AFST - Monique Zimmer : « Chine années 80, c’était patience et longueur de temps »

« Début années 1980, je suis tour leader et j’accompagne un groupe d’une vingtaine de personnes qui voyagent en Chine.

A cette époque, c’est la période héroïque de cet immense pays qui s’ouvre au tourisme mais où la bureaucratie règne en maître.

A l’arrivée à Nankin, j'apprends par l'agence locale Luxinshe, bien connue, que mon vol du lendemain de Nankin à Xi'an est supprimé (sans doute réquisitionné par le gouvernement ?). Pour rallier Xi'an, nous allons devoir prendre le train de Nankin à Shanghai, puis l'avion de Shanghai à Xi'an.

Devant ce genre de contretemps, peu à dire ou à faire... On apprend vite qu'en Chine, la soumission est préférable à la révolte qui ne pourrait que « mécontenter » les autorités et compliquer les choses...

Le lendemain matin, de bonne heure, nous sommes à la gare de Nankin. J'ai fait regrouper nos valises sur le quai avant qu’elles soient hissés dans le wagon des bagages.

On m'informe assez vite que dans ce train, malheureusement, il n'y aura pas de wagon pour les bagages.

Je pars immédiatement à la recherche du "Responsable des bagages de la Gare de Nankin". Il est dans son bureau (déjà parfaitement au courant de mon problème) mais fait mine d'être très occupé.

En fait, il fait son lit (qu'il a occupé durant la nuit). Drap, couette, oreiller... tout cela est plié avec le plus grand soin et le temps passe...

Le lit fait, il emballe tout aussi soigneusement un objet (?) dans du papier journal. Je commence vraiment à m'impatienter. Il n'en a cure.

A un certain moment, je dois accepter l'évidence et la logique des transports de bagages en Chine. Nous devons partir. Les bagages restés à Nankin seront acheminés « rapidement » à Shanghai par le prochain train comportant un wagon pour bagages.

A l'arrivée à Shanghai, city tour comme prévu pour le groupe avec un guide local. Je me précipite vers le bureau de postes N°1 de Shanghai pour téléphoner à Nankin et m'assurer de la bonne prise en charge du transport des valises.

Les guichets avec des employés sont nombreux, une dizaine peut-être... mais aucun n'est utilisable.

Deux ou trois dorment sur leur bureau, la tête enfouie dans leurs bras repliés, une tricote, certains bavardent, un ou deux autres mangent des nouilles bruyamment...

Je m'assieds sur un vieux fauteuil bancal - il n'a que trois pieds - et j'attends patiemment. Je finis par me voir attribuer une cabine de téléphone et tombe sur un employé de l'agence de Nankin qui ne parle que chinois et russe.

J'obtiens en russe l'assurance que mes valises arriveront dans l'après-midi à Shanghai et seront réceptionnées par l'agence locale qui les mettra dans un avion pour Xi'an.

Notre vol, quant à nous, est prévu au début de l'après-midi. Je parviens à rassurer tout le monde (très inquiet évidemment, peu habitué aux tracasseries chinoises) en leur assurant qu'ils récupéreront très vite leurs bagages à Xi'an.

Arrivée à Xi'an, où l’aéroport est encore en ville. Début des visites. Les valises doivent arriver dans la soirée.

Le soir, il est prévu un spectacle. Pendant que tout le monde y assiste, je pars à l'aéroport. Les valises sont bien arrivées, je les vois en effet... à travers la grille d'un local... soigneusement fermée par un énorme cadenas !

Hélas, impossible de l'ouvrir car la personne en charge de la clef est partie jouer au mahjong, un jeu qui peut durer toute la nuit !

Je m'assieds sur un carton et me prépare à patienter jusqu'à... Nous sommes en Chine et je sais que des protestations trop véhémentes ne feraient que retarder le processus.

En effet, moins d'une heure après, le joueur de mahjong arrivera avec le sourire pour libérer les valises que j’entasserai dans plusieurs taxis et distribuerai à chacun.

En ce temps-là, face au charme et à l’efficacité de la bureaucratie chinoise, notre patience était souvent mise à rude épreuve ».

Monique Zimmer

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Ces témoignages racontent le vécu du développement du Tourisme organisé, morceaux de bravoure, et d'anthologie ou l'on découvre de la fête et de l'humour. Seniors, grands voyageurs, ils nous disent aussi que le plus beau des voyages est celui qu'ils n'ont pas encore fait.