La venue de Jean-Cyril Spinetta, pdg d'Air France, était très attendue par les participants du Cannes Airlines Forum qui a fermé ses portes ce week end à Cannes.
Ils n'ont pas été déçus du voyage : le patron de la compagnie tricolore a dénoncé tour à tour la hausse des charges qui ne cessent de croître, le prix du baril de pétrole, l'accès au marché trop facile de certains opérateurs aériens non viables et la concurrence avec le TGV qui est un moyen de transport concurrentiel et non une ligne de service public.
Jean-Cyril Spinetta, qui intervenait sur le thème "Les conditions indispensables pour pérenniser le modèle des Majors, a tout d'abord rappelé la faiblesse chronique du secteur aérien. En 16 années, les profits des Compagnies aériennes ont été de 47 milliards de dollars contre... 51 milliards de pertes au niveau mondial !
"Nous pouvons remonter à 20, 30 ou même 50 années de référence, nous nous apercevrons que notre industrie a toujours fait des pertes", regrette l'orateur qui qualifie cette situation de calamiteuse" car "nous détruisons énormément de valeur".
Network carriers et Cies de Point à point parfaitement complémentaires
Et 2004 ne sera pas, loin s'en faut, l'année de la reprise, pour cause de ce "choc pétrolier que l'on ne prend pas suffisamment en compte" et dont l'écart du prix du baril sur une année sera quasiment du simple au double (96%).
Par exemple, sur son réseau transatlantique (le plus rentable), AF a enregistré une hausse de 242 dollars A/R par passager transporté. Pour Air France, cette charge supplémentaire représentera 550 Mie cette année et +78% en pourcentage mais la Compagnie annonce qu'elle sera encore "positive" en 2004, même si les choses deviennent d'année en année plus délicates.
Quand il analyse le modèle économique actuel du secteur aérien, J-C. Spinetta ne l'estime pas obsolète :"Le transport aérien demeure le système nerveux de l'économie européenne et la désintermédiation (low cost) ne fait rien à l'affaire. Les Network carriers (Cies de réseau avec un hub) et les Cies de Point à point (dont les low cost) sont parfaitement complémentaires.
Il rappelle aussi que, malgré les performances "convenables" affichées par le secteur aérien depuis le 11 septembre, les hausses des charges, les coûts de sûreté, les redevances et autres taxes ont littéralement explosé, avec +38% entre 2000 et 2003 alors que le trafic a sur la période connu un recul de 0,2%.
"Il faut maintenant décider une forme de moratoire sur les charges, arrêter, et puis se donner le temps de parler et de réfléchir pour voir comment on peut fixer pour l'avenir des règles qui ne soient pas aussi stupides".
Autre phénomène et non des moindres : la concurrence du TGV. Si longtemps la Sncf et Air France ont eu le même actionnaire, aujourd'hui le PDG d'Air France ne voit plus les choses du même oeil. Pour lui, les lignes à grandes vitesse ne font pas partie du service public.
Par ailleurs, en tant que Président de l'Association internationale des transporteurs aériens (IATA), il a tancé aussi la politique européenne en matière d'infrastructures qui fait selon lui la part trop belle aux liaisons à grande vitesse.
6e Liberté : les Cies ne sont pas sur un pied d'égalité
"Certains en Europe (...) caressent l'idée que le transport aérien pourrait être organisé en Europe autour d'aéroports et de compagnies aériennes concentrés sur le long courrier et de liaisons court et moyen courrier assurées par un réseau de train à grande vitesse".
"Je pense que c'est une illusion et une erreur stratégique grave que l'Europe paiera rudement". En matière de transport, "le seul instrument (...) d'intégration économique et citoyenne de l'Europe s'appelle l'avion".
Enfin, à propos des compagnies dites de "sixième liberté", c'est-à-dire n'ayant pas de marché domestique et générant du trafic à partir de points éloignés de leur base, comme Emirates, J.-C. Spinetta, persiste et signe : on ne peut traiter sur un pied d'égalité les conditions d'accès à des marchés aussi différents en termes de potentiel.
"Je ne ferai pas l'injure à M. Clark de contester ses propos", a-t-il dit, alors que le président d'Emirates Timothy Clark venait d'assurer que sa compagnie ne bénéficiait ni de subventions, ni de faveur gouvernementale, ni d'un accès privilégié au marché pétrolier.
"Je lui demande très simplement s'il accepterait, pour que nous profitions tous de la qualité de ce qu'il fait, d'ouvrir l'ensemble de ses comptes à une mission d'Air France-KLM", pour "comprendre quel est le modèle, comment il fonctionne". "Moi j'y suis prêt", a-t-il affirmé.
Jean DA LUZ à Cannes - redaction@tourmag.com
Ils n'ont pas été déçus du voyage : le patron de la compagnie tricolore a dénoncé tour à tour la hausse des charges qui ne cessent de croître, le prix du baril de pétrole, l'accès au marché trop facile de certains opérateurs aériens non viables et la concurrence avec le TGV qui est un moyen de transport concurrentiel et non une ligne de service public.
Jean-Cyril Spinetta, qui intervenait sur le thème "Les conditions indispensables pour pérenniser le modèle des Majors, a tout d'abord rappelé la faiblesse chronique du secteur aérien. En 16 années, les profits des Compagnies aériennes ont été de 47 milliards de dollars contre... 51 milliards de pertes au niveau mondial !
"Nous pouvons remonter à 20, 30 ou même 50 années de référence, nous nous apercevrons que notre industrie a toujours fait des pertes", regrette l'orateur qui qualifie cette situation de calamiteuse" car "nous détruisons énormément de valeur".
Network carriers et Cies de Point à point parfaitement complémentaires
Et 2004 ne sera pas, loin s'en faut, l'année de la reprise, pour cause de ce "choc pétrolier que l'on ne prend pas suffisamment en compte" et dont l'écart du prix du baril sur une année sera quasiment du simple au double (96%).
Par exemple, sur son réseau transatlantique (le plus rentable), AF a enregistré une hausse de 242 dollars A/R par passager transporté. Pour Air France, cette charge supplémentaire représentera 550 Mie cette année et +78% en pourcentage mais la Compagnie annonce qu'elle sera encore "positive" en 2004, même si les choses deviennent d'année en année plus délicates.
Quand il analyse le modèle économique actuel du secteur aérien, J-C. Spinetta ne l'estime pas obsolète :"Le transport aérien demeure le système nerveux de l'économie européenne et la désintermédiation (low cost) ne fait rien à l'affaire. Les Network carriers (Cies de réseau avec un hub) et les Cies de Point à point (dont les low cost) sont parfaitement complémentaires.
Il rappelle aussi que, malgré les performances "convenables" affichées par le secteur aérien depuis le 11 septembre, les hausses des charges, les coûts de sûreté, les redevances et autres taxes ont littéralement explosé, avec +38% entre 2000 et 2003 alors que le trafic a sur la période connu un recul de 0,2%.
"Il faut maintenant décider une forme de moratoire sur les charges, arrêter, et puis se donner le temps de parler et de réfléchir pour voir comment on peut fixer pour l'avenir des règles qui ne soient pas aussi stupides".
Autre phénomène et non des moindres : la concurrence du TGV. Si longtemps la Sncf et Air France ont eu le même actionnaire, aujourd'hui le PDG d'Air France ne voit plus les choses du même oeil. Pour lui, les lignes à grandes vitesse ne font pas partie du service public.
Par ailleurs, en tant que Président de l'Association internationale des transporteurs aériens (IATA), il a tancé aussi la politique européenne en matière d'infrastructures qui fait selon lui la part trop belle aux liaisons à grande vitesse.
6e Liberté : les Cies ne sont pas sur un pied d'égalité
"Certains en Europe (...) caressent l'idée que le transport aérien pourrait être organisé en Europe autour d'aéroports et de compagnies aériennes concentrés sur le long courrier et de liaisons court et moyen courrier assurées par un réseau de train à grande vitesse".
"Je pense que c'est une illusion et une erreur stratégique grave que l'Europe paiera rudement". En matière de transport, "le seul instrument (...) d'intégration économique et citoyenne de l'Europe s'appelle l'avion".
Enfin, à propos des compagnies dites de "sixième liberté", c'est-à-dire n'ayant pas de marché domestique et générant du trafic à partir de points éloignés de leur base, comme Emirates, J.-C. Spinetta, persiste et signe : on ne peut traiter sur un pied d'égalité les conditions d'accès à des marchés aussi différents en termes de potentiel.
"Je ne ferai pas l'injure à M. Clark de contester ses propos", a-t-il dit, alors que le président d'Emirates Timothy Clark venait d'assurer que sa compagnie ne bénéficiait ni de subventions, ni de faveur gouvernementale, ni d'un accès privilégié au marché pétrolier.
"Je lui demande très simplement s'il accepterait, pour que nous profitions tous de la qualité de ce qu'il fait, d'ouvrir l'ensemble de ses comptes à une mission d'Air France-KLM", pour "comprendre quel est le modèle, comment il fonctionne". "Moi j'y suis prêt", a-t-il affirmé.
Jean DA LUZ à Cannes - redaction@tourmag.com