"Ceux qui accusent un tourisme élitiste se trompent donc. Je pense qu’au contraire l'élite financera l'essentiel de la contribution nécessaire à passer à un tourisme carbone neutre. /crédit photo © Marc Azoulay
TourMaG.com - Quels sont selon vous, les grands enjeux pour la France en 2021 ?
Jean-François Rial : "Selon moi, au delà de la crise sanitaire, les enjeux pour la France à court et long terme sont sur l’écologie et la rénovation du débat public.
Avant toute chose, il faut sortir de la crise sanitaire. Plus qu’un enjeu, c'est une nécessité, mais on peut l’espérer pour l’été 2021. La combinaison vitamine D niveau d’immunité atteint et vaccin devrait nous le permettre.
Le premier véritable enjeu pour notre pays sera alors de rentrer véritablement dans la transition écologique, de façon profonde et non politicienne, et cela sans risquer de se voir traiter de bobo écolo ou d'écologistes régressifs. Il faut comprendre que l'enjeu écologique est une obligation pour tous les Français, riches, moins riches, pauvres.
Ce passage à un mode de vie plus respectueux de notre planète mérite un débat de bien meilleure qualité que ceux rencontrés à l’heure actuelle, qui se limitent aux oppositions stériles. Le climat et la biodiversité méritent mieux !
Le deuxième grand enjeu pour la France serait de parvenir à débattre des sujets importants de façon plus sereine. Accepter les désaccords sans pour autant tomber dans les invectives, dans les caricatures relayées à tout va par les chaînes d’information en continu, sur les réseaux sociaux et dans les manifestations.
Cela devient absolument insupportable et je ne vois pas comment une République et ses citoyens peuvent évoluer dans un tel climat. Il devient impossible de discuter sur la dette, l’intégration, le chômage, l'islam, l'écologie, les réformes économiques, la fonction publique, la constitution. La parole est donnée uniquement aux extrêmes de tous bords, bien qu’ils ne soient pas majoritaires.
C'est la prime à l’excès, la désinformation, les fake news, l’impossibilité de la nuance, à la caricature, à la violence verbale et c'est un grave problème pour notre démocratie. Les journalistes ont une sérieuse responsabilité sur ce sujet, même s'ils ne sont aussi que le reflet de ce que nous sommes collectivement devenus. Sans une profonde introspection sur ce sujet, rien de grand ne sera possible en France."
Jean-François Rial : "Selon moi, au delà de la crise sanitaire, les enjeux pour la France à court et long terme sont sur l’écologie et la rénovation du débat public.
Avant toute chose, il faut sortir de la crise sanitaire. Plus qu’un enjeu, c'est une nécessité, mais on peut l’espérer pour l’été 2021. La combinaison vitamine D niveau d’immunité atteint et vaccin devrait nous le permettre.
Le premier véritable enjeu pour notre pays sera alors de rentrer véritablement dans la transition écologique, de façon profonde et non politicienne, et cela sans risquer de se voir traiter de bobo écolo ou d'écologistes régressifs. Il faut comprendre que l'enjeu écologique est une obligation pour tous les Français, riches, moins riches, pauvres.
Ce passage à un mode de vie plus respectueux de notre planète mérite un débat de bien meilleure qualité que ceux rencontrés à l’heure actuelle, qui se limitent aux oppositions stériles. Le climat et la biodiversité méritent mieux !
Le deuxième grand enjeu pour la France serait de parvenir à débattre des sujets importants de façon plus sereine. Accepter les désaccords sans pour autant tomber dans les invectives, dans les caricatures relayées à tout va par les chaînes d’information en continu, sur les réseaux sociaux et dans les manifestations.
Cela devient absolument insupportable et je ne vois pas comment une République et ses citoyens peuvent évoluer dans un tel climat. Il devient impossible de discuter sur la dette, l’intégration, le chômage, l'islam, l'écologie, les réformes économiques, la fonction publique, la constitution. La parole est donnée uniquement aux extrêmes de tous bords, bien qu’ils ne soient pas majoritaires.
C'est la prime à l’excès, la désinformation, les fake news, l’impossibilité de la nuance, à la caricature, à la violence verbale et c'est un grave problème pour notre démocratie. Les journalistes ont une sérieuse responsabilité sur ce sujet, même s'ils ne sont aussi que le reflet de ce que nous sommes collectivement devenus. Sans une profonde introspection sur ce sujet, rien de grand ne sera possible en France."
Le tourisme est face à un enjeu commun : la transition écologique
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TourMaG.com - Quels sont les grands enjeux pour le tourisme pour l'année à venir ?
Jean-François Rial : "Le tourisme est face à un enjeu commun : la transition écologique. S’il s’y refuse, le secteur risque d’en payer de lourdes conséquences. Le secteur aérien est énormément pointé du doigt sur ce sujet.
Ceux d’entre nous qui ignorent le problème ne se rendent pas compte qu'ils vont marquer des buts contre leur propre camp. Les compagnies aériennes se mobilisent, certains voyagistes également mais pas assez vite et pas assez fort.
Nous n’avons pourtant pas d’autre choix que de suivre les objectifs fixés par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) en intégrant le fait que le secteur ne peut pas faire sa transition technologique complète en 30 ans.
Sur l’aérien, cela est réalisable en partie sur le moyen et court-courrier, mais en aucun cas sur la totalité de la flotte. Puisque le secteur ne peut pas faire sa transition technologique à 100% contrairement à la plupart des autres industries, il doit avoir plus que les autres le droit de produire des émissions négatives.
Il faut défendre ces émissions négatives face aux critiques en proposant une compensation vertueuse. Il y a de mauvaises compensations mais il y en a aussi des très bonnes et il en va de même pour les plantations de forêts. Elles peuvent être additionnelles et pérennes, sous la forme d’une contribution carbone qui financerait des absorptions de carbone et non les budgets de l’Etat.
Il ne faut pas se laisser enfermer dans ce débat caricatural.
Ce point est décisif. Il faut que le tourisme sorte du débat consistant à opposer voyage pour les riches - une critique que nous recevons régulièrement chez Voyageurs du Monde – et voyages de masse.
Cette contribution carbone est nécessaire pour toutes les formes de tourisme : élitiste ou populaire. Par ailleurs lorsque vous regardez les enjeux économiques d'une contribution carbone qui nous permettrait d’atteindre la neutralité, vous comprenez très rapidement que c'est la clientèle élitiste qui va payer l'essentiel de cette contribution.
Jean-François Rial : "Le tourisme est face à un enjeu commun : la transition écologique. S’il s’y refuse, le secteur risque d’en payer de lourdes conséquences. Le secteur aérien est énormément pointé du doigt sur ce sujet.
Ceux d’entre nous qui ignorent le problème ne se rendent pas compte qu'ils vont marquer des buts contre leur propre camp. Les compagnies aériennes se mobilisent, certains voyagistes également mais pas assez vite et pas assez fort.
Nous n’avons pourtant pas d’autre choix que de suivre les objectifs fixés par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) en intégrant le fait que le secteur ne peut pas faire sa transition technologique complète en 30 ans.
Sur l’aérien, cela est réalisable en partie sur le moyen et court-courrier, mais en aucun cas sur la totalité de la flotte. Puisque le secteur ne peut pas faire sa transition technologique à 100% contrairement à la plupart des autres industries, il doit avoir plus que les autres le droit de produire des émissions négatives.
Il faut défendre ces émissions négatives face aux critiques en proposant une compensation vertueuse. Il y a de mauvaises compensations mais il y en a aussi des très bonnes et il en va de même pour les plantations de forêts. Elles peuvent être additionnelles et pérennes, sous la forme d’une contribution carbone qui financerait des absorptions de carbone et non les budgets de l’Etat.
Il ne faut pas se laisser enfermer dans ce débat caricatural.
Ce point est décisif. Il faut que le tourisme sorte du débat consistant à opposer voyage pour les riches - une critique que nous recevons régulièrement chez Voyageurs du Monde – et voyages de masse.
Cette contribution carbone est nécessaire pour toutes les formes de tourisme : élitiste ou populaire. Par ailleurs lorsque vous regardez les enjeux économiques d'une contribution carbone qui nous permettrait d’atteindre la neutralité, vous comprenez très rapidement que c'est la clientèle élitiste qui va payer l'essentiel de cette contribution.
"Ceux qui accusent un tourisme élitiste se trompent !"
L’équation est simple : un client qui part aux Seychelles pendant 10 jours acquittera une contribution carbone de plusieurs centaines d'euros alors qu’un client partant en groupe en Tunisie, paiera une contribution beaucoup plus faible en terme d’euros et en pourcentage du total de son voyage.
En réalité, chaque voyageur contribuera mais les voyages moins loin et moins chers seront beaucoup moins taxés. De l’ordre de 5 ou 6 € maximum sur un forfait Tunisie par exemple alors que la taxe montera facilement à 100 € sur un voyage en long-courrier. Au final, le ratio est près de dix fois supérieur, alors que les voyages ne coûtent pas dix fois plus cher.
Ceux qui accusent un tourisme élitiste se trompent donc. Je pense qu’au contraire l'élite financera l'essentiel de la contribution nécessaire à passer à un tourisme carbone neutre.
L'enjeu est bien celui-ci, il ne faut pas se tromper de débat. Ce n’est pas parce que je défends un tourisme écologique que je veux casser le tourisme accessible.
Tous ceux qui me critiquent sur ce point se trompent. Je suis un entrepreneur social d'abord dans mon ADN avant d'être un entrepreneur écologique que je suis devenu par raison et par raisonnement. Il me serait impossible d’être un entrepreneur engagé socialement et par ailleurs considérer que ceux qui ont des revenus plus faibles n'ont pas le droit ou la possibilité de voyager.
C'est pour moi absolument inenvisageable et inacceptable. Néanmoins ce n'est pas pour autant que nous devons exclure ce sujet incontournable sous prétexte que les voyages devraient ne pas être chers.
D’ailleurs, ils ne le seront pas beaucoup plus avec une contribution écologique. Tous les secteurs, quel qu’ils, soient doivent entrer dans le cadre des objectifs du GIEC, l’aérien comme les autres, mais pas plus ni moins. Cela est réalisable dans le tourisme, en faisant contribuer au final et essentiellement les voyageurs les plus aisés.
Ce débat, pour ou contre l’avion, pour ou contre la compensation, pour ou contre les plantations de forêts, est l’illustration parfaite de ce que j’évoquais dans mon premier point sur le niveau du débat d’idées en France : pauvre et dominé par les extrémistes. Je me battrais sans relâche sur chacun de ses points !
Dire « il ne faut plus prendre l’avion » ou dire « l’avion ne pèse que 3% des émissions et fait déjà beaucoup d’efforts » est selon moi, une double profonde erreur.
En réalité, chaque voyageur contribuera mais les voyages moins loin et moins chers seront beaucoup moins taxés. De l’ordre de 5 ou 6 € maximum sur un forfait Tunisie par exemple alors que la taxe montera facilement à 100 € sur un voyage en long-courrier. Au final, le ratio est près de dix fois supérieur, alors que les voyages ne coûtent pas dix fois plus cher.
Ceux qui accusent un tourisme élitiste se trompent donc. Je pense qu’au contraire l'élite financera l'essentiel de la contribution nécessaire à passer à un tourisme carbone neutre.
L'enjeu est bien celui-ci, il ne faut pas se tromper de débat. Ce n’est pas parce que je défends un tourisme écologique que je veux casser le tourisme accessible.
Tous ceux qui me critiquent sur ce point se trompent. Je suis un entrepreneur social d'abord dans mon ADN avant d'être un entrepreneur écologique que je suis devenu par raison et par raisonnement. Il me serait impossible d’être un entrepreneur engagé socialement et par ailleurs considérer que ceux qui ont des revenus plus faibles n'ont pas le droit ou la possibilité de voyager.
C'est pour moi absolument inenvisageable et inacceptable. Néanmoins ce n'est pas pour autant que nous devons exclure ce sujet incontournable sous prétexte que les voyages devraient ne pas être chers.
D’ailleurs, ils ne le seront pas beaucoup plus avec une contribution écologique. Tous les secteurs, quel qu’ils, soient doivent entrer dans le cadre des objectifs du GIEC, l’aérien comme les autres, mais pas plus ni moins. Cela est réalisable dans le tourisme, en faisant contribuer au final et essentiellement les voyageurs les plus aisés.
Ce débat, pour ou contre l’avion, pour ou contre la compensation, pour ou contre les plantations de forêts, est l’illustration parfaite de ce que j’évoquais dans mon premier point sur le niveau du débat d’idées en France : pauvre et dominé par les extrémistes. Je me battrais sans relâche sur chacun de ses points !
Dire « il ne faut plus prendre l’avion » ou dire « l’avion ne pèse que 3% des émissions et fait déjà beaucoup d’efforts » est selon moi, une double profonde erreur.
"Nous souhaitons remettre nos équipes au travail"
Mon enjeu personnel est le même chaque année, même s’il est plus accentué en 2021, à savoir : encore mieux m’entourer, mieux déléguer. /crédit- DR : Stéphanie Tétu
TourMaG.com - Et quel est l'enjeu principal pour Voyageurs du Monde en 2021 ?
Jean-François Rial : "L’enjeu principal pour Voyageurs du Monde en 2021 est très simple. Il s’agit de retrouver un niveau d’activité qui permette à nos salariés de retravailler a minima à 30 % de leur activité, sur la base de 2019.
Le Groupe n’est pas face à des enjeux économiques majeurs car nous avons des réserves importantes et très peu de dettes. Notre enjeu et donc social, non pas pour des questions de licenciements qui n’existeront pas chez Voyageurs du Monde, mais plus car nous souhaitons remettre nos équipes au travail.
Animer une entreprise qui exécute 20 % de leur activité habituelle et 100 % à distance, cela devient très compliqué. Voilà pourquoi notre objectif est de recréer du lien social au sein de l’entreprise et ne pas perdre le formidable savoir-faire que nous avons accumulé ces vingt-cinq dernières années car, au bout d’un moment, il se délite.
30% à minima au premier semestre puis 65% au second semestre, voire plus, et nous serions ravis. J’ai traversé cette période relativement facilement car entre mes associés redoutablement efficaces (Alain Capestan et Lionel Habasque) et mes équipes, motivées et impliquées, cela s’est bien passé. Et, finalement, le travail que j'ai consacré à la profession, a été plus difficile en temps et en stress.
Jean-François Rial : "L’enjeu principal pour Voyageurs du Monde en 2021 est très simple. Il s’agit de retrouver un niveau d’activité qui permette à nos salariés de retravailler a minima à 30 % de leur activité, sur la base de 2019.
Le Groupe n’est pas face à des enjeux économiques majeurs car nous avons des réserves importantes et très peu de dettes. Notre enjeu et donc social, non pas pour des questions de licenciements qui n’existeront pas chez Voyageurs du Monde, mais plus car nous souhaitons remettre nos équipes au travail.
Animer une entreprise qui exécute 20 % de leur activité habituelle et 100 % à distance, cela devient très compliqué. Voilà pourquoi notre objectif est de recréer du lien social au sein de l’entreprise et ne pas perdre le formidable savoir-faire que nous avons accumulé ces vingt-cinq dernières années car, au bout d’un moment, il se délite.
30% à minima au premier semestre puis 65% au second semestre, voire plus, et nous serions ravis. J’ai traversé cette période relativement facilement car entre mes associés redoutablement efficaces (Alain Capestan et Lionel Habasque) et mes équipes, motivées et impliquées, cela s’est bien passé. Et, finalement, le travail que j'ai consacré à la profession, a été plus difficile en temps et en stress.
"Mieux m’organiser, mieux m’entourer..."
TourMaG.com - D'un point de vue personnel vous êtes-vous fixé des objectifs pour 2021 ?
Jean-François Rial : "Mon enjeu personnel est le même chaque année, même s’il est plus accentué en 2021, à savoir : encore mieux m’entourer, mieux déléguer. Je fais beaucoup de choses, j’ai 57 ans, il faudra bien qu’un jour je travaille moins et que je délègue plus.
Je dois prévoir ça dans les cinq ans à venir. Cela me permettra de moins travailler pour me concentrer sur les sujets sur lesquels je suis le plus efficace.
Paradoxalement, en 2020 j’ai travaillé à 200 % ! Je n’ai jamais été autant actif de ma vie ete ne suis pas sûr que cela soit tenable ni efficace. Mieux m’organiser, mieux m’entourer et toujours corriger mes défauts, dont le premier est l’impatience mais pas que...
Etre davantage à l’écoute, prendre plus son temps, avoir moins de passions car on ne peut pas tout faire... Choisir, c’est très difficile de choisir. Etre plus sage en un seul mot. C ’est un défi permanent..."
Jean-François Rial : "Mon enjeu personnel est le même chaque année, même s’il est plus accentué en 2021, à savoir : encore mieux m’entourer, mieux déléguer. Je fais beaucoup de choses, j’ai 57 ans, il faudra bien qu’un jour je travaille moins et que je délègue plus.
Je dois prévoir ça dans les cinq ans à venir. Cela me permettra de moins travailler pour me concentrer sur les sujets sur lesquels je suis le plus efficace.
Paradoxalement, en 2020 j’ai travaillé à 200 % ! Je n’ai jamais été autant actif de ma vie ete ne suis pas sûr que cela soit tenable ni efficace. Mieux m’organiser, mieux m’entourer et toujours corriger mes défauts, dont le premier est l’impatience mais pas que...
Etre davantage à l’écoute, prendre plus son temps, avoir moins de passions car on ne peut pas tout faire... Choisir, c’est très difficile de choisir. Etre plus sage en un seul mot. C ’est un défi permanent..."
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