TourMag - Les charges que l’État fait supporter par le transport aérien, démontrent donc un manque de réflexion quant à la place et à l’impact du transport aérien dans le rayonnement de la France ?
J.B. : Exact ! Mais, beaucoup plus grave est l’octroi de nouveaux droits de trafic accordés par l’État à Qatar Airways sur Lyon et Nice. Voilà donc un État, alors qu’il détient 17 % du capital d’Air France, qui accorde des droits de trafic à une compagnie étrangère laquelle, ayant la possibilité de casser les prix, contribue dans une très large mesure à faire passer Air France dans le rouge, ayant volontairement créé une concurrence déloyale.
Je vous laisse le soin de choisir le qualificatif à associer à un tel comportement. Je comprends que d’aucuns puissent se poser la question de savoir si l’étape suivante ne sera pas une prise de participation des compagnies du Golfe dans le capital d’Air France ?
Quant à la justification de cet octroi donné par État, à savoir « les compagnies du golfe sont les plus gros clients d’Airbus », elle n’est absolument pas fondée.
Si Emirates, à elle seule, a commandé 140 exemplaires de l’A380 ce n’est pas en espérant obtenir des droits de trafic, mais simplement parce que cet appareil possède toutes les qualités requises.
Finalement, force est d’admettre que la vraie raison de ce comportement suicidaire de l’État sert à d’autres intérêts que ceux de notre ex-compagnie nationale. Vous savez par exemple que les investissements immobiliers du Qatar en France sont exempts de taxes !
TourMag - Pour conclure, quelques mots sur ce que sera la suite ?
J.B. : Toutes les guerres se terminent par la signature d’une paix, avec un vainqueur et un vaincu. Tous les conflits éclatant au sein des entreprises se terminent par des compromis, admis par les parties en présence, lesquelles ont eu la volonté, la persévérance, la lucidité de transiger et de repartir du bon pied.
En dehors des points de vue qui ont essentiellement été exprimés quant à la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, il est rassurant de constater d’une part que plusieurs représentants des pilotes se sont enfin exprimés, mettant ainsi un coup d’arrêt aux systématiques critiques portées à leur encontre, et d’autre part que quelques éminents témoins - qui connaissent parfaitement ce monde du transport aérien - ont tenus des propos très pertinents. Je ne citerai que Michel Polacco, Jean-Louis Baroux, Claude Abraham, ancien directeur de la DGAC pour ses propos empreints d’optimisme et d’une grande sagesse.
Finalement, formons le vœu qu’Air France soit en mesure de résister aux pressions des performances économiques, tout en veillant aussi aux performances sociales et humaines. Espérons également que les décideurs, aux plus hauts niveaux, conservent en mémoire la conviction de Jean Rodin, selon laquelle « Il n’y a de richesse que d’hommes ».
Puis, lorsque le calme sera revenu, pourquoi ne pas retenir la suggestion d’Erick Derivry (président du SNPL France ALPA) de réunir tous les acteurs, représentants des salariés, dirigeants des compagnies et État régulateur, dans des « États généraux du transport aérien » ?
J.B. : Exact ! Mais, beaucoup plus grave est l’octroi de nouveaux droits de trafic accordés par l’État à Qatar Airways sur Lyon et Nice. Voilà donc un État, alors qu’il détient 17 % du capital d’Air France, qui accorde des droits de trafic à une compagnie étrangère laquelle, ayant la possibilité de casser les prix, contribue dans une très large mesure à faire passer Air France dans le rouge, ayant volontairement créé une concurrence déloyale.
Je vous laisse le soin de choisir le qualificatif à associer à un tel comportement. Je comprends que d’aucuns puissent se poser la question de savoir si l’étape suivante ne sera pas une prise de participation des compagnies du Golfe dans le capital d’Air France ?
Quant à la justification de cet octroi donné par État, à savoir « les compagnies du golfe sont les plus gros clients d’Airbus », elle n’est absolument pas fondée.
Si Emirates, à elle seule, a commandé 140 exemplaires de l’A380 ce n’est pas en espérant obtenir des droits de trafic, mais simplement parce que cet appareil possède toutes les qualités requises.
Finalement, force est d’admettre que la vraie raison de ce comportement suicidaire de l’État sert à d’autres intérêts que ceux de notre ex-compagnie nationale. Vous savez par exemple que les investissements immobiliers du Qatar en France sont exempts de taxes !
TourMag - Pour conclure, quelques mots sur ce que sera la suite ?
J.B. : Toutes les guerres se terminent par la signature d’une paix, avec un vainqueur et un vaincu. Tous les conflits éclatant au sein des entreprises se terminent par des compromis, admis par les parties en présence, lesquelles ont eu la volonté, la persévérance, la lucidité de transiger et de repartir du bon pied.
En dehors des points de vue qui ont essentiellement été exprimés quant à la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, il est rassurant de constater d’une part que plusieurs représentants des pilotes se sont enfin exprimés, mettant ainsi un coup d’arrêt aux systématiques critiques portées à leur encontre, et d’autre part que quelques éminents témoins - qui connaissent parfaitement ce monde du transport aérien - ont tenus des propos très pertinents. Je ne citerai que Michel Polacco, Jean-Louis Baroux, Claude Abraham, ancien directeur de la DGAC pour ses propos empreints d’optimisme et d’une grande sagesse.
Finalement, formons le vœu qu’Air France soit en mesure de résister aux pressions des performances économiques, tout en veillant aussi aux performances sociales et humaines. Espérons également que les décideurs, aux plus hauts niveaux, conservent en mémoire la conviction de Jean Rodin, selon laquelle « Il n’y a de richesse que d’hommes ».
Puis, lorsque le calme sera revenu, pourquoi ne pas retenir la suggestion d’Erick Derivry (président du SNPL France ALPA) de réunir tous les acteurs, représentants des salariés, dirigeants des compagnies et État régulateur, dans des « États généraux du transport aérien » ?