CDD, stagiaire, salaires bas... Léa se rebiffe et fait le point sur les conditions d'embauche en France - Dessin Raf
Jeudi dernier, je regardais d’un œil un peu distrait l’intervention de François Hollande à la télé.
Je ne regarde pas beaucoup la télé (à part le mardi, parce que Nouvelle Star est une sorte de religion, pour moi), mais je n’avais rien de spécial à faire ce soir-là et j’ai considéré que regarder François Hollande à la télé était une sorte de devoir de citoyenne.
Pour limiter les risques de mourir d’ennui, j’ai simultanément attaqué mon repassage en retard.
Désolée pour ceux qui pensaient que j’étais la parfaite incarnation du glamour parisien : je suis (aussi) (parfois) une fille normale (dont les chemisiers ne se repassent pas tout seuls).
Le casting des quatre citoyens-interviewers de notre président était une caricature. On a eu le droit à :
- une femme de famille catho, blanche et BCBG, dont la chair de la chair était devenue de la chair à canon pour Daech ;
- un mec des Hauts de France (t’as vu ? je suis à la pointe de l’actu. J’ai bien assimilé le nom de la région) qui vote FN par colère « comme 75% des électeurs du FN aujourd’hui, qui ne sont pas racistes » (ça, c’est de l’analyse politique…),
- un militant de Nuit Debout
- une entrepreneuse de l’Internet (quadra, super jolie, BCBG, souriante et énergique, bref… le portrait de ce que le MEDEF voudrait nous faire passer pour le seul espoir de la France).
Je ne regarde pas beaucoup la télé (à part le mardi, parce que Nouvelle Star est une sorte de religion, pour moi), mais je n’avais rien de spécial à faire ce soir-là et j’ai considéré que regarder François Hollande à la télé était une sorte de devoir de citoyenne.
Pour limiter les risques de mourir d’ennui, j’ai simultanément attaqué mon repassage en retard.
Désolée pour ceux qui pensaient que j’étais la parfaite incarnation du glamour parisien : je suis (aussi) (parfois) une fille normale (dont les chemisiers ne se repassent pas tout seuls).
Le casting des quatre citoyens-interviewers de notre président était une caricature. On a eu le droit à :
- une femme de famille catho, blanche et BCBG, dont la chair de la chair était devenue de la chair à canon pour Daech ;
- un mec des Hauts de France (t’as vu ? je suis à la pointe de l’actu. J’ai bien assimilé le nom de la région) qui vote FN par colère « comme 75% des électeurs du FN aujourd’hui, qui ne sont pas racistes » (ça, c’est de l’analyse politique…),
- un militant de Nuit Debout
- une entrepreneuse de l’Internet (quadra, super jolie, BCBG, souriante et énergique, bref… le portrait de ce que le MEDEF voudrait nous faire passer pour le seul espoir de la France).
On nous prend pour des quiches ?
Bon. Ils auraient voulu faire vraiment dans la caricature, ils auraient pris Ludovine de la Rochère, un Deschiens, un punk à chiens et… Anne-Laure Constanza, elle-même (je n’ai pas trouvé meilleure caricature à ce que serait Macron s’il était une fille).
Cette pauvre entrepreneuse a bien des soucis : rends-toi compte, la pauvre !
Elle voudrait développer son entreprise de vente à distance mais, à cause des blocages sur la réglementation du travail, elle ne peut pas : elle ne peut pas avoir plus de 3 stagiaires en même temps (j’ai vérifié : depuis 6 mois, le nombre de stagiaires est effectivement limité à 15% de l’effectif de la société au dernier jour du mois précédent ou de la moyenne des 12 mois précédents).
Elle se plaint de la surtaxation des CDD : elle voudrait embaucher des vendeuses sur des contrats de 20 heures par semaine, mais la loi ne l’autorise pas à recruter des temps partiels à moins de 24 heures hebdo.
Parce que oui… j’entends ici et là, qu’il y aurait une inadéquation entre les profils des chercheurs d’emploi et les attentes des recruteurs.
Si les attentes des recruteurs, c’est d’avoir des CDD payés au SMIC horaire, à raison de 16 heures par semaine, non merci ! #OnVautMieuxQueCa.
A toutes fins utiles, je rappelle qu’en France, un employeur ne peut recruter en CDD que sous 3 bonnes raisons (source : mon cours de droit de 1ère année de BTS Tourisme) :
- le remplacement d’un salarié absent (malade ou en congé maternité, par exemple)
- une surcharge temporaire d’activité (due, par exemple, à une grosse commande)
- l’attente de l’arrivée d’un CDI (dans le cas, donc, où la personne en question a un préavis à faire ailleurs).
Or, 90% des arrivées de jeunes dans une entreprise seraient des embauches en CDD. On nous prend pour des quiches ?
Cette pauvre entrepreneuse a bien des soucis : rends-toi compte, la pauvre !
Elle voudrait développer son entreprise de vente à distance mais, à cause des blocages sur la réglementation du travail, elle ne peut pas : elle ne peut pas avoir plus de 3 stagiaires en même temps (j’ai vérifié : depuis 6 mois, le nombre de stagiaires est effectivement limité à 15% de l’effectif de la société au dernier jour du mois précédent ou de la moyenne des 12 mois précédents).
Elle se plaint de la surtaxation des CDD : elle voudrait embaucher des vendeuses sur des contrats de 20 heures par semaine, mais la loi ne l’autorise pas à recruter des temps partiels à moins de 24 heures hebdo.
Parce que oui… j’entends ici et là, qu’il y aurait une inadéquation entre les profils des chercheurs d’emploi et les attentes des recruteurs.
Si les attentes des recruteurs, c’est d’avoir des CDD payés au SMIC horaire, à raison de 16 heures par semaine, non merci ! #OnVautMieuxQueCa.
A toutes fins utiles, je rappelle qu’en France, un employeur ne peut recruter en CDD que sous 3 bonnes raisons (source : mon cours de droit de 1ère année de BTS Tourisme) :
- le remplacement d’un salarié absent (malade ou en congé maternité, par exemple)
- une surcharge temporaire d’activité (due, par exemple, à une grosse commande)
- l’attente de l’arrivée d’un CDI (dans le cas, donc, où la personne en question a un préavis à faire ailleurs).
Or, 90% des arrivées de jeunes dans une entreprise seraient des embauches en CDD. On nous prend pour des quiches ?
"Je ne suis pas une gauchiste échevelée"
Comment peut-on laisser les boites avoir à ce point recours aux CDD, alors que cette pratique est hyper réglementée ?
Que les salariés ou les syndicats se battent pour faire respecter le droit (et requalifier ces CDD en CDI) plutôt que d’essayer de se battre pour la sauvegarde d’avantages de corporatismes.
Le nombre de stagiaires est limité et les entreprises se plaignent de ne pas trouver de personnel formé ? Qu’elles recrutent en alternance ! Le nombre d’alternants dans une boite n’est pas limité par des quotas.
Je ne suis pas une gauchiste échevelée. Je ne crois pas que la jeunesse trouvera des solutions d’avenir en passant des Nuits Debout à faire de la philosophie à base de bière tiédasse, de cigarettes qui font rire et de sons de didgeridoo, mais j’ai mes colères et les combats.
Je suis scandalisée par la nouvelle aide à l’embauche pour les PME, en vigueur depuis le 18 janvier. Je te résume le truc : pour toute embauche en CDI (ou en CDD de plus de 6 mois) à moins de 1,3 SMIC (soit 1900 € bruts), l’Etat accorde 500 € de réduction de charges par trimestre à l’employeur.
C’est avec des lois comme ça qu’on va augmenter le pouvoir d’achat des jeunes travailleurs ? Quelqu’un peut m’expliquer comment on vit à Paris ou dans une autre grande ville avec 1900 € bruts (soit 1500 € nets) ?
Que les salariés ou les syndicats se battent pour faire respecter le droit (et requalifier ces CDD en CDI) plutôt que d’essayer de se battre pour la sauvegarde d’avantages de corporatismes.
Le nombre de stagiaires est limité et les entreprises se plaignent de ne pas trouver de personnel formé ? Qu’elles recrutent en alternance ! Le nombre d’alternants dans une boite n’est pas limité par des quotas.
Je ne suis pas une gauchiste échevelée. Je ne crois pas que la jeunesse trouvera des solutions d’avenir en passant des Nuits Debout à faire de la philosophie à base de bière tiédasse, de cigarettes qui font rire et de sons de didgeridoo, mais j’ai mes colères et les combats.
Je suis scandalisée par la nouvelle aide à l’embauche pour les PME, en vigueur depuis le 18 janvier. Je te résume le truc : pour toute embauche en CDI (ou en CDD de plus de 6 mois) à moins de 1,3 SMIC (soit 1900 € bruts), l’Etat accorde 500 € de réduction de charges par trimestre à l’employeur.
C’est avec des lois comme ça qu’on va augmenter le pouvoir d’achat des jeunes travailleurs ? Quelqu’un peut m’expliquer comment on vit à Paris ou dans une autre grande ville avec 1900 € bruts (soit 1500 € nets) ?
"Je suis indignée mais j’essaie de trouver des solutions"
Depuis que je suis à l’école, j’entends qu’on est « en crise ». On compte sur nos parents à 30 ans passés. On n’aura certainement pas de retraite.
Et on a quoi comme projet ? Avoir des salaires plafonnés à 1500 € nets pour que nos employeurs puissent toucher des exonérations de charges ?
Devoir prendre un job de serveur à temps partiel après avoir trimé dans nos agences ? Mettre nos apparts sur airbnb (en toute illégalité) pour gagner 200€ (et squatter 3 nuits dans le canapé-lit d’une copine) ?
Et attendre les challenges des ventes des assureurs ou des TO pour récupérer 30€ en chèques-cadeau ?
Cette crise a (un peu) de bon : on développe le recyclage (chaque week-end, j’échange Grazia, auquel je suis abonnée contre Elle, que reçoit ma copine Emilie), l’échange (je prépare des petits plats à mes copains bricoleurs qui prennent une heure de leur temps à revisser des trucs chez moi), le partage (on achète en gros et on répartit ensuite), la récup, le bricolage (façon de lutter contre l’obsolescence programmée).
Et puis quand tu résilies ton abonnement RATP à 70€ par mois contre un abonnement Velib à 29€ par an, tu perds un peu de gras et tu gagnes des cuisses fuselées et un peu de souffle…
Je suis indignée mais j’essaie de trouver des solutions (à ma petite échelle).
Je comprends qu’on nous fasse travailler jusqu’à 20h pour « être là quand nos clients ont le temps de venir à l’agence », qu’on nous propose des voyages d’études qui bouffent les week-ends parce que quand tu travailles dans un point de ventes à deux salariés, tu ne pas laisser l’autre tout faire tout seul pendant une éternité.
Je ne comprends pas, en revanche, comment les agences trouvent des candidats prêts à travailler pour 1800 € bruts à Paris.
Surtout quand c’est pour des jobs où tu ne fais que répéter la même tâche toute la journée, à la manière de Charlot dans les temps modernes.
Si tu veux bien, on en parle la semaine prochaine dans mon prochain billet de (mauvaise) humeur.
Et on a quoi comme projet ? Avoir des salaires plafonnés à 1500 € nets pour que nos employeurs puissent toucher des exonérations de charges ?
Devoir prendre un job de serveur à temps partiel après avoir trimé dans nos agences ? Mettre nos apparts sur airbnb (en toute illégalité) pour gagner 200€ (et squatter 3 nuits dans le canapé-lit d’une copine) ?
Et attendre les challenges des ventes des assureurs ou des TO pour récupérer 30€ en chèques-cadeau ?
Cette crise a (un peu) de bon : on développe le recyclage (chaque week-end, j’échange Grazia, auquel je suis abonnée contre Elle, que reçoit ma copine Emilie), l’échange (je prépare des petits plats à mes copains bricoleurs qui prennent une heure de leur temps à revisser des trucs chez moi), le partage (on achète en gros et on répartit ensuite), la récup, le bricolage (façon de lutter contre l’obsolescence programmée).
Et puis quand tu résilies ton abonnement RATP à 70€ par mois contre un abonnement Velib à 29€ par an, tu perds un peu de gras et tu gagnes des cuisses fuselées et un peu de souffle…
Je suis indignée mais j’essaie de trouver des solutions (à ma petite échelle).
Je comprends qu’on nous fasse travailler jusqu’à 20h pour « être là quand nos clients ont le temps de venir à l’agence », qu’on nous propose des voyages d’études qui bouffent les week-ends parce que quand tu travailles dans un point de ventes à deux salariés, tu ne pas laisser l’autre tout faire tout seul pendant une éternité.
Je ne comprends pas, en revanche, comment les agences trouvent des candidats prêts à travailler pour 1800 € bruts à Paris.
Surtout quand c’est pour des jobs où tu ne fais que répéter la même tâche toute la journée, à la manière de Charlot dans les temps modernes.
Si tu veux bien, on en parle la semaine prochaine dans mon prochain billet de (mauvaise) humeur.