Le fonds de solidarité est calculé sur le chiffre d'affaires... et non le volume ce qui pénalise les agences distributrices - Crédit photo : Depositphotos @lofilolo
Ce n'est pas parce que nous allons à la source, nous journalistes ou nos amis du CMDV et autres groupes de défense des agents de voyages, que les réponses sont parfois les plus justes.
Alors que Jean-Charles Franchomme a écrit directement au Président de la République, une partie de la lettre que lui a adressée en retour son cabinet ne serait pas totalement exacte.
Dans la missive, la présidence de la République rappelle que depuis le 31 mars 2021, "un dispositif inédit en faveur des entreprises fermées administrativement [...] permet de compenser 70% des pertes d'exploitation pour les entreprises de plus de 50 salariés et 90% des pertes d'exploitation pour les entreprises de moins de 50 salariés."
L'outil n'est autre qu'une aide complémentaire au fonds de solidarité qui a été revisitée pour soutenir les entreprises les plus touchées par les restrictions gouvernementales. Sauf que ce soutien ne serait pas aussi... massif qu'il n'y parait, selon Martine Juen, la dirigeante de Juen Voyages.
"La réponse du conseiller du Président de la République est complètement erronée. En tant qu'agence de voyages distributrice, je n'ai pas accès à cette aide, du moins pas dans cette ampleur," affirme l'Avignonnaise.
Et celle-ci ne serait pas la seule dans ce cas, à passer au travers des trous de la raquette administrative.
Alors que Jean-Charles Franchomme a écrit directement au Président de la République, une partie de la lettre que lui a adressée en retour son cabinet ne serait pas totalement exacte.
Dans la missive, la présidence de la République rappelle que depuis le 31 mars 2021, "un dispositif inédit en faveur des entreprises fermées administrativement [...] permet de compenser 70% des pertes d'exploitation pour les entreprises de plus de 50 salariés et 90% des pertes d'exploitation pour les entreprises de moins de 50 salariés."
L'outil n'est autre qu'une aide complémentaire au fonds de solidarité qui a été revisitée pour soutenir les entreprises les plus touchées par les restrictions gouvernementales. Sauf que ce soutien ne serait pas aussi... massif qu'il n'y parait, selon Martine Juen, la dirigeante de Juen Voyages.
"La réponse du conseiller du Président de la République est complètement erronée. En tant qu'agence de voyages distributrice, je n'ai pas accès à cette aide, du moins pas dans cette ampleur," affirme l'Avignonnaise.
Et celle-ci ne serait pas la seule dans ce cas, à passer au travers des trous de la raquette administrative.
Fonds de solidarité : c'est quoi le problème ?
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Cette explication est à chercher dans le mode de calcul du fameux fonds de solidarité.
Ainsi, il se base sur le décret 2021-310 du 24 mars 21 "la notion de chiffre d'affaires s'entend comme le chiffre d'affaires hors taxes ou, lorsque l'entreprise relève de la catégorie des bénéfices non commerciaux, comme les recettes nettes hors taxes."
Dans le cadre du Fonds de solidarité pour une agence productrice ou un groupiste, le chiffre d'affaires correspond au prix brut facturé aux clients moins la TVA pour les destinations taxables, pour celles distributrices, il se compose seulement de la marge, donc de la commission.
Malheureusement, cette dernière ne dépasse pas beaucoup plus de 10%. Cette différence de méthode de calcul peut paraître dérisoire, mais derrière les conséquences sont terribles.
A l'heure, où la reprise est plus que timide et les destinations ouvertes aux Français assez peu nombreuses, les dépenses ne sont pas toujours couvertes par le fonds de solidarité.
"Je ne touche que 2,2% de mes revenus, là où un producteur touche 16% sur des produits européens, je ne récupère que 11%, un montant auquel je dois soustraire la TVA.
Nous sommes nombreux dans ce cas."
Une situation qui désole, Martine Juen.
Ainsi, prenons le cas d'une agence de voyages qui réalise un chiffre d'affaires client de 9 000 000 d'euros, pour près de 1 million d'euros de commissions, sur une année.
Le montant du fonds de solidarité pour ce point de vente distributeur sera d'environs 17 000 euros par mois, contre 125 000 euros s'il avait été groupiste ou producteur.
"Le fonds de solidarité devrait être calculé sur le volume d'affaires ou alors que nous soyons pris en charge à 90% de nos charges fixes Tous les jours je perds de l'argent, alors que pendant ce temps des entreprises gagnent très bien leurs vies," se désole un autre agent ayant préféré conserver l'anonymat.
Entre le reste à charge des salaires des employés, le loyer, les assurances, les licences pour les logiciels, mais aussi les coûts liés à Amadeus, les quelques milliers d'euros du dispositif ne suffisent pas toujours.
Pendant ce temps certains acteurs touchent jusqu'à 20% de leurs revenus, couplés au chômage partiel d'une bonne partie des employés, quelques entreprises ne s'en sortent pas si mal.
Ainsi, il se base sur le décret 2021-310 du 24 mars 21 "la notion de chiffre d'affaires s'entend comme le chiffre d'affaires hors taxes ou, lorsque l'entreprise relève de la catégorie des bénéfices non commerciaux, comme les recettes nettes hors taxes."
Dans le cadre du Fonds de solidarité pour une agence productrice ou un groupiste, le chiffre d'affaires correspond au prix brut facturé aux clients moins la TVA pour les destinations taxables, pour celles distributrices, il se compose seulement de la marge, donc de la commission.
Malheureusement, cette dernière ne dépasse pas beaucoup plus de 10%. Cette différence de méthode de calcul peut paraître dérisoire, mais derrière les conséquences sont terribles.
A l'heure, où la reprise est plus que timide et les destinations ouvertes aux Français assez peu nombreuses, les dépenses ne sont pas toujours couvertes par le fonds de solidarité.
"Je ne touche que 2,2% de mes revenus, là où un producteur touche 16% sur des produits européens, je ne récupère que 11%, un montant auquel je dois soustraire la TVA.
Nous sommes nombreux dans ce cas."
Une situation qui désole, Martine Juen.
Ainsi, prenons le cas d'une agence de voyages qui réalise un chiffre d'affaires client de 9 000 000 d'euros, pour près de 1 million d'euros de commissions, sur une année.
Le montant du fonds de solidarité pour ce point de vente distributeur sera d'environs 17 000 euros par mois, contre 125 000 euros s'il avait été groupiste ou producteur.
"Le fonds de solidarité devrait être calculé sur le volume d'affaires ou alors que nous soyons pris en charge à 90% de nos charges fixes Tous les jours je perds de l'argent, alors que pendant ce temps des entreprises gagnent très bien leurs vies," se désole un autre agent ayant préféré conserver l'anonymat.
Entre le reste à charge des salaires des employés, le loyer, les assurances, les licences pour les logiciels, mais aussi les coûts liés à Amadeus, les quelques milliers d'euros du dispositif ne suffisent pas toujours.
Pendant ce temps certains acteurs touchent jusqu'à 20% de leurs revenus, couplés au chômage partiel d'une bonne partie des employés, quelques entreprises ne s'en sortent pas si mal.
Les Entreprises du Voyage envisagent-elles de faire bouger les choses ?
D'ailleurs, après avoir discuté avec un représentant de la restauration, il y a quelques semaines, ce dernier avait rapporté le fait que des établissements affichaient une bien meilleure santé financière pendant la pandémie, qu'avant celle-ci.
La situation est bien évidemment arrivée aux oreilles des Entreprises du voyage.
Le syndicat a souhaité apporter une solution, pour aider ces agents de voyages coincés entre la volonté de maintenir un lien avec la clientèle et la quasi-absence d'aides qui les poussent à baisser le rideau.
"C'est discriminatoire, il y a une véritable distorsion ! Les Entreprises du voyage ont souhaité faire remonter cette problématique auprès des ministères, sauf que très peu d'agents ont répondu.
Les EDV jouent leur va-tout, car Bruno Le Maire veut boucler le fonds de solidarité en juillet 2021," poursuit un professionnel ayant préféré conserver l'anonymat.
Le syndicat a enquêté auprès de ses adhérents pour connaître le nombre de cas pour lesquels les FDS de décembre, janvier, février et mars ne couvraient pas les charges de la même période.
"Nous avons reçu une quinzaine de réponses, dont seulement 4 ou 5 exemples pour lesquels le dispositif ne couvre pas les charges fixes. Nous sommes revenus auprès de Bercy pour signaler l'anomalie," confie Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage.
Dans le cas présent, avec aussi peu de retour, la plainte des distributeurs concernés est totalement inaudible pour les cabinets ministériels.
D'autant plus que des entreprises ou petits réseaux possèdent "parfois un service groupes, ce qui permet de couvrir le manque à gagner d'une agence distributrice", nous explique l'agent de voyages.
Une situation aussi complexe qui laisse à penser que l'affaire ne paraît pas gagnée pour les principaux intéressés.
"Je ne sais pas si le nombre de cas est sous-estimé, mais les autres ne se sont pas signalés, j'en conclus donc qu'elles n'ont pas de problème.
Malgré tout, j'irais défendre ces quelques cas, mais il faut savoir qu'un fonds de solidarité basé sur le volume d'affaires créera alors un effet d'aubaine. Ce ne serait pas en faveur de notre secteur."
En attendant, le dispositif devra s'adapter à la reprise de l'activité économique, mais le redémarrage s'il est plutôt intéressant pour les acteurs en ligne, ce n'est pas le cas pour les points de vente physiques pour l'heure fermés.
"Contrairement à un restaurant ou une discothèque qui auront des clients dès la réouverture, donc du chiffre d'affaires, les agents de voyages n'auront des revenus que lorsque les voyageurs auront voyagé, donc il y a la nécessité de prolonger les mesures de soutien," demande le président des EDV.
Le Fonds de solidarité devrait alors être prolongé une bonne partie de l'année, afin de permettre aux agences de voyages de pouvoir enfin revivre de leur activité.
La situation est bien évidemment arrivée aux oreilles des Entreprises du voyage.
Le syndicat a souhaité apporter une solution, pour aider ces agents de voyages coincés entre la volonté de maintenir un lien avec la clientèle et la quasi-absence d'aides qui les poussent à baisser le rideau.
"C'est discriminatoire, il y a une véritable distorsion ! Les Entreprises du voyage ont souhaité faire remonter cette problématique auprès des ministères, sauf que très peu d'agents ont répondu.
Les EDV jouent leur va-tout, car Bruno Le Maire veut boucler le fonds de solidarité en juillet 2021," poursuit un professionnel ayant préféré conserver l'anonymat.
Le syndicat a enquêté auprès de ses adhérents pour connaître le nombre de cas pour lesquels les FDS de décembre, janvier, février et mars ne couvraient pas les charges de la même période.
"Nous avons reçu une quinzaine de réponses, dont seulement 4 ou 5 exemples pour lesquels le dispositif ne couvre pas les charges fixes. Nous sommes revenus auprès de Bercy pour signaler l'anomalie," confie Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage.
Dans le cas présent, avec aussi peu de retour, la plainte des distributeurs concernés est totalement inaudible pour les cabinets ministériels.
D'autant plus que des entreprises ou petits réseaux possèdent "parfois un service groupes, ce qui permet de couvrir le manque à gagner d'une agence distributrice", nous explique l'agent de voyages.
Une situation aussi complexe qui laisse à penser que l'affaire ne paraît pas gagnée pour les principaux intéressés.
"Je ne sais pas si le nombre de cas est sous-estimé, mais les autres ne se sont pas signalés, j'en conclus donc qu'elles n'ont pas de problème.
Malgré tout, j'irais défendre ces quelques cas, mais il faut savoir qu'un fonds de solidarité basé sur le volume d'affaires créera alors un effet d'aubaine. Ce ne serait pas en faveur de notre secteur."
En attendant, le dispositif devra s'adapter à la reprise de l'activité économique, mais le redémarrage s'il est plutôt intéressant pour les acteurs en ligne, ce n'est pas le cas pour les points de vente physiques pour l'heure fermés.
"Contrairement à un restaurant ou une discothèque qui auront des clients dès la réouverture, donc du chiffre d'affaires, les agents de voyages n'auront des revenus que lorsque les voyageurs auront voyagé, donc il y a la nécessité de prolonger les mesures de soutien," demande le président des EDV.
Le Fonds de solidarité devrait alors être prolongé une bonne partie de l'année, afin de permettre aux agences de voyages de pouvoir enfin revivre de leur activité.