Une petite précision avant de nous lancer. Lorsque nous parlons de Marmara Belgique, nous faisons une erreur volontaire. En effet, le nom officiel de la filiale belge de First Choice est Bosphorus. Mais comme cette entreprise commercialise ses produits et publie ses brochures sous l’intitulé Marmara, nous avons décidé de toujours parler dans cet article de Marmara Belgique.
Tout donne à penser que les objectifs de la filiale belge du groupe anglais ne sont pas de faire des bénéfices mais au contraire de réaliser chaque année le maximum de perte. En 2003, les pertes d’exploitations étaient de 171.000 euros. En 2004, elles étaient de 359.000 euros et l'an passé de 959.000 euros.
Et si l’on prend les pertes accumulées sur les dernières années pouvant être, suivant le droit fiscal belge, déductible des bénéfices taxables futurs, le total de celles-ci atteint la coquette somme de 10.342 millions d’euros !
Or tout donne à penser que ces pertes ne sont pas dues à la mauvaise qualité de gestion des responsables actuels de Marmara Belgique ou de l’état concurrentiel du marché local. Mais ces déficits sont au contraire la conséquence directe d’un modèle d’ingénierie financière imposée par le groupe.
Une petite comparaison
En dehors des deux grands généralistes (Jetair et Thomas Cook Belium) qui contrôlent 80 % du marché du tourisme organisé dans le Plat Pays, le principal concurrent de Marmara Belgique est Mediterra. Les principales destinations de ces deux voyagistes sont quasiment identiques : Turquie, Tunisie, Maroc et Egypte.
Les chiffres d’affaires sont assez proches : en 2005, EUR 37,114 millions pour Marmara Belgique et EUR 31,462 millions pour Mediterra. Pour ce qui est du nombre de pax, si Mediterra tourne aux alentours de 53.000 pax, Marmara Belgique a annoncé dépasser les soixante-dix mille unités.
Analyse comparative financière de base
Tout donne à penser que les objectifs de la filiale belge du groupe anglais ne sont pas de faire des bénéfices mais au contraire de réaliser chaque année le maximum de perte. En 2003, les pertes d’exploitations étaient de 171.000 euros. En 2004, elles étaient de 359.000 euros et l'an passé de 959.000 euros.
Et si l’on prend les pertes accumulées sur les dernières années pouvant être, suivant le droit fiscal belge, déductible des bénéfices taxables futurs, le total de celles-ci atteint la coquette somme de 10.342 millions d’euros !
Or tout donne à penser que ces pertes ne sont pas dues à la mauvaise qualité de gestion des responsables actuels de Marmara Belgique ou de l’état concurrentiel du marché local. Mais ces déficits sont au contraire la conséquence directe d’un modèle d’ingénierie financière imposée par le groupe.
Une petite comparaison
En dehors des deux grands généralistes (Jetair et Thomas Cook Belium) qui contrôlent 80 % du marché du tourisme organisé dans le Plat Pays, le principal concurrent de Marmara Belgique est Mediterra. Les principales destinations de ces deux voyagistes sont quasiment identiques : Turquie, Tunisie, Maroc et Egypte.
Les chiffres d’affaires sont assez proches : en 2005, EUR 37,114 millions pour Marmara Belgique et EUR 31,462 millions pour Mediterra. Pour ce qui est du nombre de pax, si Mediterra tourne aux alentours de 53.000 pax, Marmara Belgique a annoncé dépasser les soixante-dix mille unités.
Analyse comparative financière de base
Autres articles
2005 |
2004 |
2003 |
||||
Marmara | Mediterra | Marmara | Mediterra | Marmara | Mediterra | |
Marge brute (CA-coût des ventes) | -1.214.000 | 1.026.492 | -894.000 | 959.085 | -269.000 | 858.770 |
Résultat d’exploitation | -959.000 | 87.158 | -359.000 | 47.716 | -171.000 | 67.798 |
Résultat de l’exercice | -1.218.000 | 16.179 | -499.000 | 9.903 | -747.000 | 8.540 |
Fonds de roulement | -240.000 | 468.211 | -3.644.000 | 452.771 | -2.874.000 | 467.682 |
Fonds propres | 407.000 | 567.776 | -3.175.000 | 551.597 | -2.676.000 | 541.694 |
Cash flow | -883.000 | 65.009 | -251.000 | 53.377 | -731.000 | 52.370 |
RATIOS | ||||||
Ratio de liquidités | 0,96 | 1,73 | 0,63 | 1, 39 | 0,63 | 1,56 |
Degré d’endettement général en % | 92,96 | 52,96 | 147,38 | 68,04 | 152,66 | 60,50 |
Rentabilité brute des ventes | Nég (2) | 0,33 | Nég (2) | * (1) | Nég (2) | * (1) |
Personnel occupé (équivalant temps plein) | 20,50 | 20,10 | 26,70 | 22,20 | 25,90 | 21 |
Frais de personnel | 1.318.000 | 885.957 | 1.480.000 | 862.180 | 1.357.000 | 740.302 |
(1) Avant 2005, Mediterra publiait des bilans du modèle simplifié et donc ne communiquait pas son chiffre d’affaires.
(2) Le ratio « rentabilité brute des ventes » n’est pas représentatif car sur base des chiffres publiés, le coût des ventes est toujours supérieur aux ventes effectuées.
Que disent ces chiffres
Première remarque, les chiffres que nous publions sont repris dans les bilans officiels de 2005. Or tout le monde le sait, 2006 a été une très mauvaise année pour les voyagistes spécialistes de la Turquie. Ce qui fait que nous attendons avec une grande inquiétude la publication des résultats pour cette année.
Nous avons interrogé plusieurs analystes financiers et de crédits. Nous nous sommes également penchés sur les tableaux comparatifs publiés des deux sociétés avec d’autres entreprises du marché et du secteur.
Premier constat qui saute aux yeux, les coûts des achats de Marmara Belgique sont nettement supérieurs à ceux de Mediterra. Or ce qui frappe dans ceux-ci, c’est que les hôtels et clubs de vacances commercialisés sont équivalents et que plusieurs établissements se retrouvent dans les deux brochures.
Le deuxième constat, c’est que si Marmara Belgique occupe un peu plus de personnel, celui-ci est, en moyenne, nettement mieux rémunéré que celui de Mediterra. Le ratio en 2005 frais de personnel / nombre d’heures prestées donnant pour la filiale de First Choice 39,19 et pour Mediterra 23,39.
En ce qui concerne l’avis des analystes, Graydon, société d’analyses financières, dont les rapports sont commercialisés dans le grand public, se base, pour ses avis globaux, sur des recherches réalisées par l'Université de Gand et la Vlerick Leuven Gent Management School.
Pour les résultats 2005, il est dit : «Mediterra appartient aux meilleures entreprises du secteur des AGV et TO. Aucun problème ne se posera vraisemblablement. »
Tandis que pour Marmara Belgique : « L’entreprise fait partie des entreprises très faibles du secteur des auxiliaires de transport. Il y a des problèmes manifestes. Le risque de faillite est réel si aucune mesure n’est prise ».
Un banquier, faisant une analyse plus pointilleuse, assène : « Je ne vois qu’une explication dans les chiffres de Marmara Belgique. Il est évident que le groupe First Choice pratique une politique de gestion financière globale. Si la société belge est dans un tel état, c’est que c’est voulu par ses actionnaires. Mais ce n’est pas sain car un tel développement des pertes fiscalement récupérables rend l’entreprise très instable. Sa survie ne dépend que du bon vouloir de ses actionnaires. En d’autres mots, il suffit d’un changement de stratégie des actionnaires pour l’éliminer et procéder à la récupération fiscale. »
Les conséquences
Dernièrement, lors d’une conférence universitaire nous avons entendu un professionnel du secteur nous dire : « Le tourisme éthique existe, mais l’éthique dans le tourisme n’existe pas toujours. » Le cas de Maramara Belgique en un exemple criant.
En effet, soit la filiale belge n’est pas maître de ses achats et des prix à payer, soit elle vend à perte et sa gestion est des plus déplorable.
Nous penchons plus pour la première solution. Nous pensons en effet que comme la production des produits commercialisés est en grande partie réalisée par d’autres sociétés du groupe en France et/ou en Grande-Bretagne, ces « fournisseurs » facturent très cher la société belge.
Par ailleurs, si la gestion déficitaire de la filiale belge n’était pas voulue cela signifierait que l’encadrement local serait exécrable. Logiquement, la direction aurait, alors, été remerciée depuis belle lurette pour incompétence.
Vu, selon notre réflexion, les prix imposés et le niveau concurrentiel du marché belge, Marmara Belgique ne peut donc pas marger correctement. Ce qui fait que les opérations générées en Belgique permettent à d’autres entreprises du groupe First Choice de se rentabiliser ou d’améliorer leurs bénéfices. Certains diront artificiellement.
Ou encore de compléter au mieux leurs allotements et contingentements hôteliers sans trop se préoccuper des conséquences de cette politique de prix d’achats imposés à la société belge.
Mais en agissant ainsi, First Choice fausse totalement le marché en Belgique et pratique même à la limite une forme de concurrence déloyale. Pourquoi ? Ce groupe de par sa présence sur différents marchés peut réaliser ses opérations en fonction des voies les moins taxables. Ce que des entreprises moyennes n’opérant que sur le marché local ne peuvent pas effectuer.
Par ailleurs, au niveau des compagnies d’assurances solvabilité imposées par la loi aux TO, il est évident que First Choice peut se limiter à ne fournir qu’une lettre de garantie couvrant sa filiale belge. Tandis que si Mediterra, par exemple, présentait les mêmes chiffres, les actionnaires devraient sûrement apporter des garanties réelles et non pas une simple lettre d’engagement à la compagnie d’assurances.
Mais la question la plus importante est : « Jusque quand First Choice va maintenir artificiellement en vie sa société belge ? » ou « Quand Marmara Belgique va-t-elle se comporter financièrement dans les règles commerciales concurrentielles ?»
Dans un article précédent, nous avions écrit que sur base de certaines sources, les Anglais étudiaient sérieusement le problème belge. Nous avions écarté l’option fermeture pure et simple de la filiale. Aujourd’hui, sur base des éléments chiffrés et d’autres informations, nous pensons que celle-ci reste possible.
Pourquoi ? Tout simplement parce que First Choice est une entreprise cotée en bourse et que la fermeture de la Belgique aurait logiquement un effet positif sur le court du titre. Et comme on le sait, les financiers apprécient un titre qui se porte bien.
Rapport Préliminaire cliquez ici
(2) Le ratio « rentabilité brute des ventes » n’est pas représentatif car sur base des chiffres publiés, le coût des ventes est toujours supérieur aux ventes effectuées.
Que disent ces chiffres
Première remarque, les chiffres que nous publions sont repris dans les bilans officiels de 2005. Or tout le monde le sait, 2006 a été une très mauvaise année pour les voyagistes spécialistes de la Turquie. Ce qui fait que nous attendons avec une grande inquiétude la publication des résultats pour cette année.
Nous avons interrogé plusieurs analystes financiers et de crédits. Nous nous sommes également penchés sur les tableaux comparatifs publiés des deux sociétés avec d’autres entreprises du marché et du secteur.
Premier constat qui saute aux yeux, les coûts des achats de Marmara Belgique sont nettement supérieurs à ceux de Mediterra. Or ce qui frappe dans ceux-ci, c’est que les hôtels et clubs de vacances commercialisés sont équivalents et que plusieurs établissements se retrouvent dans les deux brochures.
Le deuxième constat, c’est que si Marmara Belgique occupe un peu plus de personnel, celui-ci est, en moyenne, nettement mieux rémunéré que celui de Mediterra. Le ratio en 2005 frais de personnel / nombre d’heures prestées donnant pour la filiale de First Choice 39,19 et pour Mediterra 23,39.
En ce qui concerne l’avis des analystes, Graydon, société d’analyses financières, dont les rapports sont commercialisés dans le grand public, se base, pour ses avis globaux, sur des recherches réalisées par l'Université de Gand et la Vlerick Leuven Gent Management School.
Pour les résultats 2005, il est dit : «Mediterra appartient aux meilleures entreprises du secteur des AGV et TO. Aucun problème ne se posera vraisemblablement. »
Tandis que pour Marmara Belgique : « L’entreprise fait partie des entreprises très faibles du secteur des auxiliaires de transport. Il y a des problèmes manifestes. Le risque de faillite est réel si aucune mesure n’est prise ».
Un banquier, faisant une analyse plus pointilleuse, assène : « Je ne vois qu’une explication dans les chiffres de Marmara Belgique. Il est évident que le groupe First Choice pratique une politique de gestion financière globale. Si la société belge est dans un tel état, c’est que c’est voulu par ses actionnaires. Mais ce n’est pas sain car un tel développement des pertes fiscalement récupérables rend l’entreprise très instable. Sa survie ne dépend que du bon vouloir de ses actionnaires. En d’autres mots, il suffit d’un changement de stratégie des actionnaires pour l’éliminer et procéder à la récupération fiscale. »
Les conséquences
Dernièrement, lors d’une conférence universitaire nous avons entendu un professionnel du secteur nous dire : « Le tourisme éthique existe, mais l’éthique dans le tourisme n’existe pas toujours. » Le cas de Maramara Belgique en un exemple criant.
En effet, soit la filiale belge n’est pas maître de ses achats et des prix à payer, soit elle vend à perte et sa gestion est des plus déplorable.
Nous penchons plus pour la première solution. Nous pensons en effet que comme la production des produits commercialisés est en grande partie réalisée par d’autres sociétés du groupe en France et/ou en Grande-Bretagne, ces « fournisseurs » facturent très cher la société belge.
Par ailleurs, si la gestion déficitaire de la filiale belge n’était pas voulue cela signifierait que l’encadrement local serait exécrable. Logiquement, la direction aurait, alors, été remerciée depuis belle lurette pour incompétence.
Vu, selon notre réflexion, les prix imposés et le niveau concurrentiel du marché belge, Marmara Belgique ne peut donc pas marger correctement. Ce qui fait que les opérations générées en Belgique permettent à d’autres entreprises du groupe First Choice de se rentabiliser ou d’améliorer leurs bénéfices. Certains diront artificiellement.
Ou encore de compléter au mieux leurs allotements et contingentements hôteliers sans trop se préoccuper des conséquences de cette politique de prix d’achats imposés à la société belge.
Mais en agissant ainsi, First Choice fausse totalement le marché en Belgique et pratique même à la limite une forme de concurrence déloyale. Pourquoi ? Ce groupe de par sa présence sur différents marchés peut réaliser ses opérations en fonction des voies les moins taxables. Ce que des entreprises moyennes n’opérant que sur le marché local ne peuvent pas effectuer.
Par ailleurs, au niveau des compagnies d’assurances solvabilité imposées par la loi aux TO, il est évident que First Choice peut se limiter à ne fournir qu’une lettre de garantie couvrant sa filiale belge. Tandis que si Mediterra, par exemple, présentait les mêmes chiffres, les actionnaires devraient sûrement apporter des garanties réelles et non pas une simple lettre d’engagement à la compagnie d’assurances.
Mais la question la plus importante est : « Jusque quand First Choice va maintenir artificiellement en vie sa société belge ? » ou « Quand Marmara Belgique va-t-elle se comporter financièrement dans les règles commerciales concurrentielles ?»
Dans un article précédent, nous avions écrit que sur base de certaines sources, les Anglais étudiaient sérieusement le problème belge. Nous avions écarté l’option fermeture pure et simple de la filiale. Aujourd’hui, sur base des éléments chiffrés et d’autres informations, nous pensons que celle-ci reste possible.
Pourquoi ? Tout simplement parce que First Choice est une entreprise cotée en bourse et que la fermeture de la Belgique aurait logiquement un effet positif sur le court du titre. Et comme on le sait, les financiers apprécient un titre qui se porte bien.
Rapport Préliminaire cliquez ici