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Revirement stratégique : Aigle Azur lâche l'Asie et se tourne vers l'Afrique

La compagnie veut une meilleure productivité de sa flotte et de ses salariés


Face aux blocages des autorités russes concernant le survol de la Sibérie, Aigle Azur met de coté ses velléités de développement en Asie pour se tourner vers l'Afrique. Mais avant de lancer des vols long-courriers sur ce continent, elle devra réussir à signer de nouveaux accords avec ses salariés.


le Jeudi 23 Octobre 2014

Revirement stratégique : Aigle Azur lâche l'Asie et se tourne vers l'Afrique
Aigle Azur traverse une période difficile.

Confronté à une forte concurrence sur son axe historique France-Algérie, aux déficits de sa ligne sur Moscou et à l'impossibilité d'ouvrir une desserte de Pékin, la compagnie doit aujourd'hui rationaliser son réseau et trouver de nouveaux relais de croissance.

Première décision : la fermeture de la ligne Paris-Moscou le 26 octobre prochain.

"Nous avons été fortement touchés par la crise en Ukraine et la dévaluation du rouble. Mais nous gardons notre partage de codes avec Transaéro" explique Cédric Pastour, le PDG.

Les troubles en Russie ont également stoppé tout accord concernant les droits de survol de la Sibérie. Le projet d'ouverture d'une ligne Paris-Pékin est donc au point mort.

" Nous ne relancerons pas le processus sans accord bilatéral entre nos deux pays" poursuit Cédric Pastour, regrettant d'avoir sous-estimé les difficultés de négociations avec la Russie.

L'ouverture d'un vol direct sur Pékin était pourtant l'une des principales raisons de l'investissement de la compagnie HNA en octobre 2012.

Mais les actionnaires chinois sont bien conscients du mur auquel s'est heurté Aigle Azur. D'ailleurs, la compagnie ne tire pas un trait définitif sur l'Asie et étudie la desserte de Hong Kong, où HNA possède une filiale.

Une meilleure productivité de sa flotte et de ses salariés

Autre chalenge, cette fois en interne : la renégociation des accords collectifs, dont Cédric Pastour espère qu'elles aboutiront avant la fin de l'année, après avoir échoué en mai dernier.

"Les salariés sont aujourd'hui conscients de la nécessité de se transformer pour avancer. Je pense notamment aux co-pilotes qui souhaitent évoluer dans leur carrière".

Ces accords doivent non seulement simplifier les règles de travail en court et moyen courrier mais aussi définir des conditions de travail du long courrier.

"La productivité des PNC est aujourd'hui plombée par un fort absentéisme. Ils sont très sollicités pendant nos vols avec des prestations de services importantes à fournir en un court laps de temps, notamment sur le Paris-Alger".

La flotte devra également gagner 10% de productivité, grâce à la redéfinition des plans de vols. "Nous allons faire voler plus longtemps nos avions, qui vont décoller plus tôt et atterrir plus tard " précise Cédric Pastour.

De quoi lui permettre d'augmenter ses fréquences sur l'Algérie, notamment sur Alger-Marseille, Alger-Lille ainsi que Lille-Oran.

La compagnie avait déjà rajouté 100 000 sièges l'été passé entre Paris et Alger, soit une progression de l'offre de 20%. Elle avait en revanche réduit Marseille, trop concurrentielle.

Cédric Pastour récuse ainsi les critiques concernant les tarifs de ces billets, formulées notamment par le collectif contre la cherté du transport vers l'Algérie.

"Depuis 5 ans, le prix moyen du coupon a baissé de 20%. La concurrence tarifaire sur cet axe est très forte" assure le PDG d'Aigle Azur, qui possède 42% de parts de marché entre Paris et l'Algérie.

Outre l'augmentation de ses fréquences vers l'Algérie, Aigle Azur va ajouter une 3ème fréquence sur Bamako l'été prochain. Un premier pas vers le lancement de nouvelles lignes long-courriers vers l'Afrique.

"Impossible aujourd'hui de dévoiler le nom des villes que nous visons car Air France nous attend au tournant. Mais il est impératif de développer une activité long courrier pour la pérennité de l'entreprise".

Grâce à ces projets, Cédric Pastour espère retrouver l'équilibre financier au 31 mars 2016.

Devises bloquées en Algérie : Air France également concernée

L'Algérie bloque toujours le rapatriement de l'équivalent de 33 millions d'euros de devises sur son territoire.

"L'accord de février 2006 signé entre la France et l'Algérie exige pourtant un transfert rapide de l'excédent de recette, mais il n'est pas respecté" regrette Cédric Pastour. Air France est également concernée.

Le dossier est aujourd'hui entre les mains du gouvernement et Cédric Pastour espère que l'affaire trouvera un dénouement rapidement.

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