"Le voucher reste un cautère sur une jambe de bois..." selon Eric Drésin - Crédit photo : Depositphotos @artjazz
TourMaG.com - Quels retours avez-vous de la situation européenne des professionnels du tourisme ?
Eric Drésin : Vous imaginez bien que la situation est catastrophique. Elle l'est d'autant plus car elle évolue de façon erratique.
Les informations changent tous les jours. Entre le moment où je vous parle et la mise en ligne de votre texte, on sera déjà descendu d’un cran.
Nous nous retrouvons avec des recommandations de voyages qui vont dans un sens et des conditions d'entrée dans un autre, donc pour les tour-opérateurs c'est le grand désordre, pour ne pas utiliser d'autre mot.
Nous nous retrouvons avec un problème qui ne concerne plus seulement l'Europe, mais aussi l'Inde et les Etats-unis, la crise est globale. L'industrie est à genoux, d'autant que lorsque se présente ce genre d'événement, nous sommes les premiers à en souffrir.
Ironiquement, nous avons dans ce marasme quelque part de la chance car la crise va concerner tout le monde, toutes les strates de l'économie, ainsi nous n'aurons pas besoin de défendre quelque chose qui n'intéresse pas les économistes ou les politiciens.
Toute la société est dans le même bateau.
TourMaG.com - La Commission européenne est-elle actrice dans cette période ?
Eric Drésin : Malheureusement , elle n'a pas tellement les moyens financiers d'agir, ce n'est pas son rôle.
Elle autorise les Etats à agir, voire co-finance des programmes bien spécifiques. Ce sont des actions très limitées, ce n'est pas avec ces outils que l'économie va repartir.
Nous avons demandé et obtenu, d'avoir une relâche en termes d'analyse des politiques nationales.
Quand les aides d'Etat concernent tout un secteur et toute une économie, cela ne doit plus être considéré comme une aide, l'objectif est de circonscrire l'incendie.
Eric Drésin : Vous imaginez bien que la situation est catastrophique. Elle l'est d'autant plus car elle évolue de façon erratique.
Les informations changent tous les jours. Entre le moment où je vous parle et la mise en ligne de votre texte, on sera déjà descendu d’un cran.
Nous nous retrouvons avec des recommandations de voyages qui vont dans un sens et des conditions d'entrée dans un autre, donc pour les tour-opérateurs c'est le grand désordre, pour ne pas utiliser d'autre mot.
Nous nous retrouvons avec un problème qui ne concerne plus seulement l'Europe, mais aussi l'Inde et les Etats-unis, la crise est globale. L'industrie est à genoux, d'autant que lorsque se présente ce genre d'événement, nous sommes les premiers à en souffrir.
Ironiquement, nous avons dans ce marasme quelque part de la chance car la crise va concerner tout le monde, toutes les strates de l'économie, ainsi nous n'aurons pas besoin de défendre quelque chose qui n'intéresse pas les économistes ou les politiciens.
Toute la société est dans le même bateau.
TourMaG.com - La Commission européenne est-elle actrice dans cette période ?
Eric Drésin : Malheureusement , elle n'a pas tellement les moyens financiers d'agir, ce n'est pas son rôle.
Elle autorise les Etats à agir, voire co-finance des programmes bien spécifiques. Ce sont des actions très limitées, ce n'est pas avec ces outils que l'économie va repartir.
Nous avons demandé et obtenu, d'avoir une relâche en termes d'analyse des politiques nationales.
Quand les aides d'Etat concernent tout un secteur et toute une économie, cela ne doit plus être considéré comme une aide, l'objectif est de circonscrire l'incendie.
"Nous sommes en train de militer pour généraliser la méthode italienne..."
Autres articles
-
Ennismore ouvre un deuxième Mama Shelter en Italie
-
Vols annulés : les compagnies devront indemniser, même en cas d'erreur de l'agence [ABO]
-
Avoirs, voyages annulés : de nouvelles obligations pour les garants 🔑
-
Vols secs : l'Europe veut taper sur les doigts des intermédiaires !🔑
-
Taxe d'entrée à Venise : de nouvelles mesures en 2025
TourMaG.com - Qu'entendez-vous par "la relâche" ?
Eric Drésin : Cela va plus loin qu'au niveau local ou d'un secteur.
Par exemple le gouvernement allemand va sortir de sa poche 500 milliards d'euros, le ministre de l'Economie a dit qu'il sort le bazooka et que pour l'infanterie légère on attendra, quitte à nationaliser.
Il faut se rendre compte que les compagnies aériennes sont aussi exsangues.
TourMaG.com - Vous avez dû suivre la position des TO français qui appellent à la désobéissance, en sortant du cadre de la directive européenne des voyages à forfait. Quelle est votre position ?
Eric Drésin : La directive oblige les professionnels à rembourser, sauf qu'il n'y a plus d'argent.
Tout le monde est dans le négatif. Aux Pays-Bas, SunWeb a annoncé arrêter ses opérations commerciales, pendant 15 jours. TUI fait de même en Allemagne...
Nous demandons au niveau européen une flexibilité sur l’application des règles de la directive des voyages à forfait. Nous sommes en train de militer pour généraliser la méthode italienne : des vouchers, à toute l'Europe.
Les Néerlandais sont en discussion avec l'Etat pour le mettre en place, les Belges et les Danois aussi. L'objectif est d'empêcher de sortir du cash, car il n'existe plus.
Eric Drésin : Cela va plus loin qu'au niveau local ou d'un secteur.
Par exemple le gouvernement allemand va sortir de sa poche 500 milliards d'euros, le ministre de l'Economie a dit qu'il sort le bazooka et que pour l'infanterie légère on attendra, quitte à nationaliser.
Il faut se rendre compte que les compagnies aériennes sont aussi exsangues.
TourMaG.com - Vous avez dû suivre la position des TO français qui appellent à la désobéissance, en sortant du cadre de la directive européenne des voyages à forfait. Quelle est votre position ?
Eric Drésin : La directive oblige les professionnels à rembourser, sauf qu'il n'y a plus d'argent.
Tout le monde est dans le négatif. Aux Pays-Bas, SunWeb a annoncé arrêter ses opérations commerciales, pendant 15 jours. TUI fait de même en Allemagne...
Nous demandons au niveau européen une flexibilité sur l’application des règles de la directive des voyages à forfait. Nous sommes en train de militer pour généraliser la méthode italienne : des vouchers, à toute l'Europe.
Les Néerlandais sont en discussion avec l'Etat pour le mettre en place, les Belges et les Danois aussi. L'objectif est d'empêcher de sortir du cash, car il n'existe plus.
"Nous allons entrer dans une situation à l'Italienne, confinement total, généralisé à toute l'Europe"
TourMaG.com - L'ECTAA essaie de généraliser cette mesure au niveau européen ?
Eric Drésin : En effet, il est important que cela soit généraliser. Nous ne sommes plus dans le cadre prévu par la loi.
Au niveau technique, les personnes sont ouvertes à toute négociation, maintenant la prochaine étape sera de convaincre les politiques.
TourMaG.com - Comment ça ?
Eric Drésin : Je trouve que l'idée des bons d'achat n'est pas une super idée, car il peut y avoir un conflit avec les envies des clients. Nous n’avons cependant pas d’autres vrais choix.
Nous voulons faire bouger les lignes à ce niveau, pour soulager la trésorerie.
Autre éventualité, venant de Finlande : repousser les remboursements à deux ou trois mois, sauf que ce n'est qu'un pis-aller, cela ne répond pas à l'urgence de la situation.
Il faut se mettre dans l'idée que nous allons entrer dans une situation à l'Italienne, confinement total, généralisé à toute l'Europe. Chaque pays prend des mesures disparates, sans aucune concertation ce qui complexifie la situation.
Et à mon avis le prochain problème viendra du Royaume-Uni qui n'utilise pas la solution du confinement et risque de faire prolonger l’incertitude.
TourMaG.com - Cette relâche européenne sur la loi du voyage à forfait, vous l'espérez pour cette semaine ?
Eric Drésin : C'est ce que nous souhaitons, ou du moins l'élaboration de lignes directrices dès cette semaine, pour avancer un petit peu.
Eric Drésin : En effet, il est important que cela soit généraliser. Nous ne sommes plus dans le cadre prévu par la loi.
Au niveau technique, les personnes sont ouvertes à toute négociation, maintenant la prochaine étape sera de convaincre les politiques.
TourMaG.com - Comment ça ?
Eric Drésin : Je trouve que l'idée des bons d'achat n'est pas une super idée, car il peut y avoir un conflit avec les envies des clients. Nous n’avons cependant pas d’autres vrais choix.
Nous voulons faire bouger les lignes à ce niveau, pour soulager la trésorerie.
Autre éventualité, venant de Finlande : repousser les remboursements à deux ou trois mois, sauf que ce n'est qu'un pis-aller, cela ne répond pas à l'urgence de la situation.
Il faut se mettre dans l'idée que nous allons entrer dans une situation à l'Italienne, confinement total, généralisé à toute l'Europe. Chaque pays prend des mesures disparates, sans aucune concertation ce qui complexifie la situation.
Et à mon avis le prochain problème viendra du Royaume-Uni qui n'utilise pas la solution du confinement et risque de faire prolonger l’incertitude.
TourMaG.com - Cette relâche européenne sur la loi du voyage à forfait, vous l'espérez pour cette semaine ?
Eric Drésin : C'est ce que nous souhaitons, ou du moins l'élaboration de lignes directrices dès cette semaine, pour avancer un petit peu.
"Nous travaillons sur un décalage du paiement du BSP..."
TourMaG.com - De l'autre côté les agences de voyages demandent aussi un assouplissement de la part de IATA, au niveau du paiement du BSP, où en êtes-vous ?
Eric Drésin : Nous avons bien entendu cette demande. Nous travaillons dessus, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment.
Pour en venir justement au niveau de l'aérien, il va se poser le problème des rapatriements qui entrent dans le cadre juridique des tour-opérateurs.
Le problème qui se pose étant que les avions ne volent plus ou presque plus, comment faire ?
C'est vraiment le bazar, il n'y a rien d'organisé. La France a décidé de faire voler des avions à vide pour aller chercher les Français au Maroc.
Puis, il y a la question des Anglais qui sont dans les stations de ski françaises, ils seraient plusieurs milliers, comment va se gérer le retour et la quarantaine ?
Ou encore le cas des lithuaniens qui devaient rentrer avec LOT de leur destination et qui sont bloqués suite à l’arrêt des vols de cette compagnie.
Tout le monde est dépassé, la loi n'avait pas prévu une telle situation.
Il faut se rendre compte que les hôtels n'ont plus personne, les compagnies aériennes aussi, ces acteurs ne peuvent plus rembourser les frais avancés, donc les tour-opérateurs ne peuvent plus verser l'argent aux clients.
TourMaG.com - Si les Etats européens ne font pas face à leurs obligations, cette déflagration ou crise arrive après Thomas Cook, nous pourrions voir un nombre incalculable d'acteurs du tourisme mettre la clé sous la porte ?
Eric Drésin : C'est exactement ça. Nous ne parlons pas des tour-opérateurs et agences de voyages spécialisés dans les voyages scolaires, l'année est perdue pour eux.
Ce que je ressens est exactement ce que vous venez de dire et nous allons continuer de descendre plus bas dans les prochaines semaines.
Eric Drésin : Nous avons bien entendu cette demande. Nous travaillons dessus, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment.
Pour en venir justement au niveau de l'aérien, il va se poser le problème des rapatriements qui entrent dans le cadre juridique des tour-opérateurs.
Le problème qui se pose étant que les avions ne volent plus ou presque plus, comment faire ?
C'est vraiment le bazar, il n'y a rien d'organisé. La France a décidé de faire voler des avions à vide pour aller chercher les Français au Maroc.
Puis, il y a la question des Anglais qui sont dans les stations de ski françaises, ils seraient plusieurs milliers, comment va se gérer le retour et la quarantaine ?
Ou encore le cas des lithuaniens qui devaient rentrer avec LOT de leur destination et qui sont bloqués suite à l’arrêt des vols de cette compagnie.
Tout le monde est dépassé, la loi n'avait pas prévu une telle situation.
Il faut se rendre compte que les hôtels n'ont plus personne, les compagnies aériennes aussi, ces acteurs ne peuvent plus rembourser les frais avancés, donc les tour-opérateurs ne peuvent plus verser l'argent aux clients.
TourMaG.com - Si les Etats européens ne font pas face à leurs obligations, cette déflagration ou crise arrive après Thomas Cook, nous pourrions voir un nombre incalculable d'acteurs du tourisme mettre la clé sous la porte ?
Eric Drésin : C'est exactement ça. Nous ne parlons pas des tour-opérateurs et agences de voyages spécialisés dans les voyages scolaires, l'année est perdue pour eux.
Ce que je ressens est exactement ce que vous venez de dire et nous allons continuer de descendre plus bas dans les prochaines semaines.
"ils se préparent à un long et douloureux passage dans un tunnel, sur plusieurs mois..."
TourMaG.com - Donc il faut sortir la machine à billets et inonder l'économie ?
Eric Drésin : Il n'y a pas d'autre choix. Ils pourront bien se cacher derrière leur petit doigt, je ne souhaite blâmer personne, mais toute l'économie sera touchée.
Le système n'est pas résistant à ce choc-là, il va falloir ouvrir les vannes, il n'y a pas 36 solutions.
Nous ne sommes plus du tout à une vision ou échéance de la semaine prochaine, mais selon moi jusqu'à juin, toute activité est morte.
TourMaG.com - D'après les échanges que vous avez avec la Commission européenne, que vous disent ces personnes ? Même si rien n'est prévisible, sur quel scénario travaillent-ils ?
Eric Drésin : A notre niveau, nous pensions voir débuter des réservations pour cet été, mais nous partons pour un été compliqué.
Au niveau de la Commission, ils sont dans une situation plus pragmatique. Ils se préparent à un long et douloureux passage dans un tunnel, sur plusieurs mois.
Il faut se rendre compte que les effets d'un confinement généralisé, ne se font pas sentir au bout d'une semaine, mais plutôt deux semaines, donc nous partons pour au minimum un mois.
Jusqu'à fin avril, il faut oublier tout retour à la normale et toute reprise de l'activité.
Ils sont beaucoup plus négatifs que nous sur les perspectives à moyen terme.
Pour apporter une touche d'espoir, une fois le confinement terminé, les gens vont vouloir bouger et s'aérer.
Eric Drésin : Il n'y a pas d'autre choix. Ils pourront bien se cacher derrière leur petit doigt, je ne souhaite blâmer personne, mais toute l'économie sera touchée.
Le système n'est pas résistant à ce choc-là, il va falloir ouvrir les vannes, il n'y a pas 36 solutions.
Nous ne sommes plus du tout à une vision ou échéance de la semaine prochaine, mais selon moi jusqu'à juin, toute activité est morte.
TourMaG.com - D'après les échanges que vous avez avec la Commission européenne, que vous disent ces personnes ? Même si rien n'est prévisible, sur quel scénario travaillent-ils ?
Eric Drésin : A notre niveau, nous pensions voir débuter des réservations pour cet été, mais nous partons pour un été compliqué.
Au niveau de la Commission, ils sont dans une situation plus pragmatique. Ils se préparent à un long et douloureux passage dans un tunnel, sur plusieurs mois.
Il faut se rendre compte que les effets d'un confinement généralisé, ne se font pas sentir au bout d'une semaine, mais plutôt deux semaines, donc nous partons pour au minimum un mois.
Jusqu'à fin avril, il faut oublier tout retour à la normale et toute reprise de l'activité.
Ils sont beaucoup plus négatifs que nous sur les perspectives à moyen terme.
Pour apporter une touche d'espoir, une fois le confinement terminé, les gens vont vouloir bouger et s'aérer.
"Le voucher reste un cautère sur une jambe de bois..."
TourMaG.com - Cette crise du coronavirus risque de revoir notre façon de voyager. Les Français vont sans doute voyager, à l'avenir, seulement en France...
Eric Drésin : En effet, c'est tout à fait possible, que l'année soit blanche au terme de transport international et que le seul tourisme sera très régional ou même local.
TourMaG.com - Pour en revenir au voucher, comment cela se passe en Italie ?
Eric Drésin : Au début, il y avait énormément de problèmes, car les clients n'acceptaient pas cette mesure.
Depuis, cela a été généralisé. C'est une invention complète et acrobatique des Italiens, face des entreprises financièrement exsangues.
Le voucher reste un cautère sur une jambe de bois. Tout a explosé là bas, le tourisme étant essentiel à la vie du pays, l'ensemble de l'économie est à l'arrêt, malheureusement cela va arriver partout en Europe.
Autre question qui va se poser, après coup : quelles seront les compagnies aériennes qui vont se casser la figure.
TourMaG.com - Les compagnies aériennes devront être nationalisées ou au mieux alimentées financièrement pendant de longs mois...
Eric Drésin : Sans doute, elles volent à vide.
Nous avons besoin de compagnies aériennes pour notre industrie. La problématique de leur survie va clairement se poser.
Il faut vraiment que tout le monde se rende compte que toute l'économie mondiale est touchée.
Je discute avec nos confrères américains qui viennent juste de prendre conscience que la notion de voyage est compromise.
Eric Drésin : En effet, c'est tout à fait possible, que l'année soit blanche au terme de transport international et que le seul tourisme sera très régional ou même local.
TourMaG.com - Pour en revenir au voucher, comment cela se passe en Italie ?
Eric Drésin : Au début, il y avait énormément de problèmes, car les clients n'acceptaient pas cette mesure.
Depuis, cela a été généralisé. C'est une invention complète et acrobatique des Italiens, face des entreprises financièrement exsangues.
Le voucher reste un cautère sur une jambe de bois. Tout a explosé là bas, le tourisme étant essentiel à la vie du pays, l'ensemble de l'économie est à l'arrêt, malheureusement cela va arriver partout en Europe.
Autre question qui va se poser, après coup : quelles seront les compagnies aériennes qui vont se casser la figure.
TourMaG.com - Les compagnies aériennes devront être nationalisées ou au mieux alimentées financièrement pendant de longs mois...
Eric Drésin : Sans doute, elles volent à vide.
Nous avons besoin de compagnies aériennes pour notre industrie. La problématique de leur survie va clairement se poser.
Il faut vraiment que tout le monde se rende compte que toute l'économie mondiale est touchée.
Je discute avec nos confrères américains qui viennent juste de prendre conscience que la notion de voyage est compromise.