TourMag - Le mal étant fait, ne convient-il pas de prendre des sanctions comme l’a déclaré le premier ministre ?
J.B. : Tout d’abord, il convient de faire remarquer que ce n’est pas au premier ministre d’intervenir dès lors qu’une enquête judiciaire a été ouverte à la suite du dépôt de plaintes et surtout de promettre des « sanctions lourdes » contre ceux qu'il a, de surcroît, qualifié de « voyous » !
J’ai également entendu dire que les mis en causes seraient licenciés. Or, étant dans un État de droit qui impose l’égalité de tous, personnes physiques ou morales, devant les règles de droit, une telle déclaration nous ramène au despotisme ou au régime de police où règne un arbitraire sans possibilité de recours. On accuse avant de juger ! C’est le fait du Prince !
Par ailleurs, indépendamment de l’action pénale, il existe au sein de la compagnie un Conseil de discipline composé de représentant de différentes catégories de personnels de l’entreprise, devant lequel les mis en cause seront convoqués, assistés d’un défenseur de leur choix.
J’ai assumé plusieurs fois cette mission. Ils décriront le contexte de l’affaire, les déclarations de l’impétrant de la compagnie qui ont mis le feu aux poudres, ce qui a dégénéré une simple réunion en une manifestation devenue incontrôlable, déclenchée par la colère des personnels. Ils démontreront que la responsabilité d’une telle situation échoit à la compagnie qui, refusant le dialogue et imposant son diktat a annoncé, en cas de refus, le licenciement de 2 900 salariés.
La courte mais significative et émouvante déclaration télévisée d’une employée n’était pas simulée. Elle a très bien traduit son désarroi, voire sa colère alors qu’après quatre ans d’efforts, elle venait d’apprendre avant même le début de la réunion du CCE, qu'il y aurait 2.900 nouvelles suppressions de postes.
D’où sa crainte bien compréhensible qu’elle serait peut-être dans la prochaine charrette des licenciés ! Elle avait sûrement en tête le quatrième plan de départs volontaires (PDV) depuis 2010 qui concernera, entre autres, 496 postes de personnel au sol. Le premier avait touché plus de 1 800 personnes.
Le second en 2012 avait pour objectif de se séparer de près de 2 800 personnes, près de 2 500 sont effectivement parties. Le troisième en 2013, a enregistré près de 1 700 départs. Elle était donc forcément consciente qu’au total, depuis 2010, près de 6 000 personnels au sol avaient quitté l'entreprise.
Alors comment ne pas subodorer que ce braquage de tous les projecteurs de l’actualité sur un événement en bout de chaîne n’occulte pas les causes contributives essentielles à l’origine d’une manifestation qui a mal tournée, comme cela s’est déjà produit à de nombreuses reprises, dans les année passées, dans d’autres domaines que l’aérien.
TourMag - Il a également été avancé que les salaires élevés de ses pilotes par rapport à ceux des compagnies concurrentes contribuaient aux difficultés rencontrées par Air France ?
J.B. : Il s’agit d’un leitmotiv récurrent qui n’est pas fondé. J’ai de nombreuses fois démontré que des comparaisons entre les salaires bruts de différents pays n’avaient aucun sens, si l'on ne tenait pas compte de tous les facteurs spécifiques à chaque pays, à chaque compagnie : heures de vol annuelles ; nombre de jours de repos et de congés ; forme du réseau exploité ; âge de la retraite ; pondération par un indice de coût de la vie ; de la fiscalité (directe et indirecte) ; importance des prélèvements obligatoires ; niveau de la pension de retraite par rapport au salaire en activité.
Il me revient en mémoire un exemple montrant comment Air France avait fait une présentation fallacieuse de ses coûts du personnel navigant. En prenant les salaires moyens avant impôts et avec indemnités de déplacement, elle avait tenté de montrer que ses pilotes étaient plus payés que ceux d'une compagnie concurrente.
En fait, en tenant compte que les chiffres de cette autre compagnie étaient ceux de salaires net après impôts et sans indemnités de déplacement, le résultat s'était révélé être l’inverse ! Cela démontre que cette fixation sur les salaires des pilotes est endémique, à tout le moins à Air France !
Indépendamment des critères justifiant le niveau de salaire des pilotes - cités dans mes différents écrits - il convient également de savoir que les montants généralement avancés sont ceux de pilotes de l’encadrement en fin de carrière et de prendre en compte les difficultés rencontrées en début de carrière, le remboursement des emprunts permettant d'obtenir les qualifications indispensables et les bas salaires de début de carrière.
J.B. : Tout d’abord, il convient de faire remarquer que ce n’est pas au premier ministre d’intervenir dès lors qu’une enquête judiciaire a été ouverte à la suite du dépôt de plaintes et surtout de promettre des « sanctions lourdes » contre ceux qu'il a, de surcroît, qualifié de « voyous » !
J’ai également entendu dire que les mis en causes seraient licenciés. Or, étant dans un État de droit qui impose l’égalité de tous, personnes physiques ou morales, devant les règles de droit, une telle déclaration nous ramène au despotisme ou au régime de police où règne un arbitraire sans possibilité de recours. On accuse avant de juger ! C’est le fait du Prince !
Par ailleurs, indépendamment de l’action pénale, il existe au sein de la compagnie un Conseil de discipline composé de représentant de différentes catégories de personnels de l’entreprise, devant lequel les mis en cause seront convoqués, assistés d’un défenseur de leur choix.
J’ai assumé plusieurs fois cette mission. Ils décriront le contexte de l’affaire, les déclarations de l’impétrant de la compagnie qui ont mis le feu aux poudres, ce qui a dégénéré une simple réunion en une manifestation devenue incontrôlable, déclenchée par la colère des personnels. Ils démontreront que la responsabilité d’une telle situation échoit à la compagnie qui, refusant le dialogue et imposant son diktat a annoncé, en cas de refus, le licenciement de 2 900 salariés.
La courte mais significative et émouvante déclaration télévisée d’une employée n’était pas simulée. Elle a très bien traduit son désarroi, voire sa colère alors qu’après quatre ans d’efforts, elle venait d’apprendre avant même le début de la réunion du CCE, qu'il y aurait 2.900 nouvelles suppressions de postes.
D’où sa crainte bien compréhensible qu’elle serait peut-être dans la prochaine charrette des licenciés ! Elle avait sûrement en tête le quatrième plan de départs volontaires (PDV) depuis 2010 qui concernera, entre autres, 496 postes de personnel au sol. Le premier avait touché plus de 1 800 personnes.
Le second en 2012 avait pour objectif de se séparer de près de 2 800 personnes, près de 2 500 sont effectivement parties. Le troisième en 2013, a enregistré près de 1 700 départs. Elle était donc forcément consciente qu’au total, depuis 2010, près de 6 000 personnels au sol avaient quitté l'entreprise.
Alors comment ne pas subodorer que ce braquage de tous les projecteurs de l’actualité sur un événement en bout de chaîne n’occulte pas les causes contributives essentielles à l’origine d’une manifestation qui a mal tournée, comme cela s’est déjà produit à de nombreuses reprises, dans les année passées, dans d’autres domaines que l’aérien.
TourMag - Il a également été avancé que les salaires élevés de ses pilotes par rapport à ceux des compagnies concurrentes contribuaient aux difficultés rencontrées par Air France ?
J.B. : Il s’agit d’un leitmotiv récurrent qui n’est pas fondé. J’ai de nombreuses fois démontré que des comparaisons entre les salaires bruts de différents pays n’avaient aucun sens, si l'on ne tenait pas compte de tous les facteurs spécifiques à chaque pays, à chaque compagnie : heures de vol annuelles ; nombre de jours de repos et de congés ; forme du réseau exploité ; âge de la retraite ; pondération par un indice de coût de la vie ; de la fiscalité (directe et indirecte) ; importance des prélèvements obligatoires ; niveau de la pension de retraite par rapport au salaire en activité.
Il me revient en mémoire un exemple montrant comment Air France avait fait une présentation fallacieuse de ses coûts du personnel navigant. En prenant les salaires moyens avant impôts et avec indemnités de déplacement, elle avait tenté de montrer que ses pilotes étaient plus payés que ceux d'une compagnie concurrente.
En fait, en tenant compte que les chiffres de cette autre compagnie étaient ceux de salaires net après impôts et sans indemnités de déplacement, le résultat s'était révélé être l’inverse ! Cela démontre que cette fixation sur les salaires des pilotes est endémique, à tout le moins à Air France !
Indépendamment des critères justifiant le niveau de salaire des pilotes - cités dans mes différents écrits - il convient également de savoir que les montants généralement avancés sont ceux de pilotes de l’encadrement en fin de carrière et de prendre en compte les difficultés rencontrées en début de carrière, le remboursement des emprunts permettant d'obtenir les qualifications indispensables et les bas salaires de début de carrière.