Pour nombre de chercheurs, il serait inutile de prendre de trop longues vacances pour être "rassasié". Car, au bout d’un certain temps, nous atteignons notre "point de béatitude" - DR : DepositPhotos.com, olly18
« Beaucoup d’entre nous ont vécu ce moment où, même si nous avons passé du bon temps, nous sommes prêts à rentrer chez nous », souligne un journaliste de la BBC.
Étudiés de plus en plus près, nos rythmes biologiques, beaucoup plus complexes qu’ils en ont l’air, délivrent un message pour le moins inattendu selon lequel il est inutile de prendre de trop longues vacances pour être rassasié.
Selon eux, au bout d’un certain temps, nous atteignons un point dit de « béatitude », grâce à la prolifération de cette hormone de plaisir qu’est la dopamine.
Découvert dans les années soixante-dix par des scientifiques œuvrant dans l’industrie alimentaire, le « bliss point » ou « point de béatitude » constitue le moment où l’individu est suffisamment satisfait pour ne pas avoir besoin de plus de sel, sucre, graisse...
En vacances, le processus est le même : une fois rassasié, on peut boucler ses valises et rentrer sans regret. Mais quand et comment être rassasié ?
Étudiés de plus en plus près, nos rythmes biologiques, beaucoup plus complexes qu’ils en ont l’air, délivrent un message pour le moins inattendu selon lequel il est inutile de prendre de trop longues vacances pour être rassasié.
Selon eux, au bout d’un certain temps, nous atteignons un point dit de « béatitude », grâce à la prolifération de cette hormone de plaisir qu’est la dopamine.
Découvert dans les années soixante-dix par des scientifiques œuvrant dans l’industrie alimentaire, le « bliss point » ou « point de béatitude » constitue le moment où l’individu est suffisamment satisfait pour ne pas avoir besoin de plus de sel, sucre, graisse...
En vacances, le processus est le même : une fois rassasié, on peut boucler ses valises et rentrer sans regret. Mais quand et comment être rassasié ?
Entre routine et nouveautés
Selon les chercheurs, entre un quart et la moitié de nos sensations positives en vacances proviennent de la nouveauté dans laquelle nous évoluons.
Plus nos vacances nous mènent vers des terres inconnues ou nous poussent à essayer de nouvelles choses, qu’il s’agisse de nourriture exotique ou de sports extrêmes, plus notre taux de dopamine grimpe en flèche.
« La nouveauté, comme l’exploration d’un nouveau pays, fait en effet grimper les niveaux de dopamine en nous mettant au défi de nous adapter à de nouveaux environnements, cultures et habitudes », explique Peter Vuust, professeur de neurosciences au Danemark.
Lire aussi : Futuroscopie - Les voyages "sacrés" : une autre façon d’être bien 🔑
Mais, attention, soulignent d’autres chercheurs, toutes les activités et toutes les découvertes ne se valent pas.
Certaines sont épuisantes comme les treks en montagne ou tout simplement faire la fête et boire toutes les nuits. Dans ces cas là, le « point de béatitude » est vite atteint et une partie des vacanciers épuisés sont pressés de reprendre l’avion !
Plus nos vacances nous mènent vers des terres inconnues ou nous poussent à essayer de nouvelles choses, qu’il s’agisse de nourriture exotique ou de sports extrêmes, plus notre taux de dopamine grimpe en flèche.
« La nouveauté, comme l’exploration d’un nouveau pays, fait en effet grimper les niveaux de dopamine en nous mettant au défi de nous adapter à de nouveaux environnements, cultures et habitudes », explique Peter Vuust, professeur de neurosciences au Danemark.
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Mais, attention, soulignent d’autres chercheurs, toutes les activités et toutes les découvertes ne se valent pas.
Certaines sont épuisantes comme les treks en montagne ou tout simplement faire la fête et boire toutes les nuits. Dans ces cas là, le « point de béatitude » est vite atteint et une partie des vacanciers épuisés sont pressés de reprendre l’avion !
L’ennui peut provoquer le « point de béatitude »
Autre constat : selon la chercheuse néerlandaise Jeroen Nawijn, les gens peuvent atteindre le point de béatitude très rapidement, pendant des vacances relativement courtes.
A une condition majeure : s’ennuyer. Si nous restons au même endroit et recréons une certaine routine, comme c’est parfois le cas, dans des locations isolées, pas de souci, on a vite envie de rentrer chez soi.
A l’inverse, si l’environnement dans lequel se passent des vacances est trop bruyant, submergé par la foule, stressant, l’arrivée du point de béatitude est aussi atteint très rapidement !
La mise en valeur de ce « bliss point » est donc une preuve de plus que le touriste est singulier et qu’il n’est guère de portrait-robot permettant à un opérateur touristique de mettre en place pléthore d’activités ou au contraire de les supprimer.
Mieux vaut laisser chaque individu faire un effort pour connaître ses rythmes et agir en fonction de ce qu’il saura d’eux, donc de lui. Ce qui lui permettra de calculer précisément la durée idéale de ses prochaines vacances.
Pour en revenir à la suractivité, qu’en est-il ? Dans nos sociétés du divertissement dans lesquelles il est plutôt mal considéré de ne rien faire, on commence à entrebâiller la porte de la notion d’ennui et d’en faire l’apologie.
Pour Patrick Lemoine, psychiatre et auteur de l’ouvrage S’ennuyer, quel bonheur ! : « Dans l’étymologie même du mot vacances, il y a la notion de vacuité qui est condamnée dans nos sociétés, alors qu’autrefois, comme l’explique l’historien André Rauch, l’ennui faisait partie des vacances ».
Pour la psychothérapeute Odile Chabrillac, « Les vacances sont propices à l’ennui dans le sens où elles permettent de sortir du cadre structuré de la vie quotidienne et offrent du repos pour récupérer de la fatigue physique accumulée dans l’année. »
Mais, pour elle comme pour ses confrères, l’ennui a des bénéfices. Il permet de faire le tri dans les désirs et dans les projets de vie, car on prend du recul sur ce que l’on vit et sur ce que l’on a envie de faire et de voir. « L’inconscient travaille en se mettant sur pause. Face à ce vide existentiel, la personne prend connaissance d’elle-même. »
Et Pierre Lassus, autre spécialiste, de compléter : « L’ennui permet la création, et non une réaction à un stimulus extérieur. On laisse la liberté à l’intérieur de notre esprit. » En laissant l’esprit libre de penser sans être canalisé, l’homme peut être sujet à des dérives intéressantes.
A une condition majeure : s’ennuyer. Si nous restons au même endroit et recréons une certaine routine, comme c’est parfois le cas, dans des locations isolées, pas de souci, on a vite envie de rentrer chez soi.
A l’inverse, si l’environnement dans lequel se passent des vacances est trop bruyant, submergé par la foule, stressant, l’arrivée du point de béatitude est aussi atteint très rapidement !
La mise en valeur de ce « bliss point » est donc une preuve de plus que le touriste est singulier et qu’il n’est guère de portrait-robot permettant à un opérateur touristique de mettre en place pléthore d’activités ou au contraire de les supprimer.
Mieux vaut laisser chaque individu faire un effort pour connaître ses rythmes et agir en fonction de ce qu’il saura d’eux, donc de lui. Ce qui lui permettra de calculer précisément la durée idéale de ses prochaines vacances.
Pour en revenir à la suractivité, qu’en est-il ? Dans nos sociétés du divertissement dans lesquelles il est plutôt mal considéré de ne rien faire, on commence à entrebâiller la porte de la notion d’ennui et d’en faire l’apologie.
Pour Patrick Lemoine, psychiatre et auteur de l’ouvrage S’ennuyer, quel bonheur ! : « Dans l’étymologie même du mot vacances, il y a la notion de vacuité qui est condamnée dans nos sociétés, alors qu’autrefois, comme l’explique l’historien André Rauch, l’ennui faisait partie des vacances ».
Pour la psychothérapeute Odile Chabrillac, « Les vacances sont propices à l’ennui dans le sens où elles permettent de sortir du cadre structuré de la vie quotidienne et offrent du repos pour récupérer de la fatigue physique accumulée dans l’année. »
Mais, pour elle comme pour ses confrères, l’ennui a des bénéfices. Il permet de faire le tri dans les désirs et dans les projets de vie, car on prend du recul sur ce que l’on vit et sur ce que l’on a envie de faire et de voir. « L’inconscient travaille en se mettant sur pause. Face à ce vide existentiel, la personne prend connaissance d’elle-même. »
Et Pierre Lassus, autre spécialiste, de compléter : « L’ennui permet la création, et non une réaction à un stimulus extérieur. On laisse la liberté à l’intérieur de notre esprit. » En laissant l’esprit libre de penser sans être canalisé, l’homme peut être sujet à des dérives intéressantes.
Blaise Pascal : « Ainsi l’homme est si malheureux qu’il s’ennuierait même sans aucune cause d’ennui par l’état propre de sa complexion. Et il est si vain qu’étant plein de mille causes essentielles d’ennui, la moindre chose comme un billard et une balle qu’il pousse, suffisent pour le divertir. »
L’ennui est-il en train de devenir tendance ?
On s’intéresse donc beaucoup, ces temps-ci, à l’ennui. Et, l’on écrit même beaucoup sur le sujet.
Autre exemple : deux auteurs portant le même nom viennent de commettre des livres consacrés à l’ennui. Sandi Mann, une psychologue britannique, signe un essai intitulé : « Du bon côté du temps mort : pourquoi l’ennui est bon ». Et une universitaire américaine spécialiste de l’art contemporain, Mary Mann, publie « Yawn : Adventures in boredom ».
Autre exemple, un professeur de philosophie à l’Université de Louisville, explique que l’ennui est précieux même s’il n’y a rien de particulièrement gratifiant dans le fait de s’ennuyer. Et de développer la théorie de l’ennui-signal. Un ennui qui naît d’un sentiment de décalage entre nos besoins de stimulation, notre soif de nouveauté et une situation insatisfaisante.
Notre perception du temps s’altère. Il nous paraît ralentir. Nous ressentons une fatigue inexpliquée. Mais, cette alarme interne est bénéfique car elle nous avertit de l’urgence de rechercher une situation qui retrouve, à nos yeux du sens, et nous restitue la sensation de plénitude à laquelle nous aspirons légitimement.
Autre exemple : deux auteurs portant le même nom viennent de commettre des livres consacrés à l’ennui. Sandi Mann, une psychologue britannique, signe un essai intitulé : « Du bon côté du temps mort : pourquoi l’ennui est bon ». Et une universitaire américaine spécialiste de l’art contemporain, Mary Mann, publie « Yawn : Adventures in boredom ».
Autre exemple, un professeur de philosophie à l’Université de Louisville, explique que l’ennui est précieux même s’il n’y a rien de particulièrement gratifiant dans le fait de s’ennuyer. Et de développer la théorie de l’ennui-signal. Un ennui qui naît d’un sentiment de décalage entre nos besoins de stimulation, notre soif de nouveauté et une situation insatisfaisante.
Notre perception du temps s’altère. Il nous paraît ralentir. Nous ressentons une fatigue inexpliquée. Mais, cette alarme interne est bénéfique car elle nous avertit de l’urgence de rechercher une situation qui retrouve, à nos yeux du sens, et nous restitue la sensation de plénitude à laquelle nous aspirons légitimement.
L’hyperactivité contemporaine en accusation
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Si les chercheurs et les universitaires se mobilisent pour réhabiliter l’ennui, il est évident qu’il s’agit pour eux de dénoncer en même temps l’hyperactivité contemporaine et la pléthore d’émotions censées contribuer à notre mieux-être et à l’amélioration de nos humeurs, alors que la vérité de notre horloge biologique et de notre système émotionnel disent plus ou moins le contraire.
Quand Eva Illouz et tant d’autres déplorent le « merchandising » mis soigneusement en place par l’industrie du loisir et du bien-être pour nous distraire, elle rappelle aussi que l’ennui contemporain est alimenté par les écrans sur lesquels nous passons dorénavant une partie dévorante de nos existences.
Il faut nous voir faire défiler des messages censés alimenter notre curiosité, des informations dépourvues d’intérêt et, pour cette raison, constamment renouvelées !
D’où la vogue des livres pratiques nous exhortant à « ralentir », à « décrocher », à « faire le vide », à méditer, à nous désintoxiquer des écrans addictifs…
Lire aussi : Futuroscopie - Asie : une offre wellness de plus en plus attractive 🔑
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Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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