
Plan de restructuration : la direction de Corsair se veut confiante, malgré la prolongation de l'examen de la Commission européenne - Depositphotos @siraanamwong
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En février 2024, la Commission européenne ouvrait une enquête approfondie concernant le plan de restructuration de Corsair.
Malgré les sérieux doutes émis par l'instance sur la stratégie de retournement de l'entreprise, sa direction attendait une réponse pour l'été suivant, puis pour l'automne et finalement pour Noël...
Elle n’est jamais arrivée, et nous en comprenons aujourd’hui la raison. Cas rare : les fonctionnaires de Bruxelles ont décidé de s'accorder un délai de réflexion supplémentaire.
"Cette prolongation de l'examen n'est pas une surprise pour nos équipes. On ne pourra pas dire que le dossier est bâclé, après plus d'une année d'instruction et un dialogue fourni entre le gouvernement, porteur du plan, et Bruxelles.
L'analyse menée est approfondie et examine tous les aspects du dossier. Elle considère qu’un complément d’information est nécessaire sur certains sujets, mais estime avoir reçu les réponses attendues sur les autres points," nous affirme un cadre de la compagnie sous couvert d’anonymat.
Au sein de l'état-major, le calme semble régner.
Corsair : "Nous ne sommes pas inquiets"

Dans la lettre remise au gouvernement français, la Commission européenne s'interroge notamment sur la violation de la limitation de la flotte, exigée dans le cadre du plan de restructuration validé en décembre 2020.
Elle se questionne aussi sur des aides présumées illégales, accordées à Corsair par l'État. Un soutien répété, qui interroge quant à sa compatibilité avec le droit européen.
"Nous ne sommes pas inquiets, d'autant plus que le dialogue est maintenu entre Paris et la capitale belge. Il n'y a pas de prise de décision sur le fond du dossier, mais la procédure se poursuit. Dans ce cadre, la compagnie se mobilisera pour fournir les précisions demandées.
Nous avons un mois pour répondre. Par chance, nous bénéficions d'un fort soutien de l'Etat, à qui nous transmettrons tous les éléments pour lui permettre de plaider en notre faveur," poursuit l'entourage de la direction.
Lire aussi : Corsair : quand LFI tente de faire capoter le plan de restructuration...
Corsair : "l'Etat nous a attribués des aides, mais aussi aux autres compagnies"
Les fonctionnaires européens se sont basés sur les observations fournies par le Groupe Dubreuil et Air Austral.
En effet, les compagnies concurrentes affirment qu’à plusieurs reprises, lors de la mise en œuvre du plan de restructuration, Corsair a opéré avec une flotte de dix appareils, alors que Bruxelles en imposait neuf.
Pour Corsair, ce calcul est erroné. "Nous avons la même position que celle des autorités françaises. La compagnie a parfaitement respecté ses engagements en matière de plafonnement de capacité. Cette restriction peut être interprétée, en fonction du nombre d’appareils ou du nombre de sièges.
Nous considérons la seconde option comme la plus pertinente. La direction a fait le choix d'A330 Neo (352 sièges). Si nous avions opté pour des A350 1000 (429 sièges pour Air Caraïbes et 480 pour French bee, ndlr) nous aurions fait exploser la capacité du nombre de sièges.
Comme vous le voyez, il est possible de détourner ce remède infligé dans le cadre d'un plan de restructuration, tout en conservant le même nombre d'avions," schématise ce cadre.
D'ailleurs, le processus de cession de l'avion supplémentaire est bien en cours, alors même qu'il ne vole plus.
L'acheteur réalisera les inspections techniques finales d’ici le mois prochain. La vente pourrait être finalisée courant juin. Elle devrait rapporter plusieurs dizaines de millions d'euros à la compagnie.
Concernant les aides accordées après le plan validé par l'Europe en décembre 2020, l'état-major de Corsair souhaite que les fonctionnaires replacent leur analyse dans le contexte de l'époque.
"Quand nous avons établi la sortie de crise, nous étions à l'été 2020 et tout le monde imaginait que la situation serait totalement rétablie l'année suivante. Ce ne fut pas le cas.
Les Antilles ont connu des mouvements sociaux, il y a eu des complexités administratives pour s'y rendre, la hausse des prix du kérosène... A cette époque, l'Etat souhaitait favoriser la survie des entreprises, il nous a donc attribué des aides, mais comme à d'autres. Toutes les compagnies ont bénéficié de celles-ci".
En effet, les compagnies concurrentes affirment qu’à plusieurs reprises, lors de la mise en œuvre du plan de restructuration, Corsair a opéré avec une flotte de dix appareils, alors que Bruxelles en imposait neuf.
Pour Corsair, ce calcul est erroné. "Nous avons la même position que celle des autorités françaises. La compagnie a parfaitement respecté ses engagements en matière de plafonnement de capacité. Cette restriction peut être interprétée, en fonction du nombre d’appareils ou du nombre de sièges.
Nous considérons la seconde option comme la plus pertinente. La direction a fait le choix d'A330 Neo (352 sièges). Si nous avions opté pour des A350 1000 (429 sièges pour Air Caraïbes et 480 pour French bee, ndlr) nous aurions fait exploser la capacité du nombre de sièges.
Comme vous le voyez, il est possible de détourner ce remède infligé dans le cadre d'un plan de restructuration, tout en conservant le même nombre d'avions," schématise ce cadre.
D'ailleurs, le processus de cession de l'avion supplémentaire est bien en cours, alors même qu'il ne vole plus.
L'acheteur réalisera les inspections techniques finales d’ici le mois prochain. La vente pourrait être finalisée courant juin. Elle devrait rapporter plusieurs dizaines de millions d'euros à la compagnie.
Concernant les aides accordées après le plan validé par l'Europe en décembre 2020, l'état-major de Corsair souhaite que les fonctionnaires replacent leur analyse dans le contexte de l'époque.
"Quand nous avons établi la sortie de crise, nous étions à l'été 2020 et tout le monde imaginait que la situation serait totalement rétablie l'année suivante. Ce ne fut pas le cas.
Les Antilles ont connu des mouvements sociaux, il y a eu des complexités administratives pour s'y rendre, la hausse des prix du kérosène... A cette époque, l'Etat souhaitait favoriser la survie des entreprises, il nous a donc attribué des aides, mais comme à d'autres. Toutes les compagnies ont bénéficié de celles-ci".
Abandon du plan de restructuration : "Personne ne fait de projection à ce stade"
Depuis, la Commission européenne a émis de sérieux doutes quant à la légalité de ces aides et à leur compatibilité avec les règles européennes. Le montant du soutien dénoncé est de 32,4 millions d’euros.
La lettre stipule d'ailleurs que cette somme pourrait être restituée par le bénéficiaire. Elle est actuellement suspendue dans le cadre de la prolongation de la procédure.
L'Etat français devra donc justifier de ces versements répétés et fournir les documents nécessaires à leur explication.
Pour l'heure, du côté de la compagnie, il n'est pas question de tirer des plans sur la comète. "Personne ne fait de projection à ce stade, avec ou sans les 32 millions d'euros d'aides.
Dans un premier temps, nous allons devoir répondre de façon structurée et complète à la Commission européenne. Puis, il y a un enjeu souvent ignoré : celui des remèdes à ce plan, c’est-à-dire les contre-mesures imposées pour limiter les distorsions de concurrence.
C'est déjà assez complexe comme cela, inutile d’échafauder des plans A, B, C… jusqu’à Z," recadre l'entourage de la direction.
Fin mai, Bruxelles aura donc l'argumentaire du gouvernement français. Il faudra alors compter encore quelques mois d'études pour obtenir la réponse définitive à ce dossier sans fin. La décision est attendue pour le courant de l'été prochain.
La lettre stipule d'ailleurs que cette somme pourrait être restituée par le bénéficiaire. Elle est actuellement suspendue dans le cadre de la prolongation de la procédure.
L'Etat français devra donc justifier de ces versements répétés et fournir les documents nécessaires à leur explication.
Pour l'heure, du côté de la compagnie, il n'est pas question de tirer des plans sur la comète. "Personne ne fait de projection à ce stade, avec ou sans les 32 millions d'euros d'aides.
Dans un premier temps, nous allons devoir répondre de façon structurée et complète à la Commission européenne. Puis, il y a un enjeu souvent ignoré : celui des remèdes à ce plan, c’est-à-dire les contre-mesures imposées pour limiter les distorsions de concurrence.
C'est déjà assez complexe comme cela, inutile d’échafauder des plans A, B, C… jusqu’à Z," recadre l'entourage de la direction.
Fin mai, Bruxelles aura donc l'argumentaire du gouvernement français. Il faudra alors compter encore quelques mois d'études pour obtenir la réponse définitive à ce dossier sans fin. La décision est attendue pour le courant de l'été prochain.
Corsair : "les résultats sont significativement au-dessus de nos attentes" pour 2025
En attendant, le patient Corsair reste entre les mains de l'Etat et du CIRI, désormais sans secrétaire général depuis le départ de Pierre-Olivier Chotard pour Rothschild & Co.
Chaque mois, la gouvernance de la compagnie transmet un récapitulatif de sa trésorerie et des résultats financiers. Et après avoir donné des gages de pérennité fin 2024, elle poursuit sur sa lancée.
"Nous avons un retour à la rentabilité depuis 18 mois maintenant. Non seulement, nous avons affiché un résultat net et d'exploitation positifs lors du précédent exercice mais, pour le premier semestre de l'année se terminant le 31 mars 2025, nous enregistrons même une nette amélioration par rapport à la même période de l’année précédente.
Sur les 12 derniers mois, les résultats sont significativement au-dessus de nos attentes," assure ce cadre de l’état-major avec confiance.
Et alors que la politique et les déclarations de Donald Trump pénalisent l'économie de son propre pays, elles ont au moins une vertu : faire baisser le cours du baril de pétrole.
Une bonne nouvelle pour les compagnies aériennes à commencer par Corsair qui a, par ailleurs, eu la sagesse de renoncer au lancement de ses lignes vers les États-Unis.
"Nous avons failli ouvrir New York et Miami... Finalement nous nous tenons éloignés de ces turbulences et, en plus, nos destinations des Antilles sont des refuges pour les voyageurs français. Nous pourrons peut-être constater un petit report des voyageurs qui n'iront pas aux USA.
Malgré cette décision, nous traçons notre chemin, nous poursuivons le développement de partenariats, les services proposés à nos clients et nous souhaitons améliorer encore l'expérience client.
Le plus gratifiant dans tout ça : l’État nous soutient, tout comme nos actionnaires. L’ensemble des parties prenantes reste pleinement engagé," conclut sur une note d'espoir notre interlocuteur.
Chaque mois, la gouvernance de la compagnie transmet un récapitulatif de sa trésorerie et des résultats financiers. Et après avoir donné des gages de pérennité fin 2024, elle poursuit sur sa lancée.
"Nous avons un retour à la rentabilité depuis 18 mois maintenant. Non seulement, nous avons affiché un résultat net et d'exploitation positifs lors du précédent exercice mais, pour le premier semestre de l'année se terminant le 31 mars 2025, nous enregistrons même une nette amélioration par rapport à la même période de l’année précédente.
Sur les 12 derniers mois, les résultats sont significativement au-dessus de nos attentes," assure ce cadre de l’état-major avec confiance.
Et alors que la politique et les déclarations de Donald Trump pénalisent l'économie de son propre pays, elles ont au moins une vertu : faire baisser le cours du baril de pétrole.
Une bonne nouvelle pour les compagnies aériennes à commencer par Corsair qui a, par ailleurs, eu la sagesse de renoncer au lancement de ses lignes vers les États-Unis.
"Nous avons failli ouvrir New York et Miami... Finalement nous nous tenons éloignés de ces turbulences et, en plus, nos destinations des Antilles sont des refuges pour les voyageurs français. Nous pourrons peut-être constater un petit report des voyageurs qui n'iront pas aux USA.
Malgré cette décision, nous traçons notre chemin, nous poursuivons le développement de partenariats, les services proposés à nos clients et nous souhaitons améliorer encore l'expérience client.
Le plus gratifiant dans tout ça : l’État nous soutient, tout comme nos actionnaires. L’ensemble des parties prenantes reste pleinement engagé," conclut sur une note d'espoir notre interlocuteur.