"Nous sommes convaincus que le tourisme d'affaires, risque de redémarrer à partir de mars 2022" selon Stéphane Botz (KPMG) - Crédit photo : Depositphotos @BrianAJackson
TourMaG.com - Vous n'êtes pas sans savoir que l'hôtellerie française est plutôt mal au point. Que ce soit Accor ou ses concurrents, les résultats ne sont pas bons. Quel regard portez-vous sur la situation ?
Stéphane Botz : Les résultats sont à prendre avec l'environnement global de la profession.
Aujourd'hui, il n'y a pas de flux aériens, pas de flux européens, ni intracontinentaux, dans ces conditions, il est difficile d'annoncer des résultats positifs.
Cette pandémie mondiale montre que le tourisme est un pan de l’économie des pays, et nous l'espérons, les gouvernements soutiennent l'industrie du tourisme, pas seulement l'hôtellerie.
Si par exemple les thermes de Balaruc-les-Bains ne sont pas ouverts, c'est toute une économie locale qui est touchée. L'impact est global pour le secteur du tourisme car tout est lié à la possibilité des citoyens de pouvoir voyager.
Les résultats sont le reflet d'une activité totalement moribonde en Europe et dans les Amériques. A l'inverse, l'Asie est repartie en matière d'activité. Dès lors que le virus est maîtrisé, l'activité repart.
L'hôtellerie a une capacité d'adaptation assez rare, il suffit de voir la période estivale 2020, avec une clientèle quasiment exclusivement domestique. Et cette année ce sera sans doute le cas, une nouvelle fois.
Par contre, nous observons que les autres modes d'hébergements sont moins impactés, par la crise, car plus destinés à un marché domestique et saisonniers.
Stéphane Botz : Les résultats sont à prendre avec l'environnement global de la profession.
Aujourd'hui, il n'y a pas de flux aériens, pas de flux européens, ni intracontinentaux, dans ces conditions, il est difficile d'annoncer des résultats positifs.
Cette pandémie mondiale montre que le tourisme est un pan de l’économie des pays, et nous l'espérons, les gouvernements soutiennent l'industrie du tourisme, pas seulement l'hôtellerie.
Si par exemple les thermes de Balaruc-les-Bains ne sont pas ouverts, c'est toute une économie locale qui est touchée. L'impact est global pour le secteur du tourisme car tout est lié à la possibilité des citoyens de pouvoir voyager.
Les résultats sont le reflet d'une activité totalement moribonde en Europe et dans les Amériques. A l'inverse, l'Asie est repartie en matière d'activité. Dès lors que le virus est maîtrisé, l'activité repart.
L'hôtellerie a une capacité d'adaptation assez rare, il suffit de voir la période estivale 2020, avec une clientèle quasiment exclusivement domestique. Et cette année ce sera sans doute le cas, une nouvelle fois.
Par contre, nous observons que les autres modes d'hébergements sont moins impactés, par la crise, car plus destinés à un marché domestique et saisonniers.
"Nous sommes convaincus que le tourisme d'affaires, risque de redémarrer à partir de mars 2022"
TourMaG.com - Donc, la raison des mauvais chiffres de l'hôtellerie dépendent notamment d'établissements qui sont trop tournés vers l'international ?
Stéphane Botz : Je ne pense pas que ce soit la seule raison.
Deux paramètres ont un impact important. Tout d'abord il n'y a pas de flux, donc pas de tourisme d'affaires. L'incertitude économique pesant sur les entreprises, cela les a obligé à réduire leurs dépenses.
Sans vie culturelle, ni sociale, sans salon, sans boutiques, etc. Il n'y a pas d'intérêt à voyager. Pourquoi venir à Paris actuellement ? Voir l'architecture des bâtiments, c'est une chose, mais vous ne le faites pas pendant une semaine.
Le sujet est aussi à corréler avec la dynamique qui existe dans le secteur du tourisme. Pour le moment, tant que les lieux permettant d'accueillir les visiteurs sont fermés, cela bloque tous les flux touristiques et l’intérêt pour une destination.
TourMaG.com - Pensez-vous que l'hôtellerie s'est suffisamment remise en question pour affronter le tourisme d'après crise ? Il fait de moins en moins de doute qu'il sera différent.
Stéphane Botz : En l'espace d'un an, l'hôtellerie n'a pas eu le temps de se réinventer, pas contre elle a pu s'adapter.
Les hôteliers ont été parmi les premiers acteurs de l'industrie à faire de la réassurance sanitaire et à s'adapter à la problématique du virus. Ils se sont digitalisés à tous les niveaux, pour favoriser le moins de contact possible. La covid est un accélérateur d'innovation, très clairement.
Nous savons très bien que la covid-19 ne va pas disparaître du jour au lendemain, nous aurons sans doute des nouveaux variants, l'enjeu d'adaptation des produits et de réassurance sanitaire, cela va rester.
Nous sommes convaincus que le tourisme d'affaires, dès lors que les populations seront vaccinées, risque de redémarrer à partir de mars 2022. Il faut un certain temps pour organiser les salons, les foires et les congrès, donc la reprise réelle ne se fera pas avant cette date.
TourMaG.com - Malgré un climat anxiogène, vous êtes plutôt confiant ?
Stéphane Botz :Je vous confirme que le climat est anxiogène mais reste confiant sur la résilience du tourisme.
La première chose que nous attendons tous, c'est de pouvoir prendre un café ou un verre en terrasse et retrouver son restaurant de quartier. Nous sommes un pays plutôt latin et je ne vois pas la population restée enfermée ad vitam æternam.
La relation humaine est importante, donc je suis confiant. Par contre, au niveau du tourisme d'affaires, les entreprises apprennent à adapter et organiser le travail des salariés.
La période actuelle apporte un supplément de productivité. Au lieu de se déplacer, les travailleurs optimisent leur temps en faisant une visioconférence. Les outils vont faciliter et entrainer un autre mode de vie et de travail.
En matière de tourisme de loisirs, les lieux de séjour de proximité seront mis en avant et favorisés par la clientèle. En revanche les voyages à l'autre bout du monde ne seront pas seulement impactés par la covid-19, mais aussi par la vision sociétale des nouvelles générations.
Les notions de RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr) vont devenir importantes sur la manière de consommer le tourisme.
Stéphane Botz : Je ne pense pas que ce soit la seule raison.
Deux paramètres ont un impact important. Tout d'abord il n'y a pas de flux, donc pas de tourisme d'affaires. L'incertitude économique pesant sur les entreprises, cela les a obligé à réduire leurs dépenses.
Sans vie culturelle, ni sociale, sans salon, sans boutiques, etc. Il n'y a pas d'intérêt à voyager. Pourquoi venir à Paris actuellement ? Voir l'architecture des bâtiments, c'est une chose, mais vous ne le faites pas pendant une semaine.
Le sujet est aussi à corréler avec la dynamique qui existe dans le secteur du tourisme. Pour le moment, tant que les lieux permettant d'accueillir les visiteurs sont fermés, cela bloque tous les flux touristiques et l’intérêt pour une destination.
TourMaG.com - Pensez-vous que l'hôtellerie s'est suffisamment remise en question pour affronter le tourisme d'après crise ? Il fait de moins en moins de doute qu'il sera différent.
Stéphane Botz : En l'espace d'un an, l'hôtellerie n'a pas eu le temps de se réinventer, pas contre elle a pu s'adapter.
Les hôteliers ont été parmi les premiers acteurs de l'industrie à faire de la réassurance sanitaire et à s'adapter à la problématique du virus. Ils se sont digitalisés à tous les niveaux, pour favoriser le moins de contact possible. La covid est un accélérateur d'innovation, très clairement.
Nous savons très bien que la covid-19 ne va pas disparaître du jour au lendemain, nous aurons sans doute des nouveaux variants, l'enjeu d'adaptation des produits et de réassurance sanitaire, cela va rester.
Nous sommes convaincus que le tourisme d'affaires, dès lors que les populations seront vaccinées, risque de redémarrer à partir de mars 2022. Il faut un certain temps pour organiser les salons, les foires et les congrès, donc la reprise réelle ne se fera pas avant cette date.
TourMaG.com - Malgré un climat anxiogène, vous êtes plutôt confiant ?
Stéphane Botz :Je vous confirme que le climat est anxiogène mais reste confiant sur la résilience du tourisme.
La première chose que nous attendons tous, c'est de pouvoir prendre un café ou un verre en terrasse et retrouver son restaurant de quartier. Nous sommes un pays plutôt latin et je ne vois pas la population restée enfermée ad vitam æternam.
La relation humaine est importante, donc je suis confiant. Par contre, au niveau du tourisme d'affaires, les entreprises apprennent à adapter et organiser le travail des salariés.
La période actuelle apporte un supplément de productivité. Au lieu de se déplacer, les travailleurs optimisent leur temps en faisant une visioconférence. Les outils vont faciliter et entrainer un autre mode de vie et de travail.
En matière de tourisme de loisirs, les lieux de séjour de proximité seront mis en avant et favorisés par la clientèle. En revanche les voyages à l'autre bout du monde ne seront pas seulement impactés par la covid-19, mais aussi par la vision sociétale des nouvelles générations.
Les notions de RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr) vont devenir importantes sur la manière de consommer le tourisme.
"Je pense qu'à partir de 2023, nous pourrons avoir une année en cohérence avec le passé"
TourMaG.com - L'hôtellerie devra d'une façon ou d'une autre se réinventer à la faveur de la crise...
Stéphane Botz : Je pense que les concepts vont devoir être réinventés, notamment dans la gamme intermédiaire.
Tout ce qui est hôtellerie économique et super-économique, nous voyons bien que dès que l'étau de l'épidémie se dessert, il y a davantage de fréquentation .Le haut de gamme connaîtra une trajectoire similaire, dès lors que l'aérien pourra tourner à plein.
En fait les établissements milieu de gamme 4 étoiles vont le plus souffrir de cette crise. Ce positionnement « affaires et loisirs » doit faire évoluer son concept en retravaillant son pied d'immeuble en zone urbaine ou en périphérie de ville. Ce ne doit pas être seulement un hall d'accueil, il doit être vivant.
Ces lieux doivent être ouverts à tous, pour des personnes de passage quelques heures, des travailleurs pour une demi-journée... Ensuite, la digitalisation va accélérer la manière de consommer du voyage d’affaires, avec une certaine réassurance sanitaire.
TourMaG.com - Cette hôtellerie haut de gamme, grandement à la peine, pour rester relativement poli, elle est dimensionnée pour la reprise ?
Stéphane Botz : Il faut jauger la covid-19 à l'échelle du temps, des palaces. Ils étaient là, le siècle dernier, ces hôtels de luxe seront là dans un siècle. La période covid n'est pas une bonne nouvelle, je ne vais pas le cacher, mais ces établissements ne vont pas fermer à cause de la crise sanitaire.
Nous parlons d'investisseurs qui sont là sur du long terme. La question qu'il convient de se poser : à quelle vitesse va repartir l'industrie ? Quand les clients internationaux vont revenir ? Personne ne peut répondre.
Ce qui permettra à Paris de rayonner et donc d'accueillir des étrangers, ce seront les grands évènements comme la Coupe du monde de Rugby en 2023 et les JO 2024. Ils vont attirer, en amont et après les événements sportifs, la clientèle à même de remplir ces établissements.
Le voyage fait partie des besoins des populations occidentales, donc je n'ai pas de doute, sur la reprise du tourisme. Elle se fera seulement avec la réassurance sanitaire.
Je pense que les voyageurs avec beaucoup de pouvoir d'achat repartiront plus vite que les autres.
TourMaG.com - Votre boule de cristal estime un retour à la normale pour quelle année ?
Stéphane Botz : Je me base sur des analyses de l'Organisation Mondiale du Tourisme qui prévoit un retour du tourisme en 2022, sur la base de projections publiées à la fin de l'année 2020.
Puis si nous regardons celles de IATA et EuroControle, le meilleur scénario parle d'un retour à la normale, pas avant 2024.
Chez KPMG, nous avions évoqué une date équivalente pour la reprise du tourisme d’affaires, avec un redémarrage progressif dès septembre 2021, puis à partir de mars 2022 pour le voyage événementiel liés aux salons et aux congrès.
Après je ne sais pas si nous pourrons mesurer ce que sera la nouvelle normalité. Je pense qu'à partir de 2023, nous pourrons avoir une année en cohérence avec des retours de flux de clientèles que nous connaissions.
N'oublions pas que 78% de la clientèle des hôtels français est avant tout européenne.
Stéphane Botz : Je pense que les concepts vont devoir être réinventés, notamment dans la gamme intermédiaire.
Tout ce qui est hôtellerie économique et super-économique, nous voyons bien que dès que l'étau de l'épidémie se dessert, il y a davantage de fréquentation .Le haut de gamme connaîtra une trajectoire similaire, dès lors que l'aérien pourra tourner à plein.
En fait les établissements milieu de gamme 4 étoiles vont le plus souffrir de cette crise. Ce positionnement « affaires et loisirs » doit faire évoluer son concept en retravaillant son pied d'immeuble en zone urbaine ou en périphérie de ville. Ce ne doit pas être seulement un hall d'accueil, il doit être vivant.
Ces lieux doivent être ouverts à tous, pour des personnes de passage quelques heures, des travailleurs pour une demi-journée... Ensuite, la digitalisation va accélérer la manière de consommer du voyage d’affaires, avec une certaine réassurance sanitaire.
TourMaG.com - Cette hôtellerie haut de gamme, grandement à la peine, pour rester relativement poli, elle est dimensionnée pour la reprise ?
Stéphane Botz : Il faut jauger la covid-19 à l'échelle du temps, des palaces. Ils étaient là, le siècle dernier, ces hôtels de luxe seront là dans un siècle. La période covid n'est pas une bonne nouvelle, je ne vais pas le cacher, mais ces établissements ne vont pas fermer à cause de la crise sanitaire.
Nous parlons d'investisseurs qui sont là sur du long terme. La question qu'il convient de se poser : à quelle vitesse va repartir l'industrie ? Quand les clients internationaux vont revenir ? Personne ne peut répondre.
Ce qui permettra à Paris de rayonner et donc d'accueillir des étrangers, ce seront les grands évènements comme la Coupe du monde de Rugby en 2023 et les JO 2024. Ils vont attirer, en amont et après les événements sportifs, la clientèle à même de remplir ces établissements.
Le voyage fait partie des besoins des populations occidentales, donc je n'ai pas de doute, sur la reprise du tourisme. Elle se fera seulement avec la réassurance sanitaire.
Je pense que les voyageurs avec beaucoup de pouvoir d'achat repartiront plus vite que les autres.
TourMaG.com - Votre boule de cristal estime un retour à la normale pour quelle année ?
Stéphane Botz : Je me base sur des analyses de l'Organisation Mondiale du Tourisme qui prévoit un retour du tourisme en 2022, sur la base de projections publiées à la fin de l'année 2020.
Puis si nous regardons celles de IATA et EuroControle, le meilleur scénario parle d'un retour à la normale, pas avant 2024.
Chez KPMG, nous avions évoqué une date équivalente pour la reprise du tourisme d’affaires, avec un redémarrage progressif dès septembre 2021, puis à partir de mars 2022 pour le voyage événementiel liés aux salons et aux congrès.
Après je ne sais pas si nous pourrons mesurer ce que sera la nouvelle normalité. Je pense qu'à partir de 2023, nous pourrons avoir une année en cohérence avec des retours de flux de clientèles que nous connaissions.
N'oublions pas que 78% de la clientèle des hôtels français est avant tout européenne.
'Je ne suis pas certain que l'offre hôtelière va se réduire, car la crise crée aussi des opportunités"
"Nous sommes revenus à des niveaux de fréquentation qui datent des années 1990" selon Stéphane Botz (KPMG) - DR
TourMaG.com - D'après les outils que vous avez, y aura-t-il une contraction du parc hôtelier français ?
Stéphane Botz : La covid-19 va avoir deux impacts majeurs.
La petite hôtellerie indépendante urbaine va être bien plus pénalisée que les propriétaires d'établissements repositionnés, détenant les murs et les fonds. Ces derniers sont en capacité de discuter avec leurs créanciers et banquiers, pour échelonner leurs dettes.
Les hôtels des destinations urbaines sont impactés depuis quelques années par une multitude d'évènements, comme la crise des subprimes, les Gilets Jaunes, etc.Nous risquons de voir pas mal d'établissements se transformer ou fermer, tout simplement parce que les propriétaires souhaitent changer et/ou céder
Puis, il y aura des difficultés pour les propriétaires qui détiennent exclusivement les fonds de commerce. Aujourd'hui, il doit y avoir une vraie discussion avec les bailleurs, il est indispensable d'avoir une entente cordiale avec l'aide du gouvernement, sinon ils vont être sérieusement mis en difficultés.
Je ne suis pas certain que l'offre hôtelière va se réduire, car la crise crée aussi des opportunités pour ceux qui ont des capacités à investir.
La crise immobilière des années 1990 a créé un effet de rebond dans l'investissement, donc je ne pense pas que le nombre de chambres va fortement se réduire.
TourMaG.com - Comme nous avons pu le voir avec Accor, l'hôtellerie française s'est dernièrement fortement développée non pas en étant propriétaire des murs mais en exploitant des lieux appartenant à des foncières. Ce modèle doit-il être revu ?
Stéphane Botz : Je ne sais pas, mais je pense que maintenant, les propriétaires bailleurs vont devoir intégrer dorénavant une part de risque, avec une partie du loyer variable.
Aujourd'hui la loi protège les propriétaires de fonds de commerce et il y a une nécessité de faire évoluer ce modèle avec une part de variabilité. La crise est un accélérateur, mais nous ne pouvons plus ignorer une crise des gilets jaunes, un attentat, une crise économique, etc.
Les hôteliers en zones urbaines ont connu de nombreux évènements qui ont pénalisé l'activité. De plus, je pense que la covid-19 aura un rôle correcteur en matière de valorisation d'actifs et de transactions, alors que ces dernières étaient très soutenues. Est-ce temporaire ? Nous ne savons pas.
Quand la personne achète des murs et des fonds, je peux comprendre les valorisations, mais quand elle n’achète que le fonds de commerce, il y a peut-être un sujet de régulation des valeurs.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur la foncière tourisme mise en place pour soutenir les hôteliers ?
Stéphane Botz : Avant de parler de la foncière, j'aimerais aborder le sujet des PGE (Prêt Garanti par l'Etat).
Le gouvernement mène une importante réflexion, pour savoir s'il faut les transformer en capital ou en dette à long terme, sur 7 ou 10 ans. Il est évident que le mur de la dette sera important, et en par conséquent, il sera primordial d'étaler la dette.
François Bayrou a parlé de cantonner la dette covid, je ne sais pas si nous y arriverons, mais il faut faire preuve de bienveillance envers un secteur qui représente plus de 10% du PIB en France. D'autant plus que toutes les catégories d'hébergements ne sont pas logées à la même enseigne, ni même tous les territoires.
Pour en revenir à votre question, c'est un mécanisme mis en place pour soutenir les petits hôteliers qui animent et donnent vie à un territoire. Maintenant, nous savons que les hôteliers préfèrent être propriétaires et exploitants.
Aussi, ils n'aimeront pas faire entrer un tiers dans leur capital, sauf si c’est un partenaire financier institutionnel.
Stéphane Botz : La covid-19 va avoir deux impacts majeurs.
La petite hôtellerie indépendante urbaine va être bien plus pénalisée que les propriétaires d'établissements repositionnés, détenant les murs et les fonds. Ces derniers sont en capacité de discuter avec leurs créanciers et banquiers, pour échelonner leurs dettes.
Les hôtels des destinations urbaines sont impactés depuis quelques années par une multitude d'évènements, comme la crise des subprimes, les Gilets Jaunes, etc.Nous risquons de voir pas mal d'établissements se transformer ou fermer, tout simplement parce que les propriétaires souhaitent changer et/ou céder
Puis, il y aura des difficultés pour les propriétaires qui détiennent exclusivement les fonds de commerce. Aujourd'hui, il doit y avoir une vraie discussion avec les bailleurs, il est indispensable d'avoir une entente cordiale avec l'aide du gouvernement, sinon ils vont être sérieusement mis en difficultés.
Je ne suis pas certain que l'offre hôtelière va se réduire, car la crise crée aussi des opportunités pour ceux qui ont des capacités à investir.
La crise immobilière des années 1990 a créé un effet de rebond dans l'investissement, donc je ne pense pas que le nombre de chambres va fortement se réduire.
TourMaG.com - Comme nous avons pu le voir avec Accor, l'hôtellerie française s'est dernièrement fortement développée non pas en étant propriétaire des murs mais en exploitant des lieux appartenant à des foncières. Ce modèle doit-il être revu ?
Stéphane Botz : Je ne sais pas, mais je pense que maintenant, les propriétaires bailleurs vont devoir intégrer dorénavant une part de risque, avec une partie du loyer variable.
Aujourd'hui la loi protège les propriétaires de fonds de commerce et il y a une nécessité de faire évoluer ce modèle avec une part de variabilité. La crise est un accélérateur, mais nous ne pouvons plus ignorer une crise des gilets jaunes, un attentat, une crise économique, etc.
Les hôteliers en zones urbaines ont connu de nombreux évènements qui ont pénalisé l'activité. De plus, je pense que la covid-19 aura un rôle correcteur en matière de valorisation d'actifs et de transactions, alors que ces dernières étaient très soutenues. Est-ce temporaire ? Nous ne savons pas.
Quand la personne achète des murs et des fonds, je peux comprendre les valorisations, mais quand elle n’achète que le fonds de commerce, il y a peut-être un sujet de régulation des valeurs.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur la foncière tourisme mise en place pour soutenir les hôteliers ?
Stéphane Botz : Avant de parler de la foncière, j'aimerais aborder le sujet des PGE (Prêt Garanti par l'Etat).
Le gouvernement mène une importante réflexion, pour savoir s'il faut les transformer en capital ou en dette à long terme, sur 7 ou 10 ans. Il est évident que le mur de la dette sera important, et en par conséquent, il sera primordial d'étaler la dette.
François Bayrou a parlé de cantonner la dette covid, je ne sais pas si nous y arriverons, mais il faut faire preuve de bienveillance envers un secteur qui représente plus de 10% du PIB en France. D'autant plus que toutes les catégories d'hébergements ne sont pas logées à la même enseigne, ni même tous les territoires.
Pour en revenir à votre question, c'est un mécanisme mis en place pour soutenir les petits hôteliers qui animent et donnent vie à un territoire. Maintenant, nous savons que les hôteliers préfèrent être propriétaires et exploitants.
Aussi, ils n'aimeront pas faire entrer un tiers dans leur capital, sauf si c’est un partenaire financier institutionnel.
"Nous sommes revenus à des niveaux d’arrivées étrangères qui datent des années 1990"
TourMaG.com - Comment analysez-vous le paysage hôtelier en 2021 ?
Stéphane Botz : Il n'y a pas une tendance générale, mais plutôt des paliers de reprise.
Le sujet est dans la manière d'apprécier la reprise qui se fera certainement par territoire et catégories. Nous savons que l'hôtellerie haut de gamme est impactée au moins jusqu'en septembre 2021.
Certains professionnels ouvriront prochainement, c'est important, pour maintenir des compétences au sein de ces établissements. Nous observons qu'après une année, les salariés pourraient avoir des difficultés à revenir au travail. Il est nécessaire de former à nouveau le personnel.
Le redémarrage « hôtelier » commencera tout d'abord par le segment économique, puis certains territoires seront pris d'assaut pour la saison estivale par une partie de la population voulant souffler et retrouver une vie « presque » normale.
Nous voyons que sur les destinations balnéaires, il y a une vraie prise de réservation, notamment sur les villas ou les locations meublées. Les Français se projettent déjà sur la saison estivale.
Les campings, la montagne ou encore des lieux comme les Center Parcs connaîtront demain un vrai dynamisme de réservation, en cas de réassurance sanitaire. Nous sommes dans l'attentisme du bon déroulé du plan de vaccination.
TourMaG.com - Comment jaugez-vous les conséquences de la crise sur l'hôtellerie ?
Stéphane Botz : Selon nous, 2021 sera équivalent à 2020. Nous voyons bien que l'hôtellerie ne peut pas repartir du jour au lendemain, surtout en zone urbaine.
Il n'y a pas de flux touristiques. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas jauger le niveau de la reprise réelle du tourisme. Nous savons juste que le secteur est durement touché. Il faut bien comprendre que les recettes touristiques enregistrées en France en 2020 auraient reculé de presque 60%, selon les premières estimations, tous secteurs confondus.
Les recettes enregistrées dépendent essentiellement de la bonne période hivernale avant le confinement, puis l'été. Ce n'est pas suffisant en raison de la perte de la clientèle d’affaires.
Nous sommes revenus à des niveaux d’arrivées étrangères qui datent des années 1990, nous sommes repartis 30 ans en arrière.
TourMaG.com - Que restera-t-il de cette crise ?
Stéphane Botz : Les tendances émergentes avant la covid, vont s'accélérer, comme le slow tourisme, staycation ou les voyages de proximité.
La population a besoin de souffler et de s'aérer, donc elle recherche des lieux de destination proches. Puis le télétravail va modifier aussi notre relation aux vacances. Les entreprises vont devoir faire preuve d'adaptation en matière de confort de vie, donc le tourisme va se réorienter vers de la consommation de proximité.
Aujourd'hui, les Français cherchent un cadre de vie, un environnement touristique de proximité qui répond à une meilleure manière de vivre sa vie, de vivre une expérience authentique et sécurisée sur le plan sanitaire.
Stéphane Botz : Il n'y a pas une tendance générale, mais plutôt des paliers de reprise.
Le sujet est dans la manière d'apprécier la reprise qui se fera certainement par territoire et catégories. Nous savons que l'hôtellerie haut de gamme est impactée au moins jusqu'en septembre 2021.
Certains professionnels ouvriront prochainement, c'est important, pour maintenir des compétences au sein de ces établissements. Nous observons qu'après une année, les salariés pourraient avoir des difficultés à revenir au travail. Il est nécessaire de former à nouveau le personnel.
Le redémarrage « hôtelier » commencera tout d'abord par le segment économique, puis certains territoires seront pris d'assaut pour la saison estivale par une partie de la population voulant souffler et retrouver une vie « presque » normale.
Nous voyons que sur les destinations balnéaires, il y a une vraie prise de réservation, notamment sur les villas ou les locations meublées. Les Français se projettent déjà sur la saison estivale.
Les campings, la montagne ou encore des lieux comme les Center Parcs connaîtront demain un vrai dynamisme de réservation, en cas de réassurance sanitaire. Nous sommes dans l'attentisme du bon déroulé du plan de vaccination.
TourMaG.com - Comment jaugez-vous les conséquences de la crise sur l'hôtellerie ?
Stéphane Botz : Selon nous, 2021 sera équivalent à 2020. Nous voyons bien que l'hôtellerie ne peut pas repartir du jour au lendemain, surtout en zone urbaine.
Il n'y a pas de flux touristiques. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas jauger le niveau de la reprise réelle du tourisme. Nous savons juste que le secteur est durement touché. Il faut bien comprendre que les recettes touristiques enregistrées en France en 2020 auraient reculé de presque 60%, selon les premières estimations, tous secteurs confondus.
Les recettes enregistrées dépendent essentiellement de la bonne période hivernale avant le confinement, puis l'été. Ce n'est pas suffisant en raison de la perte de la clientèle d’affaires.
Nous sommes revenus à des niveaux d’arrivées étrangères qui datent des années 1990, nous sommes repartis 30 ans en arrière.
TourMaG.com - Que restera-t-il de cette crise ?
Stéphane Botz : Les tendances émergentes avant la covid, vont s'accélérer, comme le slow tourisme, staycation ou les voyages de proximité.
La population a besoin de souffler et de s'aérer, donc elle recherche des lieux de destination proches. Puis le télétravail va modifier aussi notre relation aux vacances. Les entreprises vont devoir faire preuve d'adaptation en matière de confort de vie, donc le tourisme va se réorienter vers de la consommation de proximité.
Aujourd'hui, les Français cherchent un cadre de vie, un environnement touristique de proximité qui répond à une meilleure manière de vivre sa vie, de vivre une expérience authentique et sécurisée sur le plan sanitaire.