Dans son ultime parcours, le Grand Rhône libère tous les chevaux accumulés au fil de sa cavalcade rhônalpine, inondant au gré de ses humeurs les berges orientales de la Camargue. Les premières minutes à bord du canoë-kayaks sont instables.
Rhône mouvant, fiévreux moments ! Nous voilà filant sur le fleuve, encouragé par le guide. A gauche, la rive bruisse de l’activité fluviale de Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Nous dépassons son grand port de plaisance pour entrer dans le vif du sujet. Berges folles ou argileuses, mouettes rieuses et canards, hérons, aigrettes et cormorans… sur ces rives inhabitées, la nature reprend d’autant mieux ses droits qu’à tribord, les terres sont protégées par le Conservatoire du Littoral.
Rhône mouvant, fiévreux moments ! Nous voilà filant sur le fleuve, encouragé par le guide. A gauche, la rive bruisse de l’activité fluviale de Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Nous dépassons son grand port de plaisance pour entrer dans le vif du sujet. Berges folles ou argileuses, mouettes rieuses et canards, hérons, aigrettes et cormorans… sur ces rives inhabitées, la nature reprend d’autant mieux ses droits qu’à tribord, les terres sont protégées par le Conservatoire du Littoral.
La Camargue en kayak : Entrelacs de roselières
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Enhardi par les compliments du guide, je me faufile dans un entrelacs de roselières. Les hautes tiges vertes me caressent le visage, je pousse sur les racines avec ma pagaie. Je me tapis dans le décor, je suis un mercenaire traquant un ennemi invisible !
Tout cela amuse beaucoup les muges, appelés ailleurs mulets. Ces poissons musclés font la sarabande, bondissant hors de l’eau comme les dauphins au spectacle. Il y en a des centaines.
On comprend mieux pourquoi plusieurs pontons de pêche ont été aménagés. Maintenant stabilisé sur mon esquif, je mesure la force du fleuve. Le coup de pagaie est facile car le courant entraine à vive allure.
Comme s’il voulait nous propulser sur l’autre rive de la Méditerranée. Des aigrettes nous observent, immobiles et incrédules.
Tout cela amuse beaucoup les muges, appelés ailleurs mulets. Ces poissons musclés font la sarabande, bondissant hors de l’eau comme les dauphins au spectacle. Il y en a des centaines.
On comprend mieux pourquoi plusieurs pontons de pêche ont été aménagés. Maintenant stabilisé sur mon esquif, je mesure la force du fleuve. Le coup de pagaie est facile car le courant entraine à vive allure.
Comme s’il voulait nous propulser sur l’autre rive de la Méditerranée. Des aigrettes nous observent, immobiles et incrédules.
Echoués sur une plage
Une bonne heure s’est écoulée et alors que nous longeons des bunkers immergés (vestiges de la dernière guerre), nous entrevoyons l’embouchure.
Elle « danse » au loin, plate et indécise, marquée par le liseré blanc du sable. Le fleuve s’est encore élargi.
Des vaguelettes formées à sa surface invitent à hausser le rythme. Encore quelques efforts et nous nous échouons sur une plage. Nous voilà seuls, excepté les occupants d’un bateau de plaisance venus pique-niquer dans ce « bout du monde ».
Bois flotté sur la plage, blanc, et sec, mille fois limé par les courants. Toutes les 6h, ils s’inversent et quand ils sont « rentrants », les poissons de mer (daurades, loups…) peuvent remonter le fleuve jusqu’à 40 km ! Plus l’étiage du Rhône est bas, plus l’eau de mer pénètre profondément.
Elle « danse » au loin, plate et indécise, marquée par le liseré blanc du sable. Le fleuve s’est encore élargi.
Des vaguelettes formées à sa surface invitent à hausser le rythme. Encore quelques efforts et nous nous échouons sur une plage. Nous voilà seuls, excepté les occupants d’un bateau de plaisance venus pique-niquer dans ce « bout du monde ».
Bois flotté sur la plage, blanc, et sec, mille fois limé par les courants. Toutes les 6h, ils s’inversent et quand ils sont « rentrants », les poissons de mer (daurades, loups…) peuvent remonter le fleuve jusqu’à 40 km ! Plus l’étiage du Rhône est bas, plus l’eau de mer pénètre profondément.
Les eaux se mêlent et se confondent
Nous marchons sur le sable, grimpons une ou deux dunettes pour prendre de la hauteur, poussons jusqu’à l’endroit précis où le fleuve rencontre la mer. Pas de ligne de partage des eaux, elles se mêlent et se confondent.
Pas de stèle ni de monument, à croire que le Rhône se décharge de son Histoire pour finir dans un dénuement monacal. Humilité de la nature… Il faut dire que l’endroit est peu accessible.
On y vient seulement en bateau ou à pied, depuis les plages de Piémanson ou Napoléon. Au large, un ou deux cargos signent la présence du port de Fos-sur-Mer.
Côté terre, nous distinguons au loin la montagne Sainte-Victoire, la chaîne de l’Etoile entourant Marseille, l’entame du massif des Calanques.
Pas de stèle ni de monument, à croire que le Rhône se décharge de son Histoire pour finir dans un dénuement monacal. Humilité de la nature… Il faut dire que l’endroit est peu accessible.
On y vient seulement en bateau ou à pied, depuis les plages de Piémanson ou Napoléon. Au large, un ou deux cargos signent la présence du port de Fos-sur-Mer.
Côté terre, nous distinguons au loin la montagne Sainte-Victoire, la chaîne de l’Etoile entourant Marseille, l’entame du massif des Calanques.
Mistral repoussoir…
Le vent a forci et ce « mistral gagnant » risque de ralentir notre retour. Nous arrimons deux canoës ensemble et je me glisse derrière pour m’abriter du vent.
Nous faisons ce que les cyclistes nomment une bordure. Oui mais voilà, une légère dérive, la perte de l’abri, une rafale plus forte… et je suis emporté vers la droite et le milieu du Rhône.
Inutile de vouloir redresser, je me suis mis au vent et doit subir sa force. Vais-je finir en Corse ? En Tunisie ? Sous des rafales à 21 nœuds, je me laisse glisser à nouveau vers l’aval et opte pour un pagayage oblique, afin de rejoindre en douce le rivage abrité.
Technique de « pro » dont je serai félicité ! Me voilà rejoignant les autres, dans des eaux cette fois plus calmes. Les épaules ont bien travaillé et les derniers instants sont plaisants, au milieu des muges sauteuses et des goélands.
Nous arrivons en vue du débarcadère et remontons une roubine (petit canal d’irrigation) à l’eau sage. Un dernier coup de rein pour s’extraire des flots et nous voilà sur la berge.
Bilan : une sortie à la journée inédite, en emportant son pique-nique pour déjeuner aux confins d’une des plus vifs fleuves d’Europe.
Nous faisons ce que les cyclistes nomment une bordure. Oui mais voilà, une légère dérive, la perte de l’abri, une rafale plus forte… et je suis emporté vers la droite et le milieu du Rhône.
Inutile de vouloir redresser, je me suis mis au vent et doit subir sa force. Vais-je finir en Corse ? En Tunisie ? Sous des rafales à 21 nœuds, je me laisse glisser à nouveau vers l’aval et opte pour un pagayage oblique, afin de rejoindre en douce le rivage abrité.
Technique de « pro » dont je serai félicité ! Me voilà rejoignant les autres, dans des eaux cette fois plus calmes. Les épaules ont bien travaillé et les derniers instants sont plaisants, au milieu des muges sauteuses et des goélands.
Nous arrivons en vue du débarcadère et remontons une roubine (petit canal d’irrigation) à l’eau sage. Un dernier coup de rein pour s’extraire des flots et nous voilà sur la berge.
Bilan : une sortie à la journée inédite, en emportant son pique-nique pour déjeuner aux confins d’une des plus vifs fleuves d’Europe.