Axel le 14/10/2016 23:02 | Alerter
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Cet avion, ce 747 vénéré de tous n est rien a côté de sa majesté "Concorde" je rappel que le 747 est très quelconque malgré les avancé technologique de l époque. Le concorde est bien plus emblématique et plus majestueux que le 747. Il n y a pas de comparaison a faire. On peut pas comparer une top modèle et une grosse baleine immonde.

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