Rendez-vous du Carnet de Voyage : un tour du monde en dessins à Clermont-Ferrand

Un voyage n’est jamais totalement terminé. Il se poursuit toujours sous des formes diverses et multiples comme l’écriture, la photographie, la vidéo, le récit au coin du feu ou autour du zinc dans un bistrot.

Certains voyageurs, moins nombreux, préfèrent s’exprimer par croquis et dessins qu’ils réunissent en carnet.

Pour cette raison sans doute, ils sont classés comme carnettistes, un mot, à ce jour, ignoré des dictionnaires et correcteurs orthographiques.

Chaque année, l’association Il faut aller voir réunit les carnettistes, anciens et nouveaux, à Clermont-Ferrand pour la grand’messe annuelle qui se tient à la mi-novembre.

Après avoir étudié 300 dossiers, le jury a retenu 130 candidats dont 90 carnettistes, pour beaucoup graphistes ou dessinateurs professionnels.

Venus avec leurs dessins et leurs croquis, ils ont tous leur manière de voyager, de croquer qu’ils racontent à l’envi aux visiteurs, estimés à 20 000 cette année par l’organisation.

Lauréate du Grand prix de la Fondation Michelin (voir palmarès ci-dessous), la graphiste Véronique Béné a choisi l’Auvergne vue par les derniers petits trains.

« Je me pose sur le quai des gares rurales, ou dans le train, j’observe les voyageurs. Intrigués par mes feuilles de dessin, ils viennent à moi, on cause, on partage. J’aime le train, on peut lire, rêver, dessiner ».

Informaticien, Pierre Hébert est resté sur place. Il a sorti ses crayons pour Une traversée de marché, au pied de sa maison dans son village de l’Isère.

Lapin, Emdé, Cécilia Pepper ont choisi de se déplacer à Mobylette. Avec La Bleue ou le Chaudron, ils parcourent la France à petite vitesse. Le voyage a débuté dans la forêt de Brocéliande, puis sur la Côte d’Azur et en Isère. Ils racontent le périple dans leur carnet Croq & Mob en Rabelaisie.

Eric Tournaire dévoile un carnet de voyage atypique à la rencontre de 20 résidents handicapés mentaux adultes dans un foyer à Bellerive-sur-Allier.

Simon a parcouru la Bretagne en car, à vélo, en train à la rencontre de neuf personnages engagés à tendance écolo dont un prof de philo jardinier, une gynécologue lancée dans la permaculture, un sculpteur d’objets de récupération. Le tout croqué et raconté dans Les Verdoyants, un carnet en écologie.

Habitué des Rendez-vous du Carnet de Voyage, l’Italien Stefano Faravelli était là cette année pour évoquer le Covid qui nous a empêché de bouger. Comment l’exorciser ? En 120 dessins, il propose des éléments de réponse. Mais pas de remède miracle.

Infatigable voyageur, Stefano a repris son sac depuis « Le voyage fait partie de ma vie ». On s’en doutait un peu !

Aux côtés de ces artistes voyageurs, plusieurs grands témoins :

· Olivier Weber, écrivain, grand reporter et ancien correspondant de guerre a partagé ses témoignages lors de son récent voyage en Ukraine et présenté son ouvrage au cœur de l’actualité : « Naissance d’une nation européenne - réflexions sur la question ukrainienne ».

· Cédric Gras, écrivain voyageur, est venu présenter un film et participer à un débat, aux côtés d’Olivier Weber et du réalisateur Christophe Raylat, dont le thème est « Russes et Ukrainiens : entre guerre et paix ».
    
Parmi les 10 réalisateurs de films de voyage :

· « Russie secrète, sur les rives de la mer blanche » de Christophe Raylat, coécrit avec l’écrivain voyageur Cédric Gras. C’est l’histoire d’une mer perchée dans le grand Nord, une mer où la Russie s’est forgé un destin polaire.

· « Noria, 35 000 km de la France au Laos en 2CV » de Fabien et Coralie Bastide. Après avoir traversé 18 pays avec un paquetage minimal, ils ont atteint la péninsule indochinoise.

Cinq femmes écrivaines et voyageuses ont présenté leur dernier ouvrage dont :

· Katia Astafieff avec La fille Qui voulait voir l’ours (Ed. Arthaud), pendant 3 semaines et durant 500 kms, le lecteur accompagne l’auteure partie seule sur le mythique sentier des Appalaches.

· Solenn Bardet : « Les Veilleuses » (Ed. Robert Laffont). L’écrivaine consacre sa vie aux Himbas, un peuple semi-nomade de Namibie. Ainsi en 2007, les représentants Himbas l'ont désignée porte-parole du peuple.

Face aux évènements sombres qui plongent chaque jour davantage l’Afghanistan dans le chaos, les poètes continuent d’écrire et de faire entendre leurs voix depuis Kaboul ou leurs pays d’exil.

Ce sont ces voix de femmes, résistant au quotidien par leurs mots et qui racontent aussi leurs histoires d’amour, que nous allons découvrir dans leur langue d’origine, le persan.

Belgheis Alavi, poétesse afghane, en donne lecture et Dalie Farah, écrivaine, a présenté une traduction en français.

Arash Barez, célèbre chanteur afghan exilé, accompagnait ces voix par ses chansons et mélodies.

Tout cela, tous ces témoins pour « Voyager autrement  », tel était le thème de ces rencontres.

- Grand prix de la Fondation Michelin : Véro Béné, Secrets ferroviaires d’Auvergne et un peu au- delà.

- Prix de l’écriture Michel Renaud : Patrick Galante, Mouvement Caraïbes.

- Coup de cœur : Y a pas que les amoureux sur les bancs publics.

- Prix international du carnet de voyage : Olivier Hoeller, A tourist’s perspective of South East Asia.

- Prix du Club de la presse Auvergne et Médecins sans frontières (MSF) : Brigitte Maizy et Véronique Abadie , Vivre en terres contaminées au sud de la Biélorussie.

- Coup de cœur du prix MSF : Ophélia Diallo, Parcours migratoire d’un couple franco-sénégalais.

- Prix du film Chamina voyages : Mathieu Le Lay, Yukon, un rêve blanc.

- Prix scolaire : Lycée Pré de Gordy de Sarlat, La route de l’esclavage en Guadeloupe.

- Prix universitaire international du carnet de voyage : Alex Champloy, Couleur de Méditerranée

- Prix du public : Christophe Pons, Capitaine pour Forêt, un peintre au bois dormant.