Romans, avec son industrie de la chaussure historique, essaie de se réinventer un avenir et cela passe, aussi, par la séduction des touristes - DR : J.-F.R.
Nous avions le souvenir d’une ville le moral dans les talons, moribonde après la fermeture des ateliers Charles Jourdan et Stéphane Kélian.
On l’a redécouverte non pas guérie, mais peut-être en voie de rémission.
Romans, avec son industrie de la chaussure historique, essaie de se réinventer un avenir et cela passe, aussi, par la séduction des touristes. Le « fonds de commerce » est en effet suffisant pour les attirer.
Le passé industriel en est un, incarné par le passionnant musée international de la chaussure, en dépit d’une muséographie ici ou là vieillissante.
Plus de 13 000 escarpins, mocassins, sandales, sabots, ballerines, bottes, chaussons, babouches… décryptent l’aventure des souliers, de l’Orient antique aux créateurs d’aujourd’hui.
On y apprend qu’au tournant des années 1950, Romans possédait près de 200 entreprises spécialisées dans la chaussure mais aussi quantité de travailleurs à domicile et d’activités dérivées, comme les cirages Cygne Noir, actifs jusqu’en 1967.
La combinaison de la mondialisation, du vieillissement des managers historiques et de la crise auront presque raison de cette industrie, quasi moribonde à partir des années 1980.
Le musée de la chaussure est à apprécier dans l’ancien couvent de la Visitation, une attraction à lui seul, avec son cloître-jardin cerné d’une élégante galerie sous arcades.
On l’a redécouverte non pas guérie, mais peut-être en voie de rémission.
Romans, avec son industrie de la chaussure historique, essaie de se réinventer un avenir et cela passe, aussi, par la séduction des touristes. Le « fonds de commerce » est en effet suffisant pour les attirer.
Le passé industriel en est un, incarné par le passionnant musée international de la chaussure, en dépit d’une muséographie ici ou là vieillissante.
Plus de 13 000 escarpins, mocassins, sandales, sabots, ballerines, bottes, chaussons, babouches… décryptent l’aventure des souliers, de l’Orient antique aux créateurs d’aujourd’hui.
On y apprend qu’au tournant des années 1950, Romans possédait près de 200 entreprises spécialisées dans la chaussure mais aussi quantité de travailleurs à domicile et d’activités dérivées, comme les cirages Cygne Noir, actifs jusqu’en 1967.
La combinaison de la mondialisation, du vieillissement des managers historiques et de la crise auront presque raison de cette industrie, quasi moribonde à partir des années 1980.
Le musée de la chaussure est à apprécier dans l’ancien couvent de la Visitation, une attraction à lui seul, avec son cloître-jardin cerné d’une élégante galerie sous arcades.
Clergerie, Laure Bassal, Max Vincent…
Très affecté mais pas mort, le luxe chaussier s’en remet aujourd’hui à la présence d’un lycée du cuir et surtout au travail de quelques passionnés, rivés à ce destin : la PME Laure Bassal, les sandales Max Vincent, l’entreprise d’insertion Made in Romans…
Sans compter la permanence - même laborieuse - de la société Clergerie, rachetée par son emblématique patron, puis revendue en 2011 à un groupe majoritairement chinois - on dit que Michèle Obama serait fan de la marque.
Le sursaut se mesure aussi à l’air ambiant en ville, où flotte un esprit boutiquier autour de la chaussure.
Côte des Cordeliers, les marques ont encore enseigne sur rue, Clergerie, Hardrige, Paraboot... Seule la galerie commerciale du Fanal affiche un air compassé.
Est-ce cette tradition d’habillement qui a incité Marques Avenue à investir la ville ? Toujours est-il que l’entreprise spécialisée en « villages de marques » et produits dégriffés a investi depuis 1998, à deux pas de l’hyper-centre, l’ancienne caserne de la gendarmerie mobile.
Soixante et quelques boutiques d’habillement et d’équipement de la maison, regroupées dans l’ancien carré militaire, attirent 1,5 million de visiteurs par an. C’est le premier site fréquenté de la Drôme !
Seule obligation pour ses concepteurs : ne pas accueillir de boutiques de chaussures, pour éviter de concurrencer la spécialité locale.
Juste à coté de Marques Avenue, des commerces ont vu là l’occasion de capter de nouveaux clients : un hôtel de charme (L’Orée du Parc) et deux restaurants des temps modernes (Il Diciotto et La Villa Margot) tentent de hisser haut le blason gastro-hôtelier de la ville, dans le sillage de Nature Gourmande, le restaurant étoilé Michelin.
Sans compter la permanence - même laborieuse - de la société Clergerie, rachetée par son emblématique patron, puis revendue en 2011 à un groupe majoritairement chinois - on dit que Michèle Obama serait fan de la marque.
Le sursaut se mesure aussi à l’air ambiant en ville, où flotte un esprit boutiquier autour de la chaussure.
Côte des Cordeliers, les marques ont encore enseigne sur rue, Clergerie, Hardrige, Paraboot... Seule la galerie commerciale du Fanal affiche un air compassé.
Est-ce cette tradition d’habillement qui a incité Marques Avenue à investir la ville ? Toujours est-il que l’entreprise spécialisée en « villages de marques » et produits dégriffés a investi depuis 1998, à deux pas de l’hyper-centre, l’ancienne caserne de la gendarmerie mobile.
Soixante et quelques boutiques d’habillement et d’équipement de la maison, regroupées dans l’ancien carré militaire, attirent 1,5 million de visiteurs par an. C’est le premier site fréquenté de la Drôme !
Seule obligation pour ses concepteurs : ne pas accueillir de boutiques de chaussures, pour éviter de concurrencer la spécialité locale.
Juste à coté de Marques Avenue, des commerces ont vu là l’occasion de capter de nouveaux clients : un hôtel de charme (L’Orée du Parc) et deux restaurants des temps modernes (Il Diciotto et La Villa Margot) tentent de hisser haut le blason gastro-hôtelier de la ville, dans le sillage de Nature Gourmande, le restaurant étoilé Michelin.
Esprit boutiquier autour de la chaussure
En ville, plane un autre parfum de création.
Rue Pêcherie, près de l’Isère, plusieurs ateliers d’art se sont regroupés. Deux luthiers, un plasticien graveur, un peintre et surtout, eu égard à sa rareté, un artisan éventailliste, l’un des trois derniers de France, enfoncent le clou - dans la chaussure… - de l’image créatrice de Romans.
A marcher ainsi dans la place, on est évidemment confronté au patrimoine de la ville. Et là, surprise.
Sous une gangue qui reste à dépoussiérer - le travail de rénovation sera long, comme la piétonisation indispensable de l’immense et disgracieux parking de la place Jean Jaurès… -, Romans affiche les beaux attributs d’une ancienne ville de fabriques et de négoce.
L’eau, omniprésente en ces bords d’Isère, a été la source de cette aisance. Dès le 14e s., elle fait la fortune des drapiers puis des tanneurs.
Les premiers, imités par les commerçants, les hommes de loi et les rentiers, érigent de vénérables hôtels particuliers et des maisons à façade Renaissance (Côte Jacquemart).
Ainsi de l’hôtel Nugues, rue de l’Armillerie, de l’hôtel Thomé, rue Saint-Nicolas, et de celui de Coursac, place Maurice Faure, avec sa jolie tour intérieure.
Quant aux tanneurs, ils s’installent quartier de la Presle. Accessible depuis l’escalier couvert Josaphat, du 15e s. (point de départ d’un spectaculaire chemin de croix, à Pâques), ce quartier livre d’anciennes maisons à encorbellement où étaient installées les séchoirs à peaux, au-dessus des logements d’habitation.
La permanence de cette spécialité est symbolisée par les Tanneries Roux, active à Romans depuis 1803 et entrée en 2012 dans le giron du groupe LVMH.
Rue Pêcherie, près de l’Isère, plusieurs ateliers d’art se sont regroupés. Deux luthiers, un plasticien graveur, un peintre et surtout, eu égard à sa rareté, un artisan éventailliste, l’un des trois derniers de France, enfoncent le clou - dans la chaussure… - de l’image créatrice de Romans.
A marcher ainsi dans la place, on est évidemment confronté au patrimoine de la ville. Et là, surprise.
Sous une gangue qui reste à dépoussiérer - le travail de rénovation sera long, comme la piétonisation indispensable de l’immense et disgracieux parking de la place Jean Jaurès… -, Romans affiche les beaux attributs d’une ancienne ville de fabriques et de négoce.
L’eau, omniprésente en ces bords d’Isère, a été la source de cette aisance. Dès le 14e s., elle fait la fortune des drapiers puis des tanneurs.
Les premiers, imités par les commerçants, les hommes de loi et les rentiers, érigent de vénérables hôtels particuliers et des maisons à façade Renaissance (Côte Jacquemart).
Ainsi de l’hôtel Nugues, rue de l’Armillerie, de l’hôtel Thomé, rue Saint-Nicolas, et de celui de Coursac, place Maurice Faure, avec sa jolie tour intérieure.
Quant aux tanneurs, ils s’installent quartier de la Presle. Accessible depuis l’escalier couvert Josaphat, du 15e s. (point de départ d’un spectaculaire chemin de croix, à Pâques), ce quartier livre d’anciennes maisons à encorbellement où étaient installées les séchoirs à peaux, au-dessus des logements d’habitation.
La permanence de cette spécialité est symbolisée par les Tanneries Roux, active à Romans depuis 1803 et entrée en 2012 dans le giron du groupe LVMH.
Collégiale Saint-Barnard et Tour Jacquemart
Ce savoir-faire industrieux n’aurait peut-être pas éclos si, au 9e s., l’archevêque de Vienne, Barnard, n’avait pas fondé ici, au bord de l’Isère, un monastère bénédictin.
De moines en chanoines, le couvent devint collégiale, surélevée et agrandie continuellement du 11e au 18e s., agrégeant les habitants autour du noyau clérical.
La richesse du monument révèle la puissance du clergé : 24 mètres de hauteur de voûte, un triforium aux 160 arcades et un joyau : neuf panneaux de broderies du 16e s. représentant le mystère de la Passion.
C’est aussi dans la collégiale Saint-Barnard que fut signé, en 1349, l’acte définitif du rattachement du Dauphiné à la France. On comprend que cette aura ait pu agacer les consuls de la ville.
En réponse au pouvoir des chanoines, ils érigent, au sommet d’une ancienne tour d’enceinte, une horloge. Associée à un automate qui frappe les heures sur une cloche, elles rythment le travail de la population.
Ainsi naît le Jacquemart, autre symbole de la ville, qui trône toujours au sommet de la tour, place Charles de Gaulle.
La chaussure arrivera plus tard. Signe du destin ou non, elle prendra racine dans une ville dont la collégiale abrite, depuis 1799, une… pantoufle du pape Pie VI, donnée lors du passage du pontife à Romans cette année-là. Les symboles se nichent là où on ne les attend pas…
Pour aller plus loin : www.valence-romans-tourisme.com/fr/
De moines en chanoines, le couvent devint collégiale, surélevée et agrandie continuellement du 11e au 18e s., agrégeant les habitants autour du noyau clérical.
La richesse du monument révèle la puissance du clergé : 24 mètres de hauteur de voûte, un triforium aux 160 arcades et un joyau : neuf panneaux de broderies du 16e s. représentant le mystère de la Passion.
C’est aussi dans la collégiale Saint-Barnard que fut signé, en 1349, l’acte définitif du rattachement du Dauphiné à la France. On comprend que cette aura ait pu agacer les consuls de la ville.
En réponse au pouvoir des chanoines, ils érigent, au sommet d’une ancienne tour d’enceinte, une horloge. Associée à un automate qui frappe les heures sur une cloche, elles rythment le travail de la population.
Ainsi naît le Jacquemart, autre symbole de la ville, qui trône toujours au sommet de la tour, place Charles de Gaulle.
La chaussure arrivera plus tard. Signe du destin ou non, elle prendra racine dans une ville dont la collégiale abrite, depuis 1799, une… pantoufle du pape Pie VI, donnée lors du passage du pontife à Romans cette année-là. Les symboles se nichent là où on ne les attend pas…
Pour aller plus loin : www.valence-romans-tourisme.com/fr/