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Futuroscopie - Diasporas et flux touristiques : la quête de racines 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


A l’heure où le nombre des réfugiés climatiques pourrait exploser, un peu partout dans le monde, des destinations touristiques vivent en grande partie du retour au pays de leurs populations immigrées à l’étranger. Connu, le phénomène est pourtant encore très peu analysé. Excepté par quelques destinations qui se sentent plus concernées que d’autres et exploitent astucieusement l’un des phénomènes démographiques le plus important de la planète. Jugez plutôt : selon l’Onu, le nombre de migrants dans le monde est passé de 77 millions en 1965 à 281 millions en 2020 soit 3,6 % de la population mondiale. Sans compter des millions de descendants de migrants d’un autre siècle qui constituent des diasporas tentaculaires mais impossibles à chiffrer avec précision.
Pour ce premier article, nous analysons les diasporas d’implantation plus ou moins ancienne, en quête de racines.


Rédigé par le Jeudi 21 Mars 2024

Ile de Gorée : les « Black history tours » avec le Sénégal comme étape incontournable depuis la mise en valeur de l’île de Gorée et l’installation de la Maison des Esclaves - Depositphotos.com uteur derejeb
Ile de Gorée : les « Black history tours » avec le Sénégal comme étape incontournable depuis la mise en valeur de l’île de Gorée et l’installation de la Maison des Esclaves - Depositphotos.com uteur derejeb
… Du temps où Israël était encore en paix, les diasporas venant d’Europe et d’Amérique visiter le pays étaient particulièrement nombreuses. Pour beaucoup de juifs séfarades ou ashkénazes, y compris les moins religieux et pratiquants, le voyage en Israël constitue, c’est vrai, une sorte d’impératif auquel il est impossible de se soustraire.

Le Liban, terre d’exil par excellence, accueille également tous les ans bon nombre de ses ressortissants venant retrouver leur famille ou simplement l’air du pays. Une aubaine pour ce pays en plein marasme économique.

Quant au Mexique qui reçoit environ 40 à 45 millions de touristes internationaux, il compte 10 millions d’Américains dont une majorité est d’origine mexicaine… Les pays du Maghreb pour leur part reçoivent tous les ans des millions de leurs ressortissants installés en Europe ou aux USA… Et que dire des deux pays champions de l’émigration dans le monde : la Chine avec 30 à 50 millions de personnes, et l’Inde avec 16 à 25 millions d’individus disséminés sur la planète.

A lire aussi : Où irons-nous ? Où et comment ? Où et quand ? Et qui viendra nous rendre visite ?

Des chiffres relativement flous dans la mesure où la comptabilité ne se fait pas partout de la même façon.

Enfin, en Europe seule, la première diaspora est turque et est évaluée à plus de 5 millions de personnes, présentes non seulement en Allemagne et en Autriche mais aussi en France, dans les pays scandinaves et au Benelux.

La seconde, avec près de 5 millions de personnes, est marocaine ; elle est présente en France, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique.


Autres statistiques : en 2019 selon l’ONU, les pays qui accueillent le plus grand nombre de migrants internationaux sont les États-Unis, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni, les Émirats arabes unis, la France, juste devant le Canada, l’Australie, l’Italie et l’Espagne.

En 2019, l’Allemagne comptait 13 millions de personnes nées à l’étranger sur son sol (+ 3 millions entre 2015 et 2019); le Royaume-uni en comptait plus de 9,5 millions (Indiens, Polonais, Pakistanais) ; la France : 8,4 millions, soit 12,5 % de sa population.

Sources : Histoire-immigation.fr

Retour : des motivations plurielles

Comptabilisés dans les flux de tourisme international, ces flux d’un genre particulier sont extrêmement divers. Une diversité́ liée à plusieurs facteurs dominants parmi lesquels on notera :

- Les causes de l’expatriation qui sont soit d’ordre politique, économique, climatique...

- Les dates de cette émigration (depuis le seizième siècle) donc la maturité et le niveau d’intégration sociale et économique de ces populations.

Ensuite, à partir de ces paramètres, quatre types de pratiques « touristiques » se distinguent (et parfois se mélangent) dont nous vous fournissons des illustrations dans cet article et dans deux autres à venir. Lesquelles ?

1 - une consommation purement identitaire : « j’y vais pour retrouver mes racines et valider le récit familial ».

2 - une consommation sociale tenant du devoir communautaire : « j’y vais pour obéir à des conventions sociales ».

3 - une consommation « affinitaire » tenant du diktat familial : « j’y vais par obligation familiale, pour entretenir des liens et réactiver des souvenirs familiaux ».

4 - une consommation touristique : « j’y vais par curiosité, pour passer des vacances »

Aux sources de l’esclavage : les Afro-Américains et les « black history tours »

Exemple : parmi les drames de l’histoire que les diasporas ont transformés en tourisme : les séjours et circuits touristiques proposés par des agences américaines à des Afro Américains en quête de leurs racines et de leur histoire, sont de plus en plus populaires.

Ce sont les « Black history tours » avec le Sénégal comme étape incontournable depuis la mise en valeur de l’île de Gorée et l’installation de la Maison des Esclaves.

A quelques kilomètres de Dakar, cette île classée au patrimoine mondial de l’humanité, accueillerait quelque 500 visiteurs par jour. Et parmi eux, les plus illustres : le président Obama et sa famille en particulier sont allés se souvenir de leur histoire, sur les pas de Bill Clinton, G. Bush, François Mitterrand, le pape Jean Paul II.

Et même si Gorée n’est pas exactement le plus haut lieu du départ de la traite négrière, l’île est devenue un mythe et un symbole indispensables à l’histoire des noirs déportés d’Afrique vers l’Amérique pendant quatre siècles.

Le projet de Route de l’esclave voulu par l’Unesco il y a 30 ans qui permet un inventaire actif de tous les ports et lieux de l’actuel Bénin, golfe de Guinée, Angola...touchés par la traite négrière est plus crédible, scientifiquement s’entend.

Sur le plan touristique, il est aussi plus porteur puisque plusieurs pays sont concernés par les flux de visiteurs d’une diaspora certes très ancienne mais de plus en plus concernée par une validation identitaire.

Non contents de traverser l’Atlantique, les « black history tours » sillonnent aussi les USA sur les traces de l’histoire des populations noires américaines dont sont issus 10% de la population nord américaine : Atlanta, Chicago, Philadelphie, Washington, New York en sont devenus les hauts lieux. La musique leur sert aussi de guides.

The Gathering Irland, une démarche festive pour une diaspora festive

Marquée par une émigration massive, l’histoire de l’Irlande est pour sa part totalement liée au continent américain où ses ressortissants poussés par les famines se sont réfugiés en flots continus dès le milieu du 19e siècle.

Alors qu’environ 2 millions d’entre eux ont quitté leur île, on estime que leurs descendants représentent aujourd’hui 40 millions de la population des USA et 70 millions de la population mondiale. De quoi largement alimenter un tourisme de retour au pays vital pour l’économie de la République.

Selon les statistiques de l’Office du tourisme irlandais, ces nostalgiques de leurs origines représentent d’ailleurs 34% de la fréquentation annuelle soit 2,5 millions de visiteurs. Une estimation relativement précise dans la mesure où le Tourist Board pose à ses visiteurs une question sur le motif de leur séjour.

Mais, comme l’Irlande ne fait jamais les choses à moitié, elle ne se contente pas d’accueillir ces flux, elle les provoque.

Ainsi, en 2013, l’Office du tourisme a lancé une vaste opération intitulée « Gathering Irland » dont le but était de faire revenir sa diaspora autour d’une série de festivités dont elle et les membres de sa famille restés au pays étaient les acteurs : événements familiaux, mariages, anniversaires de mariages et simples anniversaires...

Des réunions les plus simples aux plus fastueuses rassemblant quelques centaines de membres, ces retrouvailles ont été environ 5000 et ont accueilli 300 000 visiteurs qui se sont déplacés pour l’événement.

Le seul défilé́ de la Saint-Patrick à Dublin a pour sa part rassemblé quelque 6000 Irlandais d’origine venus célébrer la fête nationale dans la capitale. Tandis que partout dans les pays de diaspora, la célébration de la Saint Patrick fait partie des kits de tourisme entretenus par les ambassades afin que les Irlandais d’origine n’oublient pas leur « verte Irlande ».

Bien entendu, pubs et soirées musicales qui vont avec n’en finissent pas d’attiser les désirs d’Irlande de buveurs invétérés et nostalgiques. Quant à la quête d’ancêtres lointains, elle fait partie de l’offre touristique, notamment à travers les réseaux des maisons d’accueil B&B qui proposent des services spécifiques à ceux qui viennent en Irlande reconstruire leur arbre généalogique…

Les voyages généalogiques des Québécois

Pour y voir plus clair, encore un exemple : les voyages de la diaspora des Québécois en Europe et surtout en France, sont parmi les plus dynamiques. Issus des migrations massives des Français vers les rives du Saint-Laurent qui dont donné lieu à̀ la création du « Canada français », celles-ci ont généré depuis plusieurs années des retours dans la région d’origine, notamment en Poitou-Charentes, destinés non seulement à redécouvrir un terroir et ses traditions mais aussi à retrouver l’histoire d’une famille.

Pour encourager ces voyages, en 2008, Maison de la France avait d’ailleurs mis au point à l’occasion du 400e anniversaire de la fondation de Québec ,un outil de recherche généalogique recensant 9 300 patronymes québécois tandis que des associations de généalogie ont organisé et organisent toujours des voyages sur ce thème.

Certes, plus le temps passe, plus ces diasporas très anciennes perdent le fil de leur histoire. Mais, les jeunes générations le retrouvent grâce aux nouveaux outils technologiques et ne se privent pas de venir vérifier sur place d’où ils viennent.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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