Quoiqu’on puisse en penser, le nouveau CEO (Chief Executive Officer selon l’appellation anglo-saxone) n’aura pas les mains aussi libres que son prédécesseur. - Photo Air France Photographe : LEROUX Christophe
Pas facile la rentrée pour notre transporteur national tant les incertitudes pèsent sur son devenir proche.
A vrai dire, il convient tout d’abord de solder le premier semestre qui s’est terminé par un manque à gagner estimé à 335 millions d’€, un résultat net négatif de 158 millions d’€ et la décapitation de sa direction.
L’été a pu passer sans régler la question de la nouvelle gouvernance qui sera effective fin septembre. Il est toutefois étrange de constater que les dégâts du début d’année n’ont eu qu’un impact très limité sur le trafic de la haute saison, et c’est tant mieux. Cela signifie que la marque Air France est encore assez forte pour supporter de tels chocs.
Mais enfin, tout n’est pas rose en ce début septembre. D’abord les résultats économiques du premier semestre ont été fortement plombés. Le chiffre d’affaires a très peu progressé : 100 millions d’€ sur un total de 12 milliards et demi d’€ soit 0,8% alors que le trafic mondial a connu une croissance supérieure à 6%.
Du coup la trésorerie a fondu de 600 millions entre janvier et juin passant de 4,674 milliards d’€ à 4,074 milliards d’€. L’hémorragie est tout de même de 3,2 millions d’€ par jour. Il est grand temps de redresser la barre.
A vrai dire, il convient tout d’abord de solder le premier semestre qui s’est terminé par un manque à gagner estimé à 335 millions d’€, un résultat net négatif de 158 millions d’€ et la décapitation de sa direction.
L’été a pu passer sans régler la question de la nouvelle gouvernance qui sera effective fin septembre. Il est toutefois étrange de constater que les dégâts du début d’année n’ont eu qu’un impact très limité sur le trafic de la haute saison, et c’est tant mieux. Cela signifie que la marque Air France est encore assez forte pour supporter de tels chocs.
Mais enfin, tout n’est pas rose en ce début septembre. D’abord les résultats économiques du premier semestre ont été fortement plombés. Le chiffre d’affaires a très peu progressé : 100 millions d’€ sur un total de 12 milliards et demi d’€ soit 0,8% alors que le trafic mondial a connu une croissance supérieure à 6%.
Du coup la trésorerie a fondu de 600 millions entre janvier et juin passant de 4,674 milliards d’€ à 4,074 milliards d’€. L’hémorragie est tout de même de 3,2 millions d’€ par jour. Il est grand temps de redresser la barre.
Le nouveau CEO n'aura pas les mains libres
C’est d’ailleurs ce que tout le monde espère et d’abord les salariés du groupe.
Seulement les voilà plongés dans l’incertitude. Ils ne connaissent pas leur nouveau dirigeant, ni d’ailleurs comment va fonctionner le nouvel organigramme car Mr Ben Smith sera encore coiffé par une Présidente certes non exécutive, mais qui néanmoins reste l’œil de l’Etat alors que ce dernier annonce son désengagement sans parvenir à se décider.
Quoiqu’on puisse en penser, le nouveau CEO (Chief Executive Officer selon l’appellation anglo-saxone) n’aura pas les mains aussi libres que son prédécesseur.
Sauf qu’il aura besoin de toute sa liberté d’action pour prendre les rênes d’un ensemble d’une extrême complexité : 11 compagnies aériennes, chacune avec un statut social particulier, une composition de flotte très disparate : rien que chez Air France 431 appareils de 18 types différents et des réseaux peu complémentaires.
Et puis il reste cette lancinante négociation sur les salaires et la reconstitution d’un dialogue social apaisé. Voilà sans doute la principale difficulté à laquelle devra s’affronter le nouveau patron. Et d’abord qui va négocier avec les syndicats ?
Il est à craindre que si ce sont les mêmes interlocuteurs qu’au printemps, le résultat est acquis d’avance, on ira vers un nouveau conflit et donc une nouvelle grève. Or c’est ce que tous les acteurs veulent éviter, y compris peut-être les représentants du SNPL, en dépit de leurs menaces à répétition histoire d’attendrir leur nouvel interlocuteur.
Une fois la paix sociale établie, en espérant et en souhaitant vivement que cela puisse se faire, il restera à définir un énième plan de relance du groupe avec une stratégie à moyen et long terme.
Seulement les voilà plongés dans l’incertitude. Ils ne connaissent pas leur nouveau dirigeant, ni d’ailleurs comment va fonctionner le nouvel organigramme car Mr Ben Smith sera encore coiffé par une Présidente certes non exécutive, mais qui néanmoins reste l’œil de l’Etat alors que ce dernier annonce son désengagement sans parvenir à se décider.
Quoiqu’on puisse en penser, le nouveau CEO (Chief Executive Officer selon l’appellation anglo-saxone) n’aura pas les mains aussi libres que son prédécesseur.
Sauf qu’il aura besoin de toute sa liberté d’action pour prendre les rênes d’un ensemble d’une extrême complexité : 11 compagnies aériennes, chacune avec un statut social particulier, une composition de flotte très disparate : rien que chez Air France 431 appareils de 18 types différents et des réseaux peu complémentaires.
Et puis il reste cette lancinante négociation sur les salaires et la reconstitution d’un dialogue social apaisé. Voilà sans doute la principale difficulté à laquelle devra s’affronter le nouveau patron. Et d’abord qui va négocier avec les syndicats ?
Il est à craindre que si ce sont les mêmes interlocuteurs qu’au printemps, le résultat est acquis d’avance, on ira vers un nouveau conflit et donc une nouvelle grève. Or c’est ce que tous les acteurs veulent éviter, y compris peut-être les représentants du SNPL, en dépit de leurs menaces à répétition histoire d’attendrir leur nouvel interlocuteur.
Une fois la paix sociale établie, en espérant et en souhaitant vivement que cela puisse se faire, il restera à définir un énième plan de relance du groupe avec une stratégie à moyen et long terme.
L'atout principal, l’image de marque Air France
Pour autant il reste encore de sérieux motifs d’espoir. D’abord la nomination d’un nouveau dirigeant éloigné des sphères étatiques françaises et rompu aux questions commerciales et concurrentielles, constitue un vrai avantage.
On peut penser qu’il ne sera pas influencé par un passé récent finalement très douloureux. Il serait d’ailleurs surprenant qu’il ne chamboule pas les sphères dirigeantes. Et puis il faut bien remarquer que les recettes ne se sont pas effondrées alors que tout le monde craignait que cela n’arrive.
Cela est dû principalement à une organisation commerciale puissante qui a quadrillé, voire même encadré son marché principal, je veux dire celui des entreprises. Elles assurent en effet la majeure partie des recettes efficaces. Ce n’est pas en effet par l’afflux, fut-il massif de la clientèle à basse contribution qui peut assurer l’équilibre des comptes de la compagnie.
Reste l’atout principal, l’image de marque Air France. Il est intéressant de constater qu’en dépit des difficultés économiques, et de la dégradation lente mais inexorable du produit, l’image de la compagnie reste toujours aussi forte, non seulement en France mais également dans les marchés éloignés.
Il faudra cependant bien arriver à dégager un résultat net suffisant pour donner un peu d’air à ce grand ensemble et lui permettre enfin d’investir massivement dans la rénovation des cabines et l’acquisition de nouveaux appareils. Air France n’a par exemple que 50 appareils en commande contre plus de 175 pour le groupe IAG et je ne parle pas des centaines de nouveaux appareils qui vont rejoindre les « low costs » européens concurrents directs du groupe franco-néerlandais.
Après tout, une crise, c’est également une opportunité, comme le disent les Chinois. Souhaitons que cet adage s’applique à notre compagnie nationale.
On peut penser qu’il ne sera pas influencé par un passé récent finalement très douloureux. Il serait d’ailleurs surprenant qu’il ne chamboule pas les sphères dirigeantes. Et puis il faut bien remarquer que les recettes ne se sont pas effondrées alors que tout le monde craignait que cela n’arrive.
Cela est dû principalement à une organisation commerciale puissante qui a quadrillé, voire même encadré son marché principal, je veux dire celui des entreprises. Elles assurent en effet la majeure partie des recettes efficaces. Ce n’est pas en effet par l’afflux, fut-il massif de la clientèle à basse contribution qui peut assurer l’équilibre des comptes de la compagnie.
Reste l’atout principal, l’image de marque Air France. Il est intéressant de constater qu’en dépit des difficultés économiques, et de la dégradation lente mais inexorable du produit, l’image de la compagnie reste toujours aussi forte, non seulement en France mais également dans les marchés éloignés.
Il faudra cependant bien arriver à dégager un résultat net suffisant pour donner un peu d’air à ce grand ensemble et lui permettre enfin d’investir massivement dans la rénovation des cabines et l’acquisition de nouveaux appareils. Air France n’a par exemple que 50 appareils en commande contre plus de 175 pour le groupe IAG et je ne parle pas des centaines de nouveaux appareils qui vont rejoindre les « low costs » européens concurrents directs du groupe franco-néerlandais.
Après tout, une crise, c’est également une opportunité, comme le disent les Chinois. Souhaitons que cet adage s’applique à notre compagnie nationale.
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Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.