
Le pass rail, et ses 15 millions d'euros de budget, n'a pas été reconduit. Par contre les subventions pour Ryanair et les low cost... oui - Depositphotos.com, @alfexe
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En septembre 2023, pour conserver un lien avec les jeunes générations, Emmanuel Macron accordait une longue interview au youtubeur HugoDécrypte.
Il profitait de l'occasion pour annoncer la création d'un Pass Rail à la française.
"Je suis favorable (à l'instauration d'un pass rail en illimité calqué sur le modèle allemand, ndlr) et j'ai demandé au ministre des Transports de lancer, avec toutes les régions prêtes à le faire, le même dispositif.
La réalité chez nous : les régions se chargent de la tarification des billets. Toutes les régions qui sont prêtes à le faire avec l'Etat, alors je dis banco," affirmait alors le Président de la République.
Neuf mois plus tard, le gouvernement sortait enfin l'initiative française, revisitée et considérablement allégée.
Alors qu'outre-Rhin, tout le monde a accès au Pass Rail sans limite d'âge et toute l'année, sa version hexagonale s'est limitée aux jeunes de moins de 27 ans, pendant seulement deux mois consécutifs, en été. Elle excluait également de l'offre les TGV Inoui, Ouigo, les Ouigo Train classique et les Eurostar...
Retrouvez notre dossier spécial Voyages en train.
Un pass rail "cheap" et inadapté aux enjeux des vacances pour tous

Je ne vous laisse pas poireauter plus longtemps : ce n'est pas possible ou alors en prévoyant du temps, beaucoup de temps !
Un Paris-Marseille effectué à bord des trains régionaux dure plus de 9 heures, pour un trajet étalé sur deux jours.
Et ce n'est peu dire que le pass rail "cheap" de la France n'aura pas trouvé son public. Il n'aura été écoulé qu'à 235 000 exemplaires, alors que le gouvernement s'imaginait en vendre 700 000. Sans surprise, l'initiative n'aura donc pas rencontré son public.
Mais au lieu de revoir sa copie - et sous couvert de restrictions budgétaires - le ministère des Transports vient d'y mettre fin...
Une décision bien regrettable des services de l'État que d'avoir réduit le Pass Rail à une simple charge budgétaire plutôt qu'à un investissement ! Surtout que, dans notre pays, les vacances pour tous ne sont plus qu'une illusion.
Selon une étude de l'observatoire des inégalités, le taux de départs plafonne, depuis 40 ans, autour de 60%.
Le projet du Pass Rail aurait avant tout, pu être perçu comme l'occasion de permettre aux familles les plus démunies de s’échapper, ne serait-ce qu’une fois, de leur quotidien.
Ainsi, nous aurions peut-être pu rapprocher le taux de départ de nos concitoyens de ceux des Hollandais, des Allemands (80%), Britanniques (75%) ou encore des Belges (70%). De quoi engendrer une croissance soutenue et durable pour notre industrie.
Les régions préfèrent subventionner Ryanair que pousser le train
Car, à titre de comparaison, nous sommes loin, très loin des chiffres allemands ! Et ce, malgré le fait que 13 millions de personnes ont bénéficié du dispositif Pass Rail, soit plus d'un habitant sur 8.
Ce Pass aurait pu maintenir le fort taux de départ de la population, malgré l'inflation galopante et l'anxiété alimentée par les tensions géopolitiques, tout en dynamisant l'économie touristique locale.
Une stratégie bien plus payante et vertueuse que celle qui consiste à subventionner les compagnies low cost, notamment Ryanair, comme c’est le cas en France depuis des décennies... mais qui n'est jamais, mais absolument jamais remise en question !
Pour ceux qui ne le savent pas, si Limoges, Béziers, Perpignan, Tours ou encore Vatry sont desservies par la carlingue bleue et jaune, c'est tout simplement et exclusivement grâce aux chèques en blanc que lui adressent les collectivités..
Différents rapports des chambres régionales de la Cour des Comptes dénoncent des versements illégaux - comme à l'aéroport Montpellier - en faveur de la compagnie irlandaise pour un montant total de 9,2 millions d'euros entre 2010 et 2019.
Toujours dans la même région, les "frais marketing" destinés aux low cost et abondés par les aéroports d'Occitanie représentent chaque année une enveloppe de 11 millions d'euros.
Pour chaque ouverture de ligne, les équipes de Michael O'Leary exigent 150 000 euros, contre entre 200 000 et 500 000 euros par an à Beauvais, en 2008.
Ce Pass aurait pu maintenir le fort taux de départ de la population, malgré l'inflation galopante et l'anxiété alimentée par les tensions géopolitiques, tout en dynamisant l'économie touristique locale.
Une stratégie bien plus payante et vertueuse que celle qui consiste à subventionner les compagnies low cost, notamment Ryanair, comme c’est le cas en France depuis des décennies... mais qui n'est jamais, mais absolument jamais remise en question !
Pour ceux qui ne le savent pas, si Limoges, Béziers, Perpignan, Tours ou encore Vatry sont desservies par la carlingue bleue et jaune, c'est tout simplement et exclusivement grâce aux chèques en blanc que lui adressent les collectivités..
Différents rapports des chambres régionales de la Cour des Comptes dénoncent des versements illégaux - comme à l'aéroport Montpellier - en faveur de la compagnie irlandaise pour un montant total de 9,2 millions d'euros entre 2010 et 2019.
Toujours dans la même région, les "frais marketing" destinés aux low cost et abondés par les aéroports d'Occitanie représentent chaque année une enveloppe de 11 millions d'euros.
Pour chaque ouverture de ligne, les équipes de Michael O'Leary exigent 150 000 euros, contre entre 200 000 et 500 000 euros par an à Beauvais, en 2008.
Le budget du pass rail est 2 fois moins important que les aides des low cost en Occitanie !
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Plus au Nord, à la Rochelle, l'infrastructure aéroportuaire a attribué deux millions d'euros pendant deux ans, toujours à Ryanair pour maintenir ou développer le trafic commercial. Et ces constats ont aussi été établis à Beauvais, Pau, Bordeaux, Béziers...
Nous parlons là de subventions finançant les départs des Français… vers l’étranger.
Face à ces millions d'euros, voire même des centaines de millions distribués depuis l'arrivée de Ryanair dans l'Hexagone, le budget du pass rail fait pâle figure. Il était estimé à 15 millions d'euros pour 700 000 utilisateurs.
Il a donc probablement coûté seulement 5 millions d'euros, soit moins de la moitié des aides accordées en Occitanie aux compagnies aériennes low cost.
Alors certes, la SNCF n'a pas toujours eu des comptes positifs, mais Air France aussi, et sa dette est colossale. Elle sera moindre que celles sociale et sanitaire d'autres moyens de transports.
Si nous regardons plus loin que le court terme et au-delà des intérêts particuliers, choisir l'avion plutôt que le train est un choix perdant à tous les niveaux. La politique, tout comme la lutte contre le réchauffement climatique, n'est pas seulement une question de gros sous, mais de vision, de choix et de courage.
Et dans cette période obscure, nous ne pouvons faire l'économie d'une politique courageuse !
Nous parlons là de subventions finançant les départs des Français… vers l’étranger.
Face à ces millions d'euros, voire même des centaines de millions distribués depuis l'arrivée de Ryanair dans l'Hexagone, le budget du pass rail fait pâle figure. Il était estimé à 15 millions d'euros pour 700 000 utilisateurs.
Il a donc probablement coûté seulement 5 millions d'euros, soit moins de la moitié des aides accordées en Occitanie aux compagnies aériennes low cost.
Alors certes, la SNCF n'a pas toujours eu des comptes positifs, mais Air France aussi, et sa dette est colossale. Elle sera moindre que celles sociale et sanitaire d'autres moyens de transports.
Si nous regardons plus loin que le court terme et au-delà des intérêts particuliers, choisir l'avion plutôt que le train est un choix perdant à tous les niveaux. La politique, tout comme la lutte contre le réchauffement climatique, n'est pas seulement une question de gros sous, mais de vision, de choix et de courage.
Et dans cette période obscure, nous ne pouvons faire l'économie d'une politique courageuse !