Les guides francophones du Nord de l'Inde refusent désormais de collaborer avec les agences de voyages et les tour-opérateurs qui ne respectent pas les tarifs minimum négociés pour leur rémunération - Photo : f9photos-Fotolia.com
Dans le Nord de l'Inde, les guides accompagnateurs francophones et les chauffeurs d'autocars sont en grève depuis la mi-mars 2017.
Ils protestent contre leur niveau de rémunération et accusent de nombreuses agences de voyages locales et des tour-opérateurs (TO) français de ne pas respecter le niveau réglementaire pour leurs honoraires.
Celui-ci est négocié tous les deux ans et fixé par un accord entre le syndicat des agences de voyages et le syndicat des guides indiens. Il est ensuite agréé par le gouvernement.
Pour la période actuelle, les guides accompagnateurs qui officient en Inde doivent être payés au minimum entre 90 et 120 € par jour, selon leurs compétences et la mission.
Sauf qu'en réalité, "au moins 40 % des agences locales ne payent pas assez les guides qu'elles emploient et ne respectent pas les accords", constate, amer, un guide francophone gréviste qui travaille au Rajasthan.
Certains guides acceptent d'accompagner des groupes de touristes francophones pour 25 à 30 € par jour. Officieusement, les agences de voyages réceptives indiennes leur garantissent que le manque à gagner sera compensé, en fin de séjour, par le pourboire des voyageurs.
Ils protestent contre leur niveau de rémunération et accusent de nombreuses agences de voyages locales et des tour-opérateurs (TO) français de ne pas respecter le niveau réglementaire pour leurs honoraires.
Celui-ci est négocié tous les deux ans et fixé par un accord entre le syndicat des agences de voyages et le syndicat des guides indiens. Il est ensuite agréé par le gouvernement.
Pour la période actuelle, les guides accompagnateurs qui officient en Inde doivent être payés au minimum entre 90 et 120 € par jour, selon leurs compétences et la mission.
Sauf qu'en réalité, "au moins 40 % des agences locales ne payent pas assez les guides qu'elles emploient et ne respectent pas les accords", constate, amer, un guide francophone gréviste qui travaille au Rajasthan.
Certains guides acceptent d'accompagner des groupes de touristes francophones pour 25 à 30 € par jour. Officieusement, les agences de voyages réceptives indiennes leur garantissent que le manque à gagner sera compensé, en fin de séjour, par le pourboire des voyageurs.
Pourboire obligatoire ?
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"En principe, le pourboire doit rester au choix des clients. Or, certains TO font plus que recommander son versement à leurs touristes. Car, en réalité, c'est le seul revenu des guides et des chauffeurs", commente Suez Akkram, ancien président du syndicat des guides indiens.
En effet, les pages Web de présentation des circuits de plusieurs gros TO français en Inde incitent explicitement les voyageurs à prévoir un budget pourboire pour leur séjour.
Le tout, évidemment, sans fiche de paie ni cotisations.
Ainsi, Verdié Voyages recommande 3,50 € par jour et par personne. Quant à National Tours et Salaün Holidays, ils laissent à la "discrétion" de chaque client les pourboires aux guides et aux chauffeurs. Mais les deux TO préconisent néanmoins 2 € par jour et par personne pour le guide et 1,50 € par jour et par personne pour le chauffeur et son assistant.
Si l'on suit les recommandations de National Tours pour le circuit « L'Inde des Maharadjahs » de 13 jours, le guide qui accompagne un groupe de 30 personnes peut toucher 780 € rien qu'en pourboires.
"C'est plus que ce que je me verse en tant que chef d'entreprise", calcule Véronique Narayana Swamy, directrice de BB Voyages, basée en Inde.
Dans ces conditions, on comprend que des guides et chauffeurs acceptent les paiements uniquement par pourboires. Sauf qu'actuellement, le tourisme souffre en Inde. Les prix baissent et les voyageurs rechignent désormais à verser des pourboires.
En effet, les pages Web de présentation des circuits de plusieurs gros TO français en Inde incitent explicitement les voyageurs à prévoir un budget pourboire pour leur séjour.
Le tout, évidemment, sans fiche de paie ni cotisations.
Ainsi, Verdié Voyages recommande 3,50 € par jour et par personne. Quant à National Tours et Salaün Holidays, ils laissent à la "discrétion" de chaque client les pourboires aux guides et aux chauffeurs. Mais les deux TO préconisent néanmoins 2 € par jour et par personne pour le guide et 1,50 € par jour et par personne pour le chauffeur et son assistant.
Si l'on suit les recommandations de National Tours pour le circuit « L'Inde des Maharadjahs » de 13 jours, le guide qui accompagne un groupe de 30 personnes peut toucher 780 € rien qu'en pourboires.
"C'est plus que ce que je me verse en tant que chef d'entreprise", calcule Véronique Narayana Swamy, directrice de BB Voyages, basée en Inde.
Dans ces conditions, on comprend que des guides et chauffeurs acceptent les paiements uniquement par pourboires. Sauf qu'actuellement, le tourisme souffre en Inde. Les prix baissent et les voyageurs rechignent désormais à verser des pourboires.
Les guides paient pour décrocher un accompagnement
Par ailleurs, les autorités font la chasse au travail non déclaré, avec, entre autres, les opérations de démonétisation pour limiter les paiements en liquide au noir.
La direction de National Tours dit ne pas avoir d'information au sujet de la mobilisation des guides francophones en Inde. Ce qui est le cas d'autres TO français contactés.
Visiblement, les réceptifs indiens font profil bas. Et pour cause : selon plusieurs guides indiens, certains DMC factureraient un accompagnement au tarif agréé à leurs clients TO mais ne paieraient leurs guides que deux à trois fois moins.
A l'heure actuelle, "les guides acceptent ces conditions car ils n'ont pas le choix. Ils sont obligés de travailler", estime Suez Akkram.
"Parfois, ils sont même obligés de payer pour obtenir l'accompagnement d'un groupe, ajoute Christian Juni, président du conseil d'administration de Tirawa.
Ils s'y retrouvent en s’arrangeant avec les emporiums qui leur versent des commissions quand ils amènent des touristes et que ceux-ci dépensent dans les magasins.
Avec ce système, les guides les plus efficaces parviennent parfois à gagner jusqu'à 2 000 €/ semaine au noir. Ils y trouvent leur compte et participent à ce système de séjours subventionnés à plusieurs niveaux."
La direction de National Tours dit ne pas avoir d'information au sujet de la mobilisation des guides francophones en Inde. Ce qui est le cas d'autres TO français contactés.
Visiblement, les réceptifs indiens font profil bas. Et pour cause : selon plusieurs guides indiens, certains DMC factureraient un accompagnement au tarif agréé à leurs clients TO mais ne paieraient leurs guides que deux à trois fois moins.
A l'heure actuelle, "les guides acceptent ces conditions car ils n'ont pas le choix. Ils sont obligés de travailler", estime Suez Akkram.
"Parfois, ils sont même obligés de payer pour obtenir l'accompagnement d'un groupe, ajoute Christian Juni, président du conseil d'administration de Tirawa.
Ils s'y retrouvent en s’arrangeant avec les emporiums qui leur versent des commissions quand ils amènent des touristes et que ceux-ci dépensent dans les magasins.
Avec ce système, les guides les plus efficaces parviennent parfois à gagner jusqu'à 2 000 €/ semaine au noir. Ils y trouvent leur compte et participent à ce système de séjours subventionnés à plusieurs niveaux."
Les agences qui jouent le jeu sont pénalisées
Voilà pourquoi les guides francophones se mobilisent actuellement. Leur mouvement donne même des idées à leurs collègues germanophones qui sont en train de les rejoindre.
Courant mars 2017, ils ont adressé un courrier aux agences de voyages qui ne respectent pas les accords salariaux. Depuis, les guides francophones mobilisés refusent de travailler avec les professionnels qui ne les paient pas au bon tarif.
Ils ont obtenu des avancés. "Petit à petit, les TO et les agences de voyages augmentent les tarifs. Le niveau a pratiquement doublé depuis le début de la grève, annonce Suez Akkram. Mais il reste encore en dessous du niveau fixé légalement."
Une tendance qui devrait également profiter aux professionnels du tourisme qui respectent les règles. Car, jusqu'à présent, ils devaient faire face à des problèmes de compétitivité.
"Lorsque nous répondons à des demandes de devis, avec nos tarifs qui prévoient un coût d'accompagnement normal, nous ne faisons pas le poids face aux gros qui ne jouent pas le jeu", résume la directrice de BB Voyages.
Son agence ne peut plus organiser de voyages de groupes en Inde dans ce contexte.
Véronique Narayana Swamy regrette, par ailleurs, que des TO expliquent à leurs clients que les guides locaux ne possèdent pas toujours une maîtrise parfaite de la langue française et qu'un accent peut rendre la compréhension parfois difficile.
Selon elle, "il existe de nombreux guides en Inde qui parlent français couramment et sans accent, mais ceux-ci n'acceptent pas de travailler dans les conditions fixées par certains TO."
De son côté, BB Voyages n'engage que des guides accompagnateurs qui sont parfaitement francophones. Et agréés par le ministère indien du tourisme.
Courant mars 2017, ils ont adressé un courrier aux agences de voyages qui ne respectent pas les accords salariaux. Depuis, les guides francophones mobilisés refusent de travailler avec les professionnels qui ne les paient pas au bon tarif.
Ils ont obtenu des avancés. "Petit à petit, les TO et les agences de voyages augmentent les tarifs. Le niveau a pratiquement doublé depuis le début de la grève, annonce Suez Akkram. Mais il reste encore en dessous du niveau fixé légalement."
Une tendance qui devrait également profiter aux professionnels du tourisme qui respectent les règles. Car, jusqu'à présent, ils devaient faire face à des problèmes de compétitivité.
"Lorsque nous répondons à des demandes de devis, avec nos tarifs qui prévoient un coût d'accompagnement normal, nous ne faisons pas le poids face aux gros qui ne jouent pas le jeu", résume la directrice de BB Voyages.
Son agence ne peut plus organiser de voyages de groupes en Inde dans ce contexte.
Véronique Narayana Swamy regrette, par ailleurs, que des TO expliquent à leurs clients que les guides locaux ne possèdent pas toujours une maîtrise parfaite de la langue française et qu'un accent peut rendre la compréhension parfois difficile.
Selon elle, "il existe de nombreux guides en Inde qui parlent français couramment et sans accent, mais ceux-ci n'acceptent pas de travailler dans les conditions fixées par certains TO."
De son côté, BB Voyages n'engage que des guides accompagnateurs qui sont parfaitement francophones. Et agréés par le ministère indien du tourisme.
Guides non agréés
Un autre point que ne respectent pas non plus certains acteurs. C'est là une autre revendication des guides francophones mobilisés en ce moment : renforcer les contrôles des autorités indiennes pour faire en sorte d'en finir avec l'emploi de guides non agréés.
Pour obtenir l'agrément, les guides doivent suivre une formation de 6 mois auprès du ministère du Tourisme. Formation pour laquelle ils sont sélectionnés sur concours.
Désormais, les guides francophones manifestent devant les monuments du Nord de l'Inde. Ils informent les touristes sur la situation et leurs revendications.
Ils les encouragent notamment à demander à leurs agences de voyages si leurs guides et leurs chauffeurs sont bien rémunérés et disposent d'un contrat de travail en bonne et due forme.
"Ils demandent tout simplement aux autorités du pays de faire respecter les règles", constate l'ancien président du syndicat des guides.
Pour Véronique Narayana Swamy, leur mobilisation était inévitable et pourrait même devenir vitale pour le tourisme réceptif en Inde.
"Aujourd'hui, en Inde, le touriste français n'est plus considéré comme un ambassadeur de la destination. En voulant réduire leurs coûts au maximum, les voyagistes perdent en qualité. Les voyageurs sont mal traités. Le pays à une image de misère, ce qui incite certains à être moins regardant sur la qualité, analyse la directrice de BB Voyages
C'est une situation qui existe ailleurs dans le monde, mais à une très grande ampleur en Inde. L'essence du voyage, de la découverte et des rencontres, est perdue."
Pour obtenir l'agrément, les guides doivent suivre une formation de 6 mois auprès du ministère du Tourisme. Formation pour laquelle ils sont sélectionnés sur concours.
Désormais, les guides francophones manifestent devant les monuments du Nord de l'Inde. Ils informent les touristes sur la situation et leurs revendications.
Ils les encouragent notamment à demander à leurs agences de voyages si leurs guides et leurs chauffeurs sont bien rémunérés et disposent d'un contrat de travail en bonne et due forme.
"Ils demandent tout simplement aux autorités du pays de faire respecter les règles", constate l'ancien président du syndicat des guides.
Pour Véronique Narayana Swamy, leur mobilisation était inévitable et pourrait même devenir vitale pour le tourisme réceptif en Inde.
"Aujourd'hui, en Inde, le touriste français n'est plus considéré comme un ambassadeur de la destination. En voulant réduire leurs coûts au maximum, les voyagistes perdent en qualité. Les voyageurs sont mal traités. Le pays à une image de misère, ce qui incite certains à être moins regardant sur la qualité, analyse la directrice de BB Voyages
C'est une situation qui existe ailleurs dans le monde, mais à une très grande ampleur en Inde. L'essence du voyage, de la découverte et des rencontres, est perdue."