MICE : les villages clubs vont chercher leur part du gâteau

La bonne dynamique du MICE ne se dément pas. Si le segment n’est pas le cœur de métier des villages clubs, il reste stratégique et permet d'optimiser l'activité des sites toute l'année.

« Avec la crise sanitaire, l’activité a connu un arrêt de 6 à 8 mois. Nous ne nous attendions pas à une reprise dès le début de l’année 2021, avec une montée en puissance en juin 2021. Il ne s’agissait pas que de reports, mais de nouvelles demandes. 2022 a été la confirmation de la tendance, qui se poursuit encore aujourd’hui », explique Véronique Bertrand, directrice Meetings & Events du Club Med sur le marché Français.

Au Club Med, 60 resorts répartis dans 24 pays accueillent des événements. Le MICE représente 10% du volume d’affaires global de la marque au trident. « Nous avons retrouvé les niveaux d’avant covid. 1 500 événements par an, dont 700 événements portés par le marché Français », précise Véronique Bertrand.

« La crise a été violente pour tous, en termes d’isolement, de manque de communication, il y a un besoin extrêmement puissant de se retrouver en vrai, d’échanger, de se connaître. Les outils digitaux ont cassé la relation humaine », poursuit-elle.

Le Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs confirme la bonne dynamique du MICE. « C'est un segment à fort potentiel puisque nous constatons une progression de +30% des réservations sur l'offre MICE depuis 2018. Cela représente aujourd'hui plus de 800 évènements par an en France avec un volume d'activité qui dépasse 20% des ventes indirectes », affirme Vanna Bozzato, Head of MICE Department de Pierre & Vacances-Center Parcs.

En France, le groupe propose 16 sites (9 sites Pierre & Vacances à la mer, à la montagne et à la campagne et 7 domaines Center Parcs en pleine nature) pour accueillir les évènements d'entreprise : de l'organisation d'un comité de direction à la privatisation complète d'un site pouvant accueillir jusqu'à 4 000 collaborateurs.

Même constat chez VVF Villages qui propose une offre séminaire/MICE sur une vingtaine de sites en France.

« Cette activité se développe de plus en plus et notamment sur de plus petits effectifs et des durées courtes en proximité, mais offre une alternative intéressante pour des clients à la recherche de sites naturels et authentiques. Et surtout des clientèles à la recherche d'activités plus tournées autour du sport, de la nature, activités de plein air et développement durable », note Grégoire Mallet, directeur marketing chez VVF Villages, pour qui le MICE correspond à moins de 20 % de l'activité BtoB.

Si la crise sanitaire a ancré le besoin de se retrouver, de créer du lien, les entreprises n’ont pas pour autant mis de côté les enjeux RSE.

« La RSE est un critère essentiel dans le choix de la destination. Face aux enjeux environnementaux, les entreprises sont de plus en plus soucieuses de limiter leur empreinte carbone et privilégient donc des destinations en France plus proches qui ne nécessitent pas de prendre l'avion », affirme Vanna Bozzato de Pierre & Vacances-Center Parcs.

Et les collaborateurs sont là pour appuyer ces valeurs. « Les nouvelles générations sont en attentes de vrai, de redécouverte de nos territoires, de la nature, plus que de concepts plus aseptisés. Un séjour MICE est souvent la vitrine de l'entreprise et moyen de motivation auprès de générations, jeunes et moins jeunes, en quête de sens, de valeurs et de transparence de la part de leur employeur. Et aussi en cohérence avec la démarche RSE de l'entreprise, pour renforcer ce lien d'appartenance », abonde Grégoire Mallet de VVF.

Exit donc les team building à l’étranger ? « L’enjeu RSE impact en partie les événements à l’étranger , répond la directrice France du Meetings & Events du Club Med. Les entreprises attentives à l’impact RSE vont étudier ce que met l’acteur choisi pour compenser un voyage à l’étranger. Nous organisons des team building autour du développement durable. Nous avons revu notre offre dans ce sens-là. Pour les faire réfléchir, pour leur permettre de comprendre, quels sont les enjeux du développement durable. C’est un sujet très vaste. »

Autre changement depuis la crise sanitaire : « Il y aura peut-être moins d’événements, mais de meilleure qualité avec un objectif de rapporter quelque chose de plus profond. La convivialité a pris une part plus importante. Les programmes prennent en compte des temps de respiration et de reconnexion pour se retrouver, passer de bons moments ensemble et repartir avec des souvenirs mémorables », note Véronique Bertrand.

Les délais de réservation se sont aussi réduits. « Nous enregistrons plus de demandes de dernière minute et pour des groupes assez conséquents de 300 à 400 personnes. Après avoir vécu la crise sanitaire, les entreprises sont prudentes par rapport à ce qu’il peut se passer dans le monde », poursuit-elle.

Les villages clubs veulent surfer sur la vague du MICE.

Ainsi, Club Med veut pousser son produit montagne l’été. « C’est un produit qui devient tendance, mais n’est pas entré totalement dans les habitudes des clients. Nous nous positionnons extrêmement bien sur le produit montagne en hiver comme en été. En termes d’accessibilité, c’est très facile, en train, bus ou par ses propres moyens. Les activités proposées permettent de complétement déconnecter », met en avant Véronique Bertrand, directrice Meetings & Events du Club Med.

Pierre & Vacances-Center Parcs veut, lui aussi, continuer à progresser pour acquérir de nouvelles parts de marché sur le MICE.

« Nous travaillons notamment sur l'uniformisation et le développement d'une offre globale Europe pour pouvoir répondre de façon plus structurée à la demande croissante. Nous développons également des partenariats stratégiques avec d'autres acteurs du B2B pour étoffer l'offre. Les tendances pour 2024 sont d'ailleurs très bonnes », conclut Vanna Bozzato, Head of MICE Department du groupe.