Le rapport note l’énorme déséquilibre entre le groupe Air France qui réalise 86% du chiffre d’affaires du secteur et l’ensemble des autres compagnies qui doivent se partager les 14% restants - DR : Emile LUIDER, LA COMPANY pour Aéroports de Paris
Je viens de lire attentivement le rapport commandé par le désormais ex Secrétaire d’Etat aux Transports : Mr Cuvillier à Bruno Le Roux, député de Seine Saint Denis et président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale.
Je note tout d’abord le sérieux avec lequel il a été construit et la qualité des personnes qui ont participé à sa rédaction : des responsables des compagnies « privées », Laurent Magnin, Pascal de Izaguirre, Jean-François Domoniak, Marc Rochet, Alain Battisti, mais également des représentants qualifiés des aéroports : Jean Michel Vernhes au titre de l’Union des Aéroports Français, des dirigeants de la DGAC : Patrick Gandil et Pierre Yves Bissauge, sans oublier le SNPL représenté par Yves Dehayes, plus un certain nombre d’autres experts tout aussi qualifiés.
Je note également que le rapport a été rendu dans le temps imparti dans la lettre de mission, c’est-à-dire avant la fin octobre 2014.
Autrement dit tout ce beau monde a travaillé activement et la rédaction n’a pas trainée comme c’est souvent le cas. Il faut dire que Bruno Le Roux est particulièrement intéressé par ces questions et qu’il est pilote privé lui-même.
Ce rapport est d’abord un cri d’alarme vis-à-vis du transport aérien français.
En filigrane, mais également en clair, il souligne que si rien n’est entrepris par rapport à la situation actuelle, le pavillon français risque de disparaitre d’ici à 5 ans.
Je note tout d’abord le sérieux avec lequel il a été construit et la qualité des personnes qui ont participé à sa rédaction : des responsables des compagnies « privées », Laurent Magnin, Pascal de Izaguirre, Jean-François Domoniak, Marc Rochet, Alain Battisti, mais également des représentants qualifiés des aéroports : Jean Michel Vernhes au titre de l’Union des Aéroports Français, des dirigeants de la DGAC : Patrick Gandil et Pierre Yves Bissauge, sans oublier le SNPL représenté par Yves Dehayes, plus un certain nombre d’autres experts tout aussi qualifiés.
Je note également que le rapport a été rendu dans le temps imparti dans la lettre de mission, c’est-à-dire avant la fin octobre 2014.
Autrement dit tout ce beau monde a travaillé activement et la rédaction n’a pas trainée comme c’est souvent le cas. Il faut dire que Bruno Le Roux est particulièrement intéressé par ces questions et qu’il est pilote privé lui-même.
Ce rapport est d’abord un cri d’alarme vis-à-vis du transport aérien français.
En filigrane, mais également en clair, il souligne que si rien n’est entrepris par rapport à la situation actuelle, le pavillon français risque de disparaitre d’ici à 5 ans.
Le pavillon français perd systématiquement des parts de marché
Or ce secteur représente 45 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 576.000 salariés auxquels on peut rajouter l’induction sur les secteurs touristiques estimée à 13,4 milliards d’euros et 208.000 emplois. Ce n’est pas négligeable loin de là.
Et le diagnostic est sans appel. Le pavillon français perd systématiquement des parts de marché.
En 5 ans, le trafic s’est accru de 47%, mais les compagnies françaises n’ont eu que 19% de croissance. Et le secteur perd des emplois : -4% entre 2008 et 2012. L’analyse montre l’impact des « low costs » qui représentent 17% du trafic domestique et 41% du trafic court/moyen-courrier international.
Notons cependant que les chiffres pour les autres pays sont encore plus importants : 61% pour le domestique et 58% pour l’international au Royaume Uni, 42% et 55% en Italie, 45% et 67% en Espagne. Seule l’Allemagne est moins atteinte si l’on peut dire : 38% pour le domestique et 38% pour l’international.
Puis le rapport pointe les défaillances pour ce qui est du long-courrier en désignant essentiellement les compagnies du Golfe. 80% des passagers utilisant ces compagnies sont en réalité à destination de l’Asie. Le « hub » de Paris perd lui aussi des parts de marché.
Il est passé de 6,7% du trafic en 2005 à 5,5% en 2013 alors que dans le même temps, Dubaï passait de 2% à 6%. Enfin il note l’énorme déséquilibre entre le groupe Air France qui réalise 86% du chiffre d’affaires du secteur et l’ensemble des autres compagnies qui doivent se partager les 14% restants.
Et le diagnostic est sans appel. Le pavillon français perd systématiquement des parts de marché.
En 5 ans, le trafic s’est accru de 47%, mais les compagnies françaises n’ont eu que 19% de croissance. Et le secteur perd des emplois : -4% entre 2008 et 2012. L’analyse montre l’impact des « low costs » qui représentent 17% du trafic domestique et 41% du trafic court/moyen-courrier international.
Notons cependant que les chiffres pour les autres pays sont encore plus importants : 61% pour le domestique et 58% pour l’international au Royaume Uni, 42% et 55% en Italie, 45% et 67% en Espagne. Seule l’Allemagne est moins atteinte si l’on peut dire : 38% pour le domestique et 38% pour l’international.
Puis le rapport pointe les défaillances pour ce qui est du long-courrier en désignant essentiellement les compagnies du Golfe. 80% des passagers utilisant ces compagnies sont en réalité à destination de l’Asie. Le « hub » de Paris perd lui aussi des parts de marché.
Il est passé de 6,7% du trafic en 2005 à 5,5% en 2013 alors que dans le même temps, Dubaï passait de 2% à 6%. Enfin il note l’énorme déséquilibre entre le groupe Air France qui réalise 86% du chiffre d’affaires du secteur et l’ensemble des autres compagnies qui doivent se partager les 14% restants.
La problématique des taxes
Le rapport, très complet analyse également les aspects aéroportuaires pour signaler là encore le déséquilibre entre Paris qui traite 60% du trafic et les autres aéroports français (150 ouverts au trafic régulier).
Viennent alors les préconisations. D’abord une simplification et une stabilisation de la réglementation. Ensuite la diminution, voire la suppression des taxes.
Elles sont nombreuses, parfois injustes comme la taxe Chirac qui devrait être également supportée par le secteur ferroviaire, parfois elles ne vont même pas à leur destinataire : 19% de la taxe de l’aviation civile retourne au budget général au lieu d’aller à la DGAC.
D’autres taxes et redevances sont pointées du doigt : la TVA sur le transport domestique ou la taxe sur les nuisances et la taxe d’aéroports. Le rapport demande d’ailleurs que la sûreté soit à la charge de l’Etat et non du transport aérien.
Et puis il y a tout un volet social et le rapport préconise de limiter les droits de trafic pour les transporteurs qui ne respectent pas une concurrence équitable et d’assurer une grande vigilance quant au respect des normes sociales et fiscales françaises.
Je retiens de cette lecture que les acteurs du transport aérien français sont très inquiets pour leur avenir, mais je reste dubitatif sur les solutions proposées. Ce n’est pas en empêchant les compagnies du Golfe d’opérer que l’on vendra des Airbus. Ce n’est pas non plus en demandant le secours financier d’un Etat exsangue que l’on rendra les compagnies françaises profitables.
Enfin je n’ai vu nulle part dans le rapport une quelconque allusion à la détérioration de la qualité de service des compagnies françaises qui reste la principale explication à la réussite de concurrents bien mieux dotés en la matière.
Dommage !
Viennent alors les préconisations. D’abord une simplification et une stabilisation de la réglementation. Ensuite la diminution, voire la suppression des taxes.
Elles sont nombreuses, parfois injustes comme la taxe Chirac qui devrait être également supportée par le secteur ferroviaire, parfois elles ne vont même pas à leur destinataire : 19% de la taxe de l’aviation civile retourne au budget général au lieu d’aller à la DGAC.
D’autres taxes et redevances sont pointées du doigt : la TVA sur le transport domestique ou la taxe sur les nuisances et la taxe d’aéroports. Le rapport demande d’ailleurs que la sûreté soit à la charge de l’Etat et non du transport aérien.
Et puis il y a tout un volet social et le rapport préconise de limiter les droits de trafic pour les transporteurs qui ne respectent pas une concurrence équitable et d’assurer une grande vigilance quant au respect des normes sociales et fiscales françaises.
Je retiens de cette lecture que les acteurs du transport aérien français sont très inquiets pour leur avenir, mais je reste dubitatif sur les solutions proposées. Ce n’est pas en empêchant les compagnies du Golfe d’opérer que l’on vendra des Airbus. Ce n’est pas non plus en demandant le secours financier d’un Etat exsangue que l’on rendra les compagnies françaises profitables.
Enfin je n’ai vu nulle part dans le rapport une quelconque allusion à la détérioration de la qualité de service des compagnies françaises qui reste la principale explication à la réussite de concurrents bien mieux dotés en la matière.
Dommage !
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com..
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com..