Frédéric Naar (1er en partant de la droite) et le comité de l'Astoi, l'équivalent du Seto en Italie - Crédit photo : Astoi
TourMaG.com - Nous avons longuement développé la subvention "fonds perdus" accordée par le gouvernement italien. En tant que vice-président de l'Astoi, le Seto local, quelle est la situation de l'industrie touristique en Italie, alors que le pays est en couvre-feu depuis quelques semaines déjà ?
Frédéric Naar : Nous ne travaillons pas ou très très peu. En dehors des vouchers, l'activité doit tourner autour de 10% en 2020 par rapport à 2019.
Vous savez, contrairement à la France nous avons pu organiser notre Top Resa local à savoir le TTG en octobre dernier. Il a bien fonctionné, car nous avions à l'époque moins de cas qu'en France.
Nous étions tous contents, car les agences sont venues en nombre, malgré la crise. Nous avions l'impression de nous en être sortis, puis voilà la deuxième vague est arrivée.
Nous attendons que celle-ci passe pour repartir.
TourMaG.com - Quel débat anime l'Italie du tourisme en ce moment ?
Frédéric Naar : Vous savez l'Europe a annoncé que les vouchers ne seraient pas interdits, en raison de la crise sanitaire, mais en contrepartie la garantie doit être publique.
Nous travaillons actuellement, avec l'Astoi, que la garantie des reports comme vous avez en France soit apportée par l'Etat et non par des entreprises privées.
Nous n'avons pas l'équivalent d'une "APST", mais une garantie pour les tour-opérateurs et d'autres avec des assureurs.
Comme nous avons toujours un train d'avance, nous travaillons pour transférer la garantie financière, des plus de 100 millions d'euros de vouchers émis, à l'Etat.
Ainsi, le poids du risque ne pèserait pas sur les acteurs privés, mais sur l'Etat, cela permettrait de rassurer les clients à l'avenir.
Frédéric Naar : Nous ne travaillons pas ou très très peu. En dehors des vouchers, l'activité doit tourner autour de 10% en 2020 par rapport à 2019.
Vous savez, contrairement à la France nous avons pu organiser notre Top Resa local à savoir le TTG en octobre dernier. Il a bien fonctionné, car nous avions à l'époque moins de cas qu'en France.
Nous étions tous contents, car les agences sont venues en nombre, malgré la crise. Nous avions l'impression de nous en être sortis, puis voilà la deuxième vague est arrivée.
Nous attendons que celle-ci passe pour repartir.
TourMaG.com - Quel débat anime l'Italie du tourisme en ce moment ?
Frédéric Naar : Vous savez l'Europe a annoncé que les vouchers ne seraient pas interdits, en raison de la crise sanitaire, mais en contrepartie la garantie doit être publique.
Nous travaillons actuellement, avec l'Astoi, que la garantie des reports comme vous avez en France soit apportée par l'Etat et non par des entreprises privées.
Nous n'avons pas l'équivalent d'une "APST", mais une garantie pour les tour-opérateurs et d'autres avec des assureurs.
Comme nous avons toujours un train d'avance, nous travaillons pour transférer la garantie financière, des plus de 100 millions d'euros de vouchers émis, à l'Etat.
Ainsi, le poids du risque ne pèserait pas sur les acteurs privés, mais sur l'Etat, cela permettrait de rassurer les clients à l'avenir.
"Il y a eu pas mal de manifestations dont une à Rome devant le Parlement, avec beaucoup d'agents de voyages"
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TourMaG.com - Comment se passe le système des garanties en Italie ?
Frédéric Naar : L'APST a un historique plus ancien que le fonds de garantie italien.
En Italie, c'est une histoire plus récente, car les garanties sont apparues, il y a seulement quelques années. Ayant peu d'antécédent, les fonds sont assez peu financés.
Il existe différents garants, dont l'un pour les tour-opérateurs, d'autres pour des réseaux d'agences et des assureurs privés. Pour le moment je ne sais pas comment se porte notre système puisque tout est bloqué. Il n'y a pas d'activité.
Le problème se posera dans un an, avec la fin de la validité des vouchers, d'où notre démarche de substituer la garantie de l'Etat. Notre modèle n'est pas prévu pour un tel cataclysme, mais pour une faillite de temps en temps, aucun fonds de garantie ne peut tenir.
TourMaG.com - Vous devez suivre l'actualité de la distribution et production en France. Les acteurs montrent de plus en plus de signes de faiblesse, qu'en est-il chez vous ?
Frédéric Naar : Nous répondons tous présents ou presque.
Il y a eu pas mal de manifestations dont une à Rome devant le Parlement, avec beaucoup d'agents de voyages. Nous avons fait énormément de pression pour que le gouvernement agisse et débloque la fameuse aide des "fonds perdus".
Pour le moment, au sein des tour-opérateurs, il y a eu une seule faillite, assez spectaculaire. Cela concerne une société suédoise, STS Education, spécialiste des voyages d'études pour les jeunes.
L'entreprise a différentes filiales en Europe dont une en France et Allemagne, l'entreprise a fermé en Suède. Ils ont pris toute la caisse italienne, un peu comme l'a fait Thomas Cook, pour rouvrir aussitôt derrière.
Nous allons essayer de récupérer les sommes. C'est un assez petit TO chez nous. En attendant tout le monde essaye de survivre.
Frédéric Naar : L'APST a un historique plus ancien que le fonds de garantie italien.
En Italie, c'est une histoire plus récente, car les garanties sont apparues, il y a seulement quelques années. Ayant peu d'antécédent, les fonds sont assez peu financés.
Il existe différents garants, dont l'un pour les tour-opérateurs, d'autres pour des réseaux d'agences et des assureurs privés. Pour le moment je ne sais pas comment se porte notre système puisque tout est bloqué. Il n'y a pas d'activité.
Le problème se posera dans un an, avec la fin de la validité des vouchers, d'où notre démarche de substituer la garantie de l'Etat. Notre modèle n'est pas prévu pour un tel cataclysme, mais pour une faillite de temps en temps, aucun fonds de garantie ne peut tenir.
TourMaG.com - Vous devez suivre l'actualité de la distribution et production en France. Les acteurs montrent de plus en plus de signes de faiblesse, qu'en est-il chez vous ?
Frédéric Naar : Nous répondons tous présents ou presque.
Il y a eu pas mal de manifestations dont une à Rome devant le Parlement, avec beaucoup d'agents de voyages. Nous avons fait énormément de pression pour que le gouvernement agisse et débloque la fameuse aide des "fonds perdus".
Pour le moment, au sein des tour-opérateurs, il y a eu une seule faillite, assez spectaculaire. Cela concerne une société suédoise, STS Education, spécialiste des voyages d'études pour les jeunes.
L'entreprise a différentes filiales en Europe dont une en France et Allemagne, l'entreprise a fermé en Suède. Ils ont pris toute la caisse italienne, un peu comme l'a fait Thomas Cook, pour rouvrir aussitôt derrière.
Nous allons essayer de récupérer les sommes. C'est un assez petit TO chez nous. En attendant tout le monde essaye de survivre.
"Durant la crise (2008-2013) nous avons perdu 50% des tour-opérateurs italiens"
TourMaG.com - D'ailleurs pour survivre, le gouvernement avait, il me semble, distribué des chèques-vacances à hauteur de 500 euros, afin de favoriser la reprise du secteur. Cette dernière solution a été étendue récemment jusqu'à la fin de l'année 2020. Quel bilan dressez-vous ?
Frédéric Naar : Cela n'a pas du tout marché.
Le gouvernement accordait un voucher pouvant atteindre 500 euros, mais pas sous forme numéraire. Pour atteindre le plafond, il fallait être une famille de 4 personnes et vivre avec un niveau de salaire en dessous d'un certain montant.
Au lieu de donner des chèques-vacances, l'aide se matérialise par un crédit d'impôt pour le client au moment de faire sa déclaration d'impôt et la même chose pour l'hôtel.
Sauf que les hôteliers, après une année aussi difficile ne voulait pas d'un crédit d'impôt, donc ils ont refusé de prendre en compte cette mesure. Le gouvernement avait budgétisé 2 ou 3 milliards d'euros sur cette opération, mais moins de 200 millions ont été utilisés.
En plus, ce bon n'était pas utilisable dans les agences de voyages, mais seulement en réservation directe. Pour en revenir à la subvention "fonds perdus", les 625 millions d'euros débloqués par l'Etat, par rapport à la perte des milliards d'euros du secteur, ce n'est pas énorme.
Ce n'est vraiment pas beaucoup pour une industrie qui devra repartir de zéro ou qui passera dans les mains d'entreprises étrangères.
TourMaG.com - Avant la crise le marché était assez sain ?
Frédéric Naar : Pour que vous compreniez la situation, il faut remonter la grande crise qui a secoué l'Italie entre 2008 et 2013.
En raison de ce crack économique, nous avons enregistré énormément de fermetures de tour-opérateurs. Durant cette période, nous avons perdu 50% des producteurs du voyage.
Ainsi, ceux qui ont su affronter la crise se portaient assez bien. Nous sortions de deux années correctes et 2020 s'annonçait comme très bonne. Le démarrage était très soutenu et puis, il y a eu la covid-19.
Nous nous attendons à un redémarrage très lent.
Il se pose aussi un problème pour l'industrie. Une personne qui travaille chez un tour-opérateur ou une agence fait un métier très spécialisé, donc à 50 ans, il est très compliqué de refaire sa vie ailleurs. Il faut repartir de zéro.
Comme toute l'industrie est en crise, il est nécessaire de l'aider durablement pour éviter de créer un chômage important de personnes qui pourraient avoir plus de mal à trouver du travailler, en dehors de son secteur.
Frédéric Naar : Cela n'a pas du tout marché.
Le gouvernement accordait un voucher pouvant atteindre 500 euros, mais pas sous forme numéraire. Pour atteindre le plafond, il fallait être une famille de 4 personnes et vivre avec un niveau de salaire en dessous d'un certain montant.
Au lieu de donner des chèques-vacances, l'aide se matérialise par un crédit d'impôt pour le client au moment de faire sa déclaration d'impôt et la même chose pour l'hôtel.
Sauf que les hôteliers, après une année aussi difficile ne voulait pas d'un crédit d'impôt, donc ils ont refusé de prendre en compte cette mesure. Le gouvernement avait budgétisé 2 ou 3 milliards d'euros sur cette opération, mais moins de 200 millions ont été utilisés.
En plus, ce bon n'était pas utilisable dans les agences de voyages, mais seulement en réservation directe. Pour en revenir à la subvention "fonds perdus", les 625 millions d'euros débloqués par l'Etat, par rapport à la perte des milliards d'euros du secteur, ce n'est pas énorme.
Ce n'est vraiment pas beaucoup pour une industrie qui devra repartir de zéro ou qui passera dans les mains d'entreprises étrangères.
TourMaG.com - Avant la crise le marché était assez sain ?
Frédéric Naar : Pour que vous compreniez la situation, il faut remonter la grande crise qui a secoué l'Italie entre 2008 et 2013.
En raison de ce crack économique, nous avons enregistré énormément de fermetures de tour-opérateurs. Durant cette période, nous avons perdu 50% des producteurs du voyage.
Ainsi, ceux qui ont su affronter la crise se portaient assez bien. Nous sortions de deux années correctes et 2020 s'annonçait comme très bonne. Le démarrage était très soutenu et puis, il y a eu la covid-19.
Nous nous attendons à un redémarrage très lent.
Il se pose aussi un problème pour l'industrie. Une personne qui travaille chez un tour-opérateur ou une agence fait un métier très spécialisé, donc à 50 ans, il est très compliqué de refaire sa vie ailleurs. Il faut repartir de zéro.
Comme toute l'industrie est en crise, il est nécessaire de l'aider durablement pour éviter de créer un chômage important de personnes qui pourraient avoir plus de mal à trouver du travailler, en dehors de son secteur.
"En Italie, il est interdit de licencier pour une entreprise qui bénéficie du chômage partiel"
TourMaG.com - Vous suivez certainement les plans sociaux chez certains acteurs français, connaissez-vous une vague de PSE aussi en Italie ?
Frédéric Naar : En Italie, il est interdit de licencier pour une entreprise qui bénéficie du chômage partiel.
Les entreprises ne peuvent pas licencier tant qu'elles ont recours au "chômage covid", les PSE sont interdits. Ce qu'il se passe en France est surprenant pour nous.
Certains parlent tout de même de suppression de postes.
Le chômage partiel a été renouvelé jusque fin janvier 2021, parallèlement l'interdiction de licencier a été renouvelée. Ils ont anesthésié le secteur, plus rien ne bouge, tout est endormi.
TourMaG.com - Pour réveiller cette belle endormie, il y a eu un long débat sur la vente de la destination France dans les agences de voyages . Avez-vous connu la même chose en Italie ?
Frédéric Naar : Il y a eu des campagnes pour promouvoir la destination Italie aux Italiens.
Mais comme notre ministre du Tourisme a dit qu'il ne savait pas ce qu'était une agence de voyages, nous n'avons pas été englobés dans cette stratégie.
Le message était globalement : profitez de l'Italie car les hôtels sont vides.
De plus l'Italie a géré d'une façon différente la propagation du virus. Le gouvernement a eu tellement peur, qu'il a totalement suivi les recommandations des médecins, sans penser à l'économie comme c'est le cas aux USA.
Ainsi, il n'y a pas eu vraiment de débat, ni de stratégie, tant que la santé prévaut sur le reste.
Frédéric Naar : En Italie, il est interdit de licencier pour une entreprise qui bénéficie du chômage partiel.
Les entreprises ne peuvent pas licencier tant qu'elles ont recours au "chômage covid", les PSE sont interdits. Ce qu'il se passe en France est surprenant pour nous.
Certains parlent tout de même de suppression de postes.
Le chômage partiel a été renouvelé jusque fin janvier 2021, parallèlement l'interdiction de licencier a été renouvelée. Ils ont anesthésié le secteur, plus rien ne bouge, tout est endormi.
TourMaG.com - Pour réveiller cette belle endormie, il y a eu un long débat sur la vente de la destination France dans les agences de voyages . Avez-vous connu la même chose en Italie ?
Frédéric Naar : Il y a eu des campagnes pour promouvoir la destination Italie aux Italiens.
Mais comme notre ministre du Tourisme a dit qu'il ne savait pas ce qu'était une agence de voyages, nous n'avons pas été englobés dans cette stratégie.
Le message était globalement : profitez de l'Italie car les hôtels sont vides.
De plus l'Italie a géré d'une façon différente la propagation du virus. Le gouvernement a eu tellement peur, qu'il a totalement suivi les recommandations des médecins, sans penser à l'économie comme c'est le cas aux USA.
Ainsi, il n'y a pas eu vraiment de débat, ni de stratégie, tant que la santé prévaut sur le reste.
"Fin septembre, tout était prêt pour la création de couloirs aériens depuis l'Italie..."
TourMaG.com - Les agences de voyages sont-elles encore ouvertes ?
Frédéric Naar : En Italie, nous avons un confinement par région.
Par exemple en Lombardie, nous sommes en zone Rouge, donc tout est fermé. Par contre Rome est en zone jaune, où les magasins sont ouverts et donc les agences.
Sauf que le gouvernement se rend compte que cette stratégie ne fonctionne pas bien pour stopper l'épidémie. Il voulait que l'activité économie perdure et éviter une récession importante, alors que la reprise était en deçà des attentes.
TourMaG.com - Quel bilan faites-vous de l'année ?
Frédéric Naar : Vous savez, en ce moment mieux vaut ne rien faire et attendre.
Nous tablons sur une reprise en partie en 2021. Par contre ce qui est intéressant avec ce que nous venons de vivre, c'est que nous avons des ministres comme interlocuteur.
Ce n'était pas le cas avant.
Comme l'épidémie était plutôt maîtrisée jusque là, nous avions organisé une rencontre fin septembre avec le ministère des Affaires étrangères, pour le déploiement des tests rapides au départ et au retour des vols.
Le ministère des Affaires étrangères devait en parler avec ses homologues. Tout était prêt pour la création de couloirs aériens, vers des pays avec lesquels il était possible de voyager, mais le ministère de la Santé a tout stoppé, car il voyait venir la deuxième vague.
Pour le moment les Italiens ne peuvent rester qu'en Europe, nous espérons qu'en 2021, ils vont libérer le voyage et arrêter de bloquer les compagnies aériennes.
A un moment, ils vont devoir rouvrir les voyages internationaux, sinon la situation actuelle ne tiendra pas.
Frédéric Naar : En Italie, nous avons un confinement par région.
Par exemple en Lombardie, nous sommes en zone Rouge, donc tout est fermé. Par contre Rome est en zone jaune, où les magasins sont ouverts et donc les agences.
Sauf que le gouvernement se rend compte que cette stratégie ne fonctionne pas bien pour stopper l'épidémie. Il voulait que l'activité économie perdure et éviter une récession importante, alors que la reprise était en deçà des attentes.
TourMaG.com - Quel bilan faites-vous de l'année ?
Frédéric Naar : Vous savez, en ce moment mieux vaut ne rien faire et attendre.
Nous tablons sur une reprise en partie en 2021. Par contre ce qui est intéressant avec ce que nous venons de vivre, c'est que nous avons des ministres comme interlocuteur.
Ce n'était pas le cas avant.
Comme l'épidémie était plutôt maîtrisée jusque là, nous avions organisé une rencontre fin septembre avec le ministère des Affaires étrangères, pour le déploiement des tests rapides au départ et au retour des vols.
Le ministère des Affaires étrangères devait en parler avec ses homologues. Tout était prêt pour la création de couloirs aériens, vers des pays avec lesquels il était possible de voyager, mais le ministère de la Santé a tout stoppé, car il voyait venir la deuxième vague.
Pour le moment les Italiens ne peuvent rester qu'en Europe, nous espérons qu'en 2021, ils vont libérer le voyage et arrêter de bloquer les compagnies aériennes.
A un moment, ils vont devoir rouvrir les voyages internationaux, sinon la situation actuelle ne tiendra pas.