MICE: Marseille vise le haut du panier

Il est bien loin le temps où Dominique Vlasto, l'adjointe au Maire déléguée au tourisme, divaguait dans les allées des salons MICE pour faire exister Marseille sur la carte du monde, notamment auprès des américains.

Quelques décennies plus tard, la belle endormie s'est bien réveillée. A tel point qu'elle est montée sur une belle 3e place des villes françaises accueillant le plus de congrès, en 2017. Au niveau international, le classement est plus anecdotique, puisque la cité phocéenne intègre le top 80, peut mieux faire assurément.

Et pour en arriver là, Marseille a connu une année 2017 ensoleillée sur le plan des retombées économiques du tourisme d'affaires, avec une croissance de +33%. Les 425 000 journées congressistes ont généré des retombées directes de 357 millions d'euros contre 270 millions en 2016.

Sur cette masse d'événements près de la moitié est générée par les congrès médicaux (comme dans l'une des nouvelles salles de congrès à l'Intercontinental) mais Marseille se cherche une autre spécialité, avec l'univers numérique. Ses atouts s'accumulent, depuis l'ouverture de son incubateur The Camp, et l'arrivée de la blacbone. Cette dernière technologie est considérée comme le centre névralgique d'internet dans le monde, car cette ligne arrivant à Marseille supporte la plus grosse partie du trafic Internet.

L'explications de cette embellie : le changement du regard porté sur la ville. "Les médias ont toujours tendance à traiter négativement l'actualité de la région, mais dans l'ensemble l'image a évolué positivement. Les personnes qui viennent nous voir sur le salon Mice Place n'ont plus aucune appréhension. Ce qui n'était pas le cas à mon arrivée, il y a 10 ans. " rapporte Julie Braun, la directrice des ventes du Radisson Blu situé sur le vieux port.

Et il y avait foule dans les allées du salon MICE Place, où une petite centaine d'exposants se sont déplacés de la région PACA pour faire du business, et rencontrer les futurs congressistes, augurant d'un prochain exercice dynamique.

Car Marseille ne veut pas s'arrêter en si bon chemin, l'année 2018 regorge déjà d'événements. En ce début du mois de février, 61 congrès ont été confirmés, et plus une vingtaine sont en option. Le son de cloche est le même du côté du World Trade Center "depuis la réouverture le 4 octobre 2017 tout va très bien, nous avons des réservations à n+2, nous n'avions jamais connu ça" s'exclame Réjane Rossi, en charge des événements au World Trade Center Marseillais.

Toutefois, alors qu'un vent d'optimiste souffle sur la cité, il est des batailles à mener pour se rapprocher de l'excellence. "Sans un centre ville attractif, nous ne pourrons pas viser plus haut. Constate Dominique Vlasto.

Le voyagiste d'affaires profite de ces moments, pour faire du shopping, mais Marseille n'est pas encore Cannes ou Nice. Il nous manque aussi une desserte internationale d'ampleur, vers les USA et les pays du Golf."

Comme nous vous le révélions, le 23 novembre 2017, les négociations sont en cours avec Emirates et une autre compagnie pour opérer la liaison avec les Etats-Unis, sauf que le gouvernement met un frein. "Et le protectionniste d'Air France," affirme Pascale Bigo-Foucault, responsable du Bureau des Congrès.

La ligne directe Marseille-Moscou arrêtait depuis quelques années, devrait faire son retour" et ouvrir de nouvelles perspectives de business.

Malgré tout la capitale provençale parvient à conquérir la clientèle internationale, qui a bondi de +50% en deux ans.

Et espère attirer un événement retentissant. "Nous sommes dans l'attente d'une décision pour le plus gros congrès que la ville n'ait jamais accueilli" s'enthousiasme l'élue.

Près de 20 000 participants pourraient alors foulée les allées de la célèbre Canebière lors du Congrès mondial de la nature en 2020. Après avoir répondu à un cahier des charges de 150 pages, éliminée Bordeaux et Lyon, Marseille ne trouve plus qu'une seule ville sur sa route.

"Nous ne la connaissons pas, mais nous sommes très optimiste, la visite de contrôle s'est très bien passée" rapporte Pascale Bigo-Foucault dont l'optimisme est communicatif.

Les chantiers s'annoncent nombreux dans les mois à venir, entre l'aéroport, les jeux olympiques de 2024 et la fin de la concession du Parc Chanot. Le vieillissant Palais des Congrès dont la Délégation de Service Public arrive à échéance en 2019, ne permet pas d'accueillir des événements de dimension internationale.

Malgré son implantation dans le centre-ville, les bâtiments ne correspondent plus aux normes d'accueil actuelles. Et la responsable du Bureau des Congrès de donner sa vision. "Nous ne savons pas encore ce que va donner ce changement, mais le parc a besoin d'un important lifting.

Vous le remettez au goût du jour, avec deux hôtels de standing à proximité, et plus rien ne nous arrêtera". En attentant, la ville s'apprête à accueillir en début d'année prochaine un nouvel espace de séminaire, à savoir deux étages dans la tour dessinée par Jean Nouvelle, et qui permettra de surplomber toute la ville à 135m d'altitude.

De quoi permettre de chatouiller les deux premières places du classement ? "Malheureusement Paris est inatteignable, mais il reste la deuxième" conclu avec un brin de malice Dominique Vlasto.

Rendez-vous pris.

Les principaux congrès en 2018 :

- High Tech Cardio, 900 personnes,

- Les rencontres de l'AMRAE, 1 500 personnes,

- Assises Nationales des Sages Femmes , 1 200 personnes,

- Congrès Accueil des Villes Françaises, 1 000 personnes,

- Congrès Association Française de la Médecine & Santé au Travail, 4 000 personnes,

- Congrès SFAP, 4 500 personnes...