"Il faut être honnête, mais ne pas avoir peur de mordre aux mollets, les grandes structures ont la capacité d'étouffer beaucoup de choses" selon Eric Drésin - Crédit photo : Ectaa
TourMaG.com - Vous êtes arrivés à la fin de l'été 2019, en remplacement de Michel de Blust, une figure du tourisme en Europe. Tout d'abord, pouvez-vous nous dévoiler votre parcours professionnel ?
Eric Drésin : J'ai un profil atypique car je ne suis pas du tout du secteur, même si j'ai travaillé au début de ma carrière pour l'HOTREC (regroupe 43 associations ou syndicats de l'hôtellerie-restauration dans 26 pays européens).
J'ai fait des études de droit européen pour travailler dans la gestion d'association européenne. Suite à mon travail dans le domaine de l'hôtellerie, j'ai totalement changé de secteur pour travailler dans l'industrie agroalimentaire européenne, puis l'agriculture.
Par la suite, j'ai occupé pendant huit ans le poste de directeur d'une association européenne, CEETTAR (European Organisation of Agricultural, Rural and Forestry Contractors), qui est un prestataire de services dans le monde agricole. Enfin avant d'arriver au sein de l'ECTAA, j'ai accompagné une start-up française (Karnott) dans l'agriculture connectée, pendant 10 mois.
Mon rôle consistait à les accompagner dans le développement à l'international, notamment en Belgique et au Canada, mais c'était trop tôt pour elle. Une histoire courte mais passionnante.
TourMaG.com - Avec un tel parcours, comment débarquez-vous à l'ECTAA ?
Eric Drésin : Suite à cette expérience, je suis revenu dans mon giron habituel qui est la gestion des associations. J'ai postulé à l'ECTAA, en présentant ma capacité à ouvrir les bonnes portes.
Les membres du staff de l'ECTAA ont l'expertise des dossiers du secteur et mon objectif est de rendre le lobbying encore plus efficace.
C'est à ce niveau que j'interviens, car je sais quand, comment et à quelle porte frapper pour faire entendre notre voix.
Eric Drésin : J'ai un profil atypique car je ne suis pas du tout du secteur, même si j'ai travaillé au début de ma carrière pour l'HOTREC (regroupe 43 associations ou syndicats de l'hôtellerie-restauration dans 26 pays européens).
J'ai fait des études de droit européen pour travailler dans la gestion d'association européenne. Suite à mon travail dans le domaine de l'hôtellerie, j'ai totalement changé de secteur pour travailler dans l'industrie agroalimentaire européenne, puis l'agriculture.
Par la suite, j'ai occupé pendant huit ans le poste de directeur d'une association européenne, CEETTAR (European Organisation of Agricultural, Rural and Forestry Contractors), qui est un prestataire de services dans le monde agricole. Enfin avant d'arriver au sein de l'ECTAA, j'ai accompagné une start-up française (Karnott) dans l'agriculture connectée, pendant 10 mois.
Mon rôle consistait à les accompagner dans le développement à l'international, notamment en Belgique et au Canada, mais c'était trop tôt pour elle. Une histoire courte mais passionnante.
TourMaG.com - Avec un tel parcours, comment débarquez-vous à l'ECTAA ?
Eric Drésin : Suite à cette expérience, je suis revenu dans mon giron habituel qui est la gestion des associations. J'ai postulé à l'ECTAA, en présentant ma capacité à ouvrir les bonnes portes.
Les membres du staff de l'ECTAA ont l'expertise des dossiers du secteur et mon objectif est de rendre le lobbying encore plus efficace.
C'est à ce niveau que j'interviens, car je sais quand, comment et à quelle porte frapper pour faire entendre notre voix.
"je vais prendre le contre-pied du travail réalisé par Michel de Blust..."
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TourMaG.com - Vous allez donc apporter votre rôle de lobbyiste ?
Eric Drésin : C'est un peu ça. Dans un sens, je dois prendre le contre-pied du travail réalisé par Michel de Blust.
C'est une véritable encyclopédie du secteur, son savoir est impossible à acquérir. Je ne suis pas un technicien du tourisme et je démarque en ayant mon propre apport et ma propre vision.
J'ai un regard extérieur au tourisme et je pense que je peux apporter mes compétences de lobbyiste. Je ne vais pas hésiter à sortir des sentiers battus tout en m'appuyant sur les excellentes compétences des collaborateurs de l'association.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur l'industrie ?
Eric Drésin : J'ai pu l'observer un peu en travaillant à l'HOTREC, mais la distribution a radicalement changé en 15 ans. Le paysage a été bouleversé par l'arrivée des opérateurs en ligne.
En même temps quand je discute avec les agents de voyages, il existe un business-model performant et viable, sauf qu'il est peu connu.
Pour un membre de la commission européenne, un agent de voyages continue à vendre via des brochures papiers à des prix fixes... Pour tout vous dire, lors d'un événement un fonctionnaire européen me confiait sa vision d'un agent de voyages, plutôt désuète et éloignée de la réalité.
Il faut faire bouger les lignes. Pendant ce temps le lobby des compagnies aériennes martèle que les GDS sont dépassés et que les clients achètent tous en ligne.
Eric Drésin : C'est un peu ça. Dans un sens, je dois prendre le contre-pied du travail réalisé par Michel de Blust.
C'est une véritable encyclopédie du secteur, son savoir est impossible à acquérir. Je ne suis pas un technicien du tourisme et je démarque en ayant mon propre apport et ma propre vision.
J'ai un regard extérieur au tourisme et je pense que je peux apporter mes compétences de lobbyiste. Je ne vais pas hésiter à sortir des sentiers battus tout en m'appuyant sur les excellentes compétences des collaborateurs de l'association.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur l'industrie ?
Eric Drésin : J'ai pu l'observer un peu en travaillant à l'HOTREC, mais la distribution a radicalement changé en 15 ans. Le paysage a été bouleversé par l'arrivée des opérateurs en ligne.
En même temps quand je discute avec les agents de voyages, il existe un business-model performant et viable, sauf qu'il est peu connu.
Pour un membre de la commission européenne, un agent de voyages continue à vendre via des brochures papiers à des prix fixes... Pour tout vous dire, lors d'un événement un fonctionnaire européen me confiait sa vision d'un agent de voyages, plutôt désuète et éloignée de la réalité.
Il faut faire bouger les lignes. Pendant ce temps le lobby des compagnies aériennes martèle que les GDS sont dépassés et que les clients achètent tous en ligne.
"il y a 500 millions d'euros d'ardoises en Grèce"
TourMaG.com - Comment débarque-t-on dans un secteur secoué par la tempête Thomas Cook ?
Eric Drésin : C'est mon 3e changement de secteur, même si chacun est différent, il faut rentrer dedans et y plonger. Par chance j'ai pu affronter la tempête Thomas Cook pendant 6 semaines avec comme bouée, Michel de Blust.
Nous avons pu former un binôme, en affrontant les faillites de XL Airways, puis celle de Thomas Cook. Il y a aussi une super équipe autour de moi, nous avons une belle Mercedes et nous allons essayer d'en faire une Rolls-Royce.
Après concernant la faillite de Thomas Cook, c'est sûr, il y a plus facile comme entame. Mais en fait la période la plus délicate au niveau de l'ECTAA a lieu en ce moment même. Nous devons collecter les données et mener des réflexions sur l'industrie.
Pendant cette tempête j'ai été surpris par une chose : le deuxième acteur du tourisme disparaît et les associations de représentation du secteur ne se sont pas réunies. Il n'y a aucune culture de coopération.
Imaginez un peu si la deuxième banque européenne fait faillite ! Je pense que tous les acteurs de la finance vont se retrouver pour faire un bilan commun.
TourMaG.com - C'est tout l'écosystème touristique qui est touché dans cette affaire.
Eric Drésin : En effet, nous discutons avec les Allemands qui nous disent que des entreprises se frottent les mains, puisque Thomas Cook a laissé les hôtels vides, permettant aux autres de négocier des prix bas auprès des hôteliers.
Pendant ce temps-là, les tour-opérateurs souffrent en raison du paiement après départ, surtout que les hôteliers demandent à être payée en amont.
Les destinations sont elles aussi meurtries : il y a 500 millions d'euros d'ardoises en Grèce, des aéroports vont se retrouver sans passagers. Ce n'est pas seulement le drame de Thomas Cook qui s'est joué devant nous, mais une tempête pour l'ensemble de l'industrie.
Je ne veux pas tirer la sonnette d'alarme, mais il serait bien de discuter avec toutes les parties prenantes du tourisme d'autant qu'il serait possible d'avancer des chiffres à la Commission. A partir d'un bilan, il est possible de mener des actions.
Eric Drésin : C'est mon 3e changement de secteur, même si chacun est différent, il faut rentrer dedans et y plonger. Par chance j'ai pu affronter la tempête Thomas Cook pendant 6 semaines avec comme bouée, Michel de Blust.
Nous avons pu former un binôme, en affrontant les faillites de XL Airways, puis celle de Thomas Cook. Il y a aussi une super équipe autour de moi, nous avons une belle Mercedes et nous allons essayer d'en faire une Rolls-Royce.
Après concernant la faillite de Thomas Cook, c'est sûr, il y a plus facile comme entame. Mais en fait la période la plus délicate au niveau de l'ECTAA a lieu en ce moment même. Nous devons collecter les données et mener des réflexions sur l'industrie.
Pendant cette tempête j'ai été surpris par une chose : le deuxième acteur du tourisme disparaît et les associations de représentation du secteur ne se sont pas réunies. Il n'y a aucune culture de coopération.
Imaginez un peu si la deuxième banque européenne fait faillite ! Je pense que tous les acteurs de la finance vont se retrouver pour faire un bilan commun.
TourMaG.com - C'est tout l'écosystème touristique qui est touché dans cette affaire.
Eric Drésin : En effet, nous discutons avec les Allemands qui nous disent que des entreprises se frottent les mains, puisque Thomas Cook a laissé les hôtels vides, permettant aux autres de négocier des prix bas auprès des hôteliers.
Pendant ce temps-là, les tour-opérateurs souffrent en raison du paiement après départ, surtout que les hôteliers demandent à être payée en amont.
Les destinations sont elles aussi meurtries : il y a 500 millions d'euros d'ardoises en Grèce, des aéroports vont se retrouver sans passagers. Ce n'est pas seulement le drame de Thomas Cook qui s'est joué devant nous, mais une tempête pour l'ensemble de l'industrie.
Je ne veux pas tirer la sonnette d'alarme, mais il serait bien de discuter avec toutes les parties prenantes du tourisme d'autant qu'il serait possible d'avancer des chiffres à la Commission. A partir d'un bilan, il est possible de mener des actions.
Thomas Cook : "je crois qu'entre 2 et 3 milliards d'euros ont disparu"
TourMaG.com - Il n'a pas été possible de dresser un premier bilan de la faillite de Thomas Cook ?
Eric Drésin : Nous collectons des informations auprès des Etats membres, via nos associations, mais il y a certainement des choses qui nous échappent.
Au département tourisme de la Commission, personne n'est motivé par la question, j'ai bousculé les gens deux fois, sans aucun effet.
TourMaG.com - Les pertes générées par la faillite du voyagiste pour l'ensemble du secteur se comptent-elles en milliards ?
Eric Drésin : Je crois qu'entre deux et trois milliards d'euros ont disparu dans toute l’industrie.
Entre les dettes de Thomas Cook, les coûts des rapatriements et les annulations, mais aussi le manque à gagner en raison du paiement des fournisseurs trois mois après, les conséquences sont importantes.
Il ne faut pas oublier les pertes pour les aéroports, sans oublier tout ce qui va arriver par la suite, les hôtels qui vont fermer, les personnes au chômage, etc.
TourMaG.com - L'ECTAA n'est pas soutenue par l'Europe ?
Eric Drésin : Personne ne semble concerné. Seuls les députés ont voté une résolution début novembre, mais nous n'avons pas vraiment de direction générale opérationnelle. Et puis la commissaire au tourisme nous a dit qu'elle allait quitter son poste dans trois semaines.
De toute façon, nous sommes pas surpris, car son bilan en matière était déjà maigre.
TourMaG.com - Ce désintérêt des politiques pour le tourisme est généralisé. Dans le pays, le plus visité du monde à savoir la France, il n'y a pas de Ministre dédié. Cette ignorance pour l'industrie est réelle ?
Eric Drésin : Tout à fait, ce constat est le même partout. Il n'y a pas de politique unique européenne du tourisme, pour avancer, il est nécessaire de mobiliser la Commission et les Etats membres.
Il n'existe pas de dynamique de groupe, tout est fragmenté. A la décharge des parties prenantes, au niveau européen nous sommes en ce moment dans l'entre-deux, nous n'avons pas de commission et le commissaire au tourisme (Thierry Breton, ndlr) vient tout juste de passer son grand oral, il n'est pas encore au travail.
Nous avons un peu le sentiment d'être abandonnés. Nous gérons nos problèmes tous seuls, mais cela ne nous empêche pas d'avancer et aux acteurs du tourisme de croître.
Eric Drésin : Nous collectons des informations auprès des Etats membres, via nos associations, mais il y a certainement des choses qui nous échappent.
Au département tourisme de la Commission, personne n'est motivé par la question, j'ai bousculé les gens deux fois, sans aucun effet.
TourMaG.com - Les pertes générées par la faillite du voyagiste pour l'ensemble du secteur se comptent-elles en milliards ?
Eric Drésin : Je crois qu'entre deux et trois milliards d'euros ont disparu dans toute l’industrie.
Entre les dettes de Thomas Cook, les coûts des rapatriements et les annulations, mais aussi le manque à gagner en raison du paiement des fournisseurs trois mois après, les conséquences sont importantes.
Il ne faut pas oublier les pertes pour les aéroports, sans oublier tout ce qui va arriver par la suite, les hôtels qui vont fermer, les personnes au chômage, etc.
TourMaG.com - L'ECTAA n'est pas soutenue par l'Europe ?
Eric Drésin : Personne ne semble concerné. Seuls les députés ont voté une résolution début novembre, mais nous n'avons pas vraiment de direction générale opérationnelle. Et puis la commissaire au tourisme nous a dit qu'elle allait quitter son poste dans trois semaines.
De toute façon, nous sommes pas surpris, car son bilan en matière était déjà maigre.
TourMaG.com - Ce désintérêt des politiques pour le tourisme est généralisé. Dans le pays, le plus visité du monde à savoir la France, il n'y a pas de Ministre dédié. Cette ignorance pour l'industrie est réelle ?
Eric Drésin : Tout à fait, ce constat est le même partout. Il n'y a pas de politique unique européenne du tourisme, pour avancer, il est nécessaire de mobiliser la Commission et les Etats membres.
Il n'existe pas de dynamique de groupe, tout est fragmenté. A la décharge des parties prenantes, au niveau européen nous sommes en ce moment dans l'entre-deux, nous n'avons pas de commission et le commissaire au tourisme (Thierry Breton, ndlr) vient tout juste de passer son grand oral, il n'est pas encore au travail.
Nous avons un peu le sentiment d'être abandonnés. Nous gérons nos problèmes tous seuls, mais cela ne nous empêche pas d'avancer et aux acteurs du tourisme de croître.
"il faut faire du marketing : nous vous garantissons vos vacances..."
TourMaG.com - Vous pointez du doigt, une des limites que nous soulignons souvent. Les problèmes d'images et de communication de la distribution ne se limitent pas seulement à l'ECTAA...
Eric Drésin : Tout à fait. Et ironiquement, la faillite de Thomas Cook a mis en lumière la valeur ajoutée des agences de voyages à savoir qu'elles apportent une garantie complète à leurs clients.
Aucun autre secteur ne bénéficie de cet apport, il faudrait faire du marketing dessus : "nous vous garantissons vos vacances", alors que si vous les réservez tout seul, c'est à vos risques et périls.
Nous payons des frais d'assurances mais sans en tirer réellement des bénéfices. Nous avons pris deux claques dans la figure, mais nous devons réagir.
Imaginez un peu : la deuxième entreprise du secteur a mis fin à ses activités du jour au lendemain, ça n'a pas empêché l'industrie de ramener 300 000 personnes et d'assurer la continuité des vacances des autres. Le déficit d'image est manifeste.
La communication est un premier chantier important.
TourMaG.com - D'ailleurs en avez-vous d'autres ?
Eric Drésin : Il y a deux choses importantes, avec la poursuite de la plainte contre IATA pour abus de position dominante et celle des GDS, sur laquelle la Commission enquête déjà.
Sur ce dossier, une phase d'analyse aura lieu au printemps prochain avec un début de réponse d'ici juin 2020.
J'ai déjà travaillé avec la Direction Générale (DG, équivalent des ministères au niveau européen) de la Concurrence sur ces dossiers. Cela va nous demander beaucoup de travail car il faut alimenter en données factuelles.
Toutefois, nous avons un avantage certain : la Commission est neutre, donc si nous avançons des arguments, elle est preneuse.
Eric Drésin : Tout à fait. Et ironiquement, la faillite de Thomas Cook a mis en lumière la valeur ajoutée des agences de voyages à savoir qu'elles apportent une garantie complète à leurs clients.
Aucun autre secteur ne bénéficie de cet apport, il faudrait faire du marketing dessus : "nous vous garantissons vos vacances", alors que si vous les réservez tout seul, c'est à vos risques et périls.
Nous payons des frais d'assurances mais sans en tirer réellement des bénéfices. Nous avons pris deux claques dans la figure, mais nous devons réagir.
Imaginez un peu : la deuxième entreprise du secteur a mis fin à ses activités du jour au lendemain, ça n'a pas empêché l'industrie de ramener 300 000 personnes et d'assurer la continuité des vacances des autres. Le déficit d'image est manifeste.
La communication est un premier chantier important.
TourMaG.com - D'ailleurs en avez-vous d'autres ?
Eric Drésin : Il y a deux choses importantes, avec la poursuite de la plainte contre IATA pour abus de position dominante et celle des GDS, sur laquelle la Commission enquête déjà.
Sur ce dossier, une phase d'analyse aura lieu au printemps prochain avec un début de réponse d'ici juin 2020.
J'ai déjà travaillé avec la Direction Générale (DG, équivalent des ministères au niveau européen) de la Concurrence sur ces dossiers. Cela va nous demander beaucoup de travail car il faut alimenter en données factuelles.
Toutefois, nous avons un avantage certain : la Commission est neutre, donc si nous avançons des arguments, elle est preneuse.
"Au sein de la Commission s'affrontent deux ministères celui des consommateurs et des transports"
TourMaG.com - D'après votre expérience, il sera facile d'argumenter ?
Eric Drésin : Non, cela va être un travail compliqué. Au niveau de la gouvernance de IATA, il sera facile de donner des arguments, mais au niveau des parts de marché de la distribution ce sera une autre paire de manches.
Il nous faut collecter des informations valides. Ce ne sera pas facile mais c'est faisable. Après nous menons de fronts différentes batailles, comme la révision des réglementations sur la distribution et les codes de conduite des systèmes de réservations informatiques. Et puis il y a la mise en oeuvre de la directive des voyages à forfait.
La faillite de Thomas Cook a bousculé les choses car nous sommes confrontés à la réalité de son exécution (directive des voyages à forfait, ndlr).
Nous avons rencontré des parlementaires européens le 14 novembre 2019, puis le 3 décembre nous avons une réunion avec un groupe d'experts de la commission pour aborder cela.
La problématique des fonds de garantie m'intéresse aussi. En Allemagne, la couverture de la faillite de Thomas Cook allait jusqu'à 110 millions sur les rapatriements et les annulations, sauf que le sinistre a dépassé les 300 millions.
Cela est pose question par rapport à la législation européenne, prévoyant une couverture à 100 %. Nous regardons ce qu'il se fait ailleurs, dont en France.
TourMaG.com - Toujours dans les fonds de garantie, allez-vous faire du lobby pour le fonds de garantie des compagnies ?
Eric Drésin : Bien évidemment, c'est une demande que nous faisons à chaque rencontre. Mais c'est un travail sur le long terme. Au sein de la Commission s'affrontent deux ministères celui des consommateurs et des transports.
DG Move (Transports) a pour le moment tout bloqué. Mais nous espérons que celui des consommateurs militera en notre faveur.
Eric Drésin : Non, cela va être un travail compliqué. Au niveau de la gouvernance de IATA, il sera facile de donner des arguments, mais au niveau des parts de marché de la distribution ce sera une autre paire de manches.
Il nous faut collecter des informations valides. Ce ne sera pas facile mais c'est faisable. Après nous menons de fronts différentes batailles, comme la révision des réglementations sur la distribution et les codes de conduite des systèmes de réservations informatiques. Et puis il y a la mise en oeuvre de la directive des voyages à forfait.
La faillite de Thomas Cook a bousculé les choses car nous sommes confrontés à la réalité de son exécution (directive des voyages à forfait, ndlr).
Nous avons rencontré des parlementaires européens le 14 novembre 2019, puis le 3 décembre nous avons une réunion avec un groupe d'experts de la commission pour aborder cela.
La problématique des fonds de garantie m'intéresse aussi. En Allemagne, la couverture de la faillite de Thomas Cook allait jusqu'à 110 millions sur les rapatriements et les annulations, sauf que le sinistre a dépassé les 300 millions.
Cela est pose question par rapport à la législation européenne, prévoyant une couverture à 100 %. Nous regardons ce qu'il se fait ailleurs, dont en France.
TourMaG.com - Toujours dans les fonds de garantie, allez-vous faire du lobby pour le fonds de garantie des compagnies ?
Eric Drésin : Bien évidemment, c'est une demande que nous faisons à chaque rencontre. Mais c'est un travail sur le long terme. Au sein de la Commission s'affrontent deux ministères celui des consommateurs et des transports.
DG Move (Transports) a pour le moment tout bloqué. Mais nous espérons que celui des consommateurs militera en notre faveur.
"Pourquoi dans le tourisme la notion des données n'est pas débattue ?"
TourMaG.com - Autre problématique. Au niveau des visas, où en est la politique européenne ?
Eric Drésin : C'est un point de friction important. La politique des visas pour les non-européens est assez contraignante, notamment au niveau de la Chine.
Ainsi, il est compliqué pour les Chinois de venir en Europe alors les autorités appliquent la même chose pour les ressortissants européens. Cette rétorsion pose beaucoup de problèmes et de nombreuses agences de voyages se plaignent de difficultés.
Nous avons rendez-vous avec la Commission européenne sur ce sujet chaud.
TourMaG.com - En tant que personnalité extérieure du tourisme. Avez-vous été surpris par quelque chose de particulier ?
Eric Drésin : Votre question tombe bien et je peux vous dire que je saoule tout le monde au bureau sur la question des données. Quand j'étais dans l'agriculture, la question de la valeur ajoutée des data était débattue, mais je suis surpris que dans le tourisme, cette mine d'or ne soit pas étudiée.
C'est un dada personnel, mais j'essaye de comprendre la spécificité du secteur et voir dans quelle mesure, l'industrie loupe-t-elle ce train.
Attention je ne dis pas qu'une solution existe, mais je me demande : pourquoi dans le tourisme la notion des données n'est pas débattue ? Les compagnies l'ont bien fait avec NDC.
D'ailleurs, au niveau de la plainte contre Lufthansa et sa surcharge GDS, nous sommes toujours en attente et je ne me fais pas trop d'illusions.
Je peux vous dire qu'au bureau tout le monde est fatigué par mes questions sur cette problématique. Mais quand je vois l'avance de l'agriculture sur ce sujet et l'état du tourisme, je m'interroge.
TourMaG.com - Vous trouvez que les acteurs sont légers ?
Eric Drésin : Je ne peux pas utiliser ce terme, mais il y a quelque chose que je ne comprends pas à ce niveau. Il ne faut pas perdre de vue que des mastodontes ne nous attendent pas pour avancer.
Google fait son business sans nous.
Eric Drésin : C'est un point de friction important. La politique des visas pour les non-européens est assez contraignante, notamment au niveau de la Chine.
Ainsi, il est compliqué pour les Chinois de venir en Europe alors les autorités appliquent la même chose pour les ressortissants européens. Cette rétorsion pose beaucoup de problèmes et de nombreuses agences de voyages se plaignent de difficultés.
Nous avons rendez-vous avec la Commission européenne sur ce sujet chaud.
TourMaG.com - En tant que personnalité extérieure du tourisme. Avez-vous été surpris par quelque chose de particulier ?
Eric Drésin : Votre question tombe bien et je peux vous dire que je saoule tout le monde au bureau sur la question des données. Quand j'étais dans l'agriculture, la question de la valeur ajoutée des data était débattue, mais je suis surpris que dans le tourisme, cette mine d'or ne soit pas étudiée.
C'est un dada personnel, mais j'essaye de comprendre la spécificité du secteur et voir dans quelle mesure, l'industrie loupe-t-elle ce train.
Attention je ne dis pas qu'une solution existe, mais je me demande : pourquoi dans le tourisme la notion des données n'est pas débattue ? Les compagnies l'ont bien fait avec NDC.
D'ailleurs, au niveau de la plainte contre Lufthansa et sa surcharge GDS, nous sommes toujours en attente et je ne me fais pas trop d'illusions.
Je peux vous dire qu'au bureau tout le monde est fatigué par mes questions sur cette problématique. Mais quand je vois l'avance de l'agriculture sur ce sujet et l'état du tourisme, je m'interroge.
TourMaG.com - Vous trouvez que les acteurs sont légers ?
Eric Drésin : Je ne peux pas utiliser ce terme, mais il y a quelque chose que je ne comprends pas à ce niveau. Il ne faut pas perdre de vue que des mastodontes ne nous attendent pas pour avancer.
Google fait son business sans nous.
"Il faut être honnête, mais ne pas avoir peur de mordre aux mollets..."
TourMaG.com - Pensez-vous l'ECTAA armée pour mener ses batailles ?
Eric Drésin : Au niveau du staff et des membres, les compétences sont là. Par contre nous sommes trop petits. Nous allons devoir faire des partenariats orientés en fonction des besoins.
Il est possible de se rapprocher des hôteliers ou de la représentation des commerçants.
La valeur ajoutée des partenariats est manifeste selon moi pour sortir des sentiers battus et gonfler nos voix.
TourMaG.com - Justement avec peu de moyens est-il possible de lutter face à des lobbys plus puissants ?
Eric Drésin : Certes nous sommes une petite structure face à IATA ou aux compagnies européennes mais c'est à ce niveau que je peux apporter une plus-value.
J'ai souvent travaillé dans des petites structures, tout en bataillant contre des gros. Je sais comment mener ces batailles.
Il faut être honnête mais ne pas avoir peur de mordre aux mollets. Les grandes structures ont la capacité d'étouffer beaucoup de choses mais la Commission n'est pas bête.
Les grands discours ne marchent qu'un temps. Il faut apporter des arguments et de la valeur ajoutée aux citoyens européens. Il ne faut pas hésiter à boxer plus haut que sa catégorie. Nous sommes parfois surpris par l'impact que nous pouvons avoir.
Eric Drésin : Au niveau du staff et des membres, les compétences sont là. Par contre nous sommes trop petits. Nous allons devoir faire des partenariats orientés en fonction des besoins.
Il est possible de se rapprocher des hôteliers ou de la représentation des commerçants.
La valeur ajoutée des partenariats est manifeste selon moi pour sortir des sentiers battus et gonfler nos voix.
TourMaG.com - Justement avec peu de moyens est-il possible de lutter face à des lobbys plus puissants ?
Eric Drésin : Certes nous sommes une petite structure face à IATA ou aux compagnies européennes mais c'est à ce niveau que je peux apporter une plus-value.
J'ai souvent travaillé dans des petites structures, tout en bataillant contre des gros. Je sais comment mener ces batailles.
Il faut être honnête mais ne pas avoir peur de mordre aux mollets. Les grandes structures ont la capacité d'étouffer beaucoup de choses mais la Commission n'est pas bête.
Les grands discours ne marchent qu'un temps. Il faut apporter des arguments et de la valeur ajoutée aux citoyens européens. Il ne faut pas hésiter à boxer plus haut que sa catégorie. Nous sommes parfois surpris par l'impact que nous pouvons avoir.