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Patrimoine mondial : l'UNESCO se penche (enfin ?) sur la "gestion du tourisme"

La chronique de Christian Orofino, président de TourConseil et de l'OBGET*


L'UNESCO a annoncé la nomination d'experts en charge de l'élaboration d'un outil pour la gestion du tourisme. Pour Christian Orofino, président de TourConseil, c'est une bonne nouvelle pour la préservation des sites touristiques et de leur environnement, si l'initiative va jusqu'au bout...


Rédigé par Christian Orofino le Lundi 22 Janvier 2018

La Grande Barrière (Australie) © Evergreen
La Grande Barrière (Australie) © Evergreen
Nous avons plusieurs fois dénoncé dans ces colonnes les conséquences négatives sur le plan écologique et social de l’attribution par l’UNESCO du label « Patrimoine de l’humanité » à plus d’un millier de sites naturels et culturels à travers le monde.

Cette labellisation médiatisée provoquait l’arrivée des milliers de visiteurs dans des régions non préparées à ce tourisme de masse.

Nous avons aussi le devoir de saluer enfin une prise de conscience par le même UNESCO qui par un communiqué, annonce que : « Des experts élaborent un outil de l’UNESCO pour la gestion du tourisme ».

C’est la reconnaissance implicite qu‘aucune analyse préalable des conséquences sur l’environnement et les populations dues à l’attribution de ce label n’avait été réalisée jusqu’ à présent.

Dans ce même communiqué, l’UNESCO liste la typologie d’experts qui vont être amenés à se pencher sur l ‘élaboration de cet « outil ».

Plusieurs types d'experts

On y trouve l’UICN, l’ICOMOS et l’ICCCROM : trois organisations mondiales qui observent et étudient la biodiversité, la préservation, la conservation et la restauration des biens culturels et, ajoute ce communiqué sans en préciser les organisations « …ainsi que des professionnels du développement durable et …du tourisme ».

Bien que l’on ne sache pas si ces professionnels sont des experts intellectuels du tourisme ou de véritables professionnels opérationnels, le tourisme est quand même invité à réfléchir sur une gestion des flux des visiteurs .

Cet outil va être imposé et applicable à tous les types de sites du patrimoine mondial.

Ces sites constituent en grande partie la majorité du contenu des programmes culturels des tours opérateurs. Il sera donc vraisemblable que des processus de visites fortement réglementés de ces sites devront être appliqués par les voyagistes.

Si cette initiative de l’UNESCO va jusqu’au bout, ce sera une véritable opportunité pour les professionnels.

Une opportunité pour les voyagistes ?

En effet, si ces experts analysent correctement les causes des dégradations écologiques et sociales de ces sites, ils constateront qu’elles ne proviennent pas des clients de voyagistes qui sont encadrés obligatoirement par des guides.

De plus le fait que ces clients choisissent de confier leurs voyages à des professionnels traduit une attente plus grande des découvertes et donc un respect des lieux et des hommes qu’ils vont rencontrer.

Après ce constat, il serait cohérent que ces experts imposent la présence de guides assermentés aussi bien pour les clients de TO que pour les visiteurs libres.

Cette réglementation donnerait une grande valeur ajoutée à la profession qui reprendrait ainsi aux yeux des consommateurs un rôle incontournable dans la pédagogie et la découverte des patrimoines mondiaux.

Il est à espérer que les experts désignés par l’UNESCO ne soient pas seulement des théoriciens du tourisme : si les chercheurs apportent une réflexion plus large, les professionnels possèdent, eux, une expérience qui permet de coller à la réalité économique et technique de l’industrie touristique.

Cette avancée annonce d’autres mesures coercitives qui encadreront le tourisme car il est impossible de « lâcher » sans réglementation plus d’un milliard de touristes dans des régions le plus souvent fragiles : c’est un peu comme si on permettait de visiter la Joconde sans cordon de sécurité.

Cette démarche préfigure aussi un changement de cap inéluctable du tourisme dans les prochaines décennies, et il est important pour les professionnels français d’anticiper ce mouvement en adhérant aux réflexions et à la mise en place d’un tourisme durable proposé par exemple par ATR (Agir pour un Tourisme Responsable), association que des TO généralistes ont déjà rejointe comme Voyageurs du Monde, Salaün Holidays, le Club Med, Kuoni , Transat….

Le développement durable n’est plus une option et la transition écologique n’est pas un recul mais une opportunité pour le renouvellement des offres.

L’engouement qu’ont suscité Les Palmes du Tourisme organisées le mois dernier prouve une grande attente du public pour ce renouvellement. Plus que toutes autres activités économiques, le tourisme est au centre de ce progrès « sociétal » car il propose et il utilise les deux composantes essentielles de notre avenir : les hommes et leurs environnements.

* Observatoire Geopolitique et Environnemental du Tourisme

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