Dans mon dernier billet, j’expliquais comment après 23 ans derrière un comptoir (dont 21 chez Big-Boss Voyages), je me suis dit que le moment de faire un bilan de la première moitié de vie de ma vie professionnelle était arrivé.
Introspection, bilan de compétence avec une coach qui n’a cessé d’enfoncer des portes ouvertes, remise en question, doutes…
Comment trouver un métier qui me rendra aussi heureuse que celui que j’embrasse depuis mes 21 ans ?
Selon la consultante-coach-gourou qui m’a aidée à faire mon bilan de compétence, je peux envisager les pistes suivantes : la formation (mais me retrouver devant une classe d’enfants criards ou d’ado boutonneux, non merci), le marketing touristique (mais la fréquentation au quotidien d’agents de voyages n’est certainement pas une bonne idée pour me permettre de passer à autre chose), la gestion d’événements (trop de stress) ou la rédaction (mais TourMaG n’offre pas de poste de bloggeuse à plein temps. Et puis si je ne suis plus agent de voyages, qu’aurais-je à raconter ?)
Introspection, bilan de compétence avec une coach qui n’a cessé d’enfoncer des portes ouvertes, remise en question, doutes…
Comment trouver un métier qui me rendra aussi heureuse que celui que j’embrasse depuis mes 21 ans ?
Selon la consultante-coach-gourou qui m’a aidée à faire mon bilan de compétence, je peux envisager les pistes suivantes : la formation (mais me retrouver devant une classe d’enfants criards ou d’ado boutonneux, non merci), le marketing touristique (mais la fréquentation au quotidien d’agents de voyages n’est certainement pas une bonne idée pour me permettre de passer à autre chose), la gestion d’événements (trop de stress) ou la rédaction (mais TourMaG n’offre pas de poste de bloggeuse à plein temps. Et puis si je ne suis plus agent de voyages, qu’aurais-je à raconter ?)
J’ai été happée par Linkedin
Autres articles
Un soir, ma copine Julia (très à l’écoute de mes doutes professionnels) a alors trouvé la solution miracle « va sur LinkedIn, c’est là que tout se passe ».
J’avoue que cette perspective ne m’enchantait guère : j’ai plus ou moins déserté Facebook depuis 5 ans (après y avoir passé au moins l’équivalent d’un an de ma vie), je scrolle certes un peu sur Instagram (à chaque fois vite lassée de vos vies parfaites), j’ai toujours résisté à twitter/X et je suis bien trop vieille pour Tiktok. Je n’avais pas de compte LinkedIn mais comme Julia m’avait promis que j’y trouverais l’inspiration pour la deuxième moitié de ma vie professionnelle, je me suis inscrite.
J’ai été happée par LinkedIn comme on tombe amoureuse, on rentre en religion ou on signe un pacte avec le diable. Eperdument. Passionnément.
Comme le truc est bien fait (et que j’ai autorisé LinkedIn à scanner le répertoire de mon téléphone), LinkedIn m’a immédiatement proposé les professionnels de la profession et j’ai donc ajouté tous ces gens au fur et à mesure, en quelques jours à peine.
Un peu moins d’un mois après ma première connexion, je suis à même de faire un bilan définitif du machin : dia-bo-lique !
J’avoue que cette perspective ne m’enchantait guère : j’ai plus ou moins déserté Facebook depuis 5 ans (après y avoir passé au moins l’équivalent d’un an de ma vie), je scrolle certes un peu sur Instagram (à chaque fois vite lassée de vos vies parfaites), j’ai toujours résisté à twitter/X et je suis bien trop vieille pour Tiktok. Je n’avais pas de compte LinkedIn mais comme Julia m’avait promis que j’y trouverais l’inspiration pour la deuxième moitié de ma vie professionnelle, je me suis inscrite.
J’ai été happée par LinkedIn comme on tombe amoureuse, on rentre en religion ou on signe un pacte avec le diable. Eperdument. Passionnément.
Comme le truc est bien fait (et que j’ai autorisé LinkedIn à scanner le répertoire de mon téléphone), LinkedIn m’a immédiatement proposé les professionnels de la profession et j’ai donc ajouté tous ces gens au fur et à mesure, en quelques jours à peine.
Un peu moins d’un mois après ma première connexion, je suis à même de faire un bilan définitif du machin : dia-bo-lique !
LinkedIn, c’est le royaume du bullshit, la quintessence du paraitre
LinkedIn, c’est le royaume du bullshit, la quintessence du paraitre, le comble de l’hypocrisie, le graal de l’imposteur.
Je n’en suis pas revenue : comment ces gens osent-ils ?
Que tu sois un(e) habitué(e) de LinkedIn et un(e) néophyte, laisse-moi te livrer les premières impressions d’une jeune quadra (oh, ça va…) fascinée par cette invention de l’enfer.
Tout le monde y est : Il semblerait que 30 millions de Français sont sur LinkedIn. J’ai pris une poignée de cartes de visites dans mon bureau. Tous mes contacts professionnels y sont. Commerciaux, agents de voyages, hôteliers, représentants en tous genres et même retraités (penser à fouiller dans mes cartes de visites plus souvent : j’en ai jeté la moitié)
Les gens s’inventent des titres pompeux et ridicules : visiblement, les titres de vos fiches de paye (conseillère voyages, attaché commercial, chef de produit) n’étaient déjà pas assez bien pour vos cartes de visites ou vos signatures outlook (puisque vous devenez d’un coup de baguette magique travel expert, business développer ou product manager) mais sur LinkedIn, ça devient du délire : j’ai trouvé des conseillers en arts de voyager, des growth hackers, des chasseurs de lieux d’exception… mais où allez-vous chercher tout ça ? Et ceux qui sont free-lance un peu ratés peuvent assumer leur précarité sous couvert de polyvalence « vendeur de rêves / formateur / conférencier / militant / tourisme durable / écrivain » (et puis quoi encore ?)
L’art de tout embellir : on n’est pas au chômage sur LinkedIn : on est « disponible pour un nouveau challenge », on n’est pas « assistant(e) » mais « bras droit », on n’est pas en échec : on « subit l’injustice / la discrimination ».
On l’ouvre à tort et à travers : petite, on m’avait appris qu’on ne parle que si l’on a quelque chose d’intéressant à dire (ce qui explique en partie l’irrégularité de mes publications). Alors quand leur vie est creuse (et qu’un coach LinkedIn a appris qu’il fallait publier régulièrement), certains s’astreignent à publier tout et n’importe quoi. Quoi de mieux pour s’astreindre à remplir du vide que d’inventer son propre calendrier éditorial ? « le mercredi, c’est desti » (suivi de 3 photos moisies d’un hôtel de luxe, pardon d’une pépite, un bijou dans un écrin ou je ne sais quoi), « ma vendredi reco » (un petit coup de pouce hebdomadaire à un copain)
Je n’en suis pas revenue : comment ces gens osent-ils ?
Que tu sois un(e) habitué(e) de LinkedIn et un(e) néophyte, laisse-moi te livrer les premières impressions d’une jeune quadra (oh, ça va…) fascinée par cette invention de l’enfer.
Tout le monde y est : Il semblerait que 30 millions de Français sont sur LinkedIn. J’ai pris une poignée de cartes de visites dans mon bureau. Tous mes contacts professionnels y sont. Commerciaux, agents de voyages, hôteliers, représentants en tous genres et même retraités (penser à fouiller dans mes cartes de visites plus souvent : j’en ai jeté la moitié)
Les gens s’inventent des titres pompeux et ridicules : visiblement, les titres de vos fiches de paye (conseillère voyages, attaché commercial, chef de produit) n’étaient déjà pas assez bien pour vos cartes de visites ou vos signatures outlook (puisque vous devenez d’un coup de baguette magique travel expert, business développer ou product manager) mais sur LinkedIn, ça devient du délire : j’ai trouvé des conseillers en arts de voyager, des growth hackers, des chasseurs de lieux d’exception… mais où allez-vous chercher tout ça ? Et ceux qui sont free-lance un peu ratés peuvent assumer leur précarité sous couvert de polyvalence « vendeur de rêves / formateur / conférencier / militant / tourisme durable / écrivain » (et puis quoi encore ?)
L’art de tout embellir : on n’est pas au chômage sur LinkedIn : on est « disponible pour un nouveau challenge », on n’est pas « assistant(e) » mais « bras droit », on n’est pas en échec : on « subit l’injustice / la discrimination ».
On l’ouvre à tort et à travers : petite, on m’avait appris qu’on ne parle que si l’on a quelque chose d’intéressant à dire (ce qui explique en partie l’irrégularité de mes publications). Alors quand leur vie est creuse (et qu’un coach LinkedIn a appris qu’il fallait publier régulièrement), certains s’astreignent à publier tout et n’importe quoi. Quoi de mieux pour s’astreindre à remplir du vide que d’inventer son propre calendrier éditorial ? « le mercredi, c’est desti » (suivi de 3 photos moisies d’un hôtel de luxe, pardon d’une pépite, un bijou dans un écrin ou je ne sais quoi), « ma vendredi reco » (un petit coup de pouce hebdomadaire à un copain)
On raconte sa life et quand on n’en a pas on s’invente une vie
On raconte sa life et quand on n’en a pas on s’invente une vie :
Une invitation à Roland Garros ? « i[un grand merci à [la boite qui m’a invitée parce qu’elle a compris que je suis quelqu’un d’important] pour ces beaux moments d’échange (meuf, tu as vu le 256ème mondial se faire battre sèchement en 3 sets par le 187ème).
Ou un peu d’autocongratulation : quand on refait le monde avec les copines, on ne papote pas : on « passe encore une belle journée à brainstormer]i »
Et surtout, on illustre « la belle journée » d’un selfie iphone un peu flou et mal cadré.
Dans le monde du paraitre, un doit faire attention à la structure de ses posts. Je te résume :
1) une introduction choc « hier, au restau, j’ai payé un œuf poché 2,90 € » (mais on s’en tape, ma chérie). Penser à écrire en gras plus que la phrase soit vraiment impactante et sauter une ligne pour qu’on soit obligé de scroller pour découvrir la suite de cette passionnante aventure.
2) un long développement capillotracté et rythmé (histoire d’expliquer que l’œuf était facturé 2,90 € alors que ça ne vaut que 50 centimes, mais que bon, le service, tout ça…)
3) une question type « et vous, vous en pensez quoi ? » (histoire de recevoir des commentaires, de remonter dans l’algorithme, avec sans doute l’ambition de devenir une voix qui compte)
4) un petit paragraphe « si vous me découvrez avec ce post, je suis X, je parle voyage et je ne sais quoi, suivez-moi, j’ai tellement de choses à dire, et depuis qu’il n’y a plus de skyblog, j’ai l’impression de parler dans le vide alors que j’ai envie qu’on écoute ma parole »
5) un tag de quelques leaders de la profession, histoire de remonter aussi sur le fil des abonnés aux susdits leaders (et donc de choper des followers)
6) et (la cerise sur le gâteau) une photo, de préférence à la fois corpo et sexy (au choix, moue boudeuse ou regard lointain, carré Hermès ou boucles blondes) qui n’a strictement rien à voir avec le sujet abordé. Alterner les photos en couleur devant un beau paysage et/ou pendant la golden hour avec du noir est blanc semble être un plus très apprécié !
Une invitation à Roland Garros ? « i[un grand merci à [la boite qui m’a invitée parce qu’elle a compris que je suis quelqu’un d’important] pour ces beaux moments d’échange (meuf, tu as vu le 256ème mondial se faire battre sèchement en 3 sets par le 187ème).
Ou un peu d’autocongratulation : quand on refait le monde avec les copines, on ne papote pas : on « passe encore une belle journée à brainstormer]i »
Et surtout, on illustre « la belle journée » d’un selfie iphone un peu flou et mal cadré.
Dans le monde du paraitre, un doit faire attention à la structure de ses posts. Je te résume :
1) une introduction choc « hier, au restau, j’ai payé un œuf poché 2,90 € » (mais on s’en tape, ma chérie). Penser à écrire en gras plus que la phrase soit vraiment impactante et sauter une ligne pour qu’on soit obligé de scroller pour découvrir la suite de cette passionnante aventure.
2) un long développement capillotracté et rythmé (histoire d’expliquer que l’œuf était facturé 2,90 € alors que ça ne vaut que 50 centimes, mais que bon, le service, tout ça…)
3) une question type « et vous, vous en pensez quoi ? » (histoire de recevoir des commentaires, de remonter dans l’algorithme, avec sans doute l’ambition de devenir une voix qui compte)
4) un petit paragraphe « si vous me découvrez avec ce post, je suis X, je parle voyage et je ne sais quoi, suivez-moi, j’ai tellement de choses à dire, et depuis qu’il n’y a plus de skyblog, j’ai l’impression de parler dans le vide alors que j’ai envie qu’on écoute ma parole »
5) un tag de quelques leaders de la profession, histoire de remonter aussi sur le fil des abonnés aux susdits leaders (et donc de choper des followers)
6) et (la cerise sur le gâteau) une photo, de préférence à la fois corpo et sexy (au choix, moue boudeuse ou regard lointain, carré Hermès ou boucles blondes) qui n’a strictement rien à voir avec le sujet abordé. Alterner les photos en couleur devant un beau paysage et/ou pendant la golden hour avec du noir est blanc semble être un plus très apprécié !
Je vais le dire sans y aller par quatre chemins : on se fait chi... !
Ces gens ont un contenu moins vulgaire que des Maëva Ghennam et consorts mais la forme est la même : l’instrumentalisation d’une pensée unique sur un physique en général plutôt avenant.
Ce sont souvent des (plutôt jeunes) femmes qui publient ce genre d’âneries, mais peut-être mon prisme est déformé par la féminisation du secteur.
Sur LinkedIn, les coups de gueule restent feutrés, les indignations douces (et toujours prêtes à être consolées), les compliments sobres (« félicitations pour ce nouveau rôle » mais qui dit ça dans la vraie vie ?)
Rien ne dépasse… je vais le dire sans y aller par quatre chemins : on se fait chi... ! Mais j’ai découvert quelques précieuses tellement ridicules que j’ai décidé d’en rire (et d’actionner la cloche sur leur profil pour être immédiatement tenue au courant du sel de leur pensée).
Ce sont souvent des (plutôt jeunes) femmes qui publient ce genre d’âneries, mais peut-être mon prisme est déformé par la féminisation du secteur.
Sur LinkedIn, les coups de gueule restent feutrés, les indignations douces (et toujours prêtes à être consolées), les compliments sobres (« félicitations pour ce nouveau rôle » mais qui dit ça dans la vraie vie ?)
Rien ne dépasse… je vais le dire sans y aller par quatre chemins : on se fait chi... ! Mais j’ai découvert quelques précieuses tellement ridicules que j’ai décidé d’en rire (et d’actionner la cloche sur leur profil pour être immédiatement tenue au courant du sel de leur pensée).
LinkedIn voices du tourisme...
Dans mon top des « LinkedIn voices du tourisme », je mets sur le podium :
- La fausse blonde du 16 « j’ai appris à ne compter que sur moi-même pour créer la vie dont j’ai toujours rêvé »,
- La gourou autoproclamée des réseaux (tous les réseaux) « j’ai longtemps eu l’étiquette de la timide, je ne sais pas où mettre les pieds quand je reçois des compliments et je prends un vrai plaisir à partager ma vision et faire réfléchir par mes posts »
- Et le grand benêt aux abdominaux parfaits qui pense avoir inventé le tourisme durable et qui ne semble pas vraiment avoir d’activité professionnelle.
Tu l’as compris : j’ai une nouvelle drogue : LinkedIn, c’est Emily in Paris, le Diable s’habille en Prada et le Manège Enchanté mélangés. Depuis un mois que j’ai découvert ce truc, je scrolle en ricanant sur la vacuité de la pensée de mon prochain.
Je tente de rester prudente parce que l’une des jolies potiches de LinkedIn a écrit fin juillet « le plus difficile, pendant mes vacances, ça va être de supprimer l’appliquer LinkedIn de mon téléphone »
Je vous avais bien dit que c’était une drogue !
Un réseau amusant, certes… mais pour l’instant, ça ne m’a donné aucune idée de reconversion.
Si tu me découvres avec ce post, je suis Léa Moreau (c’est pas mon vrai nom mais c’est sous ce nom que tu me trouveras sur facebook). Je suis blonde mais pas potiche, un peu sarcastique mais pas vraiment méchante, et je vends des voyages sur mesure dans une agence parisienne depuis plus de 20 ans. Je suis l’égérie de TourMaG depuis déjà 15 ans et essaie à mon modeste niveau d’être la porte-parole des vendeuses de rêves anonymes. Abonne-toi à mon profil facebook pour plus d’anecdotes croustillantes sur notre milieu et notre métier.
- La fausse blonde du 16 « j’ai appris à ne compter que sur moi-même pour créer la vie dont j’ai toujours rêvé »,
- La gourou autoproclamée des réseaux (tous les réseaux) « j’ai longtemps eu l’étiquette de la timide, je ne sais pas où mettre les pieds quand je reçois des compliments et je prends un vrai plaisir à partager ma vision et faire réfléchir par mes posts »
- Et le grand benêt aux abdominaux parfaits qui pense avoir inventé le tourisme durable et qui ne semble pas vraiment avoir d’activité professionnelle.
Tu l’as compris : j’ai une nouvelle drogue : LinkedIn, c’est Emily in Paris, le Diable s’habille en Prada et le Manège Enchanté mélangés. Depuis un mois que j’ai découvert ce truc, je scrolle en ricanant sur la vacuité de la pensée de mon prochain.
Je tente de rester prudente parce que l’une des jolies potiches de LinkedIn a écrit fin juillet « le plus difficile, pendant mes vacances, ça va être de supprimer l’appliquer LinkedIn de mon téléphone »
Je vous avais bien dit que c’était une drogue !
Un réseau amusant, certes… mais pour l’instant, ça ne m’a donné aucune idée de reconversion.
Si tu me découvres avec ce post, je suis Léa Moreau (c’est pas mon vrai nom mais c’est sous ce nom que tu me trouveras sur facebook). Je suis blonde mais pas potiche, un peu sarcastique mais pas vraiment méchante, et je vends des voyages sur mesure dans une agence parisienne depuis plus de 20 ans. Je suis l’égérie de TourMaG depuis déjà 15 ans et essaie à mon modeste niveau d’être la porte-parole des vendeuses de rêves anonymes. Abonne-toi à mon profil facebook pour plus d’anecdotes croustillantes sur notre milieu et notre métier.