L’espace d’un instant, je me suis imaginée dans mon mini-loft feutré, un casque sur les oreilles à répondre à mes clients fidèles qui voudraient réserver une belle croisière ou un safari de luxe ou recevant des clients friqués autour d’une tasse de thé parfumé (que j’aurais rapporté du Sri Lanka) pour les faire rêver avec de jolies photos qui défileraient sur mon i-pad rose. - Dessin Raf
Agent de voyages à la maison, ça vous tente ?
Aux USA, le nombre d'AGV travaillant à domicile a augmenté de 434% en 8 ans ! Ce concept va t-il déferler en France ?
Samedi 3 mai, comme tous les samedis, Amandine et moi étions à l’agence. Je dis bien « [nous] étions à l’agence » et non pas « Amandine et moi avons travaillé samedi ». Tout est dans la nuance.
Quand les jours fériés tombent le jeudi (et en ce joli mois de mai, il y en a trois), la France fait le pont.
Amandine et moi travaillons le samedi, alors vous vous doutez bien que les ponts, on n’en voit pas la couleur…
On a juste un jour férié au milieu de notre semaine de labeur. Et bien sûr, les autres collègues font le pont parce que « venir travailler pour un jour, c’est idiot ».
Alors oui. C’est idiot.
Les idiotes, en tout cas, c’est nous. A moins que nous ne soyons que les dindes de la farce (j’adore cette expression).
Bref, Paris était vide, on attendait le chaland qui ne venait pas, on avait répondu à tous nos devis la veille (retournez au début de l’article : le vendredi 2 mai, comme le 9 et le 30, la France faisait le pont mais pas nous) et on n’avait même pas une petite grève Air France à se mettre sous la dent puisque le SNPL avait renoncé à son mouvement.
Aux USA, le nombre d'AGV travaillant à domicile a augmenté de 434% en 8 ans ! Ce concept va t-il déferler en France ?
Samedi 3 mai, comme tous les samedis, Amandine et moi étions à l’agence. Je dis bien « [nous] étions à l’agence » et non pas « Amandine et moi avons travaillé samedi ». Tout est dans la nuance.
Quand les jours fériés tombent le jeudi (et en ce joli mois de mai, il y en a trois), la France fait le pont.
Amandine et moi travaillons le samedi, alors vous vous doutez bien que les ponts, on n’en voit pas la couleur…
On a juste un jour férié au milieu de notre semaine de labeur. Et bien sûr, les autres collègues font le pont parce que « venir travailler pour un jour, c’est idiot ».
Alors oui. C’est idiot.
Les idiotes, en tout cas, c’est nous. A moins que nous ne soyons que les dindes de la farce (j’adore cette expression).
Bref, Paris était vide, on attendait le chaland qui ne venait pas, on avait répondu à tous nos devis la veille (retournez au début de l’article : le vendredi 2 mai, comme le 9 et le 30, la France faisait le pont mais pas nous) et on n’avait même pas une petite grève Air France à se mettre sous la dent puisque le SNPL avait renoncé à son mouvement.
Les agents de voyages à domicile, un sujet qui "me parle"
La journée s’annonçait tellement tranquille que comme Pierre dans le Père Noël est une ordure, on vérifiait de temps en temps que le téléphone était bien raccroché. « C’est vrai que c’est tout de même très calme ».
Une fois terminé le grand débat de la semaine (« tu as aimé le nouveau Grazia ? » ; la réponse est « non »), heureusement qu’il nous restait plein d’e-mails pour nous occuper.
Chaque jour, on en reçoit une tonne. Tout ce qui ne mérite pas mon attention immédiate se retrouve dans le répertoire « un jour si j’ai le temps ». C’est un dossier rigolo comme tout, avec pleins de trucs que je ferais « un jour si j’ai le temps », « plutôt à ce moment-là, on sera plus tranquille » .
Et ça tombe bien, parce qu’en ce samedi 3 mai, j’en avais à revendre, du temps.
J’ai donc ressorti de ma boite magique, 4 mois de vieilleries. Et je suis tombée sur une newsletter de TourMaG qui comprenait un vrai sujet de fond. : « USA : le nombre d'AGV travaillant à domicile a augmenté de 434% en 8 ans ! ».
Je ne sais pas vous, mais moi, un sujet comme ça, (comme ils disent dans Top Chef), ça me parle.
D’autant plus qu’en matière de tourisme, tout ce qui se passe aux Etats-Unis finit par arriver chez nous 10 ans après. Donc, autant savoir de quoi demain sera fait.
Une fois terminé le grand débat de la semaine (« tu as aimé le nouveau Grazia ? » ; la réponse est « non »), heureusement qu’il nous restait plein d’e-mails pour nous occuper.
Chaque jour, on en reçoit une tonne. Tout ce qui ne mérite pas mon attention immédiate se retrouve dans le répertoire « un jour si j’ai le temps ». C’est un dossier rigolo comme tout, avec pleins de trucs que je ferais « un jour si j’ai le temps », « plutôt à ce moment-là, on sera plus tranquille » .
Et ça tombe bien, parce qu’en ce samedi 3 mai, j’en avais à revendre, du temps.
J’ai donc ressorti de ma boite magique, 4 mois de vieilleries. Et je suis tombée sur une newsletter de TourMaG qui comprenait un vrai sujet de fond. : « USA : le nombre d'AGV travaillant à domicile a augmenté de 434% en 8 ans ! ».
Je ne sais pas vous, mais moi, un sujet comme ça, (comme ils disent dans Top Chef), ça me parle.
D’autant plus qu’en matière de tourisme, tout ce qui se passe aux Etats-Unis finit par arriver chez nous 10 ans après. Donc, autant savoir de quoi demain sera fait.
Le boom aux Etats-Unis
Je vous résume le truc : « Après avoir connu des années noires avec le développement des ventes directes des fournisseurs, […] les distributeurs ont trouvé de nouvelles raisons et de nouvelles façons d'exister. »
Là, je me suis dit que les agences qui survivraient à la crise actuelle de la désintermédiation pouvaient rêver de lendemains qui chantent.
Je poursuis : « plus de la moitié des agences de voyages existantes ont disparu » [quand même…] « mais le créneau de l'agent de voyages solo, travaillant de la maison, a connu un véritable boom. »
Nous y voilà…
« Entre 2003 et 2011, le nombre d'agent de voyages travaillant à la maison s'est accru de 434% ! »
Oui, mais on est partis de combien ? Les 6 agents de voyages qui travaillaient chez eux en 2003 sont devenus 32 ? On continue…
« Si le point de vente employant plusieurs agents reste la façon de travailler la plus commune, représentant 36% de l'ensemble de la distribution, l'agent indépendant travaillant à la maison pèse désormais 18%. »
Et là, j’ai mobilisé mon neurone. Et j’ai pensé. Si, je vous assure. Pas si folle, la guêpe.
Là, je me suis dit que les agences qui survivraient à la crise actuelle de la désintermédiation pouvaient rêver de lendemains qui chantent.
Je poursuis : « plus de la moitié des agences de voyages existantes ont disparu » [quand même…] « mais le créneau de l'agent de voyages solo, travaillant de la maison, a connu un véritable boom. »
Nous y voilà…
« Entre 2003 et 2011, le nombre d'agent de voyages travaillant à la maison s'est accru de 434% ! »
Oui, mais on est partis de combien ? Les 6 agents de voyages qui travaillaient chez eux en 2003 sont devenus 32 ? On continue…
« Si le point de vente employant plusieurs agents reste la façon de travailler la plus commune, représentant 36% de l'ensemble de la distribution, l'agent indépendant travaillant à la maison pèse désormais 18%. »
Et là, j’ai mobilisé mon neurone. Et j’ai pensé. Si, je vous assure. Pas si folle, la guêpe.
Le bureau à la maison
Travailler chez soi ?
Mon Nico-adoré est « home based » comme ils disent dans la chaîne hôtelière qui l’emploie.
C’est-à-dire qu’il n’a pas de bureau, que son ordi traîne à l’appart et qu’on a un placard entier bourré de brochures, de CD Rom et de clés USB alors que cet espace devrait être libéré pour mes robes.
Mais mon Nico est sur le terrain 9 demi-journées par semaine… on ne peut pas vraiment dire qu’il travaille depuis chez nous.
L’espace d’un instant, je me suis imaginée dans mon mini-loft feutré, un casque sur les oreilles à répondre à mes clients fidèles qui voudraient réserver une belle croisière ou un safari de luxe (« vous nous mettez en classe affaires, Léa s’il-vous-plait » ou recevant des clients friqués autour d’une tasse de thé parfumé (que j’aurais rapporté du Sri Lanka) pour les faire rêver avec de jolies photos qui défileraient sur mon i-pad rose.
Je serais toujours vêtue d’un chemisier de soie rapporté d’Inde ou du Cambodge et mes cheveux seraient noués en chignon et agrémentés d’un coquillage ramassé sur une plage de Polynésie.
Mon Nico-adoré est « home based » comme ils disent dans la chaîne hôtelière qui l’emploie.
C’est-à-dire qu’il n’a pas de bureau, que son ordi traîne à l’appart et qu’on a un placard entier bourré de brochures, de CD Rom et de clés USB alors que cet espace devrait être libéré pour mes robes.
Mais mon Nico est sur le terrain 9 demi-journées par semaine… on ne peut pas vraiment dire qu’il travaille depuis chez nous.
L’espace d’un instant, je me suis imaginée dans mon mini-loft feutré, un casque sur les oreilles à répondre à mes clients fidèles qui voudraient réserver une belle croisière ou un safari de luxe (« vous nous mettez en classe affaires, Léa s’il-vous-plait » ou recevant des clients friqués autour d’une tasse de thé parfumé (que j’aurais rapporté du Sri Lanka) pour les faire rêver avec de jolies photos qui défileraient sur mon i-pad rose.
Je serais toujours vêtue d’un chemisier de soie rapporté d’Inde ou du Cambodge et mes cheveux seraient noués en chignon et agrémentés d’un coquillage ramassé sur une plage de Polynésie.
Je pourrais embaucher l’un de mes petits apprentis
Pas de faux-clients internet, pas de commerciaux qui débarquent à l’improviste, pas de gens qui s’exaspèrent qu’il faille faire la queue, pas de Coralie qui nous tient au courant des dents et des petits problèmes digestifs de Melvil et Robinson, pas de gens qui passent juste une tête pour me demander où est la poste / s’ils peuvent faire pipi / si on a des catalogues sur l’Egypte (c’est pour un exposé pour l’école).
Une fois par semaine, je passerais à la banque déposer les gros chèques de mes clients et de temps en temps, pour les clients vraiment VVVIP, je me déplacerais à domicile (en taxi) pour leur proposer les hôtels les plus hype de la planète.
Et puis je me suis demandé comment je ferais pour traiter les demandes de mes clients quand je serais partie en voyage d’études. Je pourrais embaucher Mélody ou Olivier, l’un de mes petits apprentis.
Ils taperaient les programmes, confectionneraient les carnets de voyage, répondraient au téléphone, feraient des recherches pour trouver le meilleur du meilleur.
Je pourrais aussi proposer un service de conciergerie à mes clients pour qu’Olivier ou Mélody s’occupent de relever le courrier 2 fois par semaine chez les clients en voyage et leur déposer des fruits et remettre le chauffage la veille de leur retour.
Une fois par semaine, je passerais à la banque déposer les gros chèques de mes clients et de temps en temps, pour les clients vraiment VVVIP, je me déplacerais à domicile (en taxi) pour leur proposer les hôtels les plus hype de la planète.
Et puis je me suis demandé comment je ferais pour traiter les demandes de mes clients quand je serais partie en voyage d’études. Je pourrais embaucher Mélody ou Olivier, l’un de mes petits apprentis.
Ils taperaient les programmes, confectionneraient les carnets de voyage, répondraient au téléphone, feraient des recherches pour trouver le meilleur du meilleur.
Je pourrais aussi proposer un service de conciergerie à mes clients pour qu’Olivier ou Mélody s’occupent de relever le courrier 2 fois par semaine chez les clients en voyage et leur déposer des fruits et remettre le chauffage la veille de leur retour.
Déménager dans les beaux quartiers ?
Mais où les mettre ces deux-là, dans mon mini-loft ?
Il faudrait que je déménage, que je prenne plus grand. Et si je veux recevoir les clients chez moi, il faudrait quand même que je déménage dans les beaux quartiers « pour me rapprocher de ma clientèle » (je ne peux pas les faire venir chez moi tant que j’habite La Chapelle, ça ne serait pas digne de leur rang).
C’est là que le « ding-dong » de la porte a retenti.
Une fille bling-bling entrait pour nous demander « ce qu’il nous restait pour le week-end suivant (celui du 8 mai) au soleil pour moins de 500 € en all-exclusive ».
Elle « n’avait rien prévu pour le pont, et comme il va faire moche, elle n’allait quand même pas rester à Paris »…
Il faudrait que je déménage, que je prenne plus grand. Et si je veux recevoir les clients chez moi, il faudrait quand même que je déménage dans les beaux quartiers « pour me rapprocher de ma clientèle » (je ne peux pas les faire venir chez moi tant que j’habite La Chapelle, ça ne serait pas digne de leur rang).
C’est là que le « ding-dong » de la porte a retenti.
Une fille bling-bling entrait pour nous demander « ce qu’il nous restait pour le week-end suivant (celui du 8 mai) au soleil pour moins de 500 € en all-exclusive ».
Elle « n’avait rien prévu pour le pont, et comme il va faire moche, elle n’allait quand même pas rester à Paris »…