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Flux touristiques : classement mondial des destinations et des marchés émetteurs

analyse rédigée par M. Levasseur, Réseau de Veille en Tourisme


La répartition des flux touristiques mondiaux a beaucoup changé ces dernières années, les données recensées au cours de la décennie confirment certaines tendances. De nouveaux marchés émetteurs occupent les premiers rangs et le classement des destinations est sens dessus dessous.


Rédigé par Maïthé Levasseur le Lundi 27 Juin 2011

Les économies émergentes bouleversent l’échiquier touristique, qui se répartit entre un nombre beaucoup plus grand de pays qu’auparavant.

L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) estime le nombre de voyages internationaux à 940 millions en 2010, soit 39% de plus qu’en 2000. Sur une plus longue période, la croissance est exponentielle; on ne comptait que 25 millions de déplacements en 1950.

Rappelons que l’OMT compile les statistiques nationales et que les méthodologies peuvent varier. L’analyse doit donc se faire avec prudence. De plus, les résultats pour l’année 2010 sont estimés en fonction des données partielles.
Flux touristiques : classement mondial des destinations et des marchés émetteurs

Le classement des destinations

Non seulement le classement des destinations a beaucoup changé au cours des dernières années, mais la répartition des touristes se fait maintenant entre un très grand nombre de pays. Voici quelques observations marquantes des arrivées internationales dans les principales destinations (tableau 1):

  • Les 5 premiers pays du classement représentaient 71% des arrivées en 1950 et 31% en 2010.
  • Les «autres pays», soit les dix dernières destinations au classement, comptaient pour 3% des arrivées en 1950, 34% en 1990 et 56% en 2010 !
  • Le Canada est passé du 2e rang en 1970, au 8e rang en 2000 pour se classer finalement en 15e place en 2010.
  • La Chine est non seulement un marché émetteur très actif, mais également une destination extrêmement populaire.
  • La Malaisie, la Turquie et Hong Kong ont aussi gagné d’importantes parts de marché.
  • Depuis 60 ans, le tourisme s’est montré résilient.
Flux touristiques : classement mondial des destinations et des marchés émetteurs

Flux touristiques : classement mondial des destinations et des marchés émetteurs
Depuis les années 2000, les six premières positions sont plutôt stables. La France affiche une confortable avance et la Chine – qui a surpassé l’Espagne en 2010, talonne maintenant les États-Unis. Le Canada ne fait plus partie des dix principales destinations depuis 2004.

Les graphiques 1 et 2 présentent respectivement le nombre d’arrivées internationales ainsi que les recettes touristiques. Chacun dévoile un classement légèrement différent. En matière de recettes touristiques, ce sont les États-Unis qui jouissent de la première position avec une solide longueur d’avance.

Par ailleurs, l’Espagne devance la France. Si certains pays occupent un rang similaire, d’autres sont carrément absents d’un classement ou d’un autre. Les pays figurant dans le classement des arrivées mais non dans celui des recettes sont la Russie (27e), la Pologne (30e), l’Ukraine (50e), la Grèce (21e) et l’Égypte (22e). À l’inverse, certains pays ont des recettes touristiques élevées par rapport au nombre de visiteurs tels que les Pays-Bas (21e), la Suisse (28e), le Japon (29e), l’Australie (41e) et l’Inde (42e).

Flux touristiques : classement mondial des destinations et des marchés émetteurs
En fait, l’accroissement global des arrivées touristiques internationales n’a pas profité à tous. Le graphique 3 illustre des écarts majeurs entre les pays. Alors que certains ont plus que doublé le nombre d’arrivées, d’autres comme le Canada (-18%) ou la Pologne (-28%) ont enregistré des diminutions importantes.

Qui sont les grands voyageurs ?

L’Europe est actuellement le premier marché générateur de touristes, émettant 55% des touristes internationaux, suivi de l’Asie-Pacifique (20%) et des Amériques (16%) (tableau 2). L’Asie-Pacifique, le Moyen-Orient et l’Afrique enregistrent les meilleurs taux de croissance annuelle moyens.

La majorité des visiteurs internationaux ne quittent pas leur région dans une proportion d’environ quatre sur cinq. Cependant, le nombre de voyages entre les différentes régions a tendance à croître plus rapidement que les voyages intrarégionaux.

Les marchés d’origine du tourisme international demeurent très concentrés dans les pays industrialisés. Toutefois, en raison de l’augmentation du revenu disponible, beaucoup d’économies émergentes connaissent une croissance accélérée depuis quelques années.
Flux touristiques : classement mondial des destinations et des marchés émetteurs

L’information relative aux marchés émetteurs par pays s’exprime en dépenses touristiques à l’international telles que publiées par l’OMT (tableau 3). Le nombre de déplacements n’est pas compilé.

Ces dépenses sont passées de 478 milliards en 2000 à 678 milliards de dollars américains en 2005, puis à 850 milliards de dollars américains en 2009: une variation globale de 78%. En 2009, les marchés ont connu une baisse de 10% de leurs dépenses touristiques internationales par rapport à 2008 en raison de la crise économique et de la grippe H1N1. En 2000, 10 pays avaient des dépenses touristiques internationales de plus de 10 milliards de dollars américains alors qu’ils étaient 23 en 2009.

Depuis 2000, les trois premiers rangs sont occupés par l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni, alors que la France, l’Italie et le Japon les suivent de près. La Chine, avec une croissance fulgurante, se range parmi les premiers alors que la population commence seulement à voyager.

Depuis 1999, la Chine conclut des ententes avec divers pays pour permettre les voyages d’agrément. Le Canada n’a obtenu que très récemment le statut de destination autorisée (juin 2010). Les Chinois voyagent encore beaucoup à l’intérieur de leur propre pays, mais la proportion domestique-international est passée de 71 pour un en 2000 à 38 pour un en 2009.

Le Japon est le seul pays du classement ci-dessous à avoir connu une baisse de ses dépenses touristiques internationales. Durement touchée par les aléas économiques et le prix du pétrole, la population est moins confiante et voyage moins qu’auparavant.

La Russie, l’Arabie Saoudite, la Belgique, l’Australie, Singapour, la Norvège et le Brésil ont plus que doublé leurs dépenses durant cette période.
Flux touristiques : classement mondial des destinations et des marchés émetteurs

Bref, le tourisme est une course folle comptant toujours plus de joueurs et où il est facile de disparaître dans la masse. La bonne nouvelle?

Le nombre de touristes provenant de régions diversifiées augmente constamment. Nous vivons dans une ère où les distances sont moins impressionnantes qu’avant, où les mouvements de touristes fusent dans toutes les directions. Il est temps de penser les stratégies touristiques dans une perspective géographiquement plus large et de ne pas avoir peur de jouer dans la cour des grands.

Sources :

- Organisation mondiale du tourisme. «Baromètre du tourisme mondial», Interim Update, Avril 2011.

- Organisation mondiale du tourisme. «Faits saillants du tourisme», édition 2009.

Source article Réseau de Veille en Tourisme - Chaire de tourisme Transat ESG UQAM
- veilletourisme.ca
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