Son titre de gloire a été le rapprochement avec KLM en grande difficulté au début des années 2000. La vision était belle, même si les cultures des deux transporteurs étaient et sont encore très différentes. - DR
Je passerai sur la période Air Inter qu’il a quittée pour ne pas accepter la fusion avec Air France, devenue inéluctable par la vente d’UTA à la compagnie nationale, ce qui lui conférait ainsi la majorité du capital d’Air Inter.
Sa démission alors ne manquait pas de panache.
Son retour aux affaires aériennes n'aurait certainement pas eu lieu si Christian Blanc n’avait pas été au conflit avec le Premier Ministre du moment, Lionel Jospin.
Et même alors il n’était pas évident de le voir revenir de Bruxelles où il exerçait ses talents.
Il a pris une compagnie en profonde mutation qui était en convalescence après la désastreuse période de Bernard Attali. Rappelons qu’il a fallu recapitaliser Air France à hauteur de 22 milliards de francs pour éviter le dépôt de bilan.
Le premier grand mérite de Jean Cyril Spinetta a été de ne pas modifier la direction stratégique imprimée par Christian Blanc et de poursuivre le développement de la compagnie à partir du « hub » de Roissy. Au fond ce n’était pas si évident que cela.
Sa démission alors ne manquait pas de panache.
Son retour aux affaires aériennes n'aurait certainement pas eu lieu si Christian Blanc n’avait pas été au conflit avec le Premier Ministre du moment, Lionel Jospin.
Et même alors il n’était pas évident de le voir revenir de Bruxelles où il exerçait ses talents.
Il a pris une compagnie en profonde mutation qui était en convalescence après la désastreuse période de Bernard Attali. Rappelons qu’il a fallu recapitaliser Air France à hauteur de 22 milliards de francs pour éviter le dépôt de bilan.
Le premier grand mérite de Jean Cyril Spinetta a été de ne pas modifier la direction stratégique imprimée par Christian Blanc et de poursuivre le développement de la compagnie à partir du « hub » de Roissy. Au fond ce n’était pas si évident que cela.
Son titre de gloire a été le rapprochement avec KLM
Mais son titre de gloire a été le rapprochement avec KLM en grande difficulté au début des années 2000. La vision était belle, même si les cultures des deux transporteurs étaient et sont encore très différentes.
Il se trouve qu’une vraie complicité s’est créée entre le Président d’Air France et celui de KLM Leo Van Wijk. Ces deux-là ont réussi une vraie prouesse, celle de créer un transporteur de tout premier rang tout au moins quant au volume de passagers et de chiffre d’affaires.
La stratégie de rapprochement s’est avérée très profitable pendant les premières années. En effet les responsables avaient fait l’analyse de la complémentarité de leurs réseaux, ce qui fait qu’avec la même flotte, en évitant les doublons peu nombreux, ils ont pu créer un formidable accélérateur de croissance, sans charges supplémentaires.
Et cela s’est traduit dans les résultats : 341 millions de profit en 2004, 1.704 millions en 2005, 913 en 2006, 891 en 2007 et 748 millions en 2008.
Au total pendant 5 ans le groupe a accumulé plus de 4,5 milliards d’euros de résultat. Saluons tout de même la performance, même si elle était due pour l’essentiel aux surcharges carburant.
Il se trouve qu’une vraie complicité s’est créée entre le Président d’Air France et celui de KLM Leo Van Wijk. Ces deux-là ont réussi une vraie prouesse, celle de créer un transporteur de tout premier rang tout au moins quant au volume de passagers et de chiffre d’affaires.
La stratégie de rapprochement s’est avérée très profitable pendant les premières années. En effet les responsables avaient fait l’analyse de la complémentarité de leurs réseaux, ce qui fait qu’avec la même flotte, en évitant les doublons peu nombreux, ils ont pu créer un formidable accélérateur de croissance, sans charges supplémentaires.
Et cela s’est traduit dans les résultats : 341 millions de profit en 2004, 1.704 millions en 2005, 913 en 2006, 891 en 2007 et 748 millions en 2008.
Au total pendant 5 ans le groupe a accumulé plus de 4,5 milliards d’euros de résultat. Saluons tout de même la performance, même si elle était due pour l’essentiel aux surcharges carburant.
L'arrivée des Low Cost et des compagnies du Golfe
Seulement la conjoncture s’est retournée.
Le groupe Air France /KLM fort de ses profits n’a pas vu ou pas voulu voir arriver les compagnies « low costs » et les transporteurs du Golfe.
Les uns et les autres ont attaqué Air France/KLM sur le dur de leur clientèle. En proposant un produit simple sur le moyen-courrier, les « low costs » ont progressivement vidé la clientèle affaires qui représentait l’essentiel du résultat.
Et les opérateurs du Golfe ont, eux, drainé les clients des classes affaires et première sur tout le réseau asiatique.
L’erreur majeure a alors été de ne pas prendre en compte ces dangers potentiels, alors qu’ils étaient parfaitement prévisibles.
En dehors de la réaction de colère devant l’arrivée de ces intrus, les dirigeants d’Air France/KLM ont réagi en faisant baisser leurs coûts sur le dos de leurs clients.
Ceci en diminuant de manière constante et importante la qualité de leur produit. Tout cela pour éviter les efforts qui devaient être faits à l’intérieur de la compagnie, à l’inverse de ce qui a été fait par British Airways à la même période.
Le groupe Air France /KLM fort de ses profits n’a pas vu ou pas voulu voir arriver les compagnies « low costs » et les transporteurs du Golfe.
Les uns et les autres ont attaqué Air France/KLM sur le dur de leur clientèle. En proposant un produit simple sur le moyen-courrier, les « low costs » ont progressivement vidé la clientèle affaires qui représentait l’essentiel du résultat.
Et les opérateurs du Golfe ont, eux, drainé les clients des classes affaires et première sur tout le réseau asiatique.
L’erreur majeure a alors été de ne pas prendre en compte ces dangers potentiels, alors qu’ils étaient parfaitement prévisibles.
En dehors de la réaction de colère devant l’arrivée de ces intrus, les dirigeants d’Air France/KLM ont réagi en faisant baisser leurs coûts sur le dos de leurs clients.
Ceci en diminuant de manière constante et importante la qualité de leur produit. Tout cela pour éviter les efforts qui devaient être faits à l’intérieur de la compagnie, à l’inverse de ce qui a été fait par British Airways à la même période.
Un bilan bien moyen surtout dans la deuxième partie de son mandat
Et les résultats se sont mis à plonger.
Une perte de 814 millions d’euros en 2009, de 1.559 millions en 2010, de 809 millions en 2011 et de 1.192 millions en 2012.
De quoi effacer tous les profits engrangés précédemment. Si on fait le compte à fin mars (derniers résultats publiés avec une perte de plus de 600 millions au premier trimestre 2013), le résultat cumulé depuis la fusion entre Air France et KLM se solde par une perte de plus de 400 millions d’euros.
Avouons que c’est pour le moins décevant pour ne pas dire plus.
Rajoutons que pendant la période de gouvernance de Jean Cyril Spinetta, Air France a connu 3 accidents majeurs : le crash du Concorde le 25 juillet 2000, la sortie de piste de Toronto, heureusement sans victimes, le 02 août 2005 et la fin tragique du vol Rio Paris le 01 juin 2009.
Au total, le bilan de Jean Cyril Spinetta aura été bien moyen, surtout dans la deuxième partie de son mandat. Cela est très dommage car l’homme est chaleureux et déterminé. Et il sait affronter les chocs avec grande dignité comme il l’a montré lors des accidents.
Souhaitons une meilleure chance à son successeur qui hérite d’une situation particulièrement dégradée : des comptes en berne et un produit à reconstruire. Ce n’est pas gagné !
Une perte de 814 millions d’euros en 2009, de 1.559 millions en 2010, de 809 millions en 2011 et de 1.192 millions en 2012.
De quoi effacer tous les profits engrangés précédemment. Si on fait le compte à fin mars (derniers résultats publiés avec une perte de plus de 600 millions au premier trimestre 2013), le résultat cumulé depuis la fusion entre Air France et KLM se solde par une perte de plus de 400 millions d’euros.
Avouons que c’est pour le moins décevant pour ne pas dire plus.
Rajoutons que pendant la période de gouvernance de Jean Cyril Spinetta, Air France a connu 3 accidents majeurs : le crash du Concorde le 25 juillet 2000, la sortie de piste de Toronto, heureusement sans victimes, le 02 août 2005 et la fin tragique du vol Rio Paris le 01 juin 2009.
Au total, le bilan de Jean Cyril Spinetta aura été bien moyen, surtout dans la deuxième partie de son mandat. Cela est très dommage car l’homme est chaleureux et déterminé. Et il sait affronter les chocs avec grande dignité comme il l’a montré lors des accidents.
Souhaitons une meilleure chance à son successeur qui hérite d’une situation particulièrement dégradée : des comptes en berne et un produit à reconstruire. Ce n’est pas gagné !
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com