PACA : "Sans la croissance d'Airbnb, l'été 2015 aurait été parfait !"

Avec un mois d'août, comme toujours, très chargé et, cette année tout particulièrement, un mois de juillet en nette progression, la saison estivale 2015 qui s'achève en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) est "assez exceptionnelle", selon Bruno James, directeur général du CRT PACA.

Les touristes étaient au rendez-vous puisqu'avec 111 millions de nuitées, leur fréquentation a progressé de 4,5 % cet été dans la région (106 millions de nuitées pour l'été 2014).

Des volumes qui participent forcément à faire grimper le niveau de satisfaction des professionnels du tourisme. Selon des enquêtes réalisées par Carniel et Protourisme auprès de 639 d'entre eux, 78% se disent satisfaits de l'été (+13 points par rapport à 2014). Pour le seul mois d'août 2015, ce taux monte même à 83%.

Et les retours sont bons partout dans la région. "La saison estivale a profité à tous les espaces : le littoral comme l'arrière-pays, les grandes villes et les montagnes", note Bruno James.

Par ailleurs, l'ensemble des modes d'hébergement ont connu un très bel été 2015. La fréquentation des campings et des gîtes y a grimpé de 3%, de 3,5% pour les hôtels et de 6,5% pour les résidences de tourisme.

Malgré ces bons résultats, on trouve tout de même un caillou dans la chaussure du CRT PACA au moment de dresser le bilan de l'été.

Car, si tous les modes d'hébergement ont effectivement accueilli beaucoup de monde, il y en a un autre pour lequel la saison a été particulièrement faste : la location entre particuliers.

Dans la région, le principal acteur du marché est Abritel. Et pour l'opérateur, l'été est plutôt positif avec une hausse de 3% de l'activité.

En revanche, son grand concurrent, le célèbre et très en vogue Airbnb, affiche, lui, des taux de croissance compris entre 25% et 30% pour l'été 2015.

Cela ne devrait, a priori, pas poser de problème aux responsables du tourisme locaux. Sauf que, dans les faits, les particuliers qui louent leur logement à un vacancier n'appliquent pas les mêmes règles que les hôteliers.

Ces derniers déplorent ainsi "une inégalité fiscale inacceptable", regrette le directeur général du CRT PACA.

Ce dernier plaide pour "une équité fiscale avec les hôteliers". Et pour cela il mise sur "une action commune forte" afin d'inciter les autorités à prendre des mesures en ce sens à l'image de ce qui est actuellement fait à Paris, Amsterdam, Barcelone, San Francisco ou New York.

Pour Bruno James, l'importante croissance du recours à ce type de plate-forme pour louer un hébergement de vacances en PACA représente "un vrai problème et l'un des faits marquants de cette saison".

Outre l'adoption de mesure législatives, la solution pour lutter contre ce phénomène existe déjà peut-être dans la région.

Pour la trouver, il faut se diriger du côté des Hautes-Alpes.

Dans ce département, de nombreuses résidences de tourisme ont vu le jour au cours des 5 dernières années.

D'abord destinée aux vacances d'hiver, elles accueillent désormais des touristes même en été.

Les Hautes-Alpes comptent, à l'heure actuelle, 30 000 lits en résidences de tourisme. Ce qui représente 18% du parc locatif du département. Et "elles appliquent une politique tarifaire très intéressante", explique Roland Roussel, directeur de l'ADDET 05.

Des prix relativement bas qui permettent d'attirer des vacanciers aux budgets serrés. Ainsi, les résidences de tourisme constituent un "contrepoids intéressant pour Airbnb car elles sont sur le même marché", poursuit Roland Roussel.

Voilà une idée pour la région PACA qui, en outre, pourrait permettre de « démocratiser » l'image de la région qui est souvent perçue comme une destination luxueuse et hors de portée par des voyageurs internationaux.

PACA : les chiffres de l'été 2015

- 111 millions de nuitées, soit 50% de la fréquentation touristique annuelle pour la région
- 1,8 million de touristes par jour
- 6,6 milliards d'euros de recettes touristiques
- 60 euros de dépense moyenne par jour et par personne
- 164 000 emplois touristiques, soit 8% de l'emploi total
- 13% du PIB régional annuel