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Le crash d’Air Littoral pénalise les entreprises azuréennes

c’est le retour d’un marché monopolistique


Plus cher et plus difficile, voilà en résumé ce qui attend les entreprises azuréennes qui revoient leur politique de déplacements après la disparition d’Air Littoral. Les conséquences de la liquidation de la compagnie vont donc se faire sentir au-delà de la suppression de 150 emplois à Nice ou de la perte de trafic pour l’aéroport.


Rédigé par Michel BOVAS à Nice - bovas@aol.com le Lundi 8 Mars 2004

Les conséquences seront très négatives sur l’activité du tourisme et des entreprises. Voilà qui n’est pas de nature à améliorer le désenclavement de la région niçoise.Sans l’aérien peu d'alternatives se présentent pour assurer son développement économique et touristique.

"Air Littoral représentait environ 15 % des 2.500 billets d’avion que notre service déplacements commande chaque année, précise Armelle Robin, responsable de ce service chez Virbac (1.200 salariés à Carros). On utilisait cette compagnie notamment pour les liaisons vers Toulouse, Nantes, Bordeaux, Strasbourg ou Lille mais aussi vers Barcelone ou Madrid.

On se retrouve aujourd’hui face à Air France sans moyen de faire jouer la concurrence tarifaire. Or la compagnie nationale est moins souple à ce jeu car en état de monopole. 

Les entreprises trinquent…

Nul doute que cela devrait alourdir sensiblement notre budget déplacement. On ne peut faire autrement, car on ne peut compter sur le train peu pratique ou la location de voiture plus excessive. L’avion reste le moyen le plus pertinent pour les déplacements d’affaires. Sur Nice Paris (1.000 aller-retour par an), on utilise parfois Easyjet mais on est sous le coup de pénalités en cas d’annulation.

Il va donc falloir renégocier les tarifs avec Air France.Heureusement sur l’international, on fait jouer la concurrence avec Lufthansa et British Airways bien moins chers qu’Air France." Le témoignage de Virbac, on le retrouve chez la plupart des PME pour lesquelles la disparition d’Air Littoral pose un problème pour les liaisons vers les villes de province.

"Au sein de l’Apim, nombreuses sont les entreprises qui utilisaient Air Littoral pour aller à Nantes, Rennes ou Toulouse, confirme Jean Pierre Savarino, PDG de Studiel et Président de l’Apim. Leurs collaborateurs sont obligés d’utiliser leur voiture ou d’emprunter un vol Air France via Paris ou Lyon.

Mais il devient difficile d’obtenir des places et elles plus chères. Air Littoral permettait d’effectuer un aller retour dans la journée. Ce n’est plus possible, il n’y a souvent qu’un vol par jour obligeant une nuit d’hôtel et des dépenses supplémentaires. Tout cela c’est du temps perdu, des collaborateurs fatigués et des coûts en hausse. Or dans la conjoncture actuelle les PME doivent être réactives et concurrentielles." 

"Air littoral constituait notre deuxième fournisseur en billetterie avion, confirme Gilles Stallins, directeur de l’agence Nice Voyages (Nice et Carros). De nombreuses PME de Carros l’utilisaient. Et si c’est un drame pour les salariés d’Air Littoral, sa disparition pose un gros souci pour ces PME.

Air France ne propose souvent qu’une correspondance via Lyon ou Clermont Ferrand ce qui complique singulièrement les déplacements. Enfin les tarifs grimpent et l’on ne peut se rabattre sur la SNCF."

Les professionnels du tourisme s’inquiètent…

Autre secteur pénalisé, celui des agences de voyages déjà confrontées aux problèmes de la réduction des commissions versées par les compagnies aériennes. "Air Littoral nous fournissait un peu plus de 10 % de billetterie aérienne pour les déplacements touristiques et d’affaires, précise Janie Bousquet Jacquemin, PDG de Grand large Voyages.

Désormais, il n’y a plus de liaison aérienne directe Venise ou Florence et les clients sont condamnés à effectuer un détour par Rome ou prendre le train ou leur voiture. Les étudiants de l’Edhec Nice utilisaient largement Air Littoral pour aller à Lille siège de l’école. Ce ne sera plus possible aujourd’hui et il leur faudra passer par Paris puis prendre ensuite le TGV.

Une solution supportable pour ces étudiants mais beaucoup moins pour des hommes d’affaires qui devront passer une nuit à l’hôtel alors qu’ils pouvaient effectuer avant un aller retour journée. Le problème se pose d’abord pour l’ensemble des transversales en France où les perspectives se sont singulièrement réduites.

Ainsi sur Nice Bordeaux, Air Littoral assurait trois vols par jour (matin, midi et soir) permettant un aller retour journée. Avec un seul vol par jour par Air France, cela devient limité." "On vendait beaucoup de billets Air Littoral notamment dans le cadre des forfaits séjours sur les villes italiennes en liaison avec le TO national Donatello, complète Daniel Hézard, vice-président du SNAV Côte d’Azur.

Ets les transversales la disparition provoque déjà une belle remontée des prix. » « Air Littoral constituait un fournisseur important pour les agences azuréennes, confirme Jean Yves Pesini de l’agence MC2-Afat Voyages à Sophia Antipolis. On est pénalisé pour les déplacements vers Lille, Bordeaux et Strasbourg. C’est une catastrophe pour les entreprises."

L’aéroport réduit ses ambitions...

Air Littoral employait à Nice 150 salariés et assurait 32 à 34 vols quotidiens pour 758.000 passagers vers 17 villes en 2003. Plus de 50% de l’activité du prestataire technique Swissport à l’aéroport de Nice résulte également de la présence d’Air Littoral. Sa disparition constitue aussi la fin d’une ambition pour l’aéroport.

Celui d’un hub avec une compagnie dédiée lui assurant de sortir du statut de simple aéroport de province en offrant un réseau de lignes. Nice restera une plate-forme sur laquelle les grandes compagnies et les low-cost atterriront au gré de leurs stratégies. Toute baisse du potentiel aérien à l’aéroport ne peut qu’affaiblir le tourisme et le développement de la haute technologie. 

Présent à la dernière assemblée générale de la CCI, Jacques Sabourin, délégué général de L’UCCEGA (aéroports français) déplore la disparition d’une concurrence aérienne intérieure. « La disparition d’Air Littoral après Aeris et Air Lib font que 90 % du trafic est désormais dans les mains d’Air France et ses compagnies associées.

C’est le retour d’un marché monopolistique sans vrai compétiteur ni low cost français. Pour relancer une concurrence, il faudrait peut-être avancer des solutions de type PPP (partenariat privé public) qui se développe aujourd’hui pour les équipements publics. Une compagnie régionale créée sous cette forme peut jouer un rôle d’aménagement du territoire comme le TGV, financé par le public, qui peut très bien trouver sa place dans une ou plusieurs régions.

D’autant que ce rôle Air France ne l’assume. Les tarifs aériens sont élevés. Dans un communiqué le low cost Ryanair constate que : "la France devient un mouroir aérien pour toutes les compagnies qui ne dépendent pas de la pieuvre Air France et ce sont les consommateurs qui trinquent.

Un désastre économique et social aussi en vue pour les aéroports régionaux français. Et les aéroports publics français ne sont plus concurrentiels par rapport aux hubs européens". 
A méditer à quelques mois d’un projet de loi qui doit justement réformer la structure de concession des aéroports français.

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