AFST - Yves Kimmoun : « Gomme, crayon et calculette : le trio gagnant des années 80 »

« Dans le début des années 80, il n’y avait ni ordinateur, ni système de réservation pour les billets de trains et d’avions.

Toutes ces interventions se faisaient « en live » par téléphone, parfois par fax.

Nous étions dans un autre monde, dans lequel le crayon, la gomme et « l’ABC » régnaient en maître.

Ces exemples illustrent bien tout le chemin parcouru en l’espace d’une quarantaine d’années, jusqu’à l’arrivée des technologies, aujourd’hui omniprésentes, dans notre vie professionnelle et privée.

A cette époque sans l’informatique, il fallait quand même assurer le départ des clients et leur fournir leur billet d’avion.

Et bien figurez-vous que ces billets... nous les faisions à la main sans aucune aide des machines.

Facile me direz-vous quand il s’agit d’un simple aller et retour. Mais imaginez quand vous avez des dizaines de groupes qui doivent partir en Inde ou aux USA en fin de semaine et qu’il vous faut tout « gratter » à la main avec, en prime, une dizaine d’escales et les composantes tarifaires qui s’y rattachent !

Ce travail n’était pas réalisé pendant les heures de bureau car trop chronophages en temps. Nous les faisions le soir et la nuit !

Dans notre métier, dans ce temps-là, nous ne connaissions pas les trente-cinq heures, les récupérations ou les RTT. Nous étions peut-être dans les 30 Glorieuses, mais pour réussir il n’y avait pas de recette magique, il fallait travailler !

Ces soirées et ces nuits de « grattage de billets » se passaient en équipe. Nous nous partagions les stocks de billets carbonés qui demandaient des heures d’écriture, surtout quand il y avait des stops en cours de route.

Il fallait faire tenir l’ensemble des escales en petite écriture pour remplir chaque case avec les bonnes informations !

Mais ces soirées « extra horaires » présentaient certains avantages.

Certes ce n’était pas les folles soirées offertes par nos fournisseurs, mais nous étions bien, heureux d’être ensemble, de travailler en s’amusant. De plus, elles renforçaient la cohésion du personnel.

Comme les salaires (déjà) n’étaient pas trop élevés, nous étions payés cinq francs, soit un peu moins d’un euro pour chaque billet rempli.

Certes ce n’était pas beaucoup, mais cela mettait du beurre dans les épinards. Et, quand la saison était bonne, en fin d’année, nous avions un petit pactole et le souvenir de soirées et de nuits de franche rigolade.

Nous avions un peu plus de vingt ans, c’était le règne de la gomme, du crayon et de la calculette, le trio gagnant des années 80 : la Grande Epoque du Tourisme ».

Yves Kimmoun, PDG de Plein Ciel Voyages

Retrouvez l'ensemble des extraits de la série « Les seniors du tourisme racontent » en cliquant sur ce lien.

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A travers cet ouvrage réalisé par une centaine de membres de l'AFST, un mot s'impose : la passion. Passion d'un métier qui, disent-ils, leur a appris à rêver, à se dépasser, à faire face à l'imprévisible et même à affronter des dangers physiques.

Ces témoignages racontent le vécu du développement du Tourisme organisé, morceaux de bravoure, et d'anthologie ou l'on découvre de la fête et de l'humour. Seniors, grands voyageurs, ils nous disent aussi que le plus beau des voyages est celui qu'ils n'ont pas encore fait.