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Chômage et pénurie de compétences : l’étrange paradoxe

La chronique de Thierry Baux, fondateur-gérant de B-Ressource


Dans cette nouvelle chronique, Thierry Baux, fondateur-gérant de B-Ressource, s’interroge sur le paradoxe entre le taux croissant de chômeurs et les difficultés des employeurs français à recruter. Vieillissement de la population, émergence de nouveaux métiers, jeunesse mal préparée au marché du travail seraient-elles les causes de ce paradoxe ? A moins qu'il ne s'agisse d'un déficit de savoir-être des candidats...


Rédigé par Thierry BAUX le Mardi 11 Février 2014

Le paradoxe peut s'expliquer par un déficit de savoir-être des candidats, sur la partie compétences mais aussi sur la capacité à évoluer, à s’approprier un outil technologique en perpétuelle évolution © BlueSkyImages - Fotolia.com
Le paradoxe peut s'expliquer par un déficit de savoir-être des candidats, sur la partie compétences mais aussi sur la capacité à évoluer, à s’approprier un outil technologique en perpétuelle évolution © BlueSkyImages - Fotolia.com
Combien de fois ai-je entendu de la part de mes clients : avec le chômage actuel en France, nous devrions avoir l’embarras du choix !

Selon le baromètre RH de l’Association Française des Editeurs de Logiciels et de Solutions Internet (Afdel) d’octobre 2012, 72% des éditeurs rencontrent des difficultés à recruter.

Le problème se ressent surtout dans les fonctions d’ingénieur de développement (91%), d’ingénieur commercial (70%) et de consultant (61%).

Deux raisons principales sont invoquées : la pénurie de candidats (79%) et l’inadéquation des profils (64%).

Nous avons ici un exemple typique de métier récent, un pic de besoins sur un marché d’équipement en forte croissance où les compétences ne sont pas assez nombreuses ou bien sont inadaptées.

Difficultés de recrutement pour un tiers des employeurs français

Thierry BAUX - DR
Thierry BAUX - DR
L'enquête Pénurie de Talents 2013 de notre confrère Manpower fait ressortir un paradoxe.

« En 2008, la récession avait fragilisé l’emploi et logiquement fait reculer les difficultés de recrutement - qui concernaient tout de même 30% des employeurs dans le monde.

Depuis, loin de se résorber, les "pénuries de talents" affectent de plus en plus d’entreprises. Cette année, d’après l’enquête effectuée auprès de 40 000 employeurs dans 42 pays, ce sont 35% des employeurs qui sont frappés.

En France, les difficultés de recrutement concernaient moins d’un employeur sur cinq en 2009, au plus fort de la récession.

Cette proportion a depuis quasiment doublé : avec un tiers d’employeurs affectés, la France se rapproche de manière inédite de la moyenne mondiale.
»

Tous les niveaux de compétence sont affectés mais en France, travailleurs manuels, chauffeurs routiers et techniciens sont les postes les plus difficiles à pourvoir.

Les emplois requérant des compétences technologiques sont de plus en plus nombreux, une dynamique à laquelle les offres de formation tardent à s’adapter…

En résumé : le vieillissement de la population, l’émergence de nouveaux métiers et une jeunesse mal préparée au marché du travail sont les ingrédients du paradoxe.


Mais au-delà des chiffres et des raisons évidentes, le déficit de "savoir-être" s’accentue (pensée logique, résolution de problème, capacités managériales, esprit d’équipe, etc.), qui sont des facteurs d’employabilité décisifs dans des environnements où le changement devient une donne permanente.

Les entreprises manquent de visibilité

Vu de ma lorgnette de recruteur, les entreprises manquent de visibilité, augmentent leur degré d’exigence sur un marché devenu de plus en plus compétitif mais peu déploient des stratégies pour élargir leur vivier de talents, quitte à prendre des candidats au parcours typique mais à fort potentiel d’évolution grâce, entre autres, à la formation continue.

Pour évoquer un secteur que nous connaissons bien, nous constatons régulièrement les difficultés rencontrées par nos clients dans le recrutement de conseillers voyages d’affaires.

Ce marché, à forte coloration technologique, exige une combinaison de compétences : relations clientèle, GDS, anglais, SBT, etc.

Nous assistons actuellement à plusieurs phénomènes qui accroissent la difficulté.

Un rapport compétences/salaire qui conduit parfois le candidat de valeur à changer de secteur d’activités et vendre ses compétences transversalement à meilleur prix, dans des domaines tels que l’assurance, le service à la clientèle au sens large ou le back office financier.

Parfois, un déficit de savoir-être des candidats, non seulement sur la partie compétences évoquée plus haut mais tout simplement sur la capacité à évoluer, à s’approprier un outil technologique en perpétuelle évolution et surtout en exprimant une conscience professionnelle irréprochable dans le service au client.

Enfin un manque potentiel de tutorat ou d’accompagnement des nouveaux intégrés dans leurs fonctions, accompagné par la mise en place d’objectifs (quantitatifs et comportementaux) qui leur permettent de se situer par rapport aux attentes de l’employeur.


Thierry Baux, 49 ans, est diplômé de l'Ecole Supérieure de Gestion et « Green Belt » 6 Sigma.

Il est Fondateur-Gérant de
B-Ressource qu'il a créé en 2006, après plusieurs expériences de direction de centre de profits dans l'industrie du tourisme et du transport aérien.

Il débute sa carrière dans des fonctions commerciales et marketing au sein de Compagnies Aériennes, puis rejoint Mercuri-Urval en tant que Consultant durant 3 ans.

Il dirige l'équipe Commerciale et Marketing de Sixt par la suite, et intègre Air Canada en 1999, pour en devenir le Directeur Général France et Moyen Orient en 2000. En 2005, il rejoint Expédia en tant que Regional Director Southern Europe / Middle East.

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Tags : baux
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Commentaires

1.Posté par Inside Man le 08/01/2014 10:55 | Alerter
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Quand les offres d'emploi demandent (voir exigent) de parler couramment plusieurs langues, d'avoir tel diplôme et tant d'années d'expériences avec un salaire niveau smic ou à peine plus, il ne faut pas s'étonner.

2.Posté par Antoine le 08/01/2014 14:08 | Alerter
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Le déficit de savoir-être s'applique aussi aux recruteurs, la plupart du temps totalement incompétents. Souvent parce que le recrutement est confié à des managers opérationnels, qui n'ont aucune compétence RH. Et je ne parle pas des recrutements fait des RH où le recruteur ne comprend rien aux missions du poste. Ensuite les recruteurs cherchent la pépite qui voudra bien les rejoindre pour un salaire de misère. C'est la loi de l'offre et de la demande, un bon profil s'acquiert au juste prix. Quant à l'embauche des jeunes, les recruteurs sont incapable de trouver chez des profils sans expériences les qualités qui en feront d'excellentes recrues avec le temps.

3.Posté par BOULIFARD Philippe le 08/01/2014 16:01 | Alerter
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Inside et Antoine résume parfaitement la situation. Le employeurs veulent le beurre et l'argent du beurre et les Sociétés de recrutement ne connaissent souvent rien aux métiers pour lesquels ils sont délégués pour recruter. On veut des Bac +5, des personnes qui parlent 3 langues et le paiement est le Smic et surtout ne pas parler du nombre d'heures de travail. Quand aux Seniors, ils sont trop qualifiés et ils font peur aux personnes en poste, (ben oui quoi, des fois qu'ils piquent la place des gens en place) seul bémol, les recruteurs seront aussi un jour seniors, qu'ils ne perdent jamais ça de vue !!! donc il ne faut pas s'étonner que le marché du travail se porte mal. La faute m’incombe pas toujours à ces "fainéants de chômeurs".

4.Posté par Femme de luxe le 10/01/2014 16:14 | Alerter
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Complètement d'accord avec Antoine sur tout. Je parle couramment 6 langues, avec Bac +5 et 15 ans d'expérience et je suis en chômage depuis 2,5 ans! Soit le recruteur a peur que je lui fasse la concurrence, soit il ne peut pas s'imaginer mes capacités. Et toujours avec un salaire dérisoire. On m'a même proposé de faire du bénévolat dans un entretien pour un poste publié pas Pole Emploi!

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