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Futuroscopie - Où en est le moral des Français ? 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Premier point : à l’exception de ceux qui n’ont pas pu partir pour des raisons professionnelles ou des problèmes personnels, ces vacances 2023 se placent sous le signe de la réussite. Une étude Ipsos le confirme. Mais, à l’heure de la reprise, tout le monde ne peut en dire autant. En effet, selon une étude de l’Ifop et l’Humanité Magazine, rien ne va plus dans le moral des Français. Inflation oblige.


Rédigé par le Vendredi 22 Septembre 2023

Si l’été a été terni pour certains par les hausses de prix, la rentrée n’est pas encourageante. Notamment, parce que la hausse du coût de la vie concerne les éléments les plus basiques de la pyramide de Maslow - Depositphotos.com VitalikRadko
Si l’été a été terni pour certains par les hausses de prix, la rentrée n’est pas encourageante. Notamment, parce que la hausse du coût de la vie concerne les éléments les plus basiques de la pyramide de Maslow - Depositphotos.com VitalikRadko
Commençons par les vacances : Selon les éléments fournis par Ipsos, il y a « les Farnientistes ». Et ceux-là ont réussi le pari de « profiter » de leurs vacances en faisant un minimum d’efforts.

Au programme, beaucoup de soleil, balades et escales gastronomiques… Mieux, les températures élevées ou les pluies torrentielles leur ont offert des alibis pour en faire le moins possible !

Ceux que l’on catalogue d’« Intrépides »ont pu pour leur part relever les défis qu’ils s’étaient fixés comme parcourir des milliers de kilomètres en moto, s’essayer aux treks en montagne, faire le tour des copains...

Quant aux « Disponibles », ceux qui veulent « laisser une part à l'inconnu et donc à l'imprévue », ils se sont laissés guider avec plaisir par les opportunités et en ont bien profité. Globalement, on peut donc effectivement confirmer que les vacances de l’été 2023 ont fait du bien à bon nombre de nos concitoyens, en tout cas, à ceux qui ont pu partir et n’ont pas subi intempéries et catastrophes.

Malheureusement, l’inflation. a terni le tableau de l’été 2023. Notamment, pour ceux qui n’ont ni résidence secondaire, ni famille ou amis pour les recevoir, et qui doivent donc payer leur hébergement, donc s’orienter vers les campings ou les logements les moins chers pour diminuer ce poste de dépense.

Nul ne l’ignore, ceux-là ont également réduit leur fréquentation de restaurants et ont plutôt dû fréquenter les hypers en privilégiant les marques-distributeurs. Si bien que certains se sont comportés en « fourmis » avec de tout petits budgets (60 euros par jour en moyenne) malgré les économies faites avant de partir.

Une tendance de plus en plus répandue. Tandis que quelques « cigales » ont continué à se faire plaisir mais en sortant de plus en plus souvent leur calculette. Notamment au moment de prendre de l’essence.


Une « polycrise » mine le moral des Français

Si l’été a été terni pour certains par les hausses de prix, la rentrée n’est pas encourageante. Notamment, parce que la hausse du coût de la vie concerne les éléments les plus basiques de la Pyramide de Maslow : se loger, se déplacer, se nourrir, se chauffer, etc.

De plus, se diffuse (à raison) le sentiment que nous sommes entrés dans une situation de « Polycrises » soit des crises simultanées qui se combinent et s’augmentent les unes les autres.

Outre l'inflation, il est clair que l'instabilité géopolitique du monde, notre pays qui s'enfonce dans la dette, la délinquance et les violences urbaines, la guerre qui fait rage dans certains pays du monde, le dérèglement climatique, la crise de l’école… Rien ne semble marcher et, pire, les Français éprouvent le sentiment qu’il n’existe pas de solution politique.

S’installe donc une forte lassitude face aux économies forcées touchant surtout les achats plaisirs (vêtements, nourriture, sorties). Un fort sentiment de révolte face à la montée des inégalités est également en train de couver. Tandis que la crainte de déclassement mine nombre de nos concitoyens.

Autre conséquence grave : l’impact négatif sur l’estime de soi qu’entrainent les renoncements. Si l’on doit se priver de vêtements neufs, de sorties, de vacances, c’est que l’on est un « looser » !

Le terrain est donc prêt pour que s’installe la dépression : « je me sens anéantie, démunie , on a beau faire super-attention on y arrive plus ». Pire, il faut chercher des solutions personnelles comme un job d’appoint ou faire un des heures supplémentaires…

L’argent fait donc le bonheur ?

Mais, tout n’est pas tout noir. Une étude réalisée par l’Ifop et l’Humanité-Magazine, nous donne, parmi d’autres, un aperçu différent sur l’humeur des Français en cette rentrée.

Cette étude constate d’abord que près des trois quarts des Français se déclarent heureux (72%), dont 9% se disent très heureux. Surprise ! A l’inverse, 28% ne se déclarent pas heureux, dont 6% « pas du tout ».

Quatre Français sur cinq, un record, estiment même qu’il devrait exister un « droit au bonheur ». C’est davantage le cas des retraités (84%) et des catégories populaires (82%) que celui des cadres (69%).

Lire aussi : Futuroscopie : Solitude, cherche amitié désespérément 🔑

Une nouvelle fois, on observe donc une dissonance entre le ressenti personnel influencé par le tempérament de la personne interviewée et le ressenti plus général influencé par l’actualité et sa diffusion massive d’informations moroses ou tout simplement catastrophiques.

Etude Ipsos : Les Européens à la peine

Un Européen sur deux dit avoir perdu du pouvoir d’achat ces 3 dernières années. 89% considèrent que c’est lié à la hausse des prix.

29% des Européens déclarent vivre dans un état permanent de précarité. 56% s’accommodent de leur situation et seuls 15% ne se plaignent pas d’un manque d’argent.

33% ont du réduire leurs dépenses en loisirs, vacances, transports durant les 6 derniers mois et 29% l’ont fait également mais pas durant les 6 mois passés.

64% seulement déclarent avoir un revenu qui leur permet de couvrir leurs dépenses.

(étude réalisée sur 10 000 pax sur 10 pays).

Un peu plus d’argent nous ferait du bien !

Cependant, il convient de noter que l’augmentation des salaires est perçue par 89% comme le meilleur moyen pour augmenter et améliorer la félicité de nos concitoyens tandis que pour 84% d’entre eux, il faudrait « investir davantage dans les services publics » (84%).

Trois Français sur quatre estiment également qu’un bonheur citoyen accru pourrait résulter d’un abaissement de l’âge de départ à la retraite (76%) et d’un investissement plus important dans les domaines de la culture, du loisir et du sport (74%) !

Des remarques qui pourraient nous réjouir d’autant plus que les acteurs perçus par le plus grand nombre comme pouvant agir sur le bonheur des citoyens sont perçus comme appartenant au monde associatif (77%) et municipal (76%), notamment dans les petites villes où les maires sont très proches de leurs administrés.

Viennent ensuite l’Etat (63%) et les entreprises privées (63%) tandis que les célébrités (53%), les syndicats (47%) et les partis politiques (45%) divisent de plus en plus !

Et la joie dans tout ça ?

Enfin, regardons d’autres observations concernant l’humeur des Français à travers une étude réalisée par l’Obsoco.

Celle-ci concerne le sentiment de joie. Un sentiment plus instantané et éphémère, lié à un événement ponctuel ( une fête, une sortie, un concert…). Or, cette étude fait triompher comme source de joie : les relations avec des proches, notamment avec la famille. Pour 48% des Français interrogés, le temps passé avec autrui est le principal motif de joie. Suivent loin derrière : la météo, les vacances, le tourisme, le temps libre et les loisirs à domicile qui n’atteignent que 9% chacun alors que les pratiques sportives ne dépassent pas les 4%.

Cette même enquête souligne cependant toujours l’impact de la situation financière sur le sentiment de joie. Parmi les 25% qui « arrivent à s’en sortir » ils ne sont que 11% à ne pas avoir éprouvé de joie la semaine avant l’enquête. Mais, parmi les plus démunis qui sont tout de même 25%, cette absence de joie augmente considérablement pour atteindre 44% d’entre eux !

… Qui donc disait que l’argent ne fait pas le bonheur ? « Oui, mais il y contribue » écrivait Jules Renard !

Les catégories les plus aisées sont plus disposées à se déclarer heureuses (88%) que les catégories les plus pauvres (59%). Une évidence, direz-vous.

En revanche toutes les études confirment que la convivialité est indispensable au bien-être. Convivialité avec des proches, convivialité avec des rencontres ponctuelles en vacances, des voisins..

Nous y reviendrons…

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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Tags : sicsic
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