Le point économique
En juin dernier, la Réserve Fédérale américaine (Fed) a augmenté son taux directeur de 75 points de base. Son président, Jerome Powell, avait pourtant martelé jusqu’à la dernière minute son intention de procéder à une hausse de 50 points de base.
La semaine dernière, la Banque Centrale Européenne (BCE) a augmenté son taux directeur de 50 points de base. Il y a encore moins de dix jours de cela, le gouverneur de la Banque de Finlande, Olli Rehn (proche de Christine Lagarde), considérait qu’une hausse de 25 points de base serait un premier pas approprié.
La fin de facto du forward guidance signifie que la politique monétaire va être moins lisible à court terme ce qui va accroître la volatilité sur tous les actifs financiers, et sur les devises bien-sûr. Adopter une stratégie de couverture du change adaptée est donc plus qu’essentiel.
Le contexte économique continue de se dégrader, avec notamment le fort ralentissement en Juin des mises en chantier de logements Outre Atlantique. La demande diminue fortement à la fois du fait d’un prix moyen des logements record et d’une progression fulgurante en l’espace de seulement quelques mois des taux hypothécaires.
Le marché des changes est sceptique sur la capacité de la Fed à augmenter dans la durée les taux. Les analystes tablent sur une pause dans le cycle de hausse dès le mois de février prochain.
Enfin, le risque politique fait son retour en zone euro. C’était attendu. L’Italie se dirige vers des élections générales anticipées en septembre ou en octobre prochain. Le Premier ministre Mario Draghi a décidé de jeter l’éponge ayant perdu le soutien de son principal allié, le Mouvement Cinq Etoiles. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la zone euro. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’euro non plus. Toutefois, il est peu probable que nous nous dirigions vers une nouvelle crise de la dette souveraine (comme ce fut le cas en 2012).
La BCE a appris de ses erreurs et a dévoilé jeudi dernier un outil anti-fragmentation complet qui vise à éviter que le coût d’emprunt de certains Etats membres ne s’envolent du fait d’une panique spéculative. Il s’agit du TPI, pour Transmission Protection Instrument.
La zone euro fait face à de nombreux défis : crise énergétique, inflation persistante, tensions sociales, crise politique dans certains Etats-membres, exposition à la guerre en Ukraine etc. La bonne nouvelle, c’est qu’elle est mieux armée pour y faire face qu’en 2008 (crise financière mondiale) et en 2012 (crise de la dette).
Le point technique
Ce n’est pas certain qu’elle soit en mesure de le faire prochainement. Il n’y a quasiment aucun catalyseur à la hausse pour l’euro en ce moment. Les indicateurs techniques et les fondamentaux plaident en faveur d’une baisse durable de la monnaie unique et d’un nouveau test de la zone de parité. Le support majeur à surveiller dans les semaines à venir se situe à 0,9985.
Nous n’anticipons pas de changement majeur à court terme pour la paire EUR/GBP qui devrait continuer d’évoluer dans un grand range compris entre 0,84 et 0,86.
En revanche, il pourrait y avoir un regain de volatilité sur la paire EUR/JPY au cours de l’été. L’USD/JPY reste à un niveau très élevé (autour des 138 et hausse de près de 20% depuis le 1er janvier), ce qui pourrait inciter la Banque du Japon à intervenir sur les changes pour soutenir la monnaie de l’archipel.
C’est une possibilité qui est sur la table depuis plusieurs mois et qui pourrait finir par se matérialiser. Par ricochet, une intervention sur les changes pourrait conduire à une baisse de l’EUR/JPY. Le niveau de support situé à 137,71 sera à surveiller de près dans ce cas-là.
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SUPPORTS HEBDO |
RESISTANCES HEBDO |
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S1 |
S2 |
R1 |
R2 |
EUR/USD |
0,9985 |
0,9787 |
1,0350 |
1,0578 |
EUR/GBP |
0,8391 |
0,8264 |
0,8645 |
0,8772 |
EUR/CAD |
1,2974 |
1,2777 |
1,3369 |
1,3566 |
EUR/JPY |
139,00 |
137,71 |
143,59 |
146,54 |
Les annonces à suivre
Mais comme nous l’avons vu, il est difficile de faire confiance aveugle à la communication des banques centrales désormais. Plusieurs acteurs de marché prévoient une hausse de 100 points de base. Ce n’est pas exclu.
L’inflation aux Etats-Unis est toujours trop élevée (l’indice des prix à la consommation est ressorti à 9,1% en variation mensuelle en juin). On observe un repli de l’inflation sous-jacente (hors prix de l’énergie). Mais celui-ci est encore trop faible pour indiquer que le pic d’inflation serait proche. La Fed a certainement compris que sa fenêtre d’opportunité pour durcir la politique monétaire se réduit du fait du ralentissement économique à l’œuvre. Il est probable qu’elle souhaite être plus agressive à court terme.
Peu importe l’ampleur de la hausse des taux cette semaine (75 ou 100 points de base), nous restons convaincus que l’orientation haussière du dollar américain face à ses principales contreparties (y compris l’euro) demeure à court et à moyen terme. Le dollar index (qui mesure l’évolution du billet vert face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis) affiche une progression de 11,56% depuis le 1er janvier de cette année. Ce n’est qu’un début, selon nous.
Le mois d’août sera calme au niveau des indicateurs macroéconomiques et des réunions de banque centrale (comme tous les ans). Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de sursaut impromptu de la volatilité sur les changes. La Banque d’Angleterre sera la seule banque centrale d’un grand pays développé à se réunir.
Le gouverneur Andrew Bailey a indiqué qu’une hausse d’au moins 50 points de base est envisageable. Elle est en partie intégrée dans les cours de la livre sterling. L’inflation est le problème numéro un outre-Manche.
Elle est hors de contrôle. Elle devrait rapidement dépasser le seuil psychologique des 10%. Certains pays se dirigent vers un appauvrissement durable de leur population du fait de l’envolée générale des prix. C’est moins le cas en France où l’inflation augmente mais est parmi les plus basses en zone euro (juste derrière Malte).
En outre, des dispositifs de redistribution permettent d’éviter un appauvrissement trop important du premier quintile de revenus (les 15 à 20 % de la population les plus pauvres). Nous aurons l’occasion de rediscuter de l’inflation très prochainement. C’est le thème de l’année 2022.
Comme tous les ans, nous faisons une pause au mois d’août. La chronique de Mondial Change reprend le 5 septembre prochain. Merci pour votre fidélité. Très bonnes vacances de la part de toute notre équipe.
Jour |
Heure |
Pays |
Indicateur |
A quoi s’attendre ? |
Impact |
25/07 |
10:00 |
Allemagne |
Indice IFO du climat des affaires (Juillet) |
Hausse à 92,9 contre 92,3 précédemment. |
Moyen |
26/07 |
16:00 |
Etats-Unis |
Confiance des consommateurs du Conference Board (Juillet) |
Baisse prévue à 98,5 contre 98,7 précédemment. |
Moyen |
27/07 |
20:00 |
Etats-Unis |
Réunion de la banque centrale. Conférence de presse de J. Powell à partir de 20:30 |
A ce stade, le marché des changes anticipe une hausse d’au moins 75 points de base du taux directeur principal. |
Elevé |
28/07 |
14:30 |
Etats-Unis |
PIB au deuxième trimestre |
L’économie américaine devrait éviter la récession en ce début d’année avec une hausse du PIB au T2 prévue à 0,9%. |
Moyen |
29/07 |
11:00 |
Zone euro |
Indice des prix à la consommation (Juillet) |
Douloureuse nouvelle hausse à 8,8% après 8,6% en juin. |
Elevé |
04/08 |
13:00 |
Royaume-Uni |
Réunion de la banque centrale |
A ce stade, le marché des changes prévoit une hausse de 50 points de base du taux directeur |
Elevé |
05/08 |
14:30 |
Etats-Unis |
Rapport sur l’emploi américain (Juillet) |
Précédent : 372 000 créations d’emplois et taux de chômage à 3,6%. |
Elevé |
01/09 |
14:15 |
Etats-Unis |
Enquête ADP sur l’emploi (Juin) |
ADP a revu sa méthodologie. L’enquête portant sur le mois de juin devait être publiée en juillet. Elle l’est finalement en septembre. Le consensus prévoit 200 000 créations de postes. |
Faible |
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